Un super-casse à Deauville, un butin de plusieurs millions disparu, deux voleurs tués en pleine ville, deux autres qui s'enfuient, l'un blessé, l'autre non identifié.
Voilà de quoi occuper le commissariat dirigé par la commandante Marianne Augresse (sic! mon correcteur d'orthographe surligne en rouge, forcément !).
Un polar en Normandie, entre souvenirs
De Maupassant et de
Flaubert ? Pas du tout ! Car, au-delà des célèbres planches et de leurs cabines, au-delà des belles villas des parisiens friqués, il y a les vestiges d'une mine de fer, abandonnée depuis longtemps après avoir refilé la silicose à de nombreux mineurs désormais chômeurs et malades. Ce n'est plus
Flaubert et ses paysages made in Normandie, c'est
Zola et les corons.
Et dans cette zone de pauvres gens, ont vécu les responsables du casse chez les joailliers et maroquiniers de luxe. C'est tout ? Pas de quoi faire un livre original !
Alors, on y ajoute un psychologue scolaire qui s'émeut des propos ahurissants d'un petit loustic malicieux et drôlement en avance pour ses trois ans : il clame haut et clair, que sa maman n'est pas sa maman, que la vraie était avec lui dans un endroit avec un château à quatre tours, un bateau-pirate et la forêt des ogres. C'est pourtant simple, non ? Comment il s'en souvient ? Mais c'est bien sûr : son doudou, prénommé Gutti, une affreuse peluche en forme de rat, le lui répète tous les jours !
Alors, notre Marianne Augresse, quinqua un peu fatiguée de la vie et en mal d'enfant, prend tout cela très au sérieux et s'embarque dans une enquête où, comme de bien entendu, les deux histoires n'en feront bientôt plus qu'une.
C'est enlevé comme plume de sterne au vent de la Manche, drôle et pourtant inquiétant, avec de longues explications sur la psychologie des tout-petits et leur faculté d'oubli puis de reconstruction (Bussi est du métier ou bien il s'est bien documenté ?), de l'émotion, de la drôlerie (on ne peut éviter les commentaires coquins sur les fesses du sergent ou le regard de terre brûlée du collègue), bref, un bon livre entre deux lectures plus exigeantes, juste pour se faire un peu peur - mais vraiment rien qu'un peu - et avoir le plaisir de tourner les pages de plus en plus vite dans les dernières longueurs.
A propos de pages : comme certaines de mes amies lectrices, j'ai essayé de découvrir ce livre en version audio : plus de 13 heures d'écoute ! Et la voix un brin agaçante de la comédienne qui lit en surjouant tous les rôles...Rendu le CD à la bibli, échangé contre la version papier...Lu en moins de la moitié du temps !