AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,72

sur 232 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Antonio, quinquagénaire, cultivé mais très timide avec les femmes cherche le plaisir physique auprès de filles "faciles" qu'il rencontre chez Mme Ermelina.

Puis c'est "la rencontre" avec Laïde qui va le plonger dans une soudaine passion irrépressible de l'esprit et des sens.

Celle-ci va en jouer et en profiter, au fil du temps ce ne sera plus que mensonges et humiliations à répétitions.

On voit arriver la lente et inexorable descente aux enfers d'Antonio, dont Laïde devient sa drogue, et son enfer.

Arrivera t-il à se défaire de cette folie où il s'enferme tour à tour avec délice, angoisse et un désespoir toujours plus profond ?

Bien écrit, mais parfois que les phrases étaient longues, trop longues .
Commenter  J’apprécie          250
L'histoire d'une relation vouée à l'échec : à Milan, en 1960, Antonio, architecte de 49 ans, tombe amoureux d'une jeune prostituée de 20 ans, Laïde. Différences d'âge, de statut social et de conception de l'amour : tout concourt à faire de cette relation une glissade, un tourbillon, une descente aux enfers, un choc !
Tout commence par une révélation : "Mais ce furent surtout les cheveux noirs, longs, tombant sur les épaules, qui le frappèrent par-dessus tout" (chap. III - page 20), qui devient de l'attirance : "Il la dévorait des yeux" (chap. VIII - page 64), se transforme en attachement : "Il l'aimait pour elle-même, pour ce qu'elle représentait de féminin, de caprice, de jeunesse ... (chap. XIV - page 117), tourne à l'obsession : "Grand Dieu ! Était-il donc possible qu'il ne parvînt pas à penser à autre chose ?" (chap. XIV - page 113) et donne lieu à des pics de jalousie : "Antonio se demanda si ... C'était absurde, c'était épouvantable, c'était d'une simplicité enfantine : cette nuit peut-être, sans doute par pur caprice, Laïde l'avait fait monter dans sa chambre" (chap. XIX - page 167).
Plus il la voit, plus elle devient son objet, l'objet de son désir. Plus elle le voit, plus elle en fait l'instrument de ses fantaisies, le jouet de ses facéties : elle se joue de lui, lui demandant par exemple de nourrir son petit chien. Il comprend qu'elle se moque de lui, mais la relation strictement sexuelle a fait place, chez lui, à un vif sentiment amoureux. Bien que subissant camouflet sur camouflet, il n'arrive plus à prendre ses distances et devient prisonnier de cette relation sans issue : "Sans moi, tu n'es pas capable de vivre", lui assène-t-elle (chap. XXV - page 243).
A vouloir en savoir toujours davantage sur elle, il est entré dans sa vie; mais l'inverse n'est pas vrai : lui ne l'a pas fait entrer, ni chez lui, ni dans sa vie. Elle a fini par le faire obéir au doigt et à l'oeil, alors qu'auparavant, c'est lui qui pensait la mener à la b(r)aguette.
Malgré le caractère scabreux du sujet, le récit n'est jamais obscène, ni vulgaire. On est envoûté par cette descente aux enfers, qui lui fait rechercher sa propre jeunesse dans celle de Laïde. Loin d'avoir trouvé un sens à sa vie, Antonio s'est perdu. La folie qui finit par prendre le dessus est illustrée par des phrases parfois très longues, dépourvues de ponctuation, comme pour illustrer le foisonnement et le désordre des pensées du héros. On aimera, ou non, mais le style est expressif. Dans ce puits sans fond, on ne pourra s'empêcher de penser à la citation d'André Gide : "Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant".
(Les citations sont extraites de l'édition Livre de Poche de 10/1985).
Commenter  J’apprécie          100
Une histoire qui commence par le profond bouleversement qu'occasionne l'arrivée dans la vie d'Antonio Dorigo (presque anagramme de Drogo) d'une jeune femme qui l'entraînera doucement, mais sûrement, vers la folie et le désespoir.
Le titre traduit mal la descente aux enfers de Dorigo, mais on retrouve dans cette implacable histoire toute l'angoisse qui transparaît dans l'oeuvre de Buzzati.
Commenter  J’apprécie          100
Chose rarissime, j'ai relu un livre. Un peu forcé d'ailleurs. Ayant imprudemment accepté de faire une communication sur Dino Buzzati j'ai entrepris de relire quelques nouvelles et Un amour, 1963, dernier roman de l'homme du Désert. Retrouver les préoccupations de Buzzati fut un très beau retour aux sources de ma grande attirance pour cet auteur à qui je dois beaucoup. Je lui dois beaucoup, à commencer par l'inquiétude. J'avais quelques prédispositions pour l'nquiétude mais lire Dino les a décuplées.

