Fraîchement sorti de l'académie militaire, le jeune lieutenant Drogo est affecté au Fort Bastiani, une bastille frontalière isolée dans la montagne, où vit toute une garnison. Au Nord une plaine désertique où l'on scrute, inquiet, l'horizon. Dans l'attente de l'ennemi. Des tartares.
Il a 20 ans, le torse bombé par l'espoir et l'ambition, la vie entière s'offre à lui, avec ses promesses de grandeurs et de gloire.
L'arrivée à Bastiani le fait déchanter. Une seule envie en arrivant: repartir. le fort est en fait une bastide austère et modeste, curieusement fascinante. Curieusement, quelques temps plus tard, lorsque l'occasion se présentera de partir, il ne la saisira pas, comme captivé par cette endroit et cette atmosphere si particulière.
Il se dit qu'il a tout le temp, qu'à son âge il trouvera d'autres occasions de repartir en ville et d'y mener une brillante carrière d'officier.
Le temps passe, lent, très lent, rythmé par l'attente de l'ennemi, les fausses alertes, les parties de cartes et les tours de garde. Et Drogo est pris au piège - celui du temps et celui du fort. Il ne voit pas que le temps file à toute vitesse et que comme beaucoup d'autres, il passera des décennies ici.
Et cet ennemi, pour lequel il est resté, et dont l'attente le fait littéralement vivre, espérer, qui ne vient toujours pas !
Jusqu'à la chute, dramatique, et teintant l'ensemble de l'existence de Drogo d'une absurdité au sens littéral du terme: déplacé, privé de sens. Comme le manteau de dandy qu'il ressort à certaines occasions.
Tout se rattache au temps qui passe. Pensez vous aussi au rivage des Syrtes?
Ce roman a de multiples sens de lecture et d'analogies possibles (finalement les tartares ne symbolisent-ils pas la mort dont l'attente donne à l'existence tout son sens?) le rythme du récit, très lent, reflète à merveille la façon dont le temps est subi par Drogo (notion de "présent perpétuel" et interminable). L'attente de l'ennemi, son invisibilité, évoque énormément
La forteresse de
Robert Hasz (qui a néanmoins une dimension plus kafkaienne), ainsi qu'
Au Diable Vauvert de
Zamiatine (qui est moins existentialiste)