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4,08

sur 2959 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Admirable roman pour parler du vide et de l'attente. Deux thématiques difficiles mais Buzzati réussit son pari en nous faisant suivre la destinée d'un militaire dont la vie échoue dans un fort aux portes du désert. le désert des Tartares (voir les définitions mythologiques des grecs aux chrétiens) .
Sa vie est faite d'attente et d'actions simples, rythmées, quotidiennes.
Un roman très surprenant, à la limite du réel mais pourtant bien réaliste sous certains aspects.
Histoire triste de celui qui attend, au nom de certaines vanités mais aussi de la suffisance, et consacre sa vie à une cause dont l'avènement n'arrivera pas ou trop tard.

Excellent souvenir de lecture.

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Buzzati traite de la bêtise d'Etat, de l''histoire d'une vie ratée, du temps qui passe. Plusieurs centaines de pages qui racontent la vie d'un endroit qui végète dans l'ennui avec une belle tension et moult détails. Paradoxe bien maîtrisé. Excellent bouquin qui ressasse le thème de l'absurde cher à l'auteur.
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Il existe des livres qui vous suivent depuis longtemps, dont on entend parler, dont on écoute des extraits de lecture, qu'on retrouve très souvent cité par des grands lecteurs et écrivains. Alors on fantasme le récit, on imagine le style, on songe à l'effet qu'il provoquera sur nous.

Le désert des Tartares est de cette race de livres. Publié en 1949, ce roman de Dino Buzzati est une véritable énigme littéraire dont on ne cessera de revenir dessus à différentes périodes de sa vie pour en saisir le(s) sens.

Giovanni Drogo, promu lieutenant, est affecté au fort Bastiani, un bâtiment isolé du monde, avec pour seul horizon un désert encerclé de montagnes. Au fur et à mesure que cet homme se rapproche de son futur lieu de vie, on est saisi par l'aura fantastique qui se dégage de l'écriture de Dino Buzzati. le fort devient ainsi un lieu à la fois quasi mystique de par sa solitude incompréhensible qui retient indéfiniment les hommes dans l'attente d'une improbable attaque et son écrasante abstraction, qui fige le monde et le temps, le grand sujet du livre.

La discipline militaire et les rouages administratifs qui composent le quotidien de cette armée représentent en creux l'obéissance aveugle et bornée que l'on peut avoir face à une routine quotidienne qu'on se refuse à remettre en cause, voire à identifier. L'homme, rempli d'espoir, de désirs de victoires, se retrouve ainsi un rouage infime d'une énorme machine dont le but suprême est l'immobilisme. Les personnages s'enfoncent dans leur fonction, les caractères s'oublient dans le respect des procédures et des protocoles, l'humain oublie d'être humain.

Entre l'absurdité hiérarchique et la beauté du monde, Dino Buzzati ne tranche pas et nous perd dans un fascinante dédale géographique, administratif et poétique. Les détails les plus infimes deviennent des événements étranges, annonciateurs d'un vacillement mental et social. Les ordres fusent, plus inutiles les uns que les autres, et le temps passe, passe, jusqu'à faire oublier la moindre envie de changement malgré l'espoir d'une guerre contre l'ennemi.

Lire le désert des Tartares relève de l'expérience inédite, c'est découvrir un récit qui va s'engloutir en lui-même, jusqu'à la folie. Mais une folie froide, contractée, maîtrisée par les lois que se construisent les hommes. Et le temps passe, encore et encore, et le désert regarde cette petite fourmilière s'agiter en tout sens, mais pourquoi faire ? le style de Dino Buzzati devient de plus en plus hypnotique, nous voilà soudain nous aussi prisonniers du fort ! le désert des Tartares délivre ainsi une étonnante méditation littéraire sur le destin, la répétition et la puissance attractive et névrosée de l'ordre.
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Drogo vient d'être promu officier, et est prêt à se rendre à sa première affectation. le sentiment d'avoir gaspillé sa jeunesse dans les études se fait un peu sentir, mais enfin, sa vie commence ! Les réceptions, les femmes, les honneurs, tout est enfin à portée de main.

