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Philippe Mikriammos (Traducteur)
EAN : 9782267020182
457 pages
Christian Bourgois Editeur (19/02/2009)
3.9/5   40 notes
Résumé :

Les Cités de la nuit écarlate est le premier volume de la dernière trilogie composée par William Burroughs. Il précède Parages des voies mortes et Les Terres occidentales.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Si l'on compare "Les cités de la nuit écarlate" aux romans de la trilogie précédente ("La machine molle", "Le ticket qui explosa", "Nova Express"), on verra que le confort du lecteur y est plus grand. Il y a de larges pans de récit linéaire classique, alors que dans les précédents romans, la technique du brouillage et du "cut-up" rendait la lecture parfois difficile. D'autre part, l'intention idéologique est plus visible ici : les récits mythiques ou réalistes que les personnages traversent sont porteurs d'une utopie libertaire pour les uns, d'un discours légendaire et de SF sur l'origine de la race blanche (un virus faisant muter et dégénérer les noirs) pour les autres. Cependant ce roman est, entre autres, de la bonne science-fiction : il ne prêche pas à la manière française, mais entremêle ces thèmes à d'autres dans un ensemble esthétique réussi où l'ironie ne manque pas (qu'on le compare à un Bordage, par exemple). Ce qui est le plus fascinant dans ce roman d'aventures, mêlant pirates, agents secrets, voyageurs temporels, touristes, etc, c'est l'instabilité des temps et des identités : non seulement les mêmes personnages se retrouvent dans des époques différentes, mais ces personnages voyagent d'une identité à l'autre, d'un corps à l'autre. Nulle difficulté de lecture, je le répète : un glissement fascinant de récit en récit, de héros en héros, un véritable voyage et un très beau poème romanesque. Enfin, une vraie réflexion et un vrai travail sur le roman en tant que forme, alors que les auteurs idéologues adoptent passivement la forme pour la mettre au service de leur propagande. A lire.
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Je viens de finir < Les cités de la nuit écarlate > de W.Burroughs. Lecture sans fin, sans début, sans ordre, tout en vibrations spontanées et en situations aussi autonomes que sensiblement liées les unes aux autres.
Si la trame narrative est bien présente, se fondant sur l'Idée d'un cosmos bien particulier où pirates, pirates travestis notamment, insurgés,homosexuels, personnages atypiques, camés, tous brillants pour leur vivacité d'esprit, renverseraient non pas le monde mais l'ordre spatial, Burroughs régale ici pour son amour de l'imagerie et sa conquête des ressources pures du langage, déconnectées de toute intrigue.
Ce livre ne se résume pas. Il ne se lit pas non plus mais s'absorbe. C'est un voyage passionné et passionnant au coeur d'un imaginaire si cher à cet auteur que j'admire profondément, notamment pour ses audaces poétiques ( < Ces petits jeunes, ils veulent tous aller à Waghdas, à cette heure, pour trouver les réponses ! Je leur dis en vain que chaque fois qu'on trouve une réponse, on trouve six nouvelles questions en dessous, comme les lutins qu'on trouve sous les champignons > )
Je n'en dirai pas plus si ce n'est que j'ai osé imaginer Burroughs sous le coup d'une forte émotion au mot de la fin. Comme je l'ai été.
Ps : Heroin des Velvet est idéal pour s'imprégner de la substance quasi organique du livre dans son ensemble, en fin de lecture. ( < I dont know just where i'm going> : voyage spatio temporel non défini sur fond de sublimes dispersions )
A bon entendeur...
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Des quelques livres que j'ai réussi à attraper au vol, celui-ci est l'un des plus abordables, avec Junky et Le Festin nu. Pourquoi abordable ? Burroughs est un adepte de la technique du cut-up, qui consiste à "prendre des petits bouts de truc et puis les assembler ensemble". Il fait du patchwork, quoi, en prenant ici et là, en aiguisant ses mots comme un couteau de boucher pour égorger les âmes sensibles et en profiter pour rajouter quelques milliers de scènes de cul à tous les étages. En dehors de ça, il lui arrive aussi d'écrire des histoires avec une vraie structure (ou presque), des phrases complètes et une certaine logique.

Dans Les cités de la nuit écarlate, qui est le premier tome d'une trilogie, il met en scène plusieurs époques, plusieurs lieux et personnages, avec une idée principale : baisez à outrance et droguez-vous pour une vie meilleure, et que vive l'utopie pirate. Il y a de la matière, du début à la fin, et ça marche : on accroche. Que ce soit sur un navire de jeunes pirates finis à l'opium, ou dans des cités où règnent l'art de la potence, de l'aphrodisiaque et du féminisme ; que ce soit ce détective privé qui maîtrise l'art de la sorcellerie pour retrouver de jeunes garçons perdus, ou ceux-là qui organisent des rituels pour ressusciter dans le corps de nouveaux-nés pour vivre éternellement, Burroughs sait capter l'attention et poser de vrais décors. le seul reproche, peut-être, c'est qu'au fur et à mesure de l'histoire, on oublie certains personnages pour se consacrer à d'autres, alors même qu'on aimerait bien les revoir plus souvent, et qu'on s'y perd un peu parfois, car il n'est jamais précisé de qui il est question aux débuts de chapitre.

