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EAN : 9782330113643
272 pages
Actes Sud (01/01/2019)
4.12/5   17 notes
Résumé :
Dans son exposition intitulée “Beau doublé, Monsieur le Marquis” au musée de la Chasse et de la Nature en 2017, Sophie Calle, qui continue de nourrir son œuvre des événements de sa vie intime, et qui, en guise d’introduction, y parlait de la mort récente de son père, a invité les visiteurs à s’interroger sur celle de leurs proches par des questions concrètes. Dans votre agenda, vous écrivez “mort” à côté du nom ? Vous raturez ? Vous ne faites rien ? Vous avez une mé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sophie Calle, je l'ai en gros découverte avec son livre Douleur exquise - j'ai vu très peu de choses d'elle au Centre Pompidou, et jamais d'exposition. "Que faites-vous de vos morts ?" était une question qu'elle avait posée, écrite sur des livres d'or lors d'une exposition au musée de la Chasse et de la Nature (musée qui ne m'attirerait carrément pas s'il n'était assez réputé pour ses expos d'art contemporain). Cette question, beaucoup de visiteurs y ont répondu, et ont sélectionné les réponses pour qu'elles apparaissent dans un livre - un livre qui n'est donc pas "de Sophie Calle" mais "de Sophie Calle et des visiteurs du musée de la Chasse et de la Nature", comme c'est indiqué noir sur blanc. Sophie Calle a inséré entre les pages de réponses des photographies prises dans des cimetières, surtout américains. J'imagine que c'est d'abord parce que les tombes des cimetières français indiquent très visiblement les noms des défunts, et que l'anonymat ne pouvait donc être respecté. Alors que là, on voit beaucoup de stèles, de plaques, avec l'indication "Father", "Mother", "Daughter", parfois "Baby". Et si ce choix de photographies (précisons que Sophie Calle n'est pas photographe et qu'elle prend des photos très ordinaires, le but n'étant de proposer des photos travaillées de façon professionnelle, bien au contraire) m'a paru frustrant, monotone, je me suis demandé si là n'était pas le but : montrer combien la mort prenait un aspect uniforme, qui remettait tout le monde à la même place. Et en cela, les grands cimetières à l'américaine sont bien plus à cette image qu'un cimetière français mythique comme le Père-Lachaise ou un cimetière de village.


Comme dans Douleur exquise, on trouve des histoires douloureuses. Les visiteurs répondent d'ailleurs parfois de façon détournée, il arrive qu'ils racontent l'histoire d'une mort plutôt que ce qu'ils font de leurs morts. Sophie Calle a également inséré quelques textes personnels, sur ses parents et son chat - et il m'est apparu qu'elle était presque la seule à avoir écrit sur la mort d'un animal, alors que tant de Français vivent avec des animaux domestiques. Pas étonnant qu'on soit les rois de l'abandon des animaux domestiques... (j'entends d'ici mon conjoint me dire "T'es toujours aussi naïve, t'es encore étonnée du manque de compassion des gens, après tout ce que t'as vu") Je suis également frappée par le fait que la plupart des textes parlent de la mort de parents - moins souvent de grand-parents, quasiment pas d'amis, de frères et soeurs, d'enfants. Et je me suis dit que sans doute, témoigner sur la mort de ses parents, c'était ce qu'il y avait de plus simple à partager - je parle de morts qui relèvent de la vieillesse, de la maladie et de la fatigue qui en découlent, pas de morts plus traumatisantes -, et que le reste était sans doute trop dur pour donner naissance à un court texte sur un livre d'or. Encore que certains se sont servis de ces livres d'or pour exorciser leur chagrin et tout que la mort d'un autre peut provoquer. D'autres, moins nombreux, ne se sont pas gênés pour être directs, voire provocants. Ben oui, parce que nos morts, on ne les aime pas forcément, ils ne nous ont pas forcément aimés, et on n'a pas forcément envie de leur rendre hommage. Chacun ses morts, chacun ses rituels, et ça peut aussi bien être tirer la chasse (comme l'a écrit quelqu'un) que conserver une urne dans une cave à vins (comme l'a écrit quelqu'un d'autre).


Comme pour Douleur exquise, qui parlait beaucoup de mort, de suicides, mais aussi de douleurs tout autres, le livre de Sophie Calle Que faites-vous de vos morts ? a la grande qualité de renvoyer son lectorat à des sentiments souvent tapis en nous, qu'on cherche pour certains à enfouir le plus profondément possible. Des tas de gens se sont exprimés sur un sujet difficile, sur une question difficile, et je parierais fort que, comme moi, pas mal de lecteurs se sont demandé : "Qu'est-ce que, moi, j'aurais écrit, qu'est-ce que j'aurais répondu à cette question ?" J'étais d'ailleurs partie pour écrire un texte beaucoup plus personnel (déjà que le début de la critique prend des chemins de traverse), sans y réfléchir vraiment, mais je préfère respecter une certaine distance pour la critique du livre. Après tout, le reste me regarde et si j'ai envie de répondre à mon tour à la question de Sophie Calle, dans un texte court ou long, ce sera toute seule dans mon coin.

Lien : https://musardises-en-depit-..
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Pendant longtemps, je l'ai cherchée. La mort. Elle rôdait autour de moi. Je l'ai touchée du doigt. Je la voulais. Tellement. Incommensurablement. Je ne pensais plus qu'à ça.

