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sur 717 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Relecture.
William S. Burroughs écrit « le festin nu » entre 1954 et 1957 alors qu'il séjourne à Tanger. Il a fui les Etats-Unis où il a accidentellement tué son épouse, Joan Vollmer, lors du jeu de Guillaume Tell auquel ils se sont livrés, ivres-morts. Désespéré, l'auteur de « Junky » sombre dans la drogue sous toutes ses formes. Ses études de médecine en Autriche l'ont forcément aidé dans sa consommation et ses connaissances d'hallucinogènes, opiacés, cocaïne ou héroïne. C'est sous l'emprise de ces drogues qu'il décrit les situations entre réalité et fiction que vivent ses personnages imaginaires. Ce monde inventé, où les lois de la physique n'ont aucune influence, est l'alternative, échappatoire à son drame personnel, qui devient son quotidien, se mettant en scène lui-même par l'entremise de ses chimériques héros.
Il s'affranchit de toute cohérence, s'autorise toutes les libertés de langage et de construction. « le festin nu » est une expérience stylistique nouvelle, celle du « cut-up » qu'il met au point avec son ami Bryon Gysin. Sous les encouragements de Kerouac et de Ginsberg, il reprend ses notes et les réassemble dans ce qui constituera le manuscrit qu'il titrera « Interzone » dans un premier temps, mais dont Kerouac suggèrera le titre définitif « le festin nu ».
« Interzone » est pour Burroughs le pays fantastique où évolue son monde interlope, c'est son Atlantide, c'est le Tanger des années 50. C'est aussi le territoire de toute les expériences chimico-médicamenteuses, de tous les fantasmes, de toutes les extrémités sexuelles, des performances démentielles, le terrain de jeu où son homosexualité toxique se répand et où sa démence maitrisée invente un courant littéraire à l'origine de ce qui sera la beat génération.
Il est presque impossible de classer l'oeuvre de Burroughs dans une catégorie. L'intemporalité du « festin nu », le caractère expérimental de la démarche pourrait placer le manuscrit entre roman de science-fiction, d'anticipation et fantastique.
Ainsi qu'il l'écrit : « le festin nu est un bleu, un Manuel de Bricolage… Rut noir d'insecte découvrant le paysage infini d'autres planètes… concepts abstraits, aussi nus qu'une formule algébrique, qui se réduisent à un étron noirci, à une paire de cojones vieillissantes… livre de recettes, traité du savoir-faire qui étend l'expérience à d'autres niveaux, à d'autres plans, portes ouvertes au fond d'un couloir immense… des portes qui n'ouvrent que sur le silence… le festin nu exige du lecteur un Silence absolu sans quoi il n'entendra que son propre pouls…»
L'absence d'histoire, les verbigérations de l'auteur, énurésie verbale, sont particulièrement déstabilisantes si l'on ne tient pas compte de la genèse de l'ouvrage, de la vie de l'auteur et de sa démarche. Résumer les écrits de Burroughs aux simples délires d'un drogué sous emprise serait bien trop réducteur et immature. Burroughs est un poète maudit. Même si la provocation est son arme maitresse pour pourfendre la bienpensance, la qualité immense de son écriture fait du « festin nu » un monument de la littérature contemporaine et une référence dans l'invention d'un style. le lecteur ne peut qu'être ensorcelé par cet univers glauque. La vision de l'auteur ne s'égare jamais à faire l'apologie de la drogue, bien au contraire, elle ouvre la voie sur une autre compréhension de l'environnement, la photographie aux rayon X des caractères déviants et enfouis d'individus banals, leurs interactions rêvées, fantasmées. William S. Burroughs écorche, trépane ses personnages et observe les mécanismes psychologiques qui les animent.
