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Editions Il est Midi (Autre)
EAN : 9782494282346
232 pages
AFNIL (12/12/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
Et si l’Égalité de nos sociétés démocratiques était détournée pour imposer la mort par « euthanasie pour tous » à soixante-cinq ans ?

Ou, pire encore, pour servir le projet fou de l’accès réciproque aux pensées d’autrui par le moyen d’une puce ?

Dans un monde perdu post-apocalyptique dirigé par la « Juste Régulation » que domine la redoutable Artémisia, les hommes tentent de survivre et d’échapper à leur sort.

Euthan l’E... >Voir plus
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Depuis la mort de Yannis K., les pensées d’autrui étaient devenues accessibles dans cette salle : il suffisait de persuader le « penseur » que c’était pour le bien de tous. Très rares, toutefois, avaient été les séances dans l’appartement communautaire des Exécuteurs, Artemisia ayant recommandé de ne s’y livrer que dans l’intérêt du groupe. Évidemment. D’un autre côté, chacun savait très bien qu’Artemisia n’avait pas besoin de l’appareil pour savoir ce que pensaient les Exécuteurs, vu ses dons extraordinaires : il ne faisait de doute pour personne qu’elle pouvait lire sans obstacle dans les pensées de tous les Égaux.
Stabat ne protesta pas, au contraire :
• Rien à cacher
Puis il s’avança vers l’écran tandis que la connexion automatique au boîtier de l’appareil à ultra-sensations venait de s’allumer et que s’éclairait l’écran où seraient dévoilées ses pensées devant tous. Euthan n’avait pas intentionnellement cherché à voir, il était juste resté, comme les autres, pour savoir.
Euthan s’était longtemps demandé - autrefois, il y avait longtemps, et la question lui paraissait aujourd’hui incroyablement naïve et ridicule - quelle forme pouvait bien avoir une pensée, et si ça ressemblait à un rêve. Il savait maintenant que l’appareil permettait de reproduire des images d’êtres humains ou de scènes, exactement comme dans un rêve ; c’étaient juste les zones du cerveau en activité qui étaient illuminées par des couleurs différentes correspondant aux émotions, et que des logiciels traduisaient en images. Des images venues d’autres images déjà implémentées, et au bout il y avait une interprétation générée par la somme des renseignements.
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Chaque homme et chaque femme en âge de procréer laissait ses gamètes à des sociétés médicales chargées de les conserver, de sélectionner la portion d’ADN la plus saine ; il n’y avait donc ainsi que les meilleurs échantillons possibles prêts pour la fabrication d’embryons. Puis les couples désireux d’avoir des enfants se présentaient pour une insémination. S’il avait paru très logique pendant une ou deux décennies que les futurs parents récupèrent leurs propres gamètes, des mouvements d’opinions s’étaient insurgés contre une telle captation : pourquoi s’approprier des cellules depuis longtemps détachées de soi-même, devenues autonomes, seules dans le labyrinthe infini des mises en vie possibles dans le temps ? En quoi serait-il juste de donner vie à celles-ci précisément ? Ce fut le début d’une avancée vers le hasard, baptisé le Maître, avancée que tentèrent de contrer les premiers opposants de la République de Modestes. Leur échec fut attribué à leur attachement, jugé inégalitaire, à l’archaïsme biologique. Ainsi les conceptions naturelles étaient-elles devenues minoritaires, jusqu’à disparaître tout à fait au milieu des années 2070.
Simultanément était apparu en effet le second principe, celui de l’adoption comme mode unique d’attribution des enfants. Chaque couple inséminé anonymement et scrupuleusement par la volonté du Maître Hasard, acceptait de confier son nouveau-né aux institutions de l’enfance des Égaux, comme le Pavillon des Promesses. Le Bureau de l’Égale Adoption se chargeait du tirage au sort et de la répartition des nouveau-nés, enregistrés dès lors dans le District.
