Ernest l'éléphant

Le titre est une allusion à un célèbre tableau de Max Ernst intitulé L'Éléphant de Célèbes, c'est une des premières peintures surréalistes. L'auteur de cet ouvrage de littérature de jeunesse est, dans son domaine, un des artistes des plus populaires auprès des jeunes de plusieurs générations et des plus honorés par diverses distinctions, Anthony Browne a reçu en particulier le prestigieux prix Hans Christian Andersen pour ses services à la littérature pour enfants en 2000.

Ernest l'éléphant sort de façon concomitante en anglais et français. En fin de compte, le dénouement du récit renvoie, sans l'expliciter à la morale de la fable "Le Lion et le rat" de Jean de la Fontaine. Rappelons-là : « On a toujours besoin d'un plus petit que soi ». Alors que l'on fête, notamment dans l'Aisne, le quatrième centenaire de la naissance De La Fontaine, ceci est bien de circonstance. Avec des enfants de plus de huit ans, on ne manquera pas de faire le parallèle.

Les moins âgés goûteront avec plaisir le motif essentiel de cette histoire, à savoir un petit éléphant qui s'égare dans la jungle et demande à divers animaux de l'aider à retrouver sa maman. Tous refusent, à l'exception de la souris. On pourra, pour ces plus jeunes lecteurs, faire un lien avec "La petite poule rousse" de Byron Barton, on en connaît une édition justement à L'École des loisirs. Comme d'habitude, avec Anthony Browne, le graphisme prend des allures très sophistiquées et expressives tout en sachant être sobre au niveau des détails.

Ernest est un petit éléphant.
Même s'il évoque Max Ernst il n'en sait rien.

Il ne fait que marcher, marcher, marcher,
boire et marcher, dormir... et marcher.
Il n'en a cure, des évocations dadaïstes,
lui, il se met en piste.

Même s'il aime bien tout ça, marcher,
il a envie d'autre chose... d'explorer
un monde plus coloré peut-être?
et c'est ainsi que s'est perdu Ernest.

Ainsi, il se trouve dans la jungle,
C'est une jungle colorée fabuleuse
mais quelque peu mystérieuse...
Toujours en piste
dans une jungle un peu surréaliste.

C'est amusant mais quelque peu effrayant
se dit le petit éléphant
qui aimerait bien retrouver sa maman.
Perdu dans la forêt profonde...
Il rencontre finalement un peu de monde.

Ernest croise un gorille occupé à mâchouiller,
puis un lion ensommeillé, en train de somnoler.
Un hippopotame se contente de bailler.
(C'est classique dans un conte randonnée).

Mais Ernest sent sa gorge se nouer.
Il se met peu à peu à paniquer...
Un crocodile dédaigneux disparaît en plongeant
laissant en plan le petit éléphant.

C'est alors qu'il rencontre une souris
prête à l'aider bien qu'il soit perdu.
Il se sent éperdu, il n'y croit plus.
Il n'est pas très convaincu.

Malgré tout, il donne sa chance à la souris
qui se propose de lui montrer le chemin.
Il ne se sent pas très serein
Mais peut-être que la vie lui sourit?

Enfin!
La souris le guide jusqu'à la sortie
Là, Ernest voit sa maman:
enfin réunis!

qui est le plus heureux?
le petit éléphant
ou sa maman?
tous les deux ont le coeur rempli.

Quant à la petite souris,
elle se glisse sans bruit
dans la jungle... Ravie
d'avoir pu aider autrui.

Et cette fois, l'histoire est finie.

Du Anthony Browne, chouette!

Dès les premières pages, nous veillons, observons l'oeil collé à l'image, nous chercherons l'habituelle fantaisie de l'auteur-illustrateur.

Et non. Rien.

Nous suivrons une file d'éléphant, tranquillement, patiemment. Les admirer sera agréable un temps.

Et après?

C'est un peu le propos de notre éléphanteau de l'histoire.



Il acceptera le quotidien tranquille de son troupeau, la belle routine et puis un jour, il bifurquera, suivra un autre chemin. Et là, oui, nous la verrons, la fantaisie, c'est une belle et grande forêt avec des détails exubérants, avec des choux à la crème et des ballons dans les branches.

L'aventure.

Est-ce l'éléphanteau qui transforme le paysage, comme souvent les enfants le font dans les oeuvres d'Anthony Browne?



Est-il bien prudent de ne pas suivre le chemin bien connu des adultes lorsque l'on est tout petit?

"Voila donc à quoi ressemble la jungle, se dit-il.

C'est fascinant... mais aussi un peu effrayant..."

Les jeunes lecteurs, eux, saurons bien que la jungle, la vraie, ne ressemble pas à ça, même si ceci les attirerait probablement beaucoup aussi.



D'une façon habile, l'auteur synchronisera l'état d'âme d'Ernest au fil de son exploration de la forêt.

C'est très bien vu, les parents deviendront la boussole perdu d'Ernest et nous ressentirons autant l'angoisse de l'éléphanteau qu'un petit perdu dans un grand magasin.

L'aventure deviendra à l'identique des cartonnés pour tout-petits où les personnages sont perdus et cherche leur maman (que les papas qui restent à la maison ou travaillent à garder les enfants ne fassent pas la moue, l'auteure-Illustrateur Taro Gomi fera le pendant avec son très ludique "Où est passé papa?" chez (feu) Autrement, qui se passe d'ailleurs dans un grand magasin).

Nous aurons droit à une belle galerie d'animaux sauvages trop occupés à bailler pour indiquer la bonne direction. La jungle est décidément pleine de dangers et imprévisible.

L'aide viendra d'un personnage totalement inattendu et cela sera finalement bien de pouvoir faire aussi comprendre aux enfants qu'il ne faut pas toujours se fier aux apparences.

Nettement moins fou que les autres, cet album, on le sent, s'adressera à un plus jeune public.

C'est tendre et mignon.

On a toujours besoin d'un plus petit que soi… Anthony Browne nous offre ici une histoire à la morale bien connue. C'est la souris qui vient en aide au gros (bébé) éléphant ! Si l'intrigue est finalement assez classique, la jungle est en revanche truffée de clins d'oeil, chers à l'auteur. On adorera repérer un burger, des bonbons ou des petits pois dans la jungle multicolore. On se rassurera enfin lors des retrouvailles avec la maman et on appréciera le désintéressement de la petite souris. Ce n'est pas le meilleur Anthony Browne à mes yeux, mais c'est, malgré tout, un plaisir de le retrouver.

Dernier album paru d'Anthony Brown, auteur illustrateur britannique que l'on ne présente plus, Ernest l'éléphant aborde avec fantaisie la peur de la séparation entre un éléphanteau et sa mère. Perdu seul dans la jungle, Ernest va demander son chemin à des animaux emblématiques tels le lion, l'hippopotame ou le crocodile sans qu'aucun ne lui viennent en aide. le suspens monte petit à petit quand à la fin de cette histoire avec tous ces prédateurs présents mais c'est finalement une petite souris qui permettra à Ernest de trouver la sortie.
On reconnait bien les thèmes chers à l'auteur ainsi que son trait dans le visage des personnages et la composition des images.
L'ensemble se lit avec empathie et l'on est aussi content que l'éléphanteau de le voir retrouver sa mère. Une belle histoire qui plaira aux enfants dès 3/4 ans.
Lien : http://boumabib.fr