Oeuvre complexe et ambitieuse, La Pierre Amour offre une présentation singulière, riche. Je ne connaissais pas le poète Xavier Bordes, musicologue, traducteur de poètes grecs, collaborateur à des revues poétiques. Il a aussi un blog et semble toujours très actif à 77 ans!
le recueil s'ouvre sur un poème intitulé" achillées", mystérieux et prenant. Il y aura 26
poèmes de ce titre, tout au long du livre. D'autres textes, de la même façon, reviendront comme des refrains, des
poèmes en prose, des sonnets, la description poétique d'une ville. Et les caractères typographiques varient. Tout cela donne un ensemble ample, polymorphe.
La femme, surtout rêvée, est au centre de tout. Elle prend différents noms: Aïlenn, Isis, Marie-Ange...Et la symbolique de la Pierre Amour est révélée dans le très émouvant premier poème en prose.
Mon impression sur cette oeuvre est mitigée. J'ai été emportée par de nombreux vers et quelques
poèmes, hypnotiques, étranges mais marquants. Ils m'ont fait souvent penser à l'univers énigmatique , onirique et frémissant de
Robert Desnos.
Cependant, l'érudition de l'auteur, les mots rares utilisés , les références grecques ont un peu fait obstacle à ma compréhension des textes. de même pour cette construction compliquée, que la préface ne m'a pas aidée à bien saisir. Cela crée un monde attirant, certes, mais comme à distance, peu accessible. On perd alors en émotion.
Ce n'est évidemment qu'une impression personnelle. Curieusement, ce sont surtout des vers isolés, rarement un poème complet, qui m'ont plu.
Néanmoins, voilà une découverte intéressante , subtile. Quelques vers, pour vous donner envie:
" Et la mer commence à mousser tel un rire de verre
Telle une immense césure où s'ouvre tout l'horizon"
" Je l'aimais comme à travers
une vitre embuée
qu'éclaire seulement le sillage des larmes"
" Elle avance son corps clair
frissonne comme un arbre au vent vert"....