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Yannis K. était un enfant de la guerre de l’eau, à laquelle il avait survécu, le seul de toute sa famille. Lorsque, en 2050, des montées d’eau successives eurent achevé d’engloutir la plupart des îles de Micronésie qui avaient résisté dans le Pacifique, et que furent submergées les dernières grandes îles encore visibles à l’Est de l'Afrique ; que les frontières entre les Etats eurent disparu au Nord du sous-continent indien après des mois de moussons ininterrompues ; que les rouleaux de gigantesques houles noirâtres au haut desquelles s’amoncelaient les cadavres par milliers eurent mélangé les peuples ; quand de hautes vagues herbeuses eurent assez enflé pour emporter d’un seul ressac villages, buffles, gamins, vieillards, étouffés par la vase entremêlée aux longs filaments des racines et des lianes ; et qu’à l’autre bout du monde, l’eau manquante eut rendu fous des milliers de nomades en marche vers un trou pour s’enfouir ; que le sol fut devenu avare, et que la pierre l’eut partout remplacé, effaçant peu à peu de la mémoire des hommes tout le vert connu ; que la terre montra ses ossements, qu’on ne pouvait compter, comme un grand corps interminable dont la tombe serait ouverte, alors commença la guerre.
Elle fut comme toutes les guerres, décidée par ceux-là même qui avaient provoqué les cataclysmes, les maîtres des cyclones et des typhons, des déserts et des mers mortes, les manieurs d’hommes et d’argent ; on joua, comme toujours, les riches contre les pauvres mais tout le monde perdit la partie.
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La pièce inconnue était de toute évidence une « bibliothèque » (le mot existait encore) pensa-t-elle avec un coup au cœur, une bibliothèque abandonnée. Pourtant, quand elle vit des rayonnages garnis, Véïa crut d’abord qu’ils étaient peints en trompe-l’œil comme dans les salles où se rassemblaient chaque fin de matinée les Pensionnaires pour les exercices. Une fois, peu après son arrivée au Pensionnat, elle avait caressé la paroi d’une salle de réunion, pour toucher ce qui l’attirait : un vrai livre rangé debout dans sa niche aux reflets acajou ; elle connaissait le mot « livre », un mot rare comme l’objet lui-même. Personne n’en possédait plus, seule leur effigie subsistait, comme un vestige qui refusait de mourir sur la rétine; mais l’élan qui l’avait entraînée, concentrée sur la pulpe sensible de ses doigts, était cruellement retombé lorsque son index n’avait rencontré que le mur rugueux et hostile crissant sous ses ongles. Les livres étaient obsolètes, on n’en avait plus besoin ; encore fallait-il, pour comprendre cela, avoir senti une paroi colorée et constaté la désillusion dans sa chair. Dans la salle qu’elle découvrait, au contraire, flottait une odeur que Véïa ne connaissait pas, un mélange qu’elle identifia tout de suite comme un « mélange de réalité ». Elle se le dit quand son épaule heurta le bord du haut meuble noir où étaient rassemblés en rangées irrégulières des « livres », elle prononça le mot, pour s’en convaincre.
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L’Égalité, nous l’avons perdue dès que nous l’avons arrachée à sa famille : sa sœur, la liberté, et son autre sœur, la raison. Après l’anéantissement des générations d’avant, il ne restait plus à ceux qui avaient survécu, que la peur. Mais nous, nous ne savons même plus la reconnaître, cette peur, tellement elle s’est insinuée en nous, comme de l’eau qui s’infiltre dans le moindre interstice et finit par inonder et noyer la maison. La peur est maintenant en nous sans que nous le sachions et que nous disions son nom. Car, juste avant nous, pendant les générations qui ont suivi l’Apocalypse, les hommes ont tremblé sans cesse ; et pour survivre, ils ont accepté de changer le sens des noms, et ils ont donné de faux noms à ce qui compte, comme l’Égalité.
« Au début, l’Égalité, c’était le troupeau désolé des humains rescapés de tous les continents, qui se reformait : il n’y avait plus de famille, plus de pays, plus de continent, plus de race, alors on allait repartir à zéro, recréer l’humanité ; et pour y parvenir, chacun, indistinctement femme, homme, (enfant, même) ne serait qu’un pion, un modeste pion sans valeur, mais sans lequel aucune partie ne peut se jouer. C’était ça : un système où chacun tient à l’autre, où chacun est d’égale valeur à l’autre. Très beau. Mieux que tout ce qu’ils pouvaient imaginer. Alors qu’ils ne pouvaient plus rien imaginer.
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