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EAN : 978B08W1VDGFK
729 pages
Librinova (05/02/2021)
4.81/5   31 notes
Résumé :
Novembre 1970. Sous une identité usurpée, une femme avide de vérité entre au service d’Anton Hauser, vieil homme mourant reclus dans sa riche propriété au bord du lac Léman. Certaine que sous le nom de Hauser se cache un criminel de guerre qui a échappé à la justice, la femme se risque bientôt dans une relation ambiguë avec celui qu’elle s’est juré de retrouver avant Dieu. Mais auprès du vieil homme malade vit un enfant singulier, au comportement étrange et aux prop... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Quel livre formidable, fabuleux ! Quelle maestria !

J'éprouve à l'égard du travail accompli par le romancier une immense et sincère admiration. le style de David Vall, c'est de la haute couture, du cousu main, de la dentelle littéraire. Une structure solide et bien charpentée, un fond très bien documenté et un vocabulaire précis et varié. Plus d'une semaine de lecture pour ces 700 pages : j'en ressors totalement conquise, comblée, mais surtout très émue.

« Elle [Mahaut] disserte sur le monde, sur les Hommes, sur l'injustice des Hommes de ce monde. » « Sa verve avait un réel pouvoir évocateur, et le sentiment du vécu habitait ses traits lorsqu'il [Lucian] racontait son histoire. » C'est parfaitement cela.

Et puis quelle douce délicatesse dans l'évocation des « véroniques voyageuses », avant que l'horreur ne s'empare des protagonistes. Une réflexion admirable sur la vengeance et sur « [cette] nature humaine […] incroyablement complexe ».

Il y aurait tant à dire sur ce livre, mais l'essentiel est : à lire et à faire lire !
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Véritable coup de coeur pour ce livre, écrire dessus n'est pas simple tant j'ai envie de vous donner envie…envie de le lire, envie de l'aimer comme je l'ai aimé. Je vous propose de partir de ce titre un tantinet étrange : « L'Enfant-Mandragore ».

Si vous êtes sorcière (ou sorcier), vous savez certainement que la mandragore est une plante herbacée, dont la racine, très convoitée, adopte parfois une forme humaine et lorsque celle-ci est fécondée avec le sperme d'un pendu, devenue magique, elle permet de faire éclore un être, un « petit homme », un homonculus, homme spirituel, intérieur et complet selon Carl Gustav Jung. Telle est l'origine, très résumée j'en conviens, de cet « Enfant-Mandragore », cet être surprenant qui a l'apparence d'un enfant d'une douzaine d'années, condamné à être immortel, ne pouvant ni vieillir, ni mourir. Emprisonnée dans ce corps d'enfant réside en réalité une âme vieille de plus de quatre siècles.

« J'ai visité les camps de la mort au plus fort de leur activité, ai assisté au départ du Titanic de Cherbourg, ai voyagé jusqu'aux terres d'Asie à bord de navires de commerce hollandais, ai posé pour le Caravage, ai vu brûler sur un bûcher la sorcière qui m'a donné le jour… Mes souvenirs sont une danse macabre et je reste prisonnier de mon destin : celui de traverser les âges sans mourir ni même vieillir, d'en être le témoin maudit et de rester compagnon de la nuit. »

L'Enfant-Mandragore a toujours un protecteur avec lequel il va se lier, fusionner en symbiose, dans lequel il va s'enraciner, lui garantir fortune et gloire et sceller sa perte par la même occasion. « Je ressens la passion de mon nouveau protecteur ainsi que la part grandissante d'obscurité qui se trouve en lui. Il ressent mon mystère et la contribution unique que je m'apprête à apporter à sa vie, même s'il n'en saisit pas encore la portée ni même le prix. »

Ne pas vous en dire plus, et d'ailleurs j'aurais du mal tant c'est brillant, je risquerais d'alourdir le tout, et je regrette d'ailleurs que la 4ème de couverture en dise autant. Ne rien dévoiler si ce n'est que vous allez vous retrouver tour à tour au Moyen-âge, assister à la fuite de vaudois persécutés, être témoin d'effroyables bûchers, vivre des actes de sorcellerie. Vous allez traverser la Renaissance italienne, découvrir la vie, l'intimité même, du peintre le Caravage, sa technique du « tenobroso », la façon dont il a peint ses toiles, les plus célèbres, notamment le fameux « L'amour triomphant » avec lequel le lecteur, troublé, découvre à quoi ressemble l'Enfant-Mandragore puisque c'est lui qui a posé comme modèle pour ce tableau apprend-on, beau Cupidon piétinant les arts et les sciences, la gloire et le pouvoir, les vanités dérisoires en comparaison de l'amour. Vous allez également vivre dans l'horreur des camps de concentration, vivre les atrocités commises aux juifs et aux homosexuels, participer aux expérimentations médicales odieuses faites sur les détenus. Vous allez traverser l'histoire, traverser ses ténèbres et ses lumières.