Hélas, ses pas le conduisent dans un désert, loin de toute civilisation, pour garder un fort délabré que personne ne semble vouloir attaquer. le commandant, compréhensif, lui conseille de tenir quatre mois, jusqu'à la prochaine visite médicale : à ce moment, on s'arrangera. Puis Drogo décide, finalement, de rester les deux ans réglementaires : après tout, ça fera bien sur son dossier. Si ses rêves de gloire et de brillante compagnie ne restent intacts, les mois s'écoulent, imperceptiblement, tandis qu'il ne se passe strictement rien.

Les soldats du fort sont divisés en deux camps : les plus récemment arrivés, à l'affût d'une occasion de partir tant qu'il est encore temps, avant se faire engluer dans la torpeur du fort ; et les vétérans, guettant avec une sourde angoisse le désert, dans l'espoir qu'une armée ennemie fasse apparition et justifie ainsi toutes leurs années d'attente et de sacrifice.

Ce roman est une terrible allégorie du temps qui passe. On entre dans la vie adulte la tête pleine de rêves, on les laisse un peu de côté, le temps de gérer les petits tracas du quotidien, un peu emporté par la force d'inertie des habitudes aussi, mais quand on reprend ses esprits, on réalise, avec stupeur, qu'il est déjà trop tard pour les réaliser.

Superbe roman, mais douloureux à lire – d'autant plus quand un virus paralyse le monde entier et rend nos projets si aléatoires.
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Entre la vie qui passe sans que son but ne se réalise jamais et la mort qui finit par tout emporter, ce roman est d'une insondable tristesse. La vie, avec sa charge de désirs, d'espoirs, de renoncements et de regrets est décortiquée selon le morne défilement des jours, des mois, des années. Il reste toujours l'espoir, presque jusqu'au bout, et puis il faut tout quitter, tout abandonner, pour subir, sans avoir rien accompli, sa misérable condition de mortel : mourir.
D'une cruauté sans limite pour la faiblesse humaine et la lente capitulation de la volonté, il aborde aussi d'autres thèmes (pas plus gais) comme l'apparition sournoise de la vieillesse, l'incommunicabilité entre les êtres ou la solitude inhérente à toute existence.
Un très grand roman existentialiste.
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Un récit intemporel qui a le temps comme rythme et thème central, ce qui le fait rester très actuel. Ce jeune militaire , Giovanni Drogo, attend un ennemi invisible dans un fort situé dans un désert, loin de tout. Et cette attente finit de rythmer sa" vie", ce qui peut nous faire réfléchir sur nos exixtences, où nous attendons toujours quelque chose; actuellement, nous attendons avant tout, la fin de la pandémie du Covid mais est-ce pour autant qu'il faille s'empêcher de vivre? Doit-on être toujours dans l'attente d'un évènement ou d'un ennemi hypothétique? Doit-on se morfondre dans le ressentiment perpétuel? Voilà des questions et des réflexions que peuvent soulever ce livre, entre autres, et qui le rendent très actuel.
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C'est la force des très grands livres que de pouvoir se plier à de multiples interprétations. J'ai lu le désert des Tartares à une période de ma vie où, jeune adulte, je ne savais pas trop quelle orientation donner à ma vie et où je me laissais un peu aller. C'est un livre qui m'a été d'un grand secours. le héros gâche sa vie dans un fort éloigné de tout dans l'attente d'une guerre improbable. Il pense qu'il a toute la vie devant lui et laisse passer une à une toutes les opportunités de bonheur. On le voit ainsi renoncer à son amour de jeunesse, de crainte qu'il ne le prive de la gloire qu'il recherche. Naturellement, au moment où celle-ci pourrait enfin se présenter, il s'aperçoit que son temps est révolu...
Cette histoire m'a fait comprendre qu'il faillait rapidement que je me décide avant qu'il ne soit trop tard ! Certes, le désert des Tartares, l'oeuvre la plus célèbre de Buzzati devenue un classique de la littérature, possède un sens plus profond que celui que je lui accorde. On y trouve en effet une réflexion poignante sur le temps qui passe : le but poursuivi à son insu par le héros n'est pas la gloire, mais la mort, car dans un monde où toutes les questions essentielles restent sans réponse, le temps nous entraîne fatalement vers cette seule réalité. Mais permettez-moi de garder ma première impression et de continuer à penser que le désert des Tartares m'a servi d'électrochoc. Après cette lecture, je n'étais plus le même ; j'ai pris vraiment les choses en main. C'est en cela que les livres nous sont indispensables : ils nous aident à vivre.
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Ce livre me reste en tête depuis que je l𠆚i terminé il y a 8 mois, peu après mes 17 ans.

