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EAN : 9782382921470
448 pages
Bouquins (06/01/2022)
4.19/5   69 notes
Résumé :
Entre roman noir et récit d’initiation, Dieu est un voleur qui marche dans la nuit est le fruit de sept années d’enquête sur la secte Heaven’s Gate, rendue célèbre par le suicide collectif de ses trente-neuf adeptes en mars 1997

Californie, 1997. Trente-neuf corps retrouvés dans une villa. Uniformes noirs. Draps mauves sur le visage. La mort semble être venue à eux paisiblement. Et pourtant, un signal clignote sur tous les ordinateurs : « Alerte rouge... >Voir plus
Que lire après Dieu est un voleur qui marche dans la nuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Votre vie est vide de sens, le monde dans lequel vous vivez vous oppresse, vous dépasse et c'est l'impasse…
Ne partez plus en sucette mais en soucoupe volante. L'apocalypse est proche.
La recette ? Rejoignez Rat et Laboratoire, Bo et Peep, Chip and Dale, Do et Ti, le couple aux multiples facettes, les prophètes de la secte ufologique de l'Heaven's Gate.
Soyez élu au Niveau Supérieur en vous débarrassant de vos émotions terrestres malsaines et de votre corps, ce véhicule de chair et d'os trop exigeant.
Votre vie est ailleurs, votre mort est ici. Ce monde de perversions n'est qu'illusion.
« La seule émotion que vous devez ressentir est la haine de ce monde humain. »

Ce serait à mourir de rire si, en 1997 on n'avait pas retrouvé trente-neuf corps gisant dans un appartement de San Diego en Californie.

Quentin Bruet-Ferréol retrace dans un texte très fouillé mi-enquête mi-roman écrit avec un grand détachement et parfois beaucoup d'humour le parcours chaotique et tragique des deux fondateurs plus allumés qu'éclairés de ce groupuscule de détraqués.

En parallèle, en plein flash mystique suivez l'errance d'un des plus anciens et dévoués disciple, Barthélemy devenu Théody qui abandonnera toutes ses attaches terriennes, ses biens, les siens et même sa chérie car l'abstinence est la règle. Il sera tout de même trahi par sa tuyauterie, il ne pourra s'empêcher de jouer avec son robinet.
« La discipline essora chaque élève jusqu'à sa dernière goutte d'humanité. »

Je suis resté scotché par la facilité déconcertante à embrigader d'un discours puéril une population de paumé faisant de M.Spock, le lieutenant aux oreilles pointues de Star trek ou de Yoda le maître Jedi de Star Wars des êtres supérieurs d'un niveau supérieur !
C'est impensable de se laisser berner aussi simplement et de voir des complots partout où le gouvernement américain dissimule des présences extraterrestres. Et pourtant…

Quentin Bruet-Ferréol fait avec brio l'étalage de ces dérives sectaires. Rappelez-vous le carnage des davidiens et les soixante-treize morts à Waco au Texas ainsi que les quarante-huit corps carbonisés ou asphyxiés de la secte du Temple Solaire retrouvés à Trient en Suisse. Ils devaient rejoindre Sirius.

Soyez vigilants, l'engrenage de l'Heaven's gate peut-être vous guette. Eveillez-vous avant qu'il ne soit trop tard. Lisez ce livre.

Pour ma part, j'ai cru longtemps que les Daleks allaient envahir la terre…J'avais 11 ans !




Merci à la masse Critique de Babelio et aux éditions Bouquins de cette découverte.



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C'est l'histoire vraie d'une secte qui a choqué le monde en mars 1997 lorsqu'un appel anonyme a poussé un policier de San Diego en Californie à entrer dans un manoir de millionnaire au milieu d'une résidence ultra-riche et y faire une macabre découverte. l'Amérique entière a découvert trente-neuf corps dans des lits superposés, habillés de sortes de vêtements amples et noirs, recouvert d'un tissu en losange violet cachant leur visage, tous avec les mêmes baskets aux pieds, et tous portant un insigne triangulaire portant des mentions relatives aux ovnis.