La magie du livre réside dans la réunion de tous les ingrédients d'un chef d'oeuvre : une écriture talentueuse, à la fois ciselée et poétique, fluide et brillante, une richesse documentaire époustouflante, du suspens, une construction brillante qui navigue tour à tour entre les différentes époques avec intelligence et sans jamais lasser.

Oui l'écriture est ciselée, travaillée, sans être complexe, se fait dentelle, et devient haute couture lors de la description de personnages ou de paysage : « L'onde noire de ses cheveux encadrait un visage harmonieux dont les joues colorées étaient pareilles à des fruits bien mûrs que l'adolescence n'avait pas encore entamés. Quelques boucles figées dans une danse fantasque effleuraient son front pur tandis que ses lèvres vermeilles et ses paupières pâles étaient soigneusement refermées sur son sommeil. ». J'ai été happée dès le début du livre par ce travail d'orfèvre, cette écriture précieuse tel un bijou, mais un bijou sans fioriture, un bijou brut. Éclatant. Qui se suffit à lui-même.

Le livre regorge ensuite de détails surprenants et captivants sur différentes périodes de l'histoire, sur la philosophie, sur la peinture et les arts en général, sur la religion. Je suis sincèrement admirative du travail accompli par David Vall pour avoir su documenter aussi brillamment son livre, en plus de son talent d'écrivain décrit précédemment. Ce livre, je l'ai dégusté pour prendre le temps d'annoter, d'aller fouiller, de retenir, de réfléchir…

Enfin la trame narrative et la construction de ce livre est un régal. Il y a non seulement du suspens, je n'arrivais pas à le lâcher, il est responsable de plusieurs nuits écourtées, mais en plus nous avons là une construction brillante qui ose la complexité tout en ne perdant jamais le lecteur. Les périodes s'alternent, et à chaque fois nous retrouvons avec plaisir les différents personnages associées à une époque bien spécifique.

Trois ingrédients, non seulement présents mais d'une qualité exceptionnelle et savamment distillés, pour un livre remarquable.

C'est en plus un livre qui fait beaucoup réfléchir...qui fait réfléchir de façon subtile et non manichéenne sur la monstruosité qui sommeille en chacun de nous. On ne nait pas monstre, on le devient. Les perversions de la société, les aléas de la vie peuvent réveiller cette facette à n'importe quel instant. « Une enfance pervertie, un événement tragique, une frustration immense, une douleur insoutenable, la perte d'un être cher dans d'odieuses circonstances… Ce sont autant de choses qui peuvent créer un monstre ou le révéler dans sa nature dormante. »
Un livre qui fait réfléchir sur l'amour : triomphe-t-il vraiment de tout ou n'est-il qu'éphémère par rapport à l'art qui lui est immortel ? N'est-ce pas là l'essence du livre quand on découvre le cupidon avec sa corde cassée, symbole de l'amour vain, au sein de la copie du tableau de « l'amour triomphant », pied de nez et message renversé par rapport au tableau original de Caravage?
Un livre qui parle du temps, de la relativité du temps, passée au crible de l'expérience vécue : « Plus vous avancez, plus le temps qui reste s'écoule vite car l'inéluctable s'approche. », de l'importance de la mort qui donne valeur à la vie et aux choix.

Pour finir sur une note poétique, je laisse la parole à la petite Géraldine du livre dont la description de l'une des femmes centrale de ce roman, Rachel, me fait penser à la description que nous pourrions faire de ce livre : « une fraîcheur un peu amère certes, un peu piquante même, mais plaisante comme l'anis ou le pamplemousse. Et son aura était chatoyante, un coeur écarlate nimbé de mauve et de bleu, comme une planète océane dont le noyau serait en fusion. »

Même si je sais que « dans les louanges qu'on débite à d'autres au sujet de quelqu'un, il y a toujours une volonté de s'élever personnellement, d'être celui qui reconnaît le talent et sait l'encenser. Il y a un ego patent et de la fausse modestie dans le panégyrique. », je tenais malgré tout à vous dire monsieur Vall : chapeau bas, mais quel talent !