On s'accorde à penser, et Dino n'a pas vraiment contredit, ni confirmé d'ailleurs, que l'architecte Dorigo (le nom est bien proche du lieutenant Drogo...) a bien des points communs avec Buzzati, célibataire jusqu'à 60 ans. Questionné là-dessus, Je désirerais ne pas répondre fut sa seule réplique. Ca ne vous rappelle pas le Bartleby de Melville, pas si éloigné. Je ne sais si Dino a jamais évoqué ce rapprochement. Peu importe mais évitons de citer Kafka à propos des écrits de Buzzati. Je crois savoir qu'il détestait ça.

Antonio Dorigo, notable milanais quinquagénaire, rencontre des call-girls régulièrement. C'est net, c'est propre. R.A.S. Mais avec Laïde, dix-huit ans, c'est plus qu'une intrusion dans la vie bien ordonnée de ce bourgeois bardé de certitudes. Agité, criant, pleurant, parfois pitoyable, et diablement humain, l'architecte bien sous tous rapports. Laïde, dans la vie de Dorigo, c'est à la fois naïveté et mensonge, attirance et refus, des fossés d'incompréhension. Ces deux là n'ont rien en commun. On pense aussi à Heinrich Mann et au professeur de L'Ange Bleu, qui s'offre aux coups de son bourreau. Mais Dorigo lui ne cherche pas la rédemption de Laïde. Jusqu'où ira l'architecte? Et si l'accomplissement ne se parachevait que dans l'échec? La bataille perdue, comme celle du lieutenant Drogo, devenu indésirable, malade, n'a-t-elle pas malgré tout donné à sa vie un tout autre sens. Peut-être Antonio Dorigo ne sera-t-il pas passé complètement de l'essentiel.

Un amour est à mon sens presque aussi important que le Désert des Tartares. Sans en atteindre la dimension mythique, y compris chez des gens n'ayant jamais lu Buzzati, le héros d'Un amour est en grande partie son auteur , avec peut-être une bonne part de nous. Oui,de nous.