Dans certaines pieces se trouvaient de nombreux ordinateurs allumés sur un site « The Heaven's Gate », le nom que porterait cette secte. Des centaines de pages remplies d'un charabia ésotérique-Martien-Catholique-Bouddhiste, et d'une foi aveugle dans ce leader, appelé Do. Cet homme avec les yeux complêtement écarquillés, a rassemblé ces trente-huit personnes pour un voyage vers l'au-delà. Ils devaient embarquer dans un vaisseau spatial extraterrestre, qui se cachait dans la queue de la comète Halle-Bopp. Des dizaines et des dizaines de cassettes VHS sont retrouvées, des heures de « prêche » de Do, se présentant lui-même comme un extraterrestre, aidant ses adeptes à parvenir à l'état d'individu « au dessus de l'humain ». Des cassettes avec chaque adepte, assis sur une chaise de plastique blanc, coiffé « au bol », femmes ou hommes, tous un peu androgynes, parlant de leur « départ » avec une grande joie, allégresse et même excitation.
Lorsque l'auteur de ce livre, journaliste spécialisé dans les mouvements sectaires s'aperçoit un jour que le site de cette secte est toujours actif, vingt ans après, il se rend compte qu'il y a donc des gens qui ont pour mission de maintenir le site tel qu'il était dans les années 90. Alors qu'à l'époque il n'y avait que 1,7% de la population mondiale qui était connectée au Web.

Quentin Bruet-Ferréol a cherché et trouvé des interlocuteurs qui se disent encore adeptes de cette secte, et qui s'en veulent de ne pas être « partis avec eux« , ou qui en veulent à Do de ne les avoir pas prévenus, et d'anciens adeptes s'étant dégagés de la secte avant ce suicide de masse. Présenté comme un roman, l'auteur se sert de témoignages et de recoupements pour retracer l'itinéraire de ce leader, avant qu'il se fasse appeler Do, lorsqu'il se déplaçait avec sa « compagne/déesse/savante » depuis le milieu des années 1970. Comment se sont-ils retrouvés à séduire des jeunes et des plus âgés, dans ces moments où toute la jeunesse américaine se cherchait, cherchait un sens à leur vie. Un personnage principal, Barthélemy sera le fil rouge de la reconstitution, de ses pensées, des pensées de la plupart des adeptes, à accepter de délaisser leurs biens, de s'éloigner de la sexualité, des rapports de couple (six des victimes hommes se sont fait castrer chirurgicalement), comment les deux leaders, s'appelant d'abord « Rat » et « Laboratoire » ont réussi à séduire, hypnotiser, laver le cerveau, contrôler des centaines de gens. Avec une écriture brillante et détachée, avec pas mal d'humour dans les formulations : « Comme tant d'autres, Barthélémy était parti avec une fleur dans les cheveux et revenait avec des poux sur la tête » (p.87)

Le titre est une citation de la Bible, parce que les deux leaders (la femme étant morte avant, de maladie) se prélassaient dans de grands hôtels et mangeaient dans de grands restaurants, avant de s'en aller pour payer, avec pour excuse qu'ils étaient des Dieux. Alors qu'ils prônaient l'ascèse chez leurs adeptes, et contrôlaient leur nourriture et leurs actions.

On découvrira que seul le culte de la personnalité de cet homme, Do, cherchant à se faire connaître d'une manière éclatante, échouera à tous ses essais pour faire parler de lui, jusqu'à décider, en fin de compte, que le suicide collectif serait la solution.

