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4,08

sur 2960 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le Désert des Tartares ou l'histoire du Lieutenant Drogo est celle de chacun(e) d'entre nous.

Les espoirs, les attentes de vie, les déceptions et la survenue de l'inévitable, sous l'ombre des remparts millénaires du Fort Bastiani, décrivent le tragique de l'existence humaine dans ce qu'elle a de plus essentielle, de plus dénudé, tout en offrant le courage de faire face au destin tragique qui nous guette.
Un livre essentiel, certainement un des plus beaux, de plus purs romans de l'histoire de la littérature, qui peut nous accompagner tout au long d'une vie.

Un Dino Buzzati mourant écrira le recueil de nouvelles "le régiment part à l'aube", qui constitue un sublime et émouvant appendice au "Désert". A lire et à relire
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Ce livre résume la vie à lui seul : on la passe à attendre un événement qui n'arrivera jamais. Une écriture fluide, une manière de contrôler le temps comme nul autre. Buzzati est sans doute l'un de nos plus grands auteurs contemporains.
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Ce roman qui m'a été offert par une amie d'origine Italienne m'était totalement inconnu. Au mieux le nom de l'auteur sonnait à mon oreille. Mais il se trouve que j'ai beaucoup d'affinités avec cette amie et que, dans sa dédicace, j'ai appris que c'était un de ses auteurs italien préférés. Cela suffisait pour que je porte un regard particulier à cette lecture. Je peux vous dire tout de suite que ce roman ne peut vous laisser indifférent.
C'est une parabole du temps qui passe comme je n'ai jamais eu l'occasion d'en rencontrer. Une intervention de François Mitterrand au sujet de la lecture de ce livre dans l'émission Apostrophes en fait aussi une référence littéraire.
L'histoire somme toute simple d'un jeune militaire affecté dans un fort va nous décrire de façon magistrale ce que beaucoup d'êtres humains font dans leur vie : Attendre.
D'un séjour qui ne devait être que de quatre mois, ce militaire en fera toute sa carrière. Son personnage est abstrait nous n'aurons aucune description physique mais seulement une approche psychologique. A chaque fois qu'il voudra retourner à la ville, les circonstances l'en empêcheront, et même souvent c'est lui qui n'aura pas le courage de changer sa vie et ses habitudes. le mot est dit, « habitude », car il s'agit bien de cet état qui fait que beaucoup d'êtres humains ne font pas ce qu'ils avaient rêvés de leur vie. Drogo le lieutenant va attendre et oublier de vivre la vie qu'il avait envisagée.
Quant à l'occasion d'une permission quatre ans après il revient chez sa mère, il est rapidement déçu par la ville, ses amis ; son amie lui parait lointaine et indifférente. Ni lui, ni elle n'auront la volonté de se rapprocher, le temps a gommé leur amour. Alors, il fuit la ville pour retrouver ses habitudes.
Il est vrai que le thème de la vie militaire avec les différentes périodes pour avancer dans leur carrière est bien choisi, mais cela pourrait s'adapter à d'autres situations professionnelles.
Une comparaison est faite entre la vie qui passe pour les hommes et la même vie dans la nature des arbres qui même coupés continue de travailler et « les boiseries les plus anciennes, laissaient entendre des craquements dans l'obscurité……..c'est l'époque ou un regret tenace de la vie ressuscite chez les vieilles planches ». (Page 166)
Les officiers, usés par le temps et l'inactivité ne savent plus prendre de décision.
« Les aiguilles de la pendule approchaient de la demie de dix heures quand le commandant Matti entra dans la pièce, pour rappeler au colonel que c'était l'heure du rapport des officiers. Filimore l'avait oublié et il en fût désagréablement surpris : il allait être obligé de parler des étrangers qui étaient apparus dans la plaine, il n'allait plus pouvoir remettre de prendre une décision, il allait falloir les déclarer officiellement ennemis ou bien plaisanter à leur sujet, ou bien encore choisir un moyen terme, ordonner des mesures de sécurité et en même temps se montrer sceptique, comme s'il n'y avait pas à se monter la tête. Mais il fallait, coûte que coûte prendre une décision, et cela lui déplaisait. » (Page 132)
Le temps qui au début n'était qu'une notion administrative prend une autre tournure au fil des années pour se rendre compte un jour que sa vie est passée. A force de vouloir guetter la possible venue d'ennemie avec des jumelles on se retrouve à voir sa vie dans un rétroviseur.