Commenter  J’apprécie          80
Ce livre me fait immanquablement penser à un amour de Swann, ce dernier tombe amoureux d'une demi mondaine: Odette de Crécy.Il va connaître tous les affres de la passion, la jalousie, la possession.Une maladie tout comme l'évoque Buzzati qui vous ronge et vous dévore.Ce mal qui vous empêche d'être mais sans lequel on ne peut vivre.
Dans notre histoire, notre architecte quinquagénaire ne semble n'avoir jamais aimer des femmes.Il en rêve mais il regarde les autres.
Aimer semble difficile, faut-il s'imposer tout cela? Court-il après sa jeunesse auprès de cette jeune prostituée?
Buzzati nous dresse cette histoire dans les années 60 industrielles de Milan.
J'avais peu aimé: le désert des Tartares, avec Un amour, je me sens réconciliée avec Buzzati.
Récit touchant qui évoque avec beaucoup de lucidité , de violence mais aussi d'une certaine tendresse une espère d'amour absolu.
Commenter  J’apprécie          70
Antonio Dorigo, quinquagénaire et architecte distingué de Milan se rend à son habitude chez Mme Ermelina. Mme Ermelina est tenancière d'un bordel. Elle lui propose une nouvelle fille prénommée Laïde. Elle est une prostituée et il en tombe amoureux fou. Laïde joue avec lui comme une marionnette. Bien qu'il en ait conscience, il tombe dans les affres et les turpitudes de l'amour aveugle.
Ah, Dino Buzzati, j'ai découvert cet auteur avec ses nouvelles « le K », inutile de chercher le billet, je l'ai bien lu avant mon blog et ce livre avait été un coup de coeur.
Antonio se rend chez Mme Ermelina, partagé entre ses principes et la facilité de l'amour : "quelle chose merveilleuse que la prostitution, pensait Dorigo. Cruelle, impitoyable, dévoreuse de filles. Et pourtant combien merveilleuse. On hésitait à croire que des possibilités de cette sorte pussent exister dans le monde d'aujourd'hui, tellement réglé, policé, fade. Un rêve devenu réalité, d'un coup de baguette magique, pour vingt mille lires."
Jamais, il n'aurait pensé tomber amoureux d'une prostituée. C'est contre ses principes. Mais, Laïde l'a comme envoûté. Antonio subit cet amour passionnel. Il est jaloux, exclusif. Tourmenté, il tente de se défaire de cet amour qui le ronge. Elle le manipule, il est sa chose. Il essaie de ne plus la voir. Il sait qu'il est mené par le bout du nez mais Laïde l'obsède : "prisonnier d'un amour fou et trompeur, le cerveau ne lui appartenant plus, Laïde y avait pénétré et lui desséchait le lui mangeait."
On suit Antonio se débattre comme une abeille au fond d'un pot de confiture. Il s'embourbe, ne vit que pour Laïde. Elle s'amuse et fait des caprices, il cède, ne sait pas refuser et l'entretient. A la différence d'un livre sur un amour passionnel impossible, ici le thème de la prostitution est omniprésent en filigrane. Certaines pointent à l'usine, Laïde fait commerce de son corps.
Antonio trouvera-t'il la paix ? Je ne vous le dirai pas…
J'aime l'écriture de Dino Buzzati qui une fois de plus a fait mouche. Dans ce livre, l'amour y est décrit sous sa forme la plus forte, la plus violente et sous son aspect lucratif. La prostitution aurait pu être sale, dégoûtante, rien de tel ici.
Un livre à la fois troublant et beau !
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          40
on se laisse emporter par la névrose d'un quinquagénaire en quête d'amour mais surtout de lui-même. tout lui échappe, une illusion entretenue, désirée et redoutée mais un moteur pour exister. qu'en restera t'il ? en tout cas une écriture subtile, envoûtante, sans ponctuation si ce n'est celle que lon voudrait donner à notre propre vie.
Commenter  J’apprécie          30
Les thèmes chers à M.Buzzati sont là : solitude, mal être, bien être, attente,...
En fait la vie est un mal être, quand ce mal s'éteint, l'insignifiance reprend le dessus et il n'y a plus de vie, plus d'attente.
L'Amour est de ces attentes, descente aux enfers? L'enfer serait donc la vie, le paradis la mort?
Très beau roman, à dévorer, savourer.
Commenter  J’apprécie          30
Je l'aimais, j'ai toujours été correct avec elle.
-Sois sincère : l'aurais-tu épousée?
-Quel discours ! Il suffit de penser à notre différence d'âge, elle-même aurait dit non d'ailleurs.
-La différence d'âge, ne me fais pas rire. Tu n'en étais pas amoureux?
-Hélas si.
-Et alors : l'aurais- tu épousée ?
-Mais enfin, pense à la vie qu'elle a menée...
-C'est là que je t'attendais, mon cher monsieur de bonne famille. Un bourgeois, tu n'es qu'un bourgeois, là est le problème,ignoblement bourgeois, la tête pleine de préjugés bourgeois, de l'orgueil de ta respectabilité bourgeoise. Que veux-tu qu'elle en fasse, Laden, de ta respectabilité bourgeoise? Et toi qu'étais-tu donc pour elle?
-Je l'ai vraiment aimée.
-Vraiment aimée ? Tu en étais seulement malade, tu en avais besoin, tu as tout fait pour l'avoir, d'une façon idiote mais tu as tout fait. Mais tu la considérais comme une calamité, ce n'est pas vrai que tu la considérais comme une calamité?
-Elle l'était, c'était une calamité.
-Et c'est ça que tu nommés l'amour ? Mais l'as-tu fait entrer dans ta vie? L'as-tu laissée venir dans ta maison ? L'as-tu présentée à ta famille ?
-Tu dis des absurdités.
-Absurdités, je sais. Moi aussi je suis venue battre contre ce maudit mur......
Commenter  J’apprécie          20
Une belle illustration du drame obsessionnel qui s'empare d'un amour irrésistible, mais à sens unique. C'est aussi, par inversion des rôles, une illustration de ce que peut ressentir la femme, le rejet, le mépris, l'indifférence, la manipulation, la dépendance, mais appliquée ici à l'homme, amateur de putain, pris au piège de ses sentiments, ses émotions, ses soupçons, ses pouvoirs. Malgré un certain malaise, on se laisse porter par ce discours débordant de doutes et de frustrations qui explore toutes les facettes des tourments qui assaillent ce vieux «couillon», malade d'amour. Écriture riche où la ville de Milan est un personnage à part entière et la jeune-fille, insaisissable, une incarnation insolente et lumineuse de la jeunesse.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (775) Voir plus



Quiz Voir plus

Dino Buzzati

A quelle lettre de l'alphabet peut-on associer Dino Buzatti?

le Z
le K
le D
le T

11 questions
86 lecteurs ont répondu
Thème : Dino BuzzatiCréer un quiz sur ce livre

{* *}