Trente biographies de grandes figures de l'histoire chinoise, écrites à la hâte, sans grande cohérence et dans une prose de journaliste. Le lecteur cherchera dans ce livre des faits instructifs, et ne trouvera, la plupart du temps, que des jugements de valeur, des ragots, des citations hétéroclites accumulées. Ainsi, la vie du fondateur de la dynastie Song commence par la bonne réputation de la dynastie, se poursuit par le récit du coup d'état pacifique de ce fondateur, pour aborder, vers le milieu du texte, les noms, dates, et renseignements de base sur lui, ce que l'on aurait voulu savoir d'abord quand on ignore tout d'un personnage. Les faits se font attendre longtemps, ce qui en dit long sur la pratique de l'écriture journalistique à l'oeuvre ici. Bien sûr, on ne s'étonnera pas que ces récits historiques soient tous au ... présent de l'indicatif.
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Le nom personnel de l’empereur n’est jamais utilisé de son vivant. Il est même interdit de le prononcer, sous peine d’être accusé de crime de lèse majesté. Pour s’adresser à lui, on utilise le mot « empereur ». À sa mort, il reçoit un nom posthume et un nom d’ancêtre pour le temple ancestral, appelé « nom de temple ». Les historiens chinois contemporains − et l’ensemble des Chinois − appellent parfois les empereurs par leur nom personnel. Mais ils sont généralement nommés (des Han jusqu’aux Song) par leur nom posthume ou par leur nom de temple, précédé parfois du nom de leur dynastie (Han Wudi, Tang Taizu, Song Huizong). Les empereurs de la dynastie Yuan sont mentionnés par les historiens chinois sous leur nom de temple, mais aussi par la transcription de leur titre mongol.
L'empereur Yongzheng meurt brusquement en octobre 1735. Il succombe semble-t-il à un abus d'élixir de longévité, prescrit par les prêtres taoïstes.
p. 355
Confucius − qui nous est connu sous son nom latin − est la personnalité
chinoise sans doute la plus connue dans le monde… avec Mao Zedong. « Qui ignorant tout de la Chine ne connaît au moins le nom de Confucius ? », demande Jean Lévi. Il est le personnage historique qui a le plus marqué la civilisation chinoise, au titre qu’il serait le premier « éducateur » de la Chine. « Il est la figure tutélaire de la culture chinoise ancienne. Il est l’artisan de la pérennité chinoise. Pas de mandarinat sans confucianisme », assure Étienne Balazs. À lui seul, il transcende les successions dynastiques. Aujourd’hui, Kong Demao, l’actuelle représentante de la soixante-dix-septième génération descendant du maître, se raccroche au plus vieil arbre généalogique du monde.
Dans toute l’histoire du monde, nul livre [les Entretiens de Confucius] n’a exercé durant une plus grande période une plus profonde influence sur un plus grand nombre d’hommes. Prêchant une morale humaniste de fraternité universelle, ce mince petit recueil a inspiré tous les peuples de l’Asie orientale et, en particulier, il est demeuré la pierre angulaire de la plus ancienne civilisation de notre planète… Sans cette clé fondamentale, on ne saurait avoir accès à la civilisation chinoise. Et qui ignorerait cette civilisation ne pourrait jamais atteindre qu’une intelligence partielle de l’expérience humaine.
Sima Tan avait commencé une synthèse historique universelle et sans précédent concernant tout le passé de la Chine. À trente-six ans, par piété filiale, Sima Qian entreprend de continuer et parachever l’œuvre de son père. Une immense et ambitieuse entreprise. Par sa fonction, il a accès à d’innombrables manuscrits, dont beaucoup ont disparu depuis, ainsi qu’aux sources officielles de la Bibliothèque impériale.