C'est étonnant, intéressant, cette manière de raconter cette quête des leaders, celle des adeptes, essayant de trouver un sens à leur vie, leurs réactions, leur cheminement pour arriver jusqu'à ce geste ultime. Un livre éclairant sur l'emprise que peuvent avoir des cerveaux dérangés sur des hommes et des femmes fragiles. Et surtout, ce fut la première secte de l'Âge d'Internet.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Le 22 mars 1997, 39 personnes sont retrouvées suicidées dans une belle et opulente maison de Los Angeles.
Qui sont-ils ? Comment expliquer leur geste ?
Ce sont des membres de la secte Heavens Gate.
Leur croyance ?
Un mix de religion chrétienne, de bouddhisme, de science-fiction (oui, oui, ils croient en Jésus Christ mais aussi aux Jedis, à Spok (oui, le Spok de Star Trek)) et de légendes mythiques genre Atlantide…
Le projet de l'auteur, il me semble, est de nous donner à voir comment des individus peuvent se laisser embarquer dans un projet aussi délirant et c'est en suivant l'un d'entre eux sur quelques 20 ans que nous allons comprendre, enfin tenter de comprendre comment un individu un peu paumé, plutôt tenté par les bières et les joints, en quête d'un sens à donner à sa vie, versé dans une certaine mystique ésotérique a pu se laisser happer par la séduction des deux gourous Do et Ti.
On suit avec intérêt la déconstruction d'une personne qui accepte sans discuter les pratiques les plus absurdes fondées sur des théories encore plus absurdes : la Terre est foutue, nous sommes les élus et par le suicide nous allons atteindre le Niveau supérieur qui nous permettra d'embarquer à bord d'une soucoupe volante dissimulée dans l'erre de la comète Bopp-Hale.
Du délire ! Oui.
En laïque pur jus, il m'est toujours difficile de comprendre la foi en général, même si je la respecte évidemment. Mais dans ce cas de figure, je me sens encore davantage en décalage…
Ici, l'auteur montre bien deux aspects de l'emprise que vont subir les adeptes.
Leur fragilité d'abord car ils présentent tous une particularité : la recherche de leur place dans le monde, uen inquiétude, un sentiment de décalage par rapport à leurs contemporains.
L'autre est fondée évidemment sur la personnalité des deux Maîtres de la secte qui par leur charisme, leurs discours suffisamment alambiqués pour prêter à des interprétations floues mais assénés avec une grande conviction s'attachent des partisans dévoués. Et même si, parfois, Do ou/et Ti sont bien obligés d'admettre s'être trompés, l'aveu de leurs erreurs renforce encore la foi des fidèles.
Si l'écriture en soit n'est pas particulièrement marquante, le choix de la narration interne permet au lecteur de s'immerger dans les méandres des pensées de Barthélémy, Barth, Jmmody (oui c'est le même), ses coups de coeur, ses doutes, le confort d'un « quotidien sous contrôle, sans avoir ni à penser, ni à prendre la moindre initiative » bref, sa recherche d'une perfection conforme aux diktats fixés par Do (et Ti).
Merci à Babelio et les Editions Bouquins pour cette Masse critique privilège qui m'a amené à lire un roman vers lequel je ne serais probablement pas tournée.

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Ce qui est très plaisant avec les masses critiques privilégiées, outre le fait de recevoir un roman dans ma boîte aux lettres en échange d'un avis et d'avoir l'opportunité, souvent, de lire des livres en avant première, est de sortir de ma zone de confort. Parfois, malheureusement, ça ne le fait pas. Mais parfois, comme ici, ça le fait grave! Et, clairement, Dieu est un voleur qui marche dans la nuit (j'aime beaucoup le titre) est un livre/roman que je n'aurais pas lu s'il ne m'avait pas été directement proposé. J'aurais peut-être (et je dis bien peut-être) pris le livre entre mes mains en librairie mais l'aurais reposé me disant que le sujet et le thème n'allaient pas forcément me plaire. Et je serais alors passé un côté d'un super moment de lecture.

Quentin Bruet-Ferréol a réalisé un vrai travail d'investigation sur la secte Heaven's gate qui a défrayé la chronique aux Etats-Unis en 1997 lorsque les 39 adeptes qui vivaient ensemble se sont suicidés (je ne divulgâche rien, cela se passe dans les premières pages du livre). Moins spectaculaire que le temple solaire, et moins connue aussi en Europe, cette secte existait pourtant depuis plus de vingt ans, avec à sa tête les charismatiques Marshall et Bonnie.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, si l'auteur a bel et bien réalisé des recherches pour coller au plus près de la réalité (ce qui est d'ailleurs vérifiable, même si les sources sont principalement en anglais), il s'agit bien ici d'un roman puisqu'il met en scène un membre du groupe, appelé Barthélemy, que le lecteur suivra dans le processus complet d'adhésion.

Je ne pensais pas passer un aussi bon moment avec ce livre. J'ai été happée dès les premières pages, ayant l'impression de commencer un thriller – ce qu'il n'est pas – et me laissant emporter par l'histoire sans m'en rendre compte.
La plume est alerte, rythmée, en plus d'être drôle et teintée d'ironie et de cynisme à certains endroits. le fond est documenté, sérieux, mêlant habilement fiction et faits réels, le tout sans jamais être chiant à lire.
Le gros point fort de ce roman est sans conteste son auteur qui parvient à ferrer son lecteur par une construction narrative très habile.

En résumé, un livre que je conseille, il pourra plaire à beaucoup de lecteurs, férus de thrillers ou polars, intrigués par les faits divers ou toute personne qui aime les plumes ayant une vraie marque, sans pour autant être complexe. Ce roman regroupe tout cela, une réussite d'après moi.


