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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Erskine Caldwell nous offre une vision monstrueuse mais pleine de nostalgie de l'Amérique rurale de la fin des années 1920. le style et le sujet annoncent grandement les merveilles que saura nous livrer John Steinbeck dans des romans régionalistes des années de dépression économique comme les deux ultra célèbres "Des souris et des hommes" et surtout "Les raisins de la colère".
Ici, cependant, la crise vient à peine de frapper, mais la misère est déjà là chez les cultivateurs de coton. Jeeter Lester, le vieux métayer ruiné est le véritable héros (ou plutôt anti-héros).
Il est roublard, voleur, fainéant, lubrique, faux croyant mais pourtant, l'auteur n'arrive pas à nous le rendre détestable, il est minable mais on a de la pitié et de l'affection pour lui car il n'aspire, dans le fond, qu'à poursuivre la vie qu'il a toujours menée sur sa terre médiocre.
Ses douze enfants l'ont plaqué les uns après les autres pour aller travailler à la ville sans se soucier de le voir crever de faim, tout comme lui d'ailleurs, se souciant comme d'une guigne de sa vieille mère devenue un vrai sac d'os fantomatique. Il est entouré de monstres, tous à leur façon, soit physiquement, soit moralement.
Sa fille laissée à l'état de bête sauvage avec son bec de lièvre, son fils simplet qui passe sa vie à balancer une balle de base-ball contre la baraque déjà croulante et qui s'entiche d'une pseudo prêcheuse elle-aussi monstrueuse pour la seule raison qu'elle lui autorise à conduire sa voiture et jouer du klaxon toute la journée.
La mère, aimante comme une vieille pierre sans mousse, le gendre qui les regarde crever de faim en s'empiffrant de navets.
Bref, une sacrée peinture, une vraie galerie de monstres, souvent drôle et grinçante de l'Amérique rurale, bouffée par le cynisme de l'économie moderne (cf., la scène de l'achat de la voiture neuve par Bessie, elle, ne sachant pas lire, les vendeurs lui vident les poches autant qu'ils peuvent).
En tous les cas, merci à Maurice-Edgar Coindreau pour cette superbe traduction de ce qui me semble une bonne porte d'entrée pour la littérature américaine régionaliste de l'entre deux guerres dont, bien évidemment, John Steinbeck reste le fleuron inégalé, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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On dirait le sud... Non, c'est le sud auquel Erskine Caldwell a dédié ses mots les plus durs et des pages d'une indicible tristesse: Ceux et celles des laissés pour compte d'une prospérité en trompe-l'oeil et d'une crise impitoyable... Mais aussi d'un sud rural resté arriéré et prisonnier de son racisme et de ses préjugés.
Cette histoire, La route au tabac, sous sa vieille couverture colorée des premiers Livre de poche, m'a foutu le bourdon à la fin des années 70... M'a fichu le cafard mais m'a tout de même incité à continuer de lire Erskine Caldwell heureusement parfois moins sordide et pessimiste!

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Un livre lu il y a déjà longtemps, que j'ai apprécié même si je l'ai trouvé sordide. L'auteur nous dépeint la misère qui frappe des fermiers du sud des Etats-Unis (Géorgie) pendant la grande dépression de 1929. Les gens ne sont pas seulement victimes de la faim, ils connaissent aussi une grande misère morale. Les situations décrites dans ce roman sont très souvent glauques. C'est un bon livre, cependant il est très déprimant puisqu'il nous invite à visiter les bas fonds de l'Amérique profonde.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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+++Lu en VO +++

Il est difficile de parler d'une oeuvre littéraire qui se trouve au croisement de plusieurs genres, ce roman d'Erskine Caldwell est une sorte d'OVNI littéraire qu'on ne sait par quel bout décrire. Car c'est tantôt un roman bien sombre qui décrit une misère noire, avec des personnages qui ont depuis longtemps perdu toute dignité, toute décence, toute volonté et peut-être bien tout espoir. Mais Caldwell les place parfois dans des situations burlesques qui donnent alors un ton tragi-comique au récit.

L'auteur parle d'une époque et d'un lieu qu'il a bien connu puisqu'il situe son roman dans une ferme un peu décrépite du sud des Etats Unis au début des années trente, au moment de la grande dépression qui ruina tant de fermiers. Il semble même que c'est là qu'il a écrit trois de ses romans dont celui-ci.

