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EAN : 9782253820246
192 pages
Le Livre de Poche (15/01/2020)
3.45/5   115 notes
Résumé :
Un futur sans abeilles, étouffé dans la grisaille de gigantesques latifundia. Un futur où l’humanité se meurt, privée de descendance.
Albert, journalier agricole, répand le pollen à la main. Manon, sa compagne engagée à l’usine, sombre peu à peu dans la folie. Et dans la morosité du quotidien, une lueur, Apolline sous les cerisiers… les dernières fleurs avant la fin du monde.
Après Petit Blanc, conte cruel et onirique, Nicolas Cartelet incarne son héro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,45

sur 115 notes
Lorsque le post-apocalyptique n'est que prétexte à un roman révolutionnaire mélancolique...

Une très belle découverte, un coup de coeur même, pour ce livre « Dernières fleurs avant la fin du monde » de Nicolas Cartelet dont l'écriture m'a charmée. Un livre que je n'ai pas beaucoup vu passer sur Babelio, il a fallu la critique très élogieuse de @Indimoon pour me donner envie. Nième livre post-apocalyptique que je lis ces derniers mois, celui-ci se singularise par sa vision sombre et sans concession servie par une écriture hors norme. Quel style ! J'ai lu et relu certains passages, notamment la description des personnages, incroyablement campés, ainsi que leur psychologie et réactions dont le processus est relaté telle une mécanique de précision. Ce n'est pas tant le côté post-apocalyptique qui m'a tant séduite que cette façon de décrire la peur, la fatigue, la colère, l'angoisse, la joie pure. Certains passages sont dignes de scènes fantastiques telles ces scènes dans la forêt en pleine nuit. Oui, j'ai été émerveillée par l'écriture de Nicolas Cartelet. Ce livre se singularise d'autre part par le message révolutionnaire dont il est porteur, sous couvert de science-fiction.

Dans ce futur assez proche, les abeilles ont disparu : pour produire fruits et légumes les hommes sont donc obligés désormais de polliniser les fleurs à la main au sein d'immenses plantations.
« Nous les caressions jusqu'à ce qu'elles scintillent de reflets dorés, du rose décoloré de leurs pétales, que nous voyions peu à peu s'ouvrir, et vibrer sous le baiser des plumes, semblait alors jaillir une lumière nouvelle : nous rendions vie aux cerisiers. Il fallait parfois près d'une demi- heure pour terminer un arbre, nos épaules étaient lourdes, nos bras ankylosés, nos cous douloureux, mais nous continuions coûte que coûte, sous le regard des autres. Nous trempions nos perches, nous levions nos bras, nous nous contorsionnions pour atteindre les points les plus hauts, puis passions au cerisier suivant, tous en choeur ».

Travail à la chaine où Albert Villeneuve est à la tête d'une équipe tandis que sa femme Manon travaille de son côté dans une usine de médicaments. Ils se retrouvent le soir, harassés, dans une tour en béton parmi tant d'autres, dans leur quatorzième étage dans lequel l'électricité est fournie de 21h à 21h30 le temps de faire cuire les pommes de terre, reçues en salaire, qui constituent l'unique aliment de leur diner. Tous les jours. Un récit ouvrier qui raconte la misère humaine de façon poignante.

« Armandville s'allumait à 21 h précises. C'était notre cloche d'église à nous. Une explosion sèche prévenait l'arrivée du courant, des étincelles grésillaient çà et là, dans la nuit, et la lumière jaillissait : c'étaient cent fois dix mille néons qui, presque au même instant et en tout point de la ville, se gonflaient d'énergie pâle. Les immeubles alentour prenaient vie, en cascades de carrés jaunes à tous les étages, les silhouettes des hommes s'y dessinaient soudain avec plus de force, je les voyais partout, des insectes ahuris comme moi par la chaleur des lampes, je ne savais plus où porter le regard ».

