J'ai voulu lire Bussi. Tant pis pour moi. J'ai voulu lire Bussi pour me faire une opinion, interpellée par le battage autour de cet auteur, par les commentaires élogieux de ses inconditionnels ne ratant aucune parution, par ses bouquins alignés jusqu'aux caisses de mon hypermarché. Notez que j'avais ma petite idée, pour avoir lu il y a une dizaine d'années le code Lupin que j'avais détesté, mais comme c'était un premier roman, je pensais que l'auteur avait peut-être progressé. de mes quatre lectures récentes, je mets à part
Nymphéas noirs, que j'ai trouvé, il est vrai, complètement bizarre et décousu mais dont je salue tout de même l'originalité du dénouement. Pour les autres…
le temps est assassin est le dernier de ma pile Bussi et le restera à tout jamais.
Le scénario est connu : Clotilde, mariée et mère, revient pour la première fois en Corse au bout de vingt-sept ans sur les lieux de l'accident qui a coûté la vie à ses parents et à son frère. Des événements étranges vont bientôt lui laisser supposer que sa mère est toujours vivante… le roman alterne chapitre après chapitre le journal de la jeune Clotilde de 15 ans en 1989 et le récit des événements de 2016.
Que
Michel Bussi ait usé des ficelles du thriller de base, après tout, c'est de bonne guerre, ça fait vendre, même si ça ne classe pas le roman dans la littérature de haute volée.
Que le journal de Clotilde ado ne soit pas réaliste, passe.
Que l'analyse psychologique des personnages soit proche du néant, le style quelconque, c'est plus ennuyeux et c'est malheureusement récurrent chez cet auteur.
Que
Michel Bussi ait parsemé son bouquin de passages ridicules, tels le coup des deux serpillières (un indice majeur et parfaitement idiot), un compte à rebours haletant pour… que le repas soit prêt à l'heure ou un vieux grand-père fatigué sortant de l'hôpital et plongeant dans la mer vingt mètres en contrebas en visant pile pile pour éviter les rochers sur son passage (et ce n'est que le début de son exploit), ça fait rigoler, c'est toujours ça de pris, même si je ne suis pas sûre que c'était l'intention de l'auteur.
Que les motivations meurtrières du méchant – oui, oui, il y a un méchant, on le comprend très vite même si on n'apprend son identité qu'à la fin de l'histoire – soient complètement obscures ainsi que le choix de ses victimes, ça devient problématique.
Mais surtout, surtout, que la clé de l'énigme, à savoir le mystère qui entoure l'éventuelle survie de la mère de Clotilde, soit complètement, absolument, définitivement invraisemblable, c'est proprement scandaleux. Un tour de passe-passe suivi d'autres invraisemblances que tout auteur qui se respecte et respecte ses lecteurs ne devrait pas oser. En clair, le roman, un pavé de 624 pages en édition poche, est construit sur une grosse imposture.
Et enfin, que
Michel Bussi ait emprunté son titre à un passage de la sublime chanson de mon très cher Renaud, "voilà qui m'désole, qui m'fait du chagrin".