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4,08

sur 2923 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai profité de la proposition du challenge solidaire pour me plonger dans un classique que je n'avais pas lu. Je suis à présent heureuse de l'avoir lue bien que je me sois sentie mitigée durant une bonne moitié de cette oeuvre. le sujet ne me passionnait pas, le milieu militaire ne faisant pas partie de mes sujets favoris, mais pourquoi pas ? Certains passages m'ont paru longs, très longs, toutefois, l'écriture de Dino Buzzati est si fluide que je l'ai lu comme on lit un conte. Et c'est en grande partie cette agréable narration qui m'a permis d'aller au bout de l'histoire.

Je me suis ensuite aperçue que le sujet, cette histoire d'un jeune officier envoyé au fort Bastiani, en bordure de désert, est à reléguer au second plan et que le choix du sujet permettait d'aborder de grands thèmes philosophiques.

Le héros, Giovanni Drogo commence sa carrière militaire, il est envoyé dans ce fort, long est le chemin, une route vers une sorte de naissance qui gomme sa vie antérieure, la vie facile d'un citadin bien que les classes lui aient parues bien difficiles. Puis il arrive dans un lieu austère et saisissant, un lieu qui renferme ses secrets et ses mystères, un fort énigmatique dont on peut probablement sortir un jour pour s'ouvrir à la vie ou un lieu dans lequel l'on reste pour devenir un héros… Mais la vie est courte…

Ce roman, c'est l'histoire de chacun de nous, c'est le grand thème de la fuite du temps, celui de l'attente et des questions que l'on est amené à se poser au bout du chemin : qu'ai-je fait de ma vie ?

J'aurais donc pu refermer ce roman qui ne m'aurait laissé alors, que peu de souvenir, mais ce ne fut pas le cas. Même dans mes moments de doute, je ne pouvais arrêter ma lecture tout en ignorant ce qui me fascinait dans cet écrit. Je l'ai compris à la fin. On nourrit de grands espoirs, dans le cas de Drogo, l'espoir d'exercer ses fonctions de soldat : l'arrivée de la guerre et le combat, et chez nous autres humains, l'espoir d'une vie remplie, de plaisir, de plénitude, espoir qui peut laisser place à bien des regrets.

C'est en frissonnant à présent que j'écoute la chanson de Brel : Zangra. J'ignorais que cette chanson était inspirée du roman. J'ai beaucoup appris grâce à cet écrit philosophique que je recommande !
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Un résumé est dispensable, et, préférant l'analyse et le ressenti je n'en suis de toute façon pas très adepte.
Roman quasi philosophique de l'absurde, marinant dans la comtemplation de l'inutile et du vain.
Je l'ai relu quelques décennies après la découverte, avec un peu d'appréhension, la crainte de la liquéfaction du souvenir d'une grande oeuvre fantasmée à l'aune de sa réalité.
Je l'ai tout autant apprécié, voire plus, la maturité permettant d'appréhender la lecture débarrassée du carcan du "il faut avoir lu", et qui permet de ne plus estimer l'intérêt d'une oeuvre quelle qu'elle soit qu'à sa propre échelle.
le stade du roman dépassé, nous naviguons haut dans la littérature. L'écriture dense ne permet pas une lecture rapide, chaque page se tourne lentement, induisant l'impression d'un livre plus volumineux que sa réalité.
L'oeuvre, méthodiquement, met l'Homme face à sa propre nature humaine rugueuse, face à une Nature hostile et revêche, face à lui même, et à ses préjugés et obligations sociétales créées de toute pièce, permettant à sa facette stoïcienne et contemplative de s'épanouir.

Qu'on l'aime ou pas, il faut reconnaitre les qualités intrinsèques d'écriture de ce que l'on peut qualifier de chef-d'oeuvre ( mais qui abuse des parenthèses à mon goût).
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Voici un roman étrange, très particulier, hors normes presque. L'action se passe à une période indéterminée, dans un endroit imaginaire. le livre traite de la fuite du temps, mais aussi de l'ennui, de la solitude, du travail routinier, mais aussi de l'espoir qui fait que l'on accepte l'attente et qu'on espère un autre lendemain. Dino Buzzati y pointe aussi du doigt la lourdeur de l'administration, des tâches répétitives, et dévoilent les rivalités, les mesquineries, l'opportunisme. Il y fait un portrait sans concession de l'homme qui pense à sa carrière prêt à tout pour cela. Drogo, personnage principal de ce roman, être un peu trop naïf et honnête, est victime de ce système. L'action se déroule dans le fort Bastiani, les journées sont monotones, il n'y a que peu d'action dans ce livre, qui est plutôt une introspection, mais cependant la lecture n'est pas ennuyeuse du tout, même plaisante. Et ce roman de Buzzati est un très bon livre qui a bien rapidement trouvé sa place dans les grands classiques du XXe siècle. Belle découverte.
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Dans une écriture fantastique, la vision allégorique pleine de symbolisme de Dino Buzzati retrace l'existence d'un homme auquel on parvient à s'identifier en faisant remonter à la surface des sentiments qui sont déjà les nôtres.

