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3,14

sur 104 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
[Critique parue le 11/06/2023 sur le forum du jury du Prix du roman FNAC 2023]

Jeanne est très connue : actrice de cinéma porno qui met un point d'honneur à faire son boulot en professionnelle consciencieuse, elle a acquis une grande réputation. Actuellement, elle tourne un pilote qui, s'il marche, inaugurera une série qu'elle s'attache à considérer comme une relecture des mythes grecs. Son rêve est de devenir réalisatrice pour revisiter Phèdre et l'adapter en porno. Afin de supporter l'absurdité de sa vie, elle prend de la coke et d'autres drogues. Souvent.
Nathan est prof. Il donne des cours sur le cinéma américain dans une université. Si le cinéma américain le passionne, l'enseignement ne comble pas sa vie. Sa thèse traine depuis plusieurs années et il n'en finit pas de la rédiger. Il ne se trouve pas à la hauteur et, pour se rassurer, pour mieux paraître, pour plaire à ses étudiants et pour tout le reste, il prend de la coke et d'autres drogues. Beaucoup.
***
Je suis embarrassée pour donner un avis sur le Roman de Jeanne et Nathan. Je n'ai pas su l'apprécier, mais il va probablement trouver son lectorat. Il devrait en tout cas faire parler de lui : j'ai même eu parfois l'impression que certaines scènes étaient écrites dans ce but. Dès le début de son roman, Clément Camar-Mercier s'attache à mêler discours intellectuel et actes pornographiques. On trouve des scènes de sexe crues, brutales, dérangeantes, auxquelles s'ajoute, surtout dans la première moitié du roman, un discours parfois pédant tant sur la pornographie que sur la psychanalyse, la mythologie et le cinéma : la quantité de noms cités, l'absence de toute explication, certaines références pointues semblent viser un public restreint et particulier, à tout le moins vouloir impressionner le lecteur lambda, voire l'écarter. La volonté de recourir à un humour absurde, un deuxième degré qui se pratiquerait entre gens du même milieu, affleure souvent, mais pour moi, non-initiée, ça tombe le plus souvent à plat. La quatrième de couverture parle d'un amour fou ; il faudra cependant attendre la moitié du livre avant que les deux personnages principaux ne se rencontrent. Jusque-là, leurs histoires alternent sans jamais se mêler. Plus on avance dans le récit, plus il devient déjanté. Pendant leur sevrage, déjà, mais paradoxalement plus encore après : l'histoire perd toute crédibilité, part dans tous les sens, s'égare même en politique-fiction… La scène de viol (4 pages !) m'a semblé complaisante dans l'horreur. Bref, si on excepte la référence du titre, avec le roman de Jeanne et Nathan, on est bien loin de Tristan et Iseult à mon avis ! Mes deux petites étoiles et demi sont dues à la description effrayante et réaliste, très marquante, de l'addiction ainsi qu'aux quelques passages dont le style est remarquable. Vous l'aurez compris : je ne suis pas la cible.
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Je tenais tout d'abord à remercier Babelio et Actes Sud.

Je termine "enfin" ce roman.
Je n'ai pas été le bon public malheureusement.

Jeanne est une actrice pornographique qui survit dans ce monde, Nathan est un professeur qui n'aime apparemment pas ce qu'il fait et ne se fie qu'aux apparences. Tous deux ont un point commun, une addiction commune : la drogue !
Ils vivent leur vie en parallèle, jusqu'au jour où ils vont prendre conscience de certaines choses et vont aller dans un centre de désintoxication, en période de pandémie. Par le plus grand des hasards, ils vont se rencontrer et tisser des liens profonds.
Que va-t-il advenir de ces deux oiseaux blessés ? Vont-ils s'en sortir ou replonger ?

Le langage du livre est assez cru à des moments, on a de longs passages explicatifs qui m'ont plutôt ennuyé. Je pense être passé à côté complètement de cette lecture, malheureusement.

A ne pas mettre entre toutes les mains !
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Le roman de Jeanne et Nathan, c'est un beau conte d'amour et de mort post-moderne.

Si le personnage féminin principal se prénomme Jeanne, comme celui du roman Amour de Bégaudeau, publié en même temps, ils n'ont rien à voir…Mais alors vraiment rien à voir! Celle de Bégaudeau est secrétaire de direction chez Michelin et succombe lentement à la douceur angevine. La nôtre est actrice porno et adepte du bukkake.
Elle rencontre Nathan, universitaire en marge du système, que je soupçonne d'être le double littéraire de l'auteur.
Ils ont un point commun : ils sont complètement camés. de leur rencontre dans un centre de désintoxication naîtra leur histoire d'amour.

