AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Chronique japonaise (67)

A long terme c'est important: si l'on ne peut plus guère progresser aujourd'hui dans l'art de se détruire, il y a encore du chemin à faire dans l'art de se comprendre.
Commenter  J’apprécie          20
Une piqûre de guêpe sur un visage en larmes
Commenter  J’apprécie          40
Ce train omnibus est bondé… (…) Les deux vieilles qui me font face ont terminé leur besogne, sorti leur bento (pique-nique) et prennent leur petit déjeuner – du riz collé et quelques brins de choux aigre – littéralement sur mes genoux. Puis le première déplie un mouchoir immaculé et essuie d’un geste gracieux les grains qui couvrent mon paletot, tandis que la deuxième frotte une allumette soufrée et la laisse brûler jusqu’au doigt parce qu’elle a lâché un de ces vents que la civilité réprouve.
Commenter  J’apprécie          30
la surface était d’une belle matière veloutée, celle d’un vieux pot sorti du four. Entre les trous de coffrage et quelques graffitis indécis, une main enfantine mais résolue avait écrit baka (imbécile). Je l’ai pris pour moi : j’avais dû passer cent fois là devant sans rien voir.
Commenter  J’apprécie          10
Cesse de vous en faire
Et suivez le courant
Si vos pensées sont liées
Elles perdent leur fraicheur
Seng-t'san
Commenter  J’apprécie          10
Comme je m'en revenais vers la maison, le spectacle à l'épicerie d'une grosse mouche noire faisant toilette sur une éclatante pyramide d'oeufs frais m'a soudain rempli d'une gaieté inexplicable. Sentiment que moi-même j'allais sortir de l'oeuf. Je suis allé boire du saké chez les deux Coréennes qui tiennent entre les escaliers de Shimogamo et les sureaux du petit cimetière un bar grand comme un buffet normand. La fille et la mère: des visages de sioux, des peaux mates et parfaites tendues sur de fortes pommettes, des yeux d'obsidienne impertinents et gais, des dents superbes. Toutes deux l'allure de magiciennes ou de renardes réincarnées.
Commenter  J’apprécie          20
Après avoir médité pendant des années, le Bouddha "traversa le miroir" et se trouva éveillé dans un monde indiciblement harmonieux. (...) Toute sa vie, il prêcha la méditation et l’éveil. Il dit encore que, lui disparu, il faudrait l’oublier. Puis il mourut. Alors on lui dressa des pagodes, on tailla de lui des effigies gigantesques, on lui adressa des prières, on se mit à gloser, philosopher, ergoter sur sa doctrine (…)
Méditez et réveillez-vous; cherchez en vous, sans rien ne vous arrête, la vie que vous ne voyez pas: voilà ce que le Zen a retenu du bouddhisme et, pour lui, Cakya-muni n’a rien dit de plus.
Commenter  J’apprécie          70
François-Xavier est chez les païens. Il flaire l’idolâtrie partout. Il joue tout seul sa partie, tranche, embarrasse, brusque son monde, accumule les erreurs. (…) Les lettrés, qui l’invitent courtoisement pour qu’il expose sa doctrine, ne lui cachent pas combien l’idée d’un Dieu parfaitement bon, créant un Diable très puissant pour tourmenter ses créatures qu’il aime, leur parait singulière et même divertissante.
(…) C’est délicat d’apporter une morale nouvelle à des gens qui ont depuis si longtemps et si prudemment choisi celle qui leur convient.
Commenter  J’apprécie          60
Avec leurs perspectives de lanternes et leurs néons, la plupart des villes japonaises se donnent la nuit l'air de métropoles. Le jour venu ce ne sont plus que des agglomérations poussées trop vite sous un feston de lignes électriques, d'isolateurs et d'enseignes éteintes. Le visiteur a l'impression qu'on l'a trompé.
Pas à Kyoto.
Commenter  J’apprécie          10
Il y a des bergères qui épousent le fils du roi, et il y a aussi des gens dont le karma était de vivre - et quoi qu'ils aient pu tenter avant- un torchon à la main. J'y pense en observant le patron de ce petit café " ouvert la nuit" sur la grand-route de Nagasaki. Son visage gris ressemble exactement à un torchon ou à un mouchoir qui aurait écrasé bien des larmes, connu bien des fonds de poche et des lessives. Il est plein d'une bonté chiffonnée. Je trouve aussi dans ses gestes les traces de cette hésitation continuelle que l'instruction vous donne, et cette distinction fourbue. Il vient d'une autre vie, c'est évident, et rien dans son enfance ne devait sentir le percolateur ni le gas-oil. Ses parents ou ses maîtres n'avaient jamais prévu qu'il finirait ici, passant le torchon sur ce petit comptoir en parlant d'une voix sourde. Peu importent les débuts, étudiant recalé ou instituteur resté en rade après une querelle avec le syndicat.
L'essentiel c'est que ce torchon qu'il tient comme un sceptre était dans ses étoiles et que la vie les a désormais réunis. Il semble le savoir et s'en trouver très bien. Certain d'être à sa place, sorti de la mêlée des coudes et des épaules, il est tout au spectacle de son café et écoute ses clients avec une attention que, même dans l'amour, on rencontre rarement. Les gens ne sont pas accoutumés à ce qu'on leur prête autant d'existence, au bout de cinq minutes, les voilà déjà aux confidences. Lui, la tête penchée, il enregistre, opinant parfois du torchon; et je me demande quels sentiments il collectionne ainsi, à quelle passion, à quelle maladie, à quelle insuffisance de l'âme il s'intéresse aussi fort?
p 249-250
Commenter  J’apprécie          120






    Lecteurs (942) Voir plus



    Quiz Voir plus

    L'usage du monde - Nicolas Bouvier

    En juin 1953 débute l’aventure. Nicolas et Thierry partent-ils à pied, en voiture ou à dos d’âne ?

    à pied
    en voiture
    à dos d’âne

    10 questions
    155 lecteurs ont répondu
    Thème : L'usage du monde de Nicolas BouvierCréer un quiz sur ce livre

    {* *}