Nous découvrons un couple à bout de souffle au sein de ce monde terne dans lequel seul le pollen, conservé précieusement, semble briller et apporter une touche de couleur. Les abeilles ne sont plus là pour butiner de même que les hommes n'arrivent plus à faire l'amour…impuissants, semblent-ils tous être devenus. Des hommes stérilisés dans une nature stérilisée…Une conjuration toute symbolique donne à Albert un semblant de sens à ce qu'il fait quotidiennement dans une routine implacable ; mais sa vie va prendre un tournant vraiment définitif lorsque le Duc, le puissant et effrayant propriétaire de la plantation, lui propose d'enseigner la lecture à sa fille Apolline. Une offre inespérée. Une rencontre éblouissante, décalée, pure. La fraicheur de la relation s'oppose au couple taciturne qu'il forme avec Manon. Apolline solaire, innocente, passionnée, entière. Vraie.

« Dernières fleurs avant la fin du monde » est un cri…un sursaut avant la fin, une flèche acérée contre le capitalisme qui amène les gens à se faire la compétition, à se méfier les uns les autres, notamment à haïr les étrangers, pire ennemis dans cette compétition, venus voler le travail et l'argent des travailleurs nationaux, et au final, humanité à bout de souffle, à faire la révolution…Dernières fleurs avant la fin du monde, dernières beautés, dernières conjurations, derniers espoirs…

« Contre qui, contre quoi vous levez- vous ? leur ai- je simplement demandé. Contre tout, ont répondu les Suarez. Contre la vie qui nous amène ici de force et nous fait trimer dans la terre sans autre horizon que le trou où on finira par nous enterrer, tout rabougri et cassé par les champs. Contre ce grand système des plantations dont les intendants sont les soldats et dont nous sommes les esclaves, a ajouté Alexandre– et contre les abus des matons ! a encore grogné Hans. Contre la paye qui nous affame, et nous maintient tout juste bons à trimer une journée de plus… Ils se regardaient les côtes : c'est vrai que nous étions tous maigres. Et puis contre les temps qui nous ont privés des derniers plaisirs qui tiennent un gars debout, a regretté Jimmy. Est- ce qu'on est encore vraiment des hommes, à bien y réfléchir ? Merde, les gars : on bande même plus ! »

Je vous recommande chaudement ce court roman rien que pour son style percutant. Un coup de coeur !!
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Pour son nouveau roman publié aux petites mais dynamiques éditions Mü, le français Nicolas Cartelet transpose Albert Villeneuve, le héros de Petit Blanc, au coeur d'un monde sur le chemin de l'apocalypse. Dans un futur plus ou moins proche, les abeilles ont disparu entraînant la catastrophe écologique annoncée. Pour produire fruits et légumes, les hommes sont désormais obligés de polliniser les fleurs à la main dans d'immenses plantations où la rentabilité règne en maître absolu. Tandis qu'Albert Villeneuve dirige l'une des sections de journaliers chargée de ce travail ingrat, sa femme Manon s'épuise dans une usine de production de médicaments. Il ne semble n'y avoir aucun espoir pour le couple dans cet univers au bord du gouffre… jusqu'au jour où Albert est convoqué par le Duc, puissant propriétaire de la plantation où il travaille. Celui-ci lui fait alors une offre aussi étrange qu'inespérée : devenir le professeur de sa fille Apolline et lui apprendre à lire.

Délaissant les colonies fantasmées pour les plantations esclavagistes, Nicolas Cartelet poursuit son exploration de la misère humaine avec Dernières fleurs avant la fin du monde. Grâce à une plume qui gagne en maturité et en poésie, l'auteur français plonge le lecteur dans un monde de noir et de gris où les derniers hommes continuent à s'entredéchirer pour survivre. Au coeur de ce récit ouvrier qui expose les rouages ultracapitalistes d'une exploitation de la dernière chance, Albert Villeneuve incarne l'homme moderne dans toute sa beauté et sa lâcheté. En effet, Albert pourrait être un révolutionnaire s'il en avait encore la force. Il préfère regarder ses camarades se tromper d'ennemi et mourir pour une patate de plus que de prendre part à l'inévitable embrasement qui s'annonce. Critique à peine voilée du travail ouvrier à l'heure du grand capitalisme mais aussi charge féroce contre la haine de l'étranger venant voler l'argent des honnêtes travailleurs, Dernières fleurs avant la fin du monde a tout du roman révolutionnaire.
Pourtant, son héros littéralement impuissant devient le porte-étendard d'un monde masculin qui ne bande plus, l'image acide d'une humanité incapable de se reproduire après avoir elle-même stérilisée Dame Nature. Albert va cependant trouver une dernière ombre de beauté et de poésie par l'intermédiaire d'Apolline, une autiste à la pureté presque décalée dans un monde qui n'en finit pas de crever. Il redécouvre ainsi le pouvoir des mots et de la musique, mais aussi des rires et des sourires. Dernières Fleurs avant la fin du monde devient dès lors un livre poétique qui oppose le couple fané d'Albert et Manon à la fraîcheur infinie d'Apolline. Nicolas Cartelet débusque ainsi quelques traces de lumières pour le lecteur en s'extirpant l'espace de quelques notes de son futur à la di Rollo. La brièveté de l'histoire empêche ce récit de fin du monde de tourner à vide et préfère l'intime à la grande révolution, forcément condamnée de toute façon.