La famille Lester de petits métayers, fut jadis nombreuse. Elle se réduit maintenant à cinq de ses membres les autres ayant fui vers les usines de la ville. Jeeter le père est toujours entre la nostalgie de la terre qu'il ne travaille plus et ses velléités freinées à la fois par le manque de ressources et une paresse qui touche au fatalisme. Pour subvenir aux besoins de sa famille il ne recule devant aucun stratagème, la faim ayant depuis longtemps effacé chez lui scrupules et dignité. Il a d'ailleurs vendu pour quelques dollars sa plus jeune fille Pearl, 12 ans, à son voisin Lov. Ce dernier se plaint d'ailleurs amèrement qu'elle ne veuille pas coucher dans son lit et voudrait ben que Jeeter la raisonne. Il y a aussi Ada, la mère, usée par les 17 enfants qu'elle a mis au monde et dont on fait bien peu de cas. La grand-mère est là qui guette, à l'affût des moindre faits et gestes de la famille Elle ne représente plus qu'une bouche inutile à nourrir, on ne la nourrit plus d'ailleurs. La sensuelle Ellie May est la seule fille qui soit restée à la ferme, on ne peut la marier car elle a un bec-de-lièvre et personne ne l'embaucherait à l'usine. Ses sens exacerbés et la faim la pousse à se donner au voisin Lov, qui pendant ce temps se fait dérober un sac de navets par Jeeter dans la scène tragi-comique incroyable qui ouvre le roman. Il y a aussi Dude, le fils de seize ans, un bon à rien qui ne vaut guère mieux que son père et qu'on mariera lui aussi à profit.

Ce serait trop dévoiler du roman que de continuer, mais on comprend que Caldwell parle de la misère, du dénuement le plus total de ces êtres paumés qui ne voient pas plus loin que la possibilité d'un prochain repas dans ce coin du sud où les ventres crient leur faim et leur concupiscence. Tous profitent sans scrupules de la moindre opportunité, ayant perdu tout sens moral, dans des scènes burlesques où on ne sait si le comique l'emporte sur le tragique et vice-versa. C'est un livre noir troublant où les effets comiques renforcent la sensation d'une misère mentale et matérielle jusqu'à la nausée. Je l'ai lu lentement, car chaque plongée dans le roman me mettait mal à l'aise. C'est néanmoins du grand art littéraire et je ne regrette pas ma lecture.
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Classique de la littérature américaine, « La route au tabac » publié en 1932 nous raconte encore une fois la Grande Dépression. J'imaginais un roman à la Steinbeck mais j'ai vite vu que l'on avait affaire à autre chose. le ton n'a rien à voir… Chez Caldwell les hommes et les femmes sont amoraux, menteurs, mesquins, racistes, obsédés par le sexe et parfois affublés de malformations physiques. Il raconte la tragédie de la misère par le burlesque et on ne sait plus s'il faut rire ou s'il faut pleurer.

Voici l'histoire des Lesters, la famille la plus pauvre, la plus blanche, la plus trash et la plus libidineuse de la Géorgie. Jeeter, le patriarche, est métayer mais il ne peut plus cultiver ses terres puisque personne ne lui fait crédit pour acheter les graines ou le guano nécessaires. Sa famille survit dans une baraque en ruine. Rien à manger, rien à faire. Ada, sa femme, dépérit à cause de la pellagre ; Ellie May, leur fille de 18 ans, est nympho et a un bec de lièvre ; Dude, leur fils de 16 ans, est simplet et Pearl, la petite soeur âgée de douze ans, est déjà mariée au voisin. Les autres enfants (parce que en tout il y en 12) ce sont fait la malle les uns après les autres et ont coupé les ponts.

Les aventures de ces moins-que-rien du trou du cul de l'Amérique font grincer des dents. Les Lester s'engagent dans des actions toujours plus absurdes. Ils ne sont préoccupés que par la faim, par leurs désirs sexuels et par la peur de descendre un jour à un échelon inférieur de la société (celle des noirs). On rit de leurs pulsions, de leur rapport à la religion mais c'est bien l'indigence qui les a ramené à un état presque primaire baigné d'ignorance et d'égoïsme.