Je le conseille vraiment pour ceux à qui Burroughs ne fait pas trop peur, et celui-là surtout pour commencer à se lancer dans son oeuvre dérangeante. Si j'ai l'occasion, en tout cas, je continuerai la trilogie. Et le prochain sur ma liste ? Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines, ne serait-ce que pour le titre, mais aussi parce qu'il est en collaboration avec Jack Kerouac. A suivre, donc.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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« Les captifs torturés seront servis avec les condiments et les confiseries les plus délicieux: cervelles crues encore toutes vibrantes à la sauce piquante, testicules confits, pénis à la sauce aigre-douce, rectum bouillis au chocolat »

Si ça vous allèche, ce roman est fait pour vous!

C'est vrai, il est plus aisé à suivre que « Le festin nu », même assez abordable à lire. Burroughs disait de ce propre livre:

« Oui, c'est utopique d'un certain point de vue puisque des pirates s'emparent du continent américain et créent le monde qu'ils désiraient. Mais d'autres ne pourront pas les considérer comme ayant des fins purement utopiques… »
(Colloque de Tanger).
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Un livre impossible à lire, à décrire.
Un livre dont je ne me sépare pas.
Un livre qui trône bien visible au milieu des autres.
Un livre qui a participé à ma construction.
Un livre dans un sale état car il suit mes errances.
Un livre que je relis pourtant comme une piqure de rappel.
Sans oublier Jérôme Bosch.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
... Il cacha son visage dans ses mains et grogna de douleur.
L'homme leva une petite seringue emplie de liquide bleu.
"Pique-toi et tu retrouveras la liberté, petit gars."
L'inconnu tendit ses mains tremblantes.
"Allez, remonte ta manche, je vais te la faire."
Calme matin bleu près du ruisseau, doux appel des flûtes au loin, tristesse douceâtre d'une étoile mourante. Des souches phosphorescentes luisent dans la pénombre bleue suspendue au-dessus des rues à midi comme une brume.
Maisons en briques rouges alignées le long de canaux bleus où des crocodiles jouent comme des dauphins. Etoiles éperdues de deuil qui s'estompent à mesure que les garçons à doigts cristallins gazouillent et miaulent plus fort contre son épaule, un givre de luminescence se dégage de leur dos, frais jardin éloigné, gouttières de plomb qui fuient, un pont de pierre où se tient un garçon portant un singe bleu et triste sur son épaule.
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L'occasion était là. L'occasion a été manquée. Et les principes des révolutions française et américaine ne furent plus que du vent et des mensonges dans la bouche des politiciens. Les révolutions libérales de 1848 créèrent les prétendues républiques d'Amérique centrale et du Sud. Avec leur sinistre histoire de dictatures, d'oppression, de corruption et de bureaucratie, fermant cet énorme continent sous-peuplé à toute possibilité de communautés régies par les principes énoncés par le capitaine Mission. De toute façon, l'Amérique du Sud sera bientôt quadrillée par les autoroutes et les motels. En Angleterre, en Europe occidentale et en Amérique, la surpopulation qu'a permis la révolution industrielle laisse bien peu de place pour les communautés, soumises pour la plupart aux législations fédérales et étatiques, et souvent en proie aux tracasseries autochtones. Il n'y a tout bonnement plus la place pour "se libérer de la tyrannie des gouvernements", puisque les habitants des villes en sont entièrement dépendants pour leur nourriture, leur énergie, leur eau, leur transport, leur protection et leur bien-être. Votre droit, de vivre où vous voulez, et morts avec le capitaine Mission au XVIIIème siècle. Seul un miracle ou une catastrophe pourraient le faire revivre.
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Peu d'états sont aussi obsessionnels et potentiellement destructeurs de la personne que l'amour. Eh bien, les symptômes du virus B-23 ne sont-ils pas simplement les symptômes de ce que nous voulons bien appeler "l'amour" ? On nous dit qu’Ève fut faite à partir d'une côte d'Adam... De même, le virus de l'hépatite fut d'abord une cellule du foie saine. Vous voudrez bien excuser la comparaison, mesdames; je n'en ai pas contre vous personnellement... Nous sommes tous viciés par nos origines virales. La conscience humaine dans toutes ses caractéristiques est, telle qu'elle s'exprime chez l'homme et chez la femme, fondamentalement un mécanisme viral. Je suggère quant à moi, que ce virus, appelé "l'autre moitié", devint néfaste sous l'action de la radiation à laquelle furent exposées les cités de la Nuit Écarlate.
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"Toutefois, il est une chose que vous pouvez quand même faire : retrouver la tête et l'exorciser. J'ai d'ores et déjà procédé avec le tronc. Mr. Green a consenti à ce qu'il soit enterré ici, au cimetière américain."
Il traversa la pièce et revint en tenant une amulette : caractères runiques tracés sur ce qui ressemblait à du parchemin dans un médaillon en fer. "Pas du parchemin. De la peau humaine ..., précisa-t-il. la cérémonie est très simple : on place la tête dans un cercle magique portant les points cardinaux. On répète par trois fois : 'Reviens à l'eau. Reviens au feu. Reviens à l'air. Reviens à la terre.' Puis on touche le sommet de la tête, le front, et un point derrière l'oreille droite dans ce cas, puisqu'il était gaucher, avec ladite amulette."
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- Je veux apprendre à voyager dans le temps.
- Bah ! tu pourrais employer ton temps à pire ! Et on s'enrichit par des voies détournées. Mais ça peut être dangereux ...
- Il est nécessaire de voyager. Il n'est pas nécessaire de vivre.
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Videos de William S. Burroughs (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William S. Burroughs
Le 18.01.18, Jérôme Colin (Entrez sans frapper - RTBF) recevait Gérard Berréby pour évoquer "Révolution électronique" de William S. Burroughs.
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