Le genre de lecture qui dégage quelque chose de différent. Un goût qui m𠆞st resté depuis.
Un goût de mélancolie, de vérité.
Non pas parce que cette lecture a répondu à ma crise existentielle d�olescent, au contraire. Mais parce qu𠆞lle l𠆚 changée.

Grâce à sa lenteur, ce livre laisse place à ces choses qu’on omet de décrire pour aller à l𠆞ssentiel.
Essentiel qu’on finit par perdre.

La philosophie du temps et de la vie dont fait part ce livre ont conforté l’impression que j𠆚vais d�surdité dans ce qui nous entoure (particulièrement en plein confinement), dans ce que nous nous imposons pour que notre vie ait du sens.

Je conseille ce livre à ceux qui ont aimé la trilogie de l�surde de Camus, et plus largement à ceux qui comme moi se demandent ce qu’on fait là. Ça n’y répondra pas mais je pense que ça aidera à se rapprocher d’un semblant de réponse.
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Ce livre m'a bouleversé. Il se sert d'une magnifique et immense métaphore pour nous parler et nous interroger sur le temps qui file... à trop grande vitesse !

Ce fort et l'angoisse croissante de ce temps qui file de plus en plus vite montre le talent de l'auteur pour mener ce fil conducteur jusqu'à l'apogée de la vie de Drogo et pour manier l'angoisse du lecteur.

"Le Désert des Tartares" m'a littéralement emporté et je vais très prochainement me plongé dans d'autres livres de cet auteur en espérant qu'ils seront à la auteur de celui ci !

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Le lieutenant Giovani Drogo a de l'allant et l'espoir d'une vie d'aventures alors, quand il décroche un poste sur la frontière au fort de Bastiani, c'est l'agence tous risques qui lui tend les bras et il envisage le meilleur. La vie en première ligne a ceci de palpitant que l'on ne sait jamais ce qu'il va se passer dans l'heure.
Il coche toutes les cases du gars kinenveut, sérieux, obéissant et ambitieux: une carrière militaire et des filles qui lui tendent les bras.

Mais, passé le charme de la nouveauté, avec la découverte de la forteresse et de ses habitants, on lui cache des choses et on l'intalle dans un quotidien triste comme un restaurant sans clients.

C'est "Un jour sans fin", le film de Harold Ramis avec Bill Murray et Andy McDowell, mais sur un ton poétique et pessimiste.
Un confinement qui durerait des années.

Comment ne pas voir une allusion à sa propre condition. Les choix dont on ne satisfait pas. L'enfermement. Passer sa vie à la perdre. C'est du Cioran dans l'esprit.
Buzzati a mis un tigre dans son moteur mais il ronronne tout en menaçant de se réveiller quand la fin approche.

J'ai été enchanté par l'ambiance parfois fantastique mais j'ai aussi subi le message subliminal qui m'a bien secoué.

Un spleen 5 étoiles.
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