Le style est simple, limpide, poétique. L'homme dans sa difficulté face au temps qui passe dans un monde qui, lui aussi, passe en écrasant de son poids les vies. Drogo lui aussi n'arrivera pas à modifier le cours de sa vie, comme le fera certainement ce jeune Lieutenant Moro qu'il rencontrera lors d'un retour, au même endroit où il avait rencontré un ancien, le capitaine Ortiz sur le chemin au premier jour de son arrivée trente ans auparavant (Page 230). La vie est un éternel recommencement, comme au cinéma lors des reprises, il n'y a que les acteurs qui changent.
A la moitié du livre on se pose la question : quel est le sens que prend la vie de Drogo ? Par moment on peut avoir envie qu'il réagisse et retourne vers la ville, cela en est même frustrant car cela peut nous mettre devant nos frustrations personnelles.
On ne peut que constater l'irréversibilité de la vie et un sentiment de frustration pour Drogo qui malade est mis dans l'obligation de quitter le fort au moment même où l'attente de sa vie aurait pu être récompensée. Mais il est trop tard le temps a fait son oeuvre. A la fin Drogo comprendra que l'ennemi qu'il a attendu des années durant, dans ce fort, est la mort qui vient le chercher.
Un livre à lire et même relire car pour nous aussi le temps passe……..En attendant il ne me reste plus qu'à voir le film tiré de cette oeuvre interprété par Jacques Perrin !
Habituellement lorsque j'apprécie l'écriture je relève de nombreuses citations, pour ce roman je ne l'ai pas fait car elles seraient beaucoup trop longues. En résumé ce roman en entier est une très belle citation sur le temps qui passe et doit nous inciter à vivre le moment présent.
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Ce roman n'en est pas un, c'est un long et magnifique poème. Enfin, c'est ce que j'ai ressenti car Giovanni est universel, il est moi, il est lui, il est elle, il est vous (et tout ceux qui le veulent... hum, je sors). Il incarne nos envies, nos regrets, nos errances, le condensé d'une vie qui pourrait être la nôtre tant nous prenons un plaisir pervers à gaspiller - par un éventail extrêmement fourni (pour ça les idées ne manquent jamais) - ce précieux temps qui s'égrène et s'échappe comme le sable de la plage de nos vacances glisse entre nos orteils insouciants.
Un bémol pour moi cependant, j'ai déjà consacré beaucoup de temps ;-) à ces questions et beaucoup médité sur "Mignonne, allons voir si la rose" et autres "Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer" et depuis j'essaie plutôt de garder à l'esprit cette citation de Sénèque qui aurait peut-être pu aider Giovanni : "La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre comment danser sous la pluie".
Au final je dois avouer que même si je n'ai pas forcément envie de ressasser ces thèmes un peu plombants, c'est bien autre chose que de les aborder avec Dino Buzzati car voilà, c'est trop bien écrit, trop maîtrisé, trop impressionnant, trop bluffant pour laisser indifférent et je dois avouer que j'ai pris un grand plaisir à le lire. Aucun doute, ce roman est une oeuvre magistrale.
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N'est absurde que ce qui n'a pas de sens. Le personnage de ce roman a choisi de donner un sens à sa vie, mais le destin se charge de lui rappeler qu'il n'y en a pas. Pas comme il l'entend, en tout cas. Car il y a deux pièges à éviter dans l'existence: le premier, c'est de croire qu'on est maître de son destin et qu'on peut changer le monde; le deuxième, c'est de se croire exceptionnel.
Ce livre dénonce aussi l'espoir, cet escroc sans scrupules, qui vous fait connaître la désillusion.
Un roman comme celui-ci vous apporte autant qu'une conférence de philosophie, la poésie en plus.
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Grand roman de Buzzati sur le temps qui passe, inexorablement. Giovanni Drogo, militaire affecté au fort Bastiani, attend l'ennemi qui doit arriver par le nord où s'étend le désert des Tartares. Une vie à attendre l'ennemi, ennemi qui au final ne s'avère pas être celui que l'on croit.
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Je me suis bien trop retrouvé dans ce personnage si seul et qui s'esseule et qui passe à côté de tout. Les émotions, les émotions, elles ont marché...
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On attend toujours quelque chose.
Une fois n'est pas coutume, le film de Valerio Zurlini avec jacques Perrin est supérieur au livre
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C'est le roman de l'attente, dans un lieu désertique où rien ne se passe.
Le roman de la discipline militaire, de l'honneur qui en résulte de l'appliquer sans faillir.