Sous sa plume, le Verbe est magnifié, aucun espace pour le moindre ersatz de vulgarité (ou presque), la douce mélodie de la petite horreur quotidienne du camé transporte le lecteur au pays des mille et une extases surréalistes.
Traduction d'Éric Kahane.
Editions Gallimard, Folio, 335 pages.
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Un livre bouleversant, révulsant, et troublant, qui m'ait mise terriblement mal à l'aise. le genre de lecture qui soulève en moi un ressenti equivoquement étrange où la joie et les petits plaisirs me paraissent répugnants et la mélancolie devienne mon favorable état d'âme.
Il y a eu des passages où, il m'a fallu relire pour comprendre.
Je l'ai lu deux fois: à la première lecture, je n'ai absolument rien pu retenir, je l'ai tout de suite relu et la deuxième lecture m'a presque rendu malade.
On est renvoyés à une violence, et à une absurdité quasi totale, comme propulsés dans une odyssée à travers les rouages et les abysses de l'esprit humain, un voyage qui ne manquerait pas de ne plonger dans les recoins les plus reculés et les plus sombres de l'âme humaine.
Ce livre démontre à quel point on peut mal vivre, quand on ne donne pas sens à sa vie, on assiste à une mise en évidence d'un savoir-vivre qui ne serait en rien supérieur à celui d'un rat d'égout.
Une lecture qui nous décolle de nous-même, qui nous offre une vue, tout en nous disant que rien n'était comme nous le pensions.
Pour conclure je dirait qu'il y aurait toujours toutes sortes de choses qu'à moins de les avoir soi-même vécu, il nous serait impossible de percevoir dans le réel tant qu'elles ne nous ont pas été montrées par un grand écrivain. C'est là peut être que réside la force des livres qui n'ont aucune thèse, en ce sentiment d'intimité qui se crée et ne fait que s'accroître au fil des pages.
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Burroughs (William S.) : Petit fils de William Seward Burroughs I, l'inventeur de la machine à écrire, William S. Burroughs est, avec Allen Ginsberg et Jack Kerouac, l'un des membres fondateurs de la Beat Génération, avec Jack Kerouac et Allen Ginsberg, amateur d'armes en tous genres (blanches, contendantes mais surtout les armes à feu), William Burroughs, également connu sous le nom Bill Lee, son avatar littéraire, c'est un auteur américain connu pour sa créativité originale et subversive, principalement dans domaine de la, littérature et des arts divers comme le cinéma, la musique et les enregistrements sonore.
Voir : Beat Generation et Cut up et Shotgun Art
Sa vie a été chaotique, un peu comme une succession de vacillements et de trébuchements gracieux. Parmi les événements tragiques, il tue accidentellement sa femme d'une balle dans la tête, en 1951, en voulant exercer un exercice d'adresse, en état d'ivresse avancée, en tirant sur un verre posé sur sa tête. Il a séjourné au Maghreb, à Tanger, à Paris (un hôtel miteux rue Gît-le-Coeur, surnommé le Beat-Hotel), au Mexique, à New York, à Londres et un peu partout où sa vie le conduisait.
Voir : Beat Hotel
Il a tantôt été détective, en relation avec la pègre new-yorkaise, exterminateur de nuisibles, avant d'attaquer franchement sa carrière artistique d'écrivain, principalement, mais aussi dans de nombreux domaines. Il est à noter que sa collaboration avec Brion Gysing
Cet auteur provocateur en est venu à la conclusion, rendue publique par un essai, que c'est les opiacés qui l'ont rendus plus résistant et lui ont permis de vivre mieux. Il prétendait que les modifications internes de son organismes générés par les prises de substances et les états de manque l'ont renforcé et lui ont permis une vie longue et en relativement bonne santé, même à son plus vieil âge.
Voir : Opium, Pavot, Héroïne
Sa bibliographie est trop énorme et bourrée de collaborations pour tout détailler. Nnous noterons ici les plus importants de ses ouvrages

