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Citations sur Le vide et le plein : Carnets du Japon 1964-1970 (58)

Quant à celles, d'également humble extraction, qui se font huit révérences profondes en observant à travers les tiges d'oignons qui débordent de leur sac à provisions le chignon de leur partenaire - il y a une façon de glisser le regard sans relever la tête, comme un puck au hockey, pour vérifier la position de l'autre -, n'allez pas me dire qu'elles ne s'amusent pas.
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Ce qui étonne ici, c'est cette prétention d'apprendre ou d'enseigner le naturel, chose qui ne s'apprend pas mais qui comme ailleurs impose de la concentration. Et c'est peut-être dans la crispation, la précipitation et l'angoisse de l'activité moderne qu'il faut trouver la raison de cette japonomanie effrénée et brouillonne qui s'est emparée du monde occidental. Le dégoût de l'efficacité : Faites à loisir quelque chose de modérément agréable mais surtout de parfaitement inutile. Une nostalgie. Mais la nostalgie est un sentiment subalterne, d'où jamais rien de bon n'est sorti. C'est, si vous voulez, la bonne du désir, le désir du pauvre d'esprit.
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Les Japonais devraient parfois se rappeler que la véritable politesse c'est aussi de se souvenir que la vie des autres est, hélas, aussi brève que la nôtre.
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Nous nous flattons de vivre à l'époque de Klee ou de Picasso, mais pour ceux qui dans mille ans nous verront avec un peu de recul, ce sera l'époque de Walt Disney.
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le formalisme : le signe pour la chose et souvent la chose n'y est plus. Ainsi, plus la politesse devient formelle, moins le cœur y rend de part. Il y a tant à faire à s'acquitter que l'on n'éprouve plus rien. Aussi dans un milieu régi par une étiquette impérieuse, il faut trouver des substituts pour exprimer la sympathie ou l'antipathie qui teintent les rapports sociaux. D'où, au Japon, l'importance de l'«ambiance» — kimochi — grâce à laquelle la sympathie passe par osmose au-dessus des formes rigides du protocole. D'où l'importance aussi du sourire, dans lequel on peut enfermer ce que l'on veut, et qui n'est pas du tout mécanique, mais exprime une infinité de nuances, de la confiance la plus entière à la réprobation la plus catégorique.
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Bavardage inutile ou « information » superflue. Et d’ailleurs quel besoin si urgent a-t-on d’être informé ? Pour ce qu’on en fait, de l’information qu’on possède ! Mieux vaut connaître dix choses et leurs rapports que dix mille choses éparses. A force d’information l’esprit perd sa structure ; on n’a plus le temps de mettre un peu d’ordre là-dedans, ni même de savoir si l’on aime et si l’estomac supporte (…) deux interlocuteurs ne peuvent absolument rien faire de cette poussière d’informations qu’ils possèdent l’un et l’autre, sinon en échanger quelques miettes, comme des enfants qui jouent aux billes : celle-ci me manque, celle-là je l’ai deux fois. Cela va pour un moment, puis quand le silence commence à peser, chacun va trouver son psychanalyste pour qu’il lui explique la raison de ce mystère.
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Relisez Maupassant dont Akutagawa s’est tant inspiré, dont les Japonais en général sont si férus. Maupassant : un grand fond de solitude et de glace, une révolte qui n’aboutit pas, quelque chose de forcené, la tête contre les murs, l’écrasement des personnages. On retrouve tout cela, et pour de bonnes raisons, dans la littérature japonaise d’après la restauration, tempéré seulement par de l’esthétisme. (L’histoire peut être lamentable, les personnages lentement anéantis, mais il n’y aura pas de pâtés sur la page).
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L'agrément qu'il y a à dormir sur le tatami, c'est d'avoir ainsi le dos collé au sol, de faire corps avec la terre et – quand le calme et le silence de la nuit le permettent – de se sentir et de partager la vaste rotation dans laquelle elle vous entraîne. Les couvertures tirées jusqu'au menton, les mains à plat le long du corps on fend l'espace comme un boulet chauffé au rouge. On pense aux autres corps céleste, aux orbites qui s'infléchissent et qui divergent, aux attractions, aux répulsions, aux lentes figures qui se tracent à des vitesses inconcevables. Dans cette salle de bal obscur qu'est devenue la nuit, la natte, la maison, le quartier et les douze millions de dormeurs qui l'entourent pivotent avec un ensemble admirable pendant que je me pose la question de ma place à moi là-dedans, qui reste à débattre. Le sommeil vient avant la réponse.
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"Cette politesse, et tous ces salamalecs qui sont comme des sacs qu'on entasse devant la porte en vous laissant dehors, tout ça n'est pas pour moi. Mais alors, me direz-vous, l'étranger et le Japonais ne se rencontrent-ils jamais ? Cela arrive, mais c'est rare : il faut l'ambiance (kimochi), des assurances, des go-between, des cornacs et des circonstances aussi exceptionnelles que celles qu'il faut pour que les éléphants se reproduisent dans les zoos."
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Ils ont fait des études et comme ils ont pris la peine de les oublier entièrement, ce sont les gens dont il y a le plus à apprendre. Mais n'attendez rien d'un étudiant, je le répète : rien de plus amidonné qu'un étudiant. Leur maudit costume à boutons d'acier, ils sont tout entier là-dedans.
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