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Philippe Sollers (Préfacier, etc.)
EAN : 9782715221390
92 pages
Le Mercure de France (26/05/2000)
3.55/5   56 notes
Résumé :
"Jeune bourgeois, ouvrier laborieux, et toi, haut fonctionnaire de cette République, je vous permets de jeter un regard sur le con d'Irène, ô délicat con d'Irène !" Quand, à la fin des années vingt, est publié anonymement ce petit ouvrage, les foudres de la censure se déchaînent. La société française n'est pas encore prête à reconnaître comme littérature une ode passionnée au sexe de la femme, "ce lieu de délice et d'ombre, ce patio d'ardeur, dans ses limites nacrée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Sans intérêt.

Quelques tranches de vie, teintées de pornographie, qui se croisent sans véritablement de lien ou de cohérence (pour la lecture que j'en ai faite).

Les comparaisons avec Sade et ses journées ou les verges d'Apollinaire sont sans pertinence. On est loin de l'outrance, l'exubérance ou du dégoût volontairement apporté par ces oeuvres. En dehors du fait qu'on puisse classer les auteurs dans le courant « classique », c'est le seul rapprochement qu'on pourra faire.
Alors oui, on parle de con, de motte, c'est souvent grossier, parfois poétique, mais surtout sans intérêt. Capital érotique : néant. Instructif ? Non, divertissant, même pas. L'histoire est brouillonne et alambiquée, le style lourd, ampoulé, abscons. Bon déjà que je ne suis pas fan de littérature blanche et a fortiori celle dite « classique » mais cette courte lecture me conforte dans l'idée que je suis plus adepte de la littérature érotique contemporaine dont l'unique but est le divertissement (et pourtant il y a du déchet dans cette section) que de celle que je qualifierais de « littéraire ».

Tiens au final, il y a malgré tout un petit intérêt : La préface de Philippe Sollers dans l'édition que j'ai lue.
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Quelques lignes d'Aragon lues il y a très longtemps et relues aujourd'hui pour couper une lecture ardue. Donc il y a longtemps, jeune j'étais, j'avais aimé: le titre en lui-même avait un petit goût de défendu, releveur de saveur et l'équivalent d'un acide glutamique érotique pour ado (on est con à cet âge là si si) bref aujourd'hui je le trouve encore pas con du tout ce «con d'Irène».
Un début un peu raide peut-être mais tellement littéraire autrement dit avec le style (et quel style) que parler de pornographie est un peu exagéré. Et puis on passe du bordel de province avec des scènes licencieuses a une complainte amoureuse peut-être érotique mais il faut s'en convaincre, une réminiscence d'un amour perdu: Aragon se ressouvient c'est un autoportrait et pourtant, pourtant toute sa vie il refusé de reconnaître la paternité de son oeuvre.
C'est grâce aux efforts de Nancy Cunard, la voluptueuse et tumultueuse Irène en fait, que le document fut sauvé d'un autodafé vengeur : Aragon brûle « La Défense de l'infini» dont « le con d'Irène » fait partie, partie non satisfaisante de sa vie sexuelle. le livre parut sous le pseudonyme d'Albert de Routisie
Bref par certain coté le personnage pourrait être un personnage de Houellebecq de part sa libido en berne surtout au bordel ça la fout mal et ça vexe les dames, quand même, avoir la nouille molle malgré des stimuli d'expertes et puis pour les femmes Irène, fille de la campagne pourrait être une Nène de Perochon ou une fille du calvaire de Combescot, Madame Maud par exemple mais... à la campagne. Faut dire qu'elle y met du coeur
Et puis le sexe triste, plus tard l'amour timoré par trop réjouissant non plus, l'amour non partagé ça cause quelques dégâts surtout chez les artistes et encore plus chez les surréalistes qui sont, malgré leur provocations incessantes sexuelles ou autres, très coincés de la fesse. En tout cas plus que les bourgeois du moment qui fréquentaient les dames dans la joie et la bonne humeur.
Le grand amour c'est pour plus tard avec Elsa.
Donc coté langue ce n'est pas vraiment la langue verte à la Boudard ou Combescot mais une langue littéraire de grand style, pour le coté truculence on repassera Aragon n'est pas là pour nous amuser et c'est bien triste Même les mots les plus crus ne peuvent être qualifiés de salace tant le style est littéraire, raffiné mais académique. Il est a noter toutefois qu'il n'y a pas qu'Irène dans cette nouvelle: la nature, les arbres, la vieillesse, la vie sociale à la campagne ainsi que les poissons rouges y sont aussi évoqués et avec virtuosité.
Un régal pour les amateurs de belle langue une perte de temps pour les petits cochons pornographes.
C'est dit!
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IRÈNE / Albert de Routisie alias Louis Aragon