Dernières fleurs avant la fin du monde finit par s'inscrire dans le registre des romans poétiques et douloureux que l'on referme avec un pincement au coeur, le temps d'une partition saccagée et d'une floraison imprévue.
Lien : https://justaword.fr/derni%C..
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Dans un monde sans abeilles ni autres insectes pollinisateurs, ce sont les hommes, réduits à l'état d'esclaves, qui pollinisent les arbres afin de donner encore quelques fruits sur cette planète dévastée par je ne sais quel cataclysme. Albert est l'un de ces esclaves pollinisateurs, amené par un garde-chiourme, Monsieur André, au Duc qui semble être le maître des lieux. Celui-ci a une fille jeune, belle mais qui est "différente" et qui deviendra, à sa demande, "l'élève" d'Albert.

Peu de personnages dans ce roman post apocalyptique atypique, court et facile à lire. Plein de poésie, nous sommes happés par ce récit d'un monde terne et dévasté, mais nous y découvrons néanmoins une lueur d'espoir dans les rires d'Appoline lorsqu'elle joue du piano et à la vue d'une fleur géante, qui malgré la révolte, résiste à la désolation!

J'ai beaucoup aimé ce ton quasi nostalgique et très émouvant qui fait souvent défaut dans ce genre de littérature.
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Je ne saurais dire pourquoi l'évocation de notre futur ou d'un monde qui nous ressemble ou presque, est un thème que j'adore lire. C'est sombre le plus souvent, avec un auteur qui nous met en garde, et souvent les personnages passent après le message, même si ceux qui prennent le temps de les lire ne sont pour la plupart du temps comme moi que de piètres acteurs de ce futur, rêveurs et contemplatifs, déjà bien rangés à la noble cause qu'il défend!
Dans cette optique, tomber sur un auteur qui en plus manie les mots avec grâce, c'est la promesse d'un beau voyage, un bonus au propos et pas des moindres.
Nous y croiserons de surcroit des personnages crédibles d'êtres humains, j'entends par là parfaitement imparfaits.
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Je me cale avec ce petit livre noir, et je sais que je vais passer un bon moment dès les premières pages. Précision des mots, répétitions censées, dialogues marquants, sans guillemets et d'autant plus percutants car ils ont la dynamique de vrais échanges, par exemple cette dispute avec Manon la compagne du personnage principal Albert (p 77 à 82), alors qu'il rentre tard après sa rencontre avec "le Duc" qui souhaite qu'il apprenne à lire à sa fille. Une suite d'échanges, de sentiments et de réactions vivement et brillamment rendus. Autre moment de grâce peu avant au chapitre précédent où il évoque son cauchemardesque trajet à pied par une nuit sombre pour regagner son domicile à Armanville après sa journée de travail. J'ai trouvé extraordinaire la capacité d'évocation de l'auteur, sans doute aussi car il ne s'éparpille pas dans le livre, peu de décors, peu de personnages, il parvient à nous faire nous concentrer sur des moments très précis qui illuminent le récit.
le livre pourrait facilement être transcrit sur une scène de théâtre, mise en scène épurée, peu de décors, essentiellement la plantation, la route pour y aller, l'appartement d'Albert et Manon. La pièce où il apprend -il essaye- d'apprendre à Apolline la lecture, celle où elle "joue" au piano, l'unique "boutique" (bouiboui insalubre) d'Armanville.
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Quelque part, il va falloir se satisfaire de bon, mais de peu. Bien peu, à l'image des "petits" ouvriers qui s'activent à polliniser à la main des champs de cerisiers devenus stériles, ou font mine puisque "la conjuration" gronde. Albert Villeneuve et ses collègues d'infortune pollinisent chaque arbre du Duc avec une perche, pour un salaire de quelques pommes de terre ou betteraves, à la fin de la journée. Puis ils mettront 2h à pieds, sur des routes délaissées faute de pétrole, à rentrer dans le trou qui leur sert de logis. Ils attendront qu'il soit 21h pour avoir l'électricité leur permettant de cuire leur repas (jusqu'à 21h30).