C'est l'occasion pour l'auteur de passer en revue l'ensemble des addictions à laquelle notre société est confrontée : des plus évidentes (drogue, alcool, sexe, jeux,...), aux plus vicieuses, ces dépendances invisibles qui font de nous des êtres déconnectés du vivant et qui nous réduisent au seul rang de consommateur.

A travers un dialogue direct avec le lecteur (agrémenté de discalies, qu'on pourrait qualifier d'inutiles si ce n'était pas un premier roman), Clément Camar-Mercier s'amuse et nous met au défi de trouver notre place dans le monde. On ne saurait que lui rendre grâce.
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* Rentrée littéraire 2023 #3 *

Le 3ème roman reçu dans le cadre de ma participation au jury du prix du roman Fnac était "Le roman de Jeanne et Nathan" de Clément Camar-Mercier. Voici ma critique rédigée en juin dernier :

Jeanne est une actrice assez connue dans le milieu du cinéma pornographique. Très professionnelle, elle semble capable de tout, sans éprouver de difficultés. En réalité, désabusée par la vie, elle ne supporte tout cela que grâce à la cocaïne.
Nathan est un prof d'université, qui n'arrive pas à finaliser sa thèse. Il donne des cours sur le cinéma américain, et ne peut "assurer" que sous l'emprise de la drogue, dont il a besoin pour se sentir suffisamment captivant face à ses élèves. 
Et, un jour, ils se rencontrent...

J'ai aimé le style de l'auteur, à la fois très réaliste, presque brutal - voire cru - très imagé, mais aussi idéologique et littéraire. J'ai aimé la finesse, l'intelligence de ses digressions, ses interpellations au travers de ses personnages, de leurs questionnements, de leurs souffrances, de leurs sensations, de leur addiction...

J'ai aimé rencontrer les 2 personnages principaux alternativement, par leurs pensées, leurs souvenirs, leur présent,... exprimés à la première personne, et ce au sein d'un même chapitre. Cela crée du rythme, des contrastes, et déjà un lien entre eux, avant même qu'ils ne se rencontrent. Cela imprime aussi un côté épique, cinématographique au récit. Je trouve qu'on sent vraiment la formation et l'expérience de dramaturge de Clément Camar-Mercier

Cela a également suscité chez moi une évidence, celle que, comme l'expriment nombre de grandes tragédies, tout était écrit à l'avance et ne pouvait se terminer autrement que dans le drame. Je rejoins à ce niveau le parallèle fait par l'éditeur avec Tristan et Iseult.

Et pourtant... je ne peux pas vraiment dire que j'ai eu un coup de coeur pour ce roman. 

Les descriptions des actes pornographiques, ces scènes de sexe crues, brutales, dérangeantes, et notamment la scène de viol, ont été particulièrement éprouvantes pour moi. C'est sans doute volontaire de la part de l'auteur, mais cela reste un bémol pour moi concernant ce roman. 

De plus, le dernier tiers de l'histoire m'a déçu. Je suis d'avis que certains aspects manquent un peu de vraisemblance, à mon sens, notamment l'engagement en politique de Jeanne. 

Bref, je ne pense pas que ce roman, doté cependant de nombreuses qualités, puisse remporter le prix. Et je ne le conseillerais pas à n'importe qui. Toutefois, je suis heureuse de l'avoir lu et j'en garderai un bon souvenir dans l'ensemble. 

