Amalia est une jeune femme intelligente et ambitieuse. Elle a toujours rêvé de mieux, rêvé d'ailleurs. Elle ne s'est jamais sentie à sa place parmi les siens, toujours sentie comme une étrangère. Grâce à son amie Gisèle, cet "ailleurs" va devenir réalité. Elle s'installe en effet à Paris avec cette amie qu'elle connaît depuis l'enfance. Commence alors une nouvelle vie, une nouvelle vie riche en nouveautés et en opportunités qui lui permettra de s'épanouir et de se sentir entière, enfin. Malheureusement, le gouffre entre sa mère et elle devient de plus en plus difficile à surmonter. Elle, si instruite, ressent une honte profonde face à cette mère si peu cultivée et aux manières plutôt rustres, une honte qui se transforme presque en haine, comme si cela l'empêchait d'avancer, comme si cela l'encombrait. Elle souhaiterait pouvoir se concentrer toute entière sur ses projets, ses envies. Elle est perdue, ne sachant comme réagir face à quelqu'un de si envahissant et de si fusionnel. Tout cela se complique encore plus lorsqu'elle fait la connaissance de Nicolas Pavlovitch, un metteur en scène russe de 27 ans son aîné. Elle refuse tout d'abord de reconnaître les sentiments qui éclosent entre eux, par peur du regard des autres, par timidité. de nombreuses épreuves l'attendent encore.
J'ai été très étonnée par ce roman, par la façon dont il est écrit. On pourrait le qualifier d'épistolaire mais pas que.. Nous avons en effet toujours plusieurs lettres à la suite l'une de l'autre puis des précisions écrites narrées d'un point de vue externe. J'ai vraiment adhéré à cette manière de faire, cela change de d'habitude et moi ça m'a vraiment plu car cela collait beaucoup au contexte.
Car oui, comme dit plus haut, un énorme fossé se profile de plus en plus entre notre héroïne et sa mère et les lettres permettent de se rendre compte beaucoup plus clairement de cette différence d'éducation. Alors que les lettres d'Amalia sont claires et bien écrites, celles d'Angèle, sa mère, sont parfois carrément horripilantes par l'écriture parlée et vulgaire. Cela n'aide nullement à s'attacher à ce personnage qui n'est déjà pas facile à apprécier vu les circonstances. Elle étouffe beaucoup sa fille et n'hésite pas à user de chantage affectif, de pleurs, de remontrances en tout genre jusqu'à en paraître presque folle. Elle ne supporte pas de sentir sa fille s'éloigner, grandir, devenir indépendante.
"Alors je me suis dit après, comme dirait ton père, pourquoi que j'aye pas le droit d'aller saluer la patronne de ma fille? La prochaine fois que je viens sur Paris, j'y rendrais bien mes hommages. Je te prie de lui dire, s'il te plaît, parce que c'est pas normal, comme situation que la mère de ma fille elle peut pas saluer sa patronne."
Tu imagineras donc sans peine que j'ai vraiment eu du mal avec cette femme qui prend une place tellement importante dans le roman.
J'ai par contre totalement été charmée par Malia, tellement innocente, tellement pétillante. Pleine de vie, elle attire rapidement la sympathie des gens par son naturel et par son intelligence. Via ses lettres et ses réflexions qui ont parfois l'air d'être celles d'une sainte, je me suis sentie de plus en plus attachée à elle en avançant dans sa correspondance. Ses doutes, ses peurs, ses sentiments m'ont conquise par une gentillesse sans fin. Et puis, sa rencontre avec Nicolas m'a vraiment beaucoup plue par sa lenteur, sa crédibilité. J'ai trouvé ses réticences justes et bien décrites, juste comme il le fallait.
L'époque est très intéressante également. La jeune fille s'intéresse beaucoup à la politique, au parti communiste, mais j'ai aussi appris de nombreuses choses comme par exemple l'insurrection de 1956 en Hongrie dont je n'avais jamais entendu parlé, honte à moi.
En bref, je ressors de ce roman comme dans un cocon. le mot qui me vient à l'esprit pour le qualifier est doux, doux pour la douceur d'Amalia qui ressort plus que tout dans cette histoire. Un personnage central touchant qui m'a convaincue et qui m'a fait passer un excellent moment à ses côtés.
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