Ma perception actuelle de la culture japonaise est modelée par des lectures et des films qui dessinent des éléments de compréhension comme autant d'îles dans le paysage de l'archipel. Parmi ceux-là, il y a bien sûr Ozu, Murakami, Miyazaki, Sozeki,
Ogawa et puis Tanizaki, Kawabata, Mishima. Mais il y a également les gaijins fascinés par le Japon comme Bouvier, Wenders, Barthes et tous ceux que j'oublie. J'en retiens un nuancier divinement subtil, complexe et pour le moins constrasté.
Si le quotidien c'est la platitude, cette banalité recèle pourtant aussi ce qu'il y a de plus important. Elle renvoie à l'existence dans sa spontanéité même et telle que celle-ci se vit.
« Esthétique du quotidien au Japon » fournit une approche dépaysée du quotidien, d'autres rapports au sacré, au temps, de l'art à la vie, au tactile. Se dessine alors un environnement où chaque geste le plus ordinaire semble réalisé avec toute l'application et la concentration habituellement dus à une prouesse. Dès lors se joue le grand spectacle du quotidien. Malgré la disparition progressive des formes qui incarnaient ses racines esthétiques, le Japon maintient cet équilibre qui produit un plaisir dans la vie ordinaire de chaque jour. Et cet ouvrage permet de comprendre ce qui fabrique cet équilibre dont nous, étrangers, ne percevons que l'étonnante valse des contradictions.
Une déstabilisation fascinante. Formidablement attrayant donc.