Un grand merci à Babelio, et particulièrement à Pierre, pour me l'avoir proposé dans le cadre d'une MC privilégiée, ainsi qu'aux éditions Bouquins pour l'envoi de ce livre, sans oublier Quentin Bruet-Ferréol pour m'avoir fait passer un aussi bon moment.

Lu en janvier 2022
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Au cours de ma lecture du roman de Quentin Bruet-Ferréol
Il faut dire que ce bouquin, ni trop épais ni trop fin, je l'ai dévoré. J'ai mis beaucoup de temps à me lancer dans sa lecture (Covid oblige). Toutefois, je l'ai avalé, décortiqué, etc. en deux jours montre en main. Il faut dire qu'au début, je me suis demandé si Quentin Bruet-Ferréol ne nous prenait pas « pour des cons », nous, ses lecteurs. Au vu de la der' de couv', je me suis plongée tête baissée dans un ouvrage que je pensais justement didactique, comme un reportage, voire une enquête.
Dans les premiers chapitres, j'ai vu qu'on suivait Barthélemy, et qu'on apprenait à le connaître. Lui, ses pensées et sa façon d'appréhender la vie. de fait, je me suis dit « franchement, c'est un peu l'arnaque ». Je ne voyais pas en quoi ce personnage pouvait me ressembler de quelque manière que ce soit.

Mais…J'ai fini par me laisser prendre au jeu. J'ai pu voir le monde à travers ses yeux et sa logique, pourtant bien loin de la mienne. Je suis donc entrée dans le vif du sujet en prenant part à des décisions qui me semblaient, au premier abord, complètement étrangères. J'ai suivi cet homme, son parcours, ses idéaux, le tout à travers les mots de Quentin Bruet.
Alors attention, je ne dis pas que je serais partisane de Heaven's Gate, mais plus que j'en ai compris les préceptes et les enjeux. Afin de mieux comprendre la soumission des adeptes, j'ai dû cependant adapter la croyance première. Ayant baigné dans un contexte catholique, les OVNI, c'était trop pour moi. Je voulais cependant comprendre qu'un concept puisse vous pousser dans une foi aveugle. Au final, vous pouvez y mettre ce que vous voulez : un Dieu, un artiste, un Alien ou bien un animal… Ça marche avec tout !
À la fermeture du livre, je me suis tout d'un coup sentie seule, et triste. Pourquoi ? Pour avoir passé quelques heures aux côtés de gens qui avaient une foi profonde, une histoire, une connaissance que je n'ai pas. L'auteur, en romançant les grands points de cette histoire incroyable, rend l'intrigue puissante et crédible. Tout simplement parce que, quand vous avancez avec la perception de son personnage, tout se tient, du début à la fin.

Même si au début tout semble surréaliste et emprunt à une folie passagère, rien ne surprend dans le fait que cela devienne une croyance extrême et révélatrice. Même moi, en tant qu'athée, j'y ai trouvé des choses qui auraient pu me pousser dedans.
C'est en cela que j'ai ressenti de la tristesse. En comprenant que, quel que soit notre état d'esprit actuel, on est influençable, beaucoup plus qu'on ne le pense. Qu'il suffit, à un moment donné bien précis, d'un petit coup de mou pour partir dans un délire qui nous semble si vrai qu'on ne distingue plus l'espoir du fantastique. Une secte, pour moi, ce n'est ni plus ni moins qu'une religion plus appuyée qu'une autre (car toute religion peut découler sur des dérives sectaires sans aucun problème). Une croyance qui vous donne un petit coup de pouce, une étincelle supplémentaire et une raison de vous lever.

Parce qu'en effet… Quand on était enfant, on croyait tous aux fées, aux monstres… Qu'est-ce qui a changé ? En tant qu'adulte, on n'a fait que déplacer cette croyance, tout en les justifiant par une éducation, un milieu, etc. Sauf que, le système aujourd'hui est assez ancré dans le monothéisme, peu importe le nom que l'on donne à son dieu. Il y a cependant quelques personnes gravitant autour de croyances différentes, plus proches de ce que la majorité appellerait « mythologie ».

Sauf que, quand on y pense sérieusement, qui peut prétendre savoir qui a tort ou raison ? Qui peut prouver l'existence de telle ou telle créature en dehors de la démonstration qu'en font leurs livres sacrés ? de fait, il ne me semble alors plus si fou de croire en une race supérieure, vivant dans l'espace, peut venir nous sauver.