#PrixRomanFnac #fnac_officiel #rentréelittéraire2023 
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Difficile de revenir sur cette première lecture dans cette nouvelle édition des 68 Premières Fois pour 2024, tant les sujets évoqués à travers plus de 350 pages sont complexes et pour tout dire m'ont plus d'une fois mis mal à l'aise tant dans les images évoquées que les thèmes choisis, par la violence des faits que la puissance des mots et tournures utilisées.
Un roman à la fois complexe et dont les longueurs m'ont souvent découragées. Une première partie très conséquente où le narrateur nous amène dans le quotidien de Nathan, éternel universitaire thésard et Jeanne actrice de film porno, tous deux avec des parcours et une histoire différente, voire opposés. Leur seul point commun, et pour le coup massif ; l'addiction à toutes les drogues dans des proportions démesurées. le récit de leur quotidien n'est rythmé que par ce travers et avait, à la base, peu de chances de devenir commun. J'avoue que les très (trop) longues descriptions de leur défonce et des scènes pornographiques violentes de Jeanne ont provoqué chez moi une certaine nausée et un vrai malaise, Etait-il nécessaire de se répandre à ce point dans l'abject et le sordide dans de telles proportions ? Je laisse les lectrices et lecteurs à venir en juger.
Bien sûr ces excès et les proportions démesurées de leur dernier trip d'une violence  jamais atteinte vont enfin provoquer la rencontre de ces deux personnages à travers leurs cures de désintoxication dans la même structure que seuls les plus argentés peuvent s'offrir, mais cela aurait pu intervenir beaucoup plus tôt. En tout cas, le lecteur va enfin retrouver un peu plus de calme et d'intérêt et suivre le rapprochement des deux et une certaine rédemption de ces deux êtres. Parenthèse à la fois courte et inespérée puisque Jeanne et Nathan, jusque là détachés de tout et profondément égoïstes, vont recouvrir une certaine humanité et se lancer dans une reconstruction à la fois personnelle et en couple, que l'on pourrait espérer définitive et constructive.... 
La chute choisie par l'auteur, en tout cas,  ne conviendra peut-être pas à tous ses lecteurs mais elle a le mérite de préciser que souvent la rédemption n'est jamais définitive et que le poids du passé reste prédominant. Il y a du style en tout cas et le champ lexical de Clément Camar - Mericer est riche, même s'il aurait gagné, pour moi à être plus fluide. A vous de le découvrir.
Lien : https://passiondelecteur.ove..
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Le titre de ce livre est bien choisi ! Nous sommes dans un roman et l'auteur ne manque pas de nous le rappeler. Exemple : « Nathan, ici et maintenant, page 219, et contre toute attente, je te le demande tout simplement : veux tu m'épouser ? » ou encore : « Nous n'y sommes pas tout à fait. Avant que Jeanne et Nathan ne se rencontrent il s'écoula trois jours. »
C'est, de plus, un roman plein d'humour, deux petits exemples : « il savait trop bien qu'on ne pouvait affronter l'administration française qu'en étant défonçé » ou : « elle termina la journée dans un lieu qui allait bouleverser son existence : brico-marché . »
Cette histoire de deux personnages aux vies dépendantes de la drogue qui tombent éperdument amoureux dans une clinique de désintoxication et dont il ne faut rien dire de plus aux futurs lecteurs est traitée dans une langue crue, autant que précise et riche.
Je lis que l'auteur a entrepris la traduction de l'oeuvre intégrale de Shakespeare ! Il a certes les épaules pour !

Lien : https://poirson.marie-helene..
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Pour son premier roman, Clément Camar- Mercier nous livre un récit terrible, celui de deux jeunes personnes qui, suite à une dérive de trop, vont pousser la porte, d'une clinique de désintoxication. C'est dans ce cadre particulier, que leurs chemins vont se croiser.
Jeanne est une actrice reconnue dans le monde de la pornographie. Elle a coupé les ponts avec les siens et ne souffre d'aucune pudeur, d'aucun regret. Elle a toutefois recours à la cocaïne afin de supporter quelques « séquences difficiles » ! Mais qu'importe, sa notoriété grandie et lui donne du pouvoir dans le milieu du film X. Elle gagne très bien sa vie et ressent une certaine délectation à faire souffrir sa famille. Au fur et à mesure des tournages, elle va lentement, très lentement, se remettre en question en ayant recours à la drogue qui déforme, (et c'est parfois heureux), une certaine réalité.
Nathan est universitaire, chercheur en histoire du cinéma Américain, il n'arrive pas rédiger sa thèse. Son manque de motivation et son questionnement sur ses non- choix, l'empêchent d'avancer, il traine désespérément un mal-être et a recours lui aussi à la cocaïne et autres substances illicites dans l'espoir de retrouver une raison et le goût de vivre.
C'est dans un contexte de prise de drogue de trop, et au début du premier confinement en 2019, que nos deux jeunes toxicomanes vont chacun de leur côté avoir un sursaut de conscience et intégrer une unité de soins en addictologie.
Dans la première partie du roman aux passages scabreux, voire obscènes, où le grotesque s'invite parfois, Clément Camar-Mercier décrit habillement le mécanisme de l'addiction qui prive de liberté et ne délivre d'aucun mal. La seconde partie du livre est celle de la rencontre de Jeanne et Nathan. Une rencontre que l'auteur veut romanesque, une parenthèse amoureuse qui questionne mais durant laquelle on reprend son souffle dans une promenade bavarde et écologique, et une réflexion politique.
J'ai beaucoup aimé le style d'écriture, le dialogue original lors des échanges avec le psychiatre. Les pointes d'humour. En grand amateur de Shakespeare, dont il traduit les textes depuis plus de dix ans, Clément Camar- Mercier passe de la comédie à la tragédie, de la philosophie aux blagues salaces.
Je n'ai pas du tout aimé, pour ne pas dire détesté, les descriptions détaillées à outrance, la violence, les scènes dramatiques.
Dans ce roman, l'auteur en bon expert cinématographique, braque son projecteur sur la souffrance, la lutte acharnée pour se délivrer de substances morbides et hallucinatoires, et le chemin de croix à parcourir vers l'abstinence.
La force du message est aussi dans le constat que l'addiction peut revêtir de multiples formes et que notre monde moderne induit un comportement addictif... Sauvons nous du déni.
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