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Ce livre au scénario aussi original qu'étonnant nous propose une lecture pour le moins érudite et addictive, une lecture qui sollicite en permanence notre intellect sur différents sujets tout en nous tenant en haleine par la grâce d'un scénario solide à la trame magistralement tissée.
Le résumé se trouvant dans la fiche du livre étant suffisamment riche (peut-être trop), je me contenterai donc de livrer mon ressenti sur ce beau voyage littéraire.
Un huis clos à trois, Rachel, Heim et Lucian, l'aboutissement d'une traque et une confrontation suffocante. Rachel pense avoir atteint le but de sa quête, sa rencontre avec le jeune Lucian va pourtant faire basculer son univers, le pacte auquel elle est contrainte va l'obliger à entendre le plus incroyable des récits.
Préparez vous à voyager dans le temps, cette histoire insolite va être le prétexte qui nous fera découvrir une quantité de faits historiques qui vont nous sortir des sentiers battus, la biographie du Caravage en premier lieu, je remercie l'auteur au passage pour mon éducation, mais aussi l'évocation des Vaudois assez méconnue, même si leur histoire présente beaucoup de similitudes avec celle des Cathares.
L'auteur va stimuler nos neurones en permanence en nous parlant de différentes variétés de thé avec une érudition qui force le respect, mais aussi de poésie, de musique, de philosophie, de psychologie notamment avec Jung, de spiritualité, d'ésotérisme voire de mysticisme avec la couleur des auras...
Beaucoup de personnages historiques plus ou moins connus seront évoqués, entre autres Giordano Bruno, Paracelse, Goethe.
Il sera aussi question d'une période de l'histoire plus sombre en rapport avec les protagonistes du roman, un passage probablement obligatoire mais que je n'aurais pas trouvé toujours pertinent en terme de densité ce qui sera mon seul bémol.
Ce livre a une valeur pédagogique évidente en ce sens qu'il donnera sûrement envie à beaucoup de se documenter sur certains sujets ou constituera une révision bienvenue.
J'ai apprécié la précision des personnages avec un plus pour Lucian dans son rôle de pivot de l'histoire à la sagesse séculaire et à l'impersonnalité troublante, j'ai aussi beaucoup aimé l'innocence de Géraldine dont le personnage illumine le roman.
J'ai aimé l'extrême cohérence de l'intrigue qui nous emmène au bout sans faiblir avec un rythme idéal, beaucoup aimé le style aussi ainsi que la très belle écriture.
Pour conclure je dirai simplement bravo monsieur Vall pour ce roman qui restera pour moi une lecture marquante.
Il me reste à remercier les quatre babéliamies qui m'ont fait découvrir ce titre, elles se reconnaitront, elles l'ont lu ;)
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A la première manipulation, l'ouvrage impressionne. Par son épaisseur, son poids, et la densité des pages emplies d'une écriture serrée. La couverture est intrigante, montage d'un tableau de le Caravage, avec qui on fera plus amplement connaissance plus tard. Et le papier, comme la couverture sont doux au toucher. C'est un détail que je m'étonne d'avoir noté, n'étant que peu attachée à l'objet livre. Ce qui compte pour moi ce sont les histoires. Et ici c'est du lourd, et pas seulement en raison des presque 700 pages qui explorent le destin de trois personnages peu banals.

Johanna Brücke, mais on devrait plutôt l'appeler Rachel Rosenbaum, a été engagée pour soulager les souffrances d'un homme qui vit ses derniers jours. Dans le château discret où vit cet ancien officier nazi, entourée de ses serviteurs, est hébergé un jeune garçon dont l'aspect juvénile masque son âge véritable, qu'il justifie par une atteinte hormonale ayant stoppé sa croissance.

Ce trio joue un jeu de dupe, chacun s'abritant derrière un portrait construit. Mais le plus extraordinaire est bien sûr Lucian que Johanna écoute avec doute et fascination tant ce qu'il lui raconte dépasse l'imagination…

Sans vouloir révéler le secret de ses personnages au lourd passé, le roman nous entraine « à travers l'espace et à travers le temps » avec une virtuosité prodigieuse. du Moyen-âge à la peinture italienne du 17è siècle, de la seconde guerre mondiale aux années 70, période à laquelle se déroule l'histoire contée. Peinture, musique, botanique, thé … les domaines d'expertise sont multiples.