Ici, le livre sacré est certes plus récent (puisque l'apparition alien potentielle n'est pas si vieille), mais il est aussi emprunt du christianisme. Beaucoup de principes en découlent, avec déformation parfois de ce qui est dit. Mais qui ne l'a pas fait ? de mon côté, je vois au nombre de traductions et interprétations différentes de la bible qu'au final, il n'est pas si dur de lui faire dire ce qu'on veut, alors pourquoi pas lui ? Pourquoi pas DO ?

Est-ce que Quentin nous donne des réponses ?
La réponse est claire : non ! Bien évidemment qu'il répond à pas mal de choses, parce que c'est un travail acharné de l'auteur qui nous est rendu. Pour ce travail, je lui tire d'ailleurs mon chapeau : de la recherche de qualité, et très précise. En revanche, j'avoue que je pensais bêtement, à travers ces pages, trouver des réponses au pourquoi et au comment. Sauf que cette quête, et on s'en rend compte au fur et à mesure de la lecture, est personnelle, subjective, et profondément intime. Il s'agit de faire le point sur ce qu'on pense, ce qu'on est capable de faire, etc. L'auteur a cette délicatesse de nous montrer une voie factuelle, et libre à vous d'en comprendre ou non les codes, surtout de les accepter.

Pour ma part, je les accepte, non pas pour les doctrines qui y sont expliquées, mais pour le chemin qui est emprunté, suivi par des dizaines de personnes. N'avez-vous jamais ressenti la solitude, la vraie, celle qui vous prend aux tripes parce que vous ne savez pas exprimer votre besoin, votre ressenti ou encore votre idée ? Si oui, alors vous pouvez comprendre que, parce que vous avez une sensibilité qui sort des sentiers battus, un coup de pouce suffit pour vous entraîner dans un univers à part, plus singulier que celui de votre entourage.
Eh oui, plus concrètement, rappelez-vous dans les années 90 (oui, parce que j'ai mes limites, je ne peux pas remonter avant ma naissance pour vous parler d'un souvenir 😉 ), ces gens qui étaient filmés sur les roof-top des immeubles américains avec des pancartes appelant les êtres venus d'ailleurs à venir nous visiter, voire nous enlever pour certains.

Le nombre de personnes qui croient en des forces supérieures venant d'une autre planète est énorme, et pourquoi seraient-elles moins plausibles que des chrétiens qui attendent l'Enlèvement ? Voyant tellement de similitudes sur « la fin des temps », je me suis dit tout au long de l'ouvrage que, finalement, ils n'avaient peut-être pas plus tort que d'autres, alors j'ai donné sa chance à cette secte, parce que je voulais voir jusqu'où ça pouvait aller. On ne va pas se mentir, la chute ne m'a finalement pas paru si folle, pas si ubuesque.
En résumé ?

C'est bien vrai, vous avez dû le comprendre, je pense réellement que je pourrais parler de cela et débattre du sujet pendant des heures : il y a tellement à en dire ! En revanche, je vais tenter de vous faire un résumé. J'ai trouvé en les pages de Quentin Bruet une avalanche d'infos, mais aussi des ressentis et une histoire très prenante. Une émotion forte qui vous entraîne dans les perceptions de ces adeptes et qui ne pourra jamais nous apporter de vraie conclusion. Je pense moi-même qu'on ne pourra jamais répondre à la fameuse question « était-ce un suicide ou un meurtre » ?

Quentin Bruet nous étale ici les vies de plusieurs de ces adeptes, des vies normales, des familles, des intérêts que nous avons tous. Cependant, ces gens-là ont, à un moment charnière de leur vie, tout lâcher pour rejoindre le groupe. Folie ou convictions ?
À ce jour, ce n'est plus un secret, il y a des survivants à ce suicide collectif. Pourquoi ? Parce que certains ont raté le bus, mais cela ne signifie en rien qu'ils n'avaient plus la foi. Bien au contraire, et il faut bien appuyer sur ce point : dans ceux qui ont quitté le groupe, il y a ceux qui sont partis tout simplement par conviction, persuadés de s'être fait berner, et ceux qui sont partis à cause d'une déception, d'un désaccord sur un dogme, etc. Dans ces derniers, certains ont juste cru qu'il était trop tard pour eux, que le vaisseau était passé et qu'ils avaient douté au mauvais moment.