Dans ce texte magnifique qui commence par un long récitatif totalement surréaliste, une déclamation sans ponctuation, un cri d'horreur et de désespoir qui se termine par une invocation à l'amour dans un style poétique sans égal, Aragon célèbre le bonheur et la volupté éprouvés par Irène, « une jeune femme belle fraîche et plaisante, portée à la besogne de l'amour…Elle est infatigable, et quand une douce sueur l'emperle, elle a l'éclat du plaisir, elle resplendit. La volupté avec elle n'est pas une petite affaire. Elle entend la partager… Il flotte autour d'elle un grand parfum de brune, de brune heureuse… » Irène use du sexe comme outil de scandale et instrument de libération. Et puis il y a aussi Victoire, la mère d'Irène, une tribade de grand style mais qui ne dédaigne pas les hommes… On rencontre aussi les tendances incestueuses d'un père pour sa fille, une fille qui méprise les hommes.
Il est probable qu'une grande part du récit est autobiographique, l'auteur dépeignant sa condition de vie d'écrivain au début des années 20 à Paris. Il est alors comme exsangue et n'a plus de goût à l'amour.
Ce récit érotique de Louis Aragon fut publié clandestinement en 1928 pour éviter les foudres de la censure. La société française de l'époque n'était pas encore prête à considérer comme littérature une ode passionnée au sexe de la femme, «ce lieu de délice et d'ombre, ce patio d'ardeur, dans ses limites nacrées… » Il fut republié clandestinement en 1952, puis en 1962 et 1968 librement avec le pseudonyme de A. de Routisie choisi par Régine Deforge éditrice. Dans sa préface, Jean Jacques Pauvert a estimé qu'il s'agit d'un des plus beaux textes poétiques produits par le surréalisme. Camus lui-même tenait ce texte pour le plus beau touchant à l'érotisme. André Pieyre de Mandiargues parlait d'un texte à la beauté scandaleuse. Un extrait à l'appui évoquant l'anatomie féminine :
« Touchez ce sourire voluptueux, dessinez de vos doigts l'hiatus ravissant. Là que vos deux paumes immobiles, vos phalanges éprises à cette courbe avancée se joignent vers le point le plus dur, le meilleur, qui soulève l'ogive sainte à son sommet, ô mon église…Salut à toi , palais rose, écrin pâle, alcôve un peu défaite par la joie grave de l'amour… »
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Ce roman s'ouvre sur un chapitre totalement Surréaliste. Sans ponctuation, très poétique tout en créant de nouvelles images poétiques. Adorant ce mouvement littéraire je ne peux qu'apprécier ce chapitre qui fait débuter en beauté cette petite pépite de la littérature érotique.

Dans ce roman, aux parts autobiographiques, l'auteur nous dépeint sa condition de vie d'artiste dans ce début des années 20 à Paris. L'homme se montre amoureux et malheureux. N'arrivant plus à aimer ni à faire l'amour. Certains passages parlent directement à cette femme dont on ne connaîtra seulement qu'une initiale. L'auteur à une plume poétique fluide mais qui s'avère compliquée à saisir par moment. Cependant il n'hésite pas à être très familier dans ses propos par moment.

Le premier personnage mis en scène traverse une période difficile où il n'arrive plus à faire l'amour, comme je le disais un peu plus haut. Il sent seul, même les maisons closes ne peuvent rien pour lui et son chagrin. Face à ce personnage, et à tous les autres d'ailleurs, nous sommes seulement spectateur. Ce sont des personnages très "humains". Ce premier personnage, qui n'est pas nommé, est présenté comme une victime, abandonné par son amour et qui n'attend plus qu'elle. Jusqu'à ce qu'il rencontre Irène...

Aragon n'a pas juste écrit une oeuvre érotique bête et sans réflexion. Il apporte une dimension à son personnage, il lui donne de la réflexion, une pensée. J'ai retrouvé à travers cette oeuvre très courte les écrits de Sade. C'est un compliment puisque j'admire le travail de Sade !