C'est brillant, érudit, et laisse supposer l'énorme travail de documentation en amont, ce qu'attestent les annexes en fin d'ouvrage.

Mais au-delà des connaissances, l'art de les transmettre par le biais de ce roman foisonnant est remarquable : on ne s'y ennuie pas une minute.

On s'attache aussi aux personnages et en particulier à cette femme blessée par la vie venue accomplir ce qu'elle considère comme son devoir, et qui se laissera manipuler par ses hôtes.

Mention particulière pour l'enfant mystérieux :

« La véritable question est de savoir où commencent l'illusion et la manipulation ».

Folie ou irruption du merveilleux : chacun fera son choix….

C'est une très belle découverte dont je remercie l'auteur, qui m'a permis cette superbe escapade littéraire.

Un conseil d'utilisation : se munir d'une tablette ou d'un ordinateur pour apprécier encore plus les descriptions des tableaux de Michaelangelo Merisi
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« Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même. Si tu plonges longuement ton regard dans l'abîme, l'abîme finit par ancrer son regard en toi. Nietzsche »

Je referme « L'enfant-mandragore » avec la sensation d'avoir lu un très beau roman. Cette lecture, je la dois à HordeduContrevent que je remercie infiniment pour sa critique affreusement tentante. J'ai passé une magnifique semaine.

Pourtant, avant de débuter ma lecture, mes sentiments étaient confus et contradictoires.
Impatiente et ravie de débuter cette lecture, mais également un peu inquiète, il faut bien l'avouer, impressionnée par le nombre de pages, la taille très serrée de l'écriture et le poids du roman. Mais mes appréhensions ont disparu dès les toutes premières pages, emportée par un récit d'une rare densité et d'une grande maîtrise narrative.

J'avais choisi de lire ce roman, attirée par l'univers fantastique et énigmatique qui se dégageait du titre et pour la couverture, pleine de charme et sa référence à « l'Amour victorieux » du Caravage. Même si une couverture ne fait pas tout, j'aime l'objet-livre et je prends plaisir à regarder les belles couvertures. Montage d'un tableau du grand maître italien de la Renaissance avec cet ange ailé enjambant les fils barbelés des camps de la mort, celle-ci prend tout son sens à la lecture du roman.

*
Dans les années 70, Rachel Rosenbaum, médecin, usurpe l'identité d'une infirmière spécialisée en soins palliatifs et se rend dans un manoir isolé au bord du lac Léman, auprès d'un vieil homme malade, en fin de vie.

« Alors, sous l'identité de cette infirmière qu'elle avait usurpée, sous le brouillard, elle pourrait oeuvrer sans devoir s'inquiéter du monde et de ses lumières, vouée toute entière aux appétits de sa nuit intérieure. »

C'est là qu'elle y rencontre Lucian, un enfant étrange, au visage poupon et angélique, petit-neveu du vieillard. Fascinée par cet enfant intelligent et manipulateur, elle va écouter son incroyable histoire.

La construction narrative très habile joue sur l'ambiguïté entre le récit fantastique et la réalité déformée d'un esprit malade.
Folie, trahison, dissimulation, malice, mensonge, sincérité, vérité, loyauté, à chacun de se faire son propre avis sur le récit de cet enfant-mandragore.

« La véritable question est de savoir où commencent l'illusion et la manipulation ».

*
Avec lenteur et minutie, d'une écriture très visuelle et fluide, David Vall déploie un fil narratif qui se déroule et se rembobine, enchevêtrant les époques et les lieux sans jamais perdre le lecteur.

Et c'est avec impatience que je me suis plongée dans l'incroyable récit de Lucian qui nous fait voyager dans le temps et l'espace, dans un enchevêtrement d'époques différentes, relatant des moments de vie, allant du Moyen-âge jusqu'à aujourd'hui en passant par la Renaissance italienne du Caravage, la seconde guerre mondiale et l'horreur des camps de concentration.

« C'est une ronde fascinante et effroyable que L Histoire, que je me plus à lui raconter à la lumière de mon vécu. »

*
Partagée entre un profond dégoût pour ce vieillard moribond dont elle doit soulager les douleurs, sa détermination à recueillir ses dernières confidences sur son lit de mort et le magnétisme de l'enfant, la jeune femme est prise dans un étau qui se referme progressivement et insidieusement sur elle.

