Les filles au lion

-Je croyais que Londres serait un lieu de prospérité et de bienvenue. Un lieu de Renaissance. De gloire et de réussite. Je croyais que partir pour l'Angleterre, ce serait comme sortir de chez moi, dans la rue, une rue juste un peu plus froide, où une fille des îles pas trop bête pouvait vivre à côté de la reine Elisabeth. "

«  Dans mon souvenir, Lystra et Dominique , les intrépides, ressemblaient déjà à des femmes au moment de leur naissance, des sirènes venues à terre pour vivre parmi nous, féminines et puissantes . Pas étonnant que nous autres , «  les trouillardes » , trouvions refuge dans les livres . Le sexe était indigne de nous car il nous dépassait .
On nous avait enseigné que nous étions trop «  Supérieures » pour cet échange de chair » ....

Car s'il y a une chose que j'ai apprise, c'est celle-ci : en définitive, une oeuvre d'art a du succès seulement quand son créateur - pour paraphraser Olive Schloss - possède la foi qui l'a fait naître.

Elle ne connaissait pas d’autres gens de couleur, m’a-t-elle confié le jeudi de cette première semaine. Quand je lui ai répondu que je n’en connaissais pas non plus, en tout cas pas sous ce nom, elle m’a regardé avec une expression d’un vide abyssal.

“I'm not a poet, I just write poems”, I said, looking at my fingers.
“There's a difference?”
“I think there is.”

Plus jamais une histoire ne sera racontée comme si c'était la première fois.
John Berger

On ne connaît pas forcément le sort qu'on mérite.

... vous devez être prêt à avoir de la chance.

... la sueur avait donné à ses cheveux pâles la couleur d'une souris mouillée.

Avez-vous un corps s'il n'y a personne pour le toucher?

Je ne savais pas être Odile sans Cynth.

Nous étions dépendants l'un de l'autre sans vraiment nous connaître, comme peuvent l'être les jeunes gens quand ils n'ont jamais été brûlés, meurtris ou rejetés, quand ils partagent tout et commettent l'erreur de croire que l'autre est la réponse à leurs questions confuses. (p. 152)

Nous étions dépendants l'un de l'autre sans vraiment nous connaître, comme peuvent l'être les jeunes gens quand ils n'ont jamais été brûlés, meurtris ou rejetés, quand ils partagent tout et commettent l'erreur de croire que l'autre est la réponse à leurs questions confuses.

Après avoir terminé "Miniaturiste" j'étais tellement emballée qu'il m'a fallu illico lire celui-ci avec une petite angoisse sous-jacente : est ce qu'il allait être aussi puissant que le premier ? Et bien oui tout en étant très différent, et ça c'est fort. Lorsqu'un premier ouvrage laisse une empreinte aussi forte que "Miniaturiste", l'attente est forte. Jessie Burton est décidément sacrément douée. Avec Maestria, elle vous emmène avec elle à Londres en 1967 et en Andalousie au début de la guerre d'Espagne en 1936 pour dérouler l'écheveau de cette incroyable histoire. Parfaitement documenté, totalement maitrisé dans son style et son rythme, le roman par l'intermédiaire d'Odelle à Londres et de Térésa en Espagne nous livre les deux époques sur laquelle il se tient. Cette autrice est vraiment talentueuse et prometteuse.

J'ai l'impression d'avoir dans la tête un endroit, une citadelle de perfection éclatante. À chaque tableau, chaque dessin, je me rapproche, centimètre par centimètre, de l'endroit où mes peintures offriront un meilleur reflet de la personne que je suis, un reflet différent. Et là, je m'envolerai.