C'est l'évocation des croisements de vie où pour des raisons parfois obscures on s'enferme dans des murailles sombres et hostiles et l'on se laisse engluer dans la torpeur des habitudes qui nous rapprochent du sujet principal, le sens de la vie.

Dans son sillage littéraire intime, l'auteur italien partage son observation profonde de la nature humaine et livre des introspections perçantes d'une grande justesse.
C'est plutôt sombre et désespérant, l'espoir danse avec la résignation et l'ombre cache souvent la lumière.
La désillusion est une constante dans ce questionnement.

On « gaspille » souvent nos plus belles années dans l'attente de quelque chose d'autre à venir. Quelque chose de plus grand, de mieux, de différent.
On passe sa vie à attendre le moment idéal, la personne idéale, les conditions idéales. Et parfois seulement quand on sent décliner son propre destin et que la fuite des années est inexorable, l'impossibilité de certains retours nous touche de plein fouet.

Attendre une récompense du devoir accompli, du sacrifice de soi, apparaît alors comme un échec dans un fiasco.

L'auteur italien creuse la question des fêlures, des regrets et des choix que nous sommes parfois incapables de faire.
Son personnage n'est pas condamné à son sort, mais il choisit de subir volontairement sa condition.
L'écrivain explore ces moments de vie où une route empruntée s'interrompt brutalement, où un destin se brise de manière implacable.

Se laisser égarer dans une quête existentielle avec Dino Buzzati donne une conscience aiguë de la fragilité humaine.


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Avec le desert de Tartares, Dino Buzzati , nous a réussi à nous faire partager l'attente Giovanni Drogo.
Pour Giovanni Drogo,un peu à la fois, tous les intérêts à sa vie se perdent pour n'en garder plus qu'un seul, et Dino réduit dans le roman, les champs de détails de la vie de Giovanni Drogo.
Dino Buzati a réussi à entretenir le suspens jusqu'à la fin, Giovanni parviendra-t-il à récolter la gloire grâce à l'objet sur lequel il a tout misé et tout sacrifié ?
Le désert des Tartares n'est pas un roman sur la guerre ou sur l'art militaire ou sur l'armée, mais il donne une bonne idée des raisons pour lesquelles Napoleon
qui a labouré tant de champs de batailles est encore apprécié.Les batailles fournissent un aboutissement à tant de préparations.
Le désert des Tartares me dérange car j'arrive à m'identifier à Giovanni Drogo qui se laissait enfermer dans des habitudes et des attentes veines ...
Dino Buzati m'oblige à me remuer....
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J'ai vraiment adoré le désert des tartares, c'est une découverte de Buzzati pour moi et même s'il est vrai qu'il ne se passe pas grand chose c'est une formidable aventure que l'on vit de par le vide sidérant qui est traversé et la fin que l'on devine poindre au fur et à mesure en filigrane.
L'ambiance est unique avec une pointe angoissante.
Je recommande fortement.
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Fort Bastiani, citadelle au coeur d'un désert de pierre. Drogo Giovanni, alors dans la fleur de l'âge, y est affecté d'office. Décidé à partir le plus tôt possible afin de se rapprocher de la ville et des jeunes filles, il se laisse malgré lui entraîner dans l'attente d'ennemis potentiels, les Tartares, supposés apparaître un beau jour à l'horizon de ce désert infini. Les jours, puis les semaines, passent animés par les imperceptibles mouvements perçus un jour entre les pierres. Comment quitter le fort alors que l'heure de gloire pourrait être si proche? Peu à peu, Drogo perd contact avec sa ville natale et ses amis d'enfance qui ont continué leur vie de leur côté.
On retrouve dans ce roman ce qui faisait la richesse du recueil de nouvellesle K, dont notamment l'absurdité de la vie et l'ironie qui s'en dégage. Tout ça en fait un récit profondément déprimant mais intriguant également. L'écriture est magnifique, les paysages envoûtants... la philosophie qui s'en dégage donne à méditer sur notre manière d'imprimer la vie en nous.
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Publié en 1940, ‘Le désert des Tartares' est un roman que j'avais épinglé dans ‘Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie'. Dino Buzzati est un des auteurs à lire dans le cadre du Challenge solidaire, c'était l'occasion de découvrir sa plume.