L'histoire est connue, cette nouvelle est un chef-d'oeuvre.
Giovanni Drogo, jeune lieutenant, est envoyé aux confins du monde, dans la forteresse Bastiani, à la cime d'une montagne inaccessible, avant-poste désormais abandonné et presque oublié.
Presque sans s'en rendre compte, Giovanni passe là toutes les années de son existence, enchaîné à cette condition non résolue, entre espérance et désillusion.
L'attente de l'ennemi, qui était l'unique motivation du lieutenant Drogo, se révèle une faillite.
On se désole de le voir esclave d'une routine basée sur d'obsessives règles militaires.
Il est devenu déraciné par rapport aux civils : impossible d'apprécier le moment présent, inapte à se construire un avenir différent.

C'est donc le roman pessimiste de l'inexorabilité d'un destin.
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Au Fort Bastiani, le temps s'arrête, s'écoule, s'étire, comme de la glaise à façonner. Scandé par les rondes des sentinelles, par les mots de passe, par les garde à vous, par la vie militaire et ses mille et une règles, le Fort Bastiani règne en maître sur ce petit monde. le vrai personnage du roman, c'est cette forteresse, isolée de la ville, entourée de montagnes et de plaines et au nord du désert des Tartares.

A l'image d'un ogre, le Fort Bastiani dévore ses hommes en les nourrissant de chimère, celle d'une guerre à venir contre une peuplade étrangère et lointaine nommée les Tartares. Ont-ils jamais existé ? Personne ne le saura et cela n'a pas d'importance.

Ce magnifique roman est une allégorie de l'attente et plus généralement de la fuite du temps. Qu'est ce que la vie et que doit-on y faire ? Attendre son heure de gloire et toujours espérer ou avancer sans attente ou avec de moindres attentes ?

L'histoire est simple et terrible à la fois. Giovanni Drogo, jeune officier, est affecté pour son premier poste au Fort Bastiani. Oppressé par l'isolation et la solitude qui règne dans les couloirs, il souhaite partir immédiatement. Se laissant convaincre de demeurer 4 mois, le temps de ne pas déplaire au colonel et de ne pas compromettre son avancement, il finit par s'engluer dans le rythme létale de la routine au Fort. Son retour à la ville en permission, des années plus tard, le rend interdit : ses amis ont désormais leurs vies, la seule fille qu'il aimait bien a désormais ses projets, ses frères sont partis. Il est devenu étranger chez lui en l'espace de quelques années. Il reste donc au Fort, se rassurant sur le fait qu'il est encore jeune, qu'il va connaitre la gloire de la bataille, jusqu'à ce que le temps passe agissant sur lui comme une lente érosion sur de la pierre. Giovanni Drogo finit comme une statue de sel, fossilisé d'amertume, et meurt seul, sans enfant, sans femme, sans personne pour le pleurer. Il est passé à côté de sa vie dans l'attente de quelque chose de plus grand, dans l'espoir de vivre la gloire, comme si la vie en elle-même n'était pas une gloire.

La beauté de ce roman, classé généralement dans les grands classiques du 20e siècle, réside dans le caractère immuable de la leçon qui nous est donnée. Combien d'hommes laissent fuir le temps pour se réveiller bien trop tard ? Combien ne mesurent pas la valeur de leur vie et la responsabilité d'en faire quelque chose ? Peut-être faut-il être spirituel pour prendre la mesure du tragique de ce livre.

Dino Buzzati a, paraît-il, écrit ce livre en s'inspirant de ses collègues journalistes, chroniqueurs, se rêvant à 17 ans grands reporters et finissant par s'habituer à la monotonie de leur travail. S'il est normal de perdre un peu de ses rêves en grandissant, en se cognant à la réalité, c'est le propre de la maturité, n'est-ce pas le propre de l'absurde de s'oublier derrière l'image d'un grand rêve (ou d'une guerre) qui ne se réalisera jamais ?

Dino Buzzati a réussi l'exploit de raconter une histoire romanesque plausible sur la fuite du temps, sans ennuyer son lecteur qui attend, lui aussi, la guerre, tout en sachant qu'elle n'arrivera jamais, et en même temps de témoigner de l'absurdité tragique d'une vie humaine non vécue.

Un roman qui vaut largement d'être considéré comme un « classique » du 20e siècle.
Lien : https://desruesetdeslivres.w..
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