De fait, ils sont restés coincés dans un monde qui ne les comprend pas et qu'ils rejettent, mais restent dans l'attente potentielle et n'ont pas perdu ce qui les ont entraînés en premier lieu : un dieu venu d'ailleurs avec des capacités au niveau supérieur de l'humain. le niveau qu'ils auraient pu atteindre en suivant les principes de Do.

Et pourquoi ai-je été dérangée, chamboulée par cette lecture ? Parce qu'encore aujourd'hui, après avoir fouillé internet sur des reportages concernant le thème, avec des interviews de l'auteur vues à droite à gauche… Je ne peux pas répondre à cette question, et comme Barthélemy, je pense que tout est une question de point de vue.

En effet, quel serait le vôtre ? Et seriez-vous capable de voir l'autre ? D'entendre un de ces adeptes parler de sa foi, sans aucun a-priori, sans moqueries, sans jugement… Juste en essayant de comprendre ? 😉
C'est ce que j'ai essayé de faire, et sans avoir la prétention de dire que j'y suis parvenue, je peux toutefois affirmé que je comprends, et une chose est sûre, je me suis demandé si oui ou non, j'aurais été capable de faire la même chose, et la réponse potentielle m'a vraiment mise mal à l'aise.

Bref, lisez cet ouvrage si le sujet vous questionne. Que ce soit via les recherches, via la narration romanesque qui vous plonge dans un univers particulier et d'une façon singulière, Quentin a ici marqué mon premier coup de coeur sur les derniers mois, un récit qui questionne, qui bouleverse, qui secoue…

Un écrit touchant, mais aussi effrayant ! Un appel à notre inconscient, mais aussi à nos croyances les plus profondes et ce à quoi on serait prêt pour combler le vide qui nous tue à petit feu. L'étincelle qui vous anime, c'est laquelle ? Une religion ? L'ésotérisme ? le surnaturel ?

Vous l'aurez compris, je conseille… J'ai donc, par cette lecture, bougé « mon cul » très loin, et mes neurones aussi, sans le sortir de mon canapé, et rien que ça, ça vaut le coup ! 🙂

Un grand merci à Masse critique de Babelio sans qui je ne me serais jamais retournée sur ce type d'ouvrages ! Un merci encore plus grand à Quentin Bruet-Ferréol qui a apporté, à défaut de réponses, une réflexion profonde… J'ai adoré parcourir ces quelque 450 pages ! 🙂

Bonne lecture, et bonnes questions ! 😀
Lien : https://www.jetdemots.com/20..
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critiques presse (2)
RevueTransfuge
17 août 2022
Ce roman, enquête approfondie sur la secte Heaven’s Gate, s’intéresse au cheminement initiatique du héros qui se laisse emporter dans cette aventure sur les routes américaines à la fin des années soixante-dix, sur la trace de deux gourous élusifs.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
SudOuestPresse
07 février 2022
Quentin Bruet-Ferréol signe un premier roman captivant inspiré du suicide collectif d’une secte en 1997.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un peu trop enthousiasmé par la lecture de Walden ou la vie dans les bois de Thoreau, Barthélémy décida de s'installer avec Harmony sur les terres vierges du Nord du Canada pour vivre au plus près de la nature. Contre toute attente, il faisait vraiment glacial dans la forêt, et Barthélémy la trouva bien plus inhospitalière qu'il se l'était imaginée en lisant dans sa chambre. Incapable de chasser quoi que ce soit, mourant de froid dans une cabane isolée, il dut se résoudre à l'impensable : prendre un emploi.
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Theody ne savait pas quoi dire. Le crachotement d'un arrosage automatique se chargea de remplir le silence, et Do et lui se regardèrent. Le véhicule de son maître avait vieilli et ses yeux paraissaient plus bleus encore sous ses cheveux blancs. Toute sa vie, Theody avait rêvé de rencontrer Dieu et, aujourd'hui encore, il avait la certitude que cet être n'avait rien d'humain. La divinité était en lui et c'était un dieu souffrant, en proie aux doutes et à la tristesse. Un dieu qui avait aimé et perdu un être cher. Un dieu qui se sentait seul au monde.
Un dieu qu'on abandonne.
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Que si tu croisais Dieu dans la rue, tune le reconnaîtrais même pas. Dieu n’a pas besoin de nous. Ni besoin de nous parler, ni de se faire admirer. Que dalle ! la seule trace qu’il ait laissée sur terre c’est ce vide dans notre coeur que seul l’amour peut cicatriser.
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Lorsqu’il y a trop d’explications différentes, c’est que personne n’y comprend rien.
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