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé son écriture et toutes ses façons de décrire la fuite du temps.

La première affectation du lieutenant Giovanni Drogo le conduit au fort Bastiani. C'est un endroit qui n'augure rien de bon et Drogo n'a pas l'intention d'y rester plus de quatre mois. le fort doit garder une frontière avec un désert qui reste... obstinément désert.

Ce livre m'a paru parfois un peu long. J'ai cependant trouvé le personnage principal intéressant. Sa vie lui échappe. Il semble hors du temps, bloqué dans le fort alors qu'autour de lui la vie continue sans lui.

Cela m'a fait penser à une citation de Jean-Michel Maulpoix : «Chacun voudrait se croire unique, pour se consoler du peu de poids que pèse sa vie quand elle se cogne par hasard contre une autre vie, et ne pas entendre le peu de silence qui se fera sur la terre le jour où son coeur cessera de battre. »

La vie est trop courte pour passer son temps à attendre.

« Cependant, le temps passait, toujours plus rapide ; son rythme silencieux scande la vie, on ne peut s'arrêter même un seul instant, même pas pour jeter un coup d'oeil en arrière. »Arrête ! Arrête ! » voudrait-on crier, mais on se rend compte que c'est inutile. Tout s'enfuit, les hommes, les saisons, les nuages ; et il est inutile de s'agripper aux pierres, de se cramponner au sommet d'un quelconque rocher, les doigts fatigués se desserrent, les bras retombent inertes, on est toujours entraîné dans ce fleuve qui semble lent, mais qui ne s'arrête jamais. »



Challenge solidaire 2024
Challenge 20e siècle 2024
Challenge multi-défis 2024 (27)
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Une lecture envoûtante, où l'attente indéfinie,la distension du temps dominent, lancinant vertige.

Le lecteur subit la même fascination, le même mélange d'attirance et de répulsion que le jeune lieutenant Drogo, qui y est affecté, pour ce fort presque abandonné, au-delà duquel s'étend la plaine du désert des Tartares, bordée de cimes rocheuses.Une zone de frontière qui n'a plus vraiment lieu d'être mais la légende rapporte que les Tartares auraient traversé cette plaine, avant de déferler dans le pays.

Drogo, dès le départ, désire fuir cet endroit mais il reste, comme hypnotisé par ce lieu, où les militaires s'engluent malgré eux , tels le sergent-major Tronk , grand spécialiste du règlement dont il semble avoir fait sa raison de vivre, ou le colonel Filimore, à la tête du fort depuis dix-huit ans, et qui croit toujours à la possibilité d'une guerre.Seuls, quelques évènements viendront pour un instant, sortir le fort de sa torpeur.Drogo continue à attendre une gloire militaire qui ne sera que mirage,le désert restera clos sur ses silences.

Son destin est vu comme l'allégorie d'une vie humaine, avec ses mystères,ses angoisses.Ses désirs inassouvis.

Carlo Bo a écrit: " Buzzati est l'auteur d'un infini monologue avec la solitude, le vide, la mort."" le désert des Tartares" en est une magnifique illustration.

Je trouve ce roman intemporel.Drogo, victime du temps, c'est chacun d'entre nous.

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Le tout jeune lieutenant Giovanni Drogo vient de sortir de l'école militaire et reçoit sa première affectation.
Il se rend donc au fort Bastiani totalement perdu dans la montagne à la limite du désert des Tartares.
Dès son arrivée, il a compris qu'il lui faudra s'en aller vite de cet endroit si il veut poursuivre la brillante carrière militaire qui l'attend pense-t-il.
Le commandant du fort va le persuader de rester quatre mois.
Quatre mois à ne rien faire d'autre que des gardes pour surveiller le désert d'où rien ni personne ne vient jamais et ne viendra probablement jamais.
Puis finalement les mois se transformeront en années, et puis ce sera une vie entière écoulée à attendre un hypothétique événement.
Lorsqu'enfin arrivera quelque chose Giovanni Drogo sera au terme de sa vie.
Vie qui se sera écoulée jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année dans l'attente de quelque chose

Le désert des Tartares n'est rien d'autre qu'un sablier nommé vie et que l'on voit couler grain après grain qui pour Giovanni Drogo seront des grains d'attente et de solitude.
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