Junky – Les lettres du Yage
– le Métro Blanc – La Machine folle
Le Festin nu – le ticket qui explosa
– Dead Finger Ker – Oeuvres croisées
– La Cité de la Nuit Ecarlate – Interzone
L'Ombre d'une Chance – Mon Education
Queer – Terres Occidentales
Exterminateurle Porte-lame

NOTE : Son premier ouvrage, "Junky", devrait être lu par le personnel soignant de tous les services hospitaliers spécialisés en addictologie : c'est une véritable bible en matière de consommation, de vente et de transport des substances illicites, principalement l'héroïne est certains opiacés. Y sont décrites les magouilles, moyens de planquer, de passer de la came depuis l'extérieur dans un milieu fermé. Mais aussi les signaux corporels typiques de la prise de produits et/ou de l'état de manque et d'overdose sous toutes leurs formes.

Dans le domaine de la musique, ce personnage mythique a collaboré avec certains musiciens, engendrant des projets magnifiques dans lesquels la voix de Burroughs, à la signature unique, est mise avant. Voici une liste des principales collaborations mais également de certains enregistrements vocaux sans musique, dont certains dans des labels légendaires comme Shandar, Fresh Sound, Ronald Feldmann Fine Arts, Sub Rosa.

William BURROUGHS "Dead City Radio" *
Kurt COBAIN & W. BURROUGHS "The Priest they call him"
MINISTRY & W. BURROUGHS "Just one Fix"
MINISTRY & W. BURROUGHS "Quick Fix”
Tom WAIT & W. BURROUGHS "T'Aint no Sick"
Iggy POP & W. BURROUGHS "The Western Lands"
John GIORNO & W. BURROUGS "Giorno Poetry Systems" **
John GIORNO & W. BURROUGS "The best of Burroughs” **
R.E.M. & W. BURROUGHS "Star me Kitten"
MATERIAL & W. BURROUGHS "Words of Advice"
MATERIAL & W. BURROUGHS "Seven Souls"
Laurie ANDERSON & W. BURROUGHS "Home of the Brave"
Laurie ANDERSON & W. BURROUGHS "Sharkey's Night"
Laurie ANDERSON & W. BURROUGHS "Big Science"
Gus VAN SANT & W. BURROUGHS "The Elvis of Letters"
T.O & William BURROUGS "Berlin/Cut-up" (2014 – Post Mortem)
William BURROUGHS "Call me Burroughs"
William BURROUGHS "Break Through In Grey Room"
William BURROUGHS "Revolutions per Minute"
William BURROUGHS "Old Lady Sloan”

Ghislain GILBERTI
"Dictionnaire de l'Académie Nada"
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💉💉💉💉

Ce livre est tout bonnement un bordel enchevêtré & disparate sans nom ! Oubliez tout ce que vous avez lu, le festin nu c'est entrer dans un texte hors du commun dans lequel toutes les règles sont abolies.

Est-ce un récit, un roman, un essaie, un témoignage, de l'autofiction ? Je l'ignore, c'est juste un livre comme je n'ai jamais lu, dans lequel je me suis complètement abîmée ! Burroughs s'est défoncé, shooté, seringué comme personne, et il nous livre ici sans fioritures, l'univers dans lequel il a vécu. Un vrai voyage sensoriel comme j'ai rarement vécu dans la littérature !

« Un écrivain ne peut décrire qu'une seule chose : ce que ses sens perçoivent au moment où il écrit. Je ne suis qu'un appareil d'enregistrement. Je ne prétends imposer ni histoire ni intrigue ni scénario »

Très chaotique, drôle par moments, il s'agit d'une succession de scènes hallucinantes, sans grande logique, des fragments, des bribes de vie, tout droit issus de la tête d'un camé en plein trip. L'idéal serait de se laisser porter sans chercher à comprendre, il se savoure surtout pour la truculence des personnages & le vocabulaire châtié !
Incapable de mettre ses écrits en ordre, Burroughs dût faire appel à ses amis Ginsberg & Kerouac pour l'aider, d'ailleurs le titre sera donné par ce dernier ! Longtemps interdit pour cause de “pornographie” chacun se fera son avis, Sodome & Gomorrhe a côté, c'est le club Med. J'dis ça, J'dis rien, ça reste néanmoins un grand livre, de la bonne came, comme dirait l'écrivain un soir de shoot.
En somme une galerie continuellement renouvelée, c'est délirant, gore, malsain, visqueux, décapant, glauque, dément, magnifique, attachant, halluciné, sexuel, effrayant, magique, détonnant, sordide, foisonnant, grotesque, déroutant & gerbant !
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"Le Festin nu"* n'est pas un livre qui se résume, c'est une expérience qui se vit. C'est un assemblage de textes violents, absurdes et surréalistes sans lien apparent entre eux; bref, un livre à mettre entre toutes les mains. Bien évidemment, les consommateurs et consommatrices des "pépites" à la mode risqueront l'étouffement, certains auront des urticaires et des remontées acides, quand d'autres, les yeux exorbités, crieront au scandale tout en frôlant la crise d'épilepsie. Quoi?? Ça se prétend écrivain?? On ose appeler ça de la littérature??
Oui. Oui on ose. Bien sûr c'est de la littérature et pas n'importe laquelle s'il vous plaît! Ça s'appelle la "Beat Generation".