Albert a connu le monde d'avant, ses rares incursions dans ses souvenirs d'enfance nous en font saisir toute l'amère nostalgie. Comment, en quelques décennies, a-t-on pu passer de "notre" monde à la régression d'un mode de vie qu'on croirait sorti du moyen-âge (avec seigneurs et paysans)? J'aurais aimé que le livre fasse le triple (petit bouquin de 182p), persuadée que l'auteur a la capacité de nous emmener très loin...Mais le narrateur, notre unique et exigu point de vue sur ce monde, a peut-être oublié le pourquoi, écrasé par cette impitoyable perte de son monde d'avant. D'ailleurs, "horrifié" par la façon dont Apolline joue frénétiquement du piano, il doit faire un effort pour se souvenir d'un mot qui semble appartenir à un passé complètement dissout, le mot est en italique dans le texte "désaccordé".
Morne tranche de vie, résignation puis révolte sourde, d'abord, le tout teinté de la fraîcheur appréciable apportée par le personnage d'Apolline...Il n'y a plus d'abeilles, plus de Soleil, les hommes ne bandent plus...Peut-on entrevoir un espoir?
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La fin du monde, bien des auteurs l'ont imaginée. Depuis les 4 Cavaliers de l'Apocalypse jusqu'à l'explosion nucléaire, en passant par une invasion extraterrestre ou le réveil des dinosaures, je pense qu'on a tout eu.
Sauf cela.
La réalité, bête et brute, d'une fin du monde qui nous guette réellement. Une fin mesquine, une fin méthodique, une fin pitoyable: un futur sans abeilles. Ou, plus précisément, un futur où l'on emploie des hommes pour remplacer les abeilles ouvrières. Albert Villeneuve en fait partie, qui chaque jour doit polliniser des dizaines d'arbres sur les terres du Duc pour mériter sa pitance. Quelques pommes de terre.
Quelques pommes de terre qu'il partage avec Manon, quand elle revient de l'usine pharmaceutique et qu'il y a assez d'électricité pour permettre de cuire leur repas de misère.
Manon, jadis si belle. Manon, maigre et morose, vieille avant l'heure. Manon, que Villeneuve ne peut plus aimer, ni moralement, ni physiquement, puisqu'il est devenu impuissant comme tous ses compagnons. Car la fin des temps c'est aussi la fin de chaque petit monde , la ruine de chaque existence. Ce moment où l'on se sent privé de tout, jusqu'à la volonté de continuer ainsi.
Alors, parfois, la tristesse qui nous accable se mue en sourde colère. Mais dans un monde étriqué, la révolte ne peut être que mesquine. Et patiemment, méthodiquement encore, Villeneuve sabote le travail.
Jusqu'au jour où le Duc en personne le mande auprès de lui...
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Avec ce livre, outre le message d'alerte que beaucoup y trouveront, Nicolas Cartelet nous démontre avant tout qu'on peut écrire une oeuvre à la fois accablante et magnifique. Accablante, car le rythme de son écriture, le choix des termes et de la narration à la première personne nous font partager les sentiments du héros dès les premières pages; chacun de nous peut se reconnaître dans le désespoir d'Albert Villeneuve, ou du moins ressentir à son égard la même fraternité qui nous lie aux héros de John Steinbeck. Magnifique, parce que la suite de l'histoire est empreinte d'une ardeur touchante, au vrai sens du terme. Parce qu'au plus noir de l'hiver, comme le disait Camus, on découvre en Albert un invincible été. Parce que la vie ressurgit là où on ne l'attendait plus; la vie sur Terre, la vie des Hommes aussi. Parce qu'une chute peut en entraîner une autre, et que tout est lié. Parce que sans doute on a , nous aussi, besoin de croire que tout reste possible à l'approche du terme.