Parfois, je me dis que c'est peut-être pour cette raison qu'aujourd'hui, j'ai un rapport si serein à la mort. Elle fait partie de la vie. Elle lui donne même son sens.

Sans mort, il n'y a pas de vie. Sans vie, il n'y a pas de mort.

Lors d'une exposition, Sophie Calle pose cette question dans son livre d'or: « que faites-vous de vos morts? ». Certaines réponses sont pleines d'humour, d'autres emplies d'une profonde humanité. Quelques-unes transpirent la dépression, ou l'amour de la vie. Mais toutes, toutes, sont, à leurs façons, poétiques et merveilleuses.

J'avais 10 ans quand j'ai perdu mes grands-parents maternels. J'ai enterré ma grand-mère le 9 août 1999... le 11, je fêtais mes 11 ans.

Pendant longtemps, ils m'ont accompagnée. Je leur parlais, le soir, dans mon lit. Michette et Jeantou étaient avec moi. Je regardais les étoiles, toujours celles à ma gauche. Ils étaient là.

La mort de ces deux êtres si chers à mon coeur, à deux mois d'intervalle, est l'un de mes plus grands traumatismes. Ce le sera à vie. Parce qu'on ne peut pas faire, complètement, le deuil de la mort d'un être aimé.

Les premières fois que je suis allée au cimetière, je me suis assise à côté de leur tombe et je leur ai parlé. J'avais commencé le collège et j'avais plein de choses à leur raconter.

Aujourd'hui, je pense à eux chaque jour. Pourtant, j'ai passé plus de la moitié de ma vie sans eux.

C'est peut-être ça, que je fais, de mes morts. Les garder près de moi, toujours.

Ce livre est une ode à la vie. À la vie et à la mort. Les témoignages, entrecoupés de photos de pierres tombales récoltées lors de voyages, donnent une dimension universelle aux écrits de ces inconnus.

On y retrouve la colère, la joie, les regrets, les pleurs, les fous rire... c'est une palette d'émotions. Riche et colorée.

Ce livre est une pépite.

Et vous, que faites-vous de vos morts ?
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Avec cette simple question posée dans le livre d'or de son exposition au musée de la chasse en 2017 Sophie Calle poursuit son travail sur le deuil et ses manifestations. La diversité des réponses illustre celle des réactions face à la disparition, brutale ou non, d'un proche. le deuil se vit au cas par cas, au coup par coup. Ainsi certains choisissent d'oublier au plus vite, se débarrassant des souvenirs au plus vite, d'autres se plaisent à vivre avec leurs fantômes. Certains barrent nom et numéro de leurs répertoires, marquent leurs agendas d'une croix noire ou d'un M majuscule, suppriment - ou pas - les numéros de téléphone... Ces témoignages en vrac sont parfois émouvants, drôles, ou même grotesques, et sont entrecoupés de photos de tombes, mais aussi des propres souvenirs de l'artiste.
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critiques presse (2)
LeSoir
09 avril 2019
Depuis quelques années, la mort rôde autour de Sophie Calle. Elle en a fait un livre savoureux et émouvant, mêlant textes et photos, humanité et humour.
Lire la critique sur le site : LeSoir
NonFiction
13 mars 2019
Un recueil de réponses tendres, mélancoliques, angoissées ou provocantes à la question « Que faites-vous de vos morts ? » avec des photos de tombes.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Fabio l'a embrassé. Camille lui a murmuré à l'oreille sa chanson "She Was". Florence l'a caressé. Anne l'a endormi. Il est mort. Maurice a creusé un trou dans le jardin. J'ai installé Souris dans un petit cercueil en bois blanc qui servait de modèle aux représentants de commerce avant l'usage de la photographie. Trop petit. Ses pattes de derrière dépassaient. Yves l'a enterré. Serena a planté des jonquilles autour de la tombe.
J'ai reçu un message sur mon téléphone : "Sophie, je suis désolé pour ton chat. Peux-tu dire à Camille de rapporter des légumes, notamment poireaux et navets si elle en trouve ? Je t'embrasse."

(p.145, texte de Sophie Calle)
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Dans le cimetière de Bolinas, en Californie, où j'ai pris mes premières photographies, la mort est une affaire de famille. Moi qui ne suis ni épouse, ni mère, et sœur seulement à demi, je n'y échapperai pas : je mourrai à tout jamais daughter.

(p.75, texte de Sophie Calle)
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C'est fou ce que je m'entends bien avec ma mère depuis qu'elle est morte : on ne s'engueule plus
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J'AI VINGT ANS, CETTE QUESTION ME SEMBLE ÉCRITE EN UNE AUTRE LANGUE.

(p.157)
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- Je les disperse. Et c'est franchement facile.

- je n'ai pas encore pardonné
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Videos de Sophie Calle (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Calle
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/


L'artiste Sophie Calle, l'un des visages les plus emblématique de l'art contemporain en France et dans le monde entier, rejoint le plateau pour parler de son exposition, "A toi de faire, ma mignonne", au musée Picasso et deux livres, "Noire dans Blanche", édité chez Gallimard, et "Des histoires vraies", paru chez Actes Sud.  L'artiste célèbre à sa manière dans son exposition, les 50 ans de la mort de Picasso. Elle investit la totalité des quatre étages de l'hôtel Salé avec cette proposition d'exposition inédite.
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