« Cet effroi-là la prenait aux tripes, la rendait pareille à une petite fille offerte à l'ogre. Cet effroi-là était comme une nuée d'insectes volants vomis par le passé pour la dévorer toute crue, la plaie mystique d'une mémoire torturée. »

*
Comme la jeune femme, je me suis laissée emmurer dans ce huis-clos envoûtant, pesant, voire inquiétant.
Les personnages, intrigants, difficilement cernables, les descriptions détaillées de la demeure contribuent à nous immerger totalement dans une atmosphère surannée et oppressante.
Et que dire des deux chiens en liberté dans la propriété : pareils à des cerbères, ils sont comme « deux silhouettes sculpturales dressées sur son chemin », silencieuses, grondantes et menaçantes.

*
Ce roman m'a fait penser par certains côtés à « Confiteor » de Jaume Cabré par son érudition, l'énorme travail de documentation en amont et les multiples sujets philosophiques et éthiques sur l'art, la religion, la mémoire historique, le bien et le mal, l'amour et la haine, l'humain et l'inhumain et l'impossibilité du pardon.

*
Au final, je ressors enchantée de ma lecture de « L'enfant-mandragore ».
Le récit instructif et intelligemment construit m'a emportée dans les souvenirs de cet enfant, et, forcément, certains passages du roman m'ont particulièrement émue.
Je vous encourage à découvrir à votre tour cet excellent roman.
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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Un véritable enfant s’arrête sur n’importe quel chemin pour ramasser une vulgaire pierre et s’en émerveiller comme s’il s’agissait d’une étoile échouée là. Vivre vraiment, c’est garder le pouvoir d’être surpris et fasciné par le moindre caillou. En grandissant, en vieillissant, on perd ce pouvoir et l’âme devient grise, triste et collante comme une toile d’araignée. Les souvenirs s’y accrochent et s’y engluent, bientôt enveloppés dans de petits cocons de soie précieusement conservés. Car à terme, il ne reste plus que cela, le souvenir des premières fois. Tout ce qui vient après n’est que répétition et substitut.
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Parce qu’il est très difficile, voire impossible, de garder un membre en l’air pendant des heures sans bouger, un filin suspendu au plafond retient la main du Christ, en réalité un bouvier de la campagne romaine venu dans la cité pontificale pour se trouver un travail plus décent. Sait-il vraiment qu’il passera à la postérité au travers de ce tableau, et que des siècles plus tard, les touristes continueront de scruter son visage dans la chapelle Contarelli ? L’art est une forme d’immortalité. Sa vie reste figée mais le regard que l’on porte dessus et l’interprétation que l’on en fait peuvent prendre myriades d’aspects. Voici la richesse de l’art, qui ne porte pas seulement la vision de l’artiste, mais aussi celles des générations qui en hériteront.
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— Vous avez peint l’Amour comme surpassant tout : les arts et les sciences, la gloire et le pouvoir… Mais il n’en est rien. L’Amour n’est rien en comparaison du génie créateur et de l’artiste qui le porte. Vous, Merisi. Vous êtes au-dessus de tout cela, et même au-dessus de l’Amour. Votre ego est si fort, si haut, que jamais les flèches de Cupidon ne vous atteindront. Vous passerez à côté de l’Amour, pour que grandisse et survive votre talent. C’est une chose fragile que ce talent. Il prend ses racines dans le chagrin et la nuit. Mais quand la musique aura cessé de résonner aux oreilles du bon marquis, que les hommes périront, que les empires s’écrouleront, et que quantité de livres auront été écrits puis oubliés, on parlera encore de votre génie. C’est ce que je veux qu’on dise en voyant ce tableau. L’Amour est périssable, mais l’artiste, lui, est immortel. »
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Entre chien et loup… Les romains disaient déjà inter canem et lupum pour décrire cette heure du crépuscule où la lumière est si faible que l’homme ne peut distinguer le chien du loup. Quand l'œil est facilement la proie de confusions, alors s’éveille l’espoir de discerner le chien, symbole du jour qui tout comme lui peut nous guider, et gronde la peur de découvrir le loup, allégorie de la nuit qui porte en son sein une menace et prélude cauchemars et effroi.
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La mémoire est sournoise, avide de se raccrocher aux éléments du passé qui peuvent donner a posteriori un sens au présent, comme si la lecture précautionneuse des événements quotidiens pouvait servir à établir des présages et deviner le destin des hommes. Mais c’est aussi ainsi que les hommes se rassurent, en se disant qu’en interprétant plus attentivement les choses, les épisodes funestes peuvent être évités.
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