Pour tout cela, ces dernières fleurs méritent vraiment qu'on les cueille avec respect.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Manon avait été belle. Il lui restait de cette beauté passée la finesse de ses traits, un teint impeccablement blanc, pur, qui la faisait parfois passer pour malade mais continuait de m'attendrir, après dix ans, et un corps encore ferme, longiligne, que bien des femmes devaient envier. Mais les marques de son ancienne grâce s'estompaient au profit des nouvelles, celles que l'usine et la dépression avaient imprimées à son caractère, à son physique, au fil du temps ; Manon ne marchait plus droite mais légèrement courbée, comme accablée par la peine ; Manon ne riait plus, elle grimaçait et promenait partout ses yeux noirs, rendus ternes par les cernes et la faim, indifférents à toutes choses autres qu'alimentaires ; Manon se lavait peu, se maquillait maladroitement, ses cheveux châtain étaient gras et sa bouche inégalement peinte de rouge sang craquelé.
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Il était grand et noir. Très grand et très noir, laqué quoique râpé en bien des endroits, autour des arrêtes et le long des pieds, qu’il avait au nombre de trois– sept, si l’on comptait ceux du tabouret rembourré et court sur pattes qu’on avait rangé sous son ventre. Son coffre occupait un espace démesuré au regard de la place accordée au clavier, fine dentition blanche et régulièrement cariée dont il ne manquait pas une touche, et qui était découvert. Au- dessus de lui trônait un pupitre vide. C’était un joli meuble, probablement rare, on pouvait juger son état de conservation impeccable quand on savait la façon dont vieillissaient les choses de l’ancien monde en règle générale : vite et mal ; je devinais qu’il avait passé plus de temps sous le drap blanc qu’à l’air libre. Et, faut- il le dire, c’était bel et bien un piano.
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Ils étaient doublement étrangers, étrangers à nos plantations et étrangers à nos vies, et à ce titre nous les détestions doublement. On disait d’eux qu’ils volaient le travail, qu’ils s’engageaient au tiers du prix, qu’ils ne respectaient rien. Je crois en vérité que nous étions jaloux d’eux, et de ce monde qu’ils avaient reconstruit sur les ruines de l’ancien, un monde d’entraide et de tradition.
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On croit avoir apprivoisé la nuit, on pense la connaître sous prétexte que matin et soir, depuis dix ans, elle accompagne le chemin des champs. On se trompe. Il existe en réalité des milliers de nuits, deux heures de plus sur vos habitudes et c’est un autre monde que le noir vous dessine, des formes et des pensées nouvelles, tout entières à redécouvrir.
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C’est un grand et gros corps que j’ai vu pivoter sur nous, dans une espèce de lenteur théâtrale, une ou deux têtes de plus que moi, deux fois mon poids peut- être, des traits burinés, des sourcils épais, un front clairsemé et le reste de cheveux plaqués en arrière, en boucles brunes autour des oreilles. Un âge incertain, le mien ou un peu plus. Ses bras étaient nus, il ne portait qu’un ample polo dont le bleu, océan autrefois, avait passé depuis longtemps ; un petit crocodile vert pomme battait de la queue sur son cœur. Sa tenue détonnait face aux nôtres, écharpes et sous- couches, couches et surcouches de laine, nous étions des explorateurs polaires débarqués dans l’antre chaud de l’enfer.
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Videos de Nicolas Cartelet (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Cartelet
Le 7 juin, le nouveau roman de Nicolas Cartelet, le Livre de Nathan, arrive en librairie ! Découvrez le destin improbable du dernier livre de l'humanité…
"Un roman audacieux et espiègle, d'une réjouissante originalité." pour Cédric Fabre de Livres Hebdo.
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