Aux téméraires, aux lecteurs qui sont déjà loin des chemins balisés, aux amateurs des uppercuts syntaxiques, aux lecteurs qui n'ont pas froid aux yeux, aux adeptes des combats corps à corps avec les livres, aux adorateurs qui se dressent fièrement en punching-ball devant les dieux écrivains, savourez ce festin et trinquez à la mémoire de l'inénarrable Burroughs, William de son prénom. Courage, on passe à table🥂

*The Naked lunch
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Le festin nu – William Burroughs en mal d'aurore ?

Tout d'abord, on peut s'étonner que ce livre soit classé par les éditions folio dans la rubrique « SF ». On est à mon avis plus proche du roman poétique ou surréaliste, mais enfin cela reste au final des étiquettes…
Lien : https://www.le-fab-lab.com/l..
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Un livre classique que je n'avais pas encore lu. Un livre qu'il faut prendre le temps de digérer! Il faut aussi du temps pour s'accommoder du mode d'écriture. Quelques fois drôles et quelques fois complètement fou. C'est un récit qui permet de nous rendre compte des ravages causé par la drogue. Quelques délire et hallucinations qu'il est parfois difficile de comprendre!
Un livre qu'il faut lire avec lenteur pour s'imprégner dans l'ambiance moite qui y règne.
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Un grand livre sur l'effondrement et la reconstruction de l'identité, de la traversée de l'existence et de la finalité du jeu de la vie passant par l'absurdité. Comment partir et revenir à travers soi grâce aux drogues, au voyage intérieur que celles-ci offrent. On pourrait croire que le plus difficile est le retour... mais non, c'est surtout quoi en faire ensuite : eh bien une oeuvre telle que celle de Burroughs !
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Un livre troublant et extraordinaire, un livre qui est en dehors de la normalité.
Les thèmes: drogues et sexe. Il n'y pas une histoire continue, mais des épisodes, chacune avec des personnages caractéristiques. Burroughs a coupé ces épisodes en petites sections et les a montées dans un ordre quelconque, effectuant une série de petites scènes cauchemardesques comme un drogué peut les avoir.

Quand j'ai lu ce livre pour la première fois je n'ai pas pigé à cause de la nouvelle technique de narration et je n'ai pas su quelle était l'intention de l'auteur. Quand même j'étais fasciné.

Plus tard j'ai découvert qu'il y une annexe où Burroughs
parle sérieusement et en connaissances de cause sur les drogues diverses, leurs effets et les dangers, et sur ses essais divers de se débarrasser de ses problèmes de drogues.

Bien sûr, il y a quelques scènes sexuelles qui sont uniques.

Titre original: Naked Lunch, 1959 à Paris.

PS Je trouve les images de la couverture niaises. Ça ne montre absolument rien du caractére du livre. Sur la couverture il devrait avoir un montage de scènes cauchemardesques se référant au sujet des problèmes de drogues.
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Ce n'était peut-être pas le bon moment pour attaquer cette lecture, qui traînait depuis longtemps dans ma PAL. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans la lecture et j'en suis sortie vidée. Pourtant, j'ai l"impression d'être entrée (et d'être hantée) par un grand livre, dense et virevoltant.
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