C'est une histoire désagréable, pour sûr. Caldwell se livre à un examen brutal de la déshumanisation par la pauvreté. Il le fait par l'humour, le cocasse, le loufoque, le scandaleux. Ce sont ses armes pour souligner la cruauté de la société. C'est dérangeant et malsain mais ça imprime sa marque et on imagine sans difficulté le tapage provoqué par la sortie de ce roman.

Traduit par Maurice-Edgar Coindreau
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Merci à Belfond et net galley de m'avoir permis de découvrir La route au tabac de Erskine Caldwell. Ce roman fait partie de la collection Vintage, qui nous permet de découvrir ou redécouvrir des romans oubliés. J'aime beaucoup cette collection, et je suis ravie d'avoir pu découvrir La route au tabac.
Ce n'est pas un roman gai, c'est le moins qu'on puisse dire, mais je l'ai beaucoup apprécié.
Nous sommes dans le sud des Etats-Unis, dans les années 20, où la crise frappe les gens de plein fouet.
J'ai découvert le fermier Jeeter Lester et sa famille : Ada, sa femme, malade ; la grand-mère ; la fille nymphomane au bec de lièvre, sans oublier le fils Dude et la petite soeur âgée de douze ans, déjà mariée au voisin.
Cette Amérique rurale est dépeinte de façon cruelle, c'est dur mais j'ai trouvé ce roman vraiment captivant.
Difficile de dire si je l'ai aimé, il m'a parfois mis mal à l'aise, il m'a parfois dérangé, mais c'est sur que je ne l'oublierait pas de sitôt.
C'est un bon roman, et je vais lui mettre quatre étoiles.
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Caldwell nous livre ici un tableau de l'Amérique rurale pendant les années 20. On pense très vite aux "Raisins de la colère" de Steinbeck. Mais si celui-ci fait preuve d'empathie et de tendresse pour ses personnages, ce n'est pas le cas d'Erskine Caldwell. Son tableau de la pauvreté est féroce, ses personnages sont rustres, illettrés, méchants, frustres, demeurés, et racistes.
Un grand livre burlesque, cruel et désespérant.
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Quelle lecture !
La route au tabac me semble inclassable. C'est un OVNI !
Les personnages sont répugnants et pathétiques à la fois.
Au début, on se demande où est-ce que l'on a atterri ? le récit semble étrangement comique mais il y a cet arrière goût de malaise qui rôde.
Et au fur et à mesure, il n'y a plus de doute : cette histoire est sordide.
La pauvreté et le désoeuvrement total des personnages est incroyablement dépeint ici. Quelle part d'humanité nous reste-il lorsque l'on ne possède plus rien ?

Et malgré tout, ce fut un bon moment de lecture.
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Une lecture improbable !
On se retrouve plongé dans une famille miséreuse, cul-terreuse, aux moeurs douteuses, les personnages sont atypiques, improbables et déjantés.
Tous les moyens sont bons pour combler la faim.
C'est toutefois tellement bien écrit que là où on devrait être choqué ou scandalisé, on se retrouve attendri face à cette famille et autres personnages qui gravitent autour.
Une petite pépite.
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Je n'ai découvert qu'assez récemment cette collection « Vintage » chez Belfond, collection qui existe pourtant depuis 5 ans !
Et que de pépites à y découvrir !
J'y pioche toujours avec impatience et curiosité.
Certains diront que ce roman n'est pas à mettre entre toutes les mains.
En effet, il y a beaucoup de sordide, de cruauté et cette misère avec un grand M où chaque jour l'homme peut mourir de faim à tout moment.
C'est l'amérique rurale, très très rurale, de la fin des années 20, au tout début de la Dépression.
Les Lester sont en aussi piteux état que leur ferme.
Leur vie n'est plus qu'un champ de ruines et de lambeaux et ils sont prêts à tout pour avoir une chance de se réveiller un matin de plus.
D'une écriture féroce et sans concession, Caldwell le méconnu nous plonge, tête la première, dans le pire et arrive même à nous faire rire, par moments.
Alors si vous avez envie d'être dérangé, bousculé, si vous n'avez pas peur d'être choqué, lisez-le !

Un roman unique !
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