Le récit mélange l'histoire de plusieurs personnages dont on ne comprend le lien qu'à la fin. Sur le coup on a un peu de mal à suivre mais une fois que l'on a compris qui était qui, le texte s'avère très beau. On fait ainsi la rencontre d'un père portant un amour quasi incestueux pour sa fille, cette même fille qui méprise les hommes, dont son père, et les utilise. le seul personnage à parler à la première personne c'est donc celui dont on a pas le nom.

C'est une oeuvre compliquée à lire car elle n'est pas toujours claire et compréhensible, mais une fois le tout démêlé, elle prend une saveur délicieuse qui donne l'envie de tourner encore et encore les pages.

Au niveau du contenu sexuel, je m'attendais à autre chose ! Au vu de la date d'écriture et des amis de l'auteur je pensais qu'il allait être plus sulfureux et cru. Je pense par exemple au deux romans de Apollinaire: Les onze mille verges et Les conquêtes d'un jeune Don Juan. A chaque page on a un contenu explicite sexuel qui ferait rougir n'importe qui. Pour le con d'Irène j'ai été surprise que la sexualité soit pour la plupart du temps évoquée avec passion et poésie. L'auteur utilise beaucoup d'images et ne laisse pas de contenu cru. L'érotisme dans ce roman se cantonne donc à la description des rapports qu'ont les personnages avec la sexualité, comment ils l'abordent et l'envisagent.

C'est un roman touchant et beau. J'ai été déçue du contenu dans le sens où je m'attendais à plus comme a pu le faire Apollinaire mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas aimé ma lecture, au contraire...

Lien : http://nituti.blogspot.fr
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Une lettre d'amour ou de regrets ? Voilà la question qui m'a accompagnée pendant toute ma lecture. Le livre s'ouvre sur un premier chapitre qui ne comporte pratiquement aucune virgule et presque autant de signes de ponctuation, au niveau du sens on commence déjà très fort, ce qui nous plonge dès lors dans une abîme de pensées dans laquelle on essayera pendant toute notre lecture de sortir la tête de l'eau.

Avec une plume assez lourde, dense et qui donne l'impression de n'avoir pour but que la compréhension de son propre auteur, je vous avouerais que j'ai eu beaucoup de mal à comprendre le narrateur, voir même à le suivre par moment tellement l'auteur ne prend pas la peine de faire comprendre à son lecteur les motivations ou plutôt les désirs de son narrateur et personnage principal.

Un autre élément m'a pas mal perturbée mais pas forcément en mal : l'érotisme à travers les yeux du narrateur. Dès le départ, on sait que l'on va lire un texte dont le contenu est très largement érotique, ça se sait rien qu'à la lecture du titre.

Et pourtant le narrateur nous dit dés les premières pages qu'il admire les "Érotiques", sous-entendu les personnes libérées des tabous sexuels de la société et sachant apprécier la représentation artistique du sexe dans toutes les formes d'art; et le narrateur nous dit aussi qu'il les admirent alors qu'il n'en fait pas partie.

Je ne sais toujours pas si c'est de l'ironie ou non de la part d'Aragon tant sa plume et ambiguë et suggestive, parce que son narrateur (sûrement lui-même) n'a pas l'air du tout rebuté par un quelconque aspect de sa sexualité, et pourtant il est assez vite rebuté par celle des autres.

Cela se traduit très habilement dans le texte par l'apparition de dialogues très crues, comme dans le passage au bordel en début de livre, en plein milieu d'une narration lyrique tout en métaphores filées et en symbolisme, ce qui crée un vraie sentiment de malaise de par sa présence.

Ce qui a pour résultat de donner à l'érotisme du livre un aspect beaucoup repoussant et déstabilisant qu'excitant, et pourtant je suis restée fascinée par la poésie presque rimbaldienne qui se dégageait du texte et des passages où la sexualité est pleinement exposée.

Cependant même si j'apprécie le texte, j'ai été très fortement agacée par la sélection plus que mal venue et suggestive que fait le narrateur des femmes qui sont belles et de celles qui lui donne presque envie de vomir.

Enfin bref...J'ai été captivée et fascinée par ma lecture au même titre que repoussée et dérangée à certains moments. Je suis arrivée à la fin avec une sensation de faim au vue de la brièveté du livre. Une narration incisive et inhabituel sur l'érotisme et l'amour que je vous recommande fortement.
Lien : http://bookymary.blogspot.co..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Poissons poissons c'est moi, je vous appelle : jolies mains agiles dans l'eau. Poissons vous ressemblez à la mythologie. Vos amours sont parfaites et vos ardeurs inexplicables. Vous ne vous approchez pas de vos femelles et vous voici l'enthousiasme à l'idée seule de la semence qui vous suit comme un fil, à l'idée du dépôt mystérieux que fit dans l'ombre des eaux luisantes une sourde exaltation muette, anonyme. Poissons vous n'échangez pas de lettres d'amour, vous trouvez vos désirs dans votre propre élégance. Souples masturbateur des deux sexes, poissons, je m'incline devant le vertige de vos sens. Plût au ciel, plût à la terre que j'eusse le pouvoir de sortir ainsi de moi-même. Que de crimes évités, que de drames repliés dans le trou du souffleur. Vos transports transparents, mort du Christ ah que je les envie. Chères divinités des profondeurs, je m'étire et je me démène si je pense un instant à l'instant de votre esprit où se forme la belle plante marine de la volupté don les branches se ramifient dans vos êtres subtils, tandis que l'eau vibre autour de vos solitudes et fait entendre un chant de rides vers les rives. Poissons poissons, promptes images du plaisir, purs symboles des pollutions involontaires, je vous aime et je vous invoque, poissons pareils aux montgolfières. Jetez au creux de vos sillages un lest passionnel, signe de votre grandeur intellectuelle.
Poissons poissons poissons poissons.
Mais l'homme aussi fait parfois l'amour.
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Ne me réveillez pas, nom de Dieu, salauds, ne me réveillez pas, attention, je mords, je vois rouge. Quelle horreur encore le jour encore la chiennerie l'instabilité l'aigreur. Je veux rentrer dans la mer aveugle assez d'éclairs qu'est-ce que ça signifie ces orages continuels on veut me faire vivre la vie du tonnerre on a remplacé mes oreilles par des plaques de tôle il y a des coups de grisou à chaque respiration de ma poitrine mes mineurs s'enfuient dans des galeries d'angoisse ça saute ça saute à qui mieux mieux. Mais ce n'est pas le jour c'est la dynamite. On passe des épées dans mes paupières on enfonce des doigts dans ma gorge on frotte ma peau des graviers du réveil. N'arrachez pas mes ongles plongés dans le terreau des songes ma chair colle à l'ombre la nuit est dans ma bouche mon sang ne veut pas couler. Je dors nom de Dieu je dors.
(incipit)
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Brutes je vais crier je crie brutes fils de truies enculées par les prie-Dieu avortons de caleçons sales boues des chiottes mailles sautées au bas des putains crapauds domestiques muqueuses purulentes vermines lâchez-moi roulures de rhododendrons poils d’aisselle bougies tontes de poux suints de rats copeaux copeaux noires déjections lâchez-moi ve vous tue je vous pile je vous arrache les couilles je vous mâche le nez je vous je vous piétine.
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Le regard des amants délimite entre les deux termes du couple une zone où l’attention se concentre et se dénouent les personnalités. C’est à ces confins, quand la lumière des désirs se décompose du rouge délire au violet conscience, que le miracle sensible insensiblement se produit.
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À moi les cascades les trombes les cyclones l'onyx le fond des miroirs le trou des prunelles le deuil la saleté la photographie les cafards le crime l'ébène le bétel les moutons de l'Afrique à face d'hommes la prêtaille à moi l'encre des seiches le cambouis les chiques les dents cariées les vents du nord la peste à moi l'ordure et la mélancolie la glu épaisse la paranoïa la peur à moi depuis les ténèbres sifflantes depuis les cavalcades d'incendies des villes de charbon et les tourbières et les exhalaisons puantes des chemins de fer dans les cités de briques tout ce qui ressemble au fard des nuits sans lune tout ce qui se déchire devant les yeux en taches en mouches en escarbilles en mirages de mort en hurlements en désespoir crachats de cachou crabes de réglisse rages résidus magiques muscats phoques or colloïdal puits sans fond. À moi le noir.
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