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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore une belle intrigue bien complexe et démêlée par notre commissaire favori en toute fin de livre . Au dela de l'histoire et comme d'habitude, on goute en particulier aux rapports humains parfois complexes que ce commissaire entretient avec ses proches, compagne, cuisinière, collègues, compatriotes,....un vrai bonheur
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Hommage à Andrea Camilleri

La patience de l'araignée / Un été ardent

Par un triste hasard j'ai emprunté le 17 juillet dernier à la bibliothèque La patience de l'araignée et Un été ardent, deux enquêtes de Montalbano que je n'avais pas lues, quelques heures avant d'apprendre la disparition d'Andrea Camilleri. On finissait par le croire immortel et la nouvelle fut rude. Double critique et quelques remarques en forme d'hommage.

A partir de l'enlèvement d'une jeune fille, La patience de l'araignée (2004) évoque les affaires douteuses, la prévarication et le blanchiment. J'y reviendrai. En fait, l'intérêt du roman, outre une histoire de haine et de vengeance assez bien imaginée – même si le lecteur comprend assez vite ce qu'il en est réellement – tient dans le fait que Montalbano, qui se remet d'une blessure sérieuse, se retrouve en marge de l'enquête officielle et peut pour une fois faire cavalier seul. On pourrait penser qu'il en retire une grande satisfaction, mais c'est plutôt un flic amer que décrit Camilleri, un peu revenu de tout et de moins en moins patient avec ceux qui s'apprêtent à prendre la relève.

« La question avait été posée par un petit gars, un jeune et fringant vice-commissaire, mèche sur le front, vif, body-buildé, avec un petit air de manager arriviste. Ces temps-ci on en voyait beaucoup, une race de cons qui proliférait rapidement. A Montalbano il fut énormément antipathique. » La patience de l'araignée © Fleuve noir, 2004

Se sentant vieillir – « Il comprit qu'il prononçait des mots de vieux » – et de plus en plus partagé entre le chagrin de la séparation (provisoire) avec Livia et le désir de reprendre sa liberté, Montalbano se voit déjà en « retraité solitaire ». Cette humeur maussade va l'amener à prendre des libertés avec la justice, à se transformer comme Maigret en « raccommodeur de destinées » (est-ce un hasard si Livia lit un roman de Simenon ?).

« Il n'était qu'un homme avec des critères personnels de jugement sur ce qui était juste et ce qui ne l'était pas. Et certaines, fois, ce qu'il estimait être juste ne l'était pas pour la justice. Et vice-versa. Alors, est-ce qu'il valait mieux être d'accord avec la justice, celle qui était consignée dans les livres, ou bien avec sa propre conscience ? » La patience de l'araignée © Fleuve noir, 2004

Un été ardent (2006) commence bien : Montalbano a de la chance, sa chère Livia est venue le rejoindre pour une partie de l'été à Marinella et a convaincu une des ses amies, son mari et leur redoutable bambin de louer une villa à proximité. Mais quand le charmant Bruno disparaît dans un souterrain sous la maison, que les pompiers le délivrent et que Montalbano y découvre le cadavre desséché d'une jeune fille disparue plusieurs années auparavant, les vacances sont terminées…

On retrouve dans ce roman les thèmes qu'affectionnait Camilleri : les relations familiales ou amoureuses compliquées (à commencer par celles entre Salvo et Livia), les accords entre le pouvoir politique et les mafias locales, les arrangements administratifs monnayables… de roman en roman, Camilleri a brodé à l'infini sur la même trame, permettant au lecteur de retrouver un environnement familier dans lequel il pénétrera toujours avec plaisir : c'est un peu comme de « rentrer dans ses pantoufles » dit un lecteur interrogé dans Lire le noir (1). le bonheur simple de retrouver des lieux connus : la Trattoria Enzo de Montalbano, la Brasserie Dauphine de Maigret ou l'Oxford Bar de Rebus ; de la connivence voire de la complicité avec ceux qui accompagnent nos héros, Mimi Angello, Fazio, Catarella pour Montalbano, Lucas et Janvier pour Maigret ou encore Siobhan Clarke pour Rebus.

Ces thèmes sont aussi l'occasion pour Camilleri, par le biais de son commissaire, de pointer et de dénoncer ce qui plombe la Sicile et met en péril son développement. Tout comme ses confrères suédois, écossais ou catalans, il inscrit des romans dans une dimension politique et sociale. Ce que ne conteste nullement Montalbano.

« Puis il resta à lire jusqu'à 11 heures du soir un beau roman policier de deux auteurs suédois (2) qui étaient mari et femme et où il n'y avait pas une page sans une attaque féroce contre la social-démocratie et le gouvernement. Montalbano le dédia mentalement à tous ceux qui dédaignaient de lire des polars parce que, selon eux, il ne s'agissait que d'un passe-temps du genre énigme. » Un été ardent © Fleuve noir, 2006

Montalbano se retrouve donc seul et nul ne saura ce que sera sa vie après La pyramide de boue, sa dernière enquête (2019). Andrea Camilleri ne se sera pas résigné à mettre un terme à ses aventures comme le firent abruptement Colin Dexter en tuant Morse ou Henning Mankell en enfermant Wallander dans Alzheimer. Imaginons-le donc nageant au large de sa maison de Marinella, dégustant les plats d'Angelina et réglant ses inévitables querelles avec Livia dans cette inimitable langue de Camilleri, si bien rendue par Serge Quadruppani.

1/ Lire le noir, acquête sur les lecteurs de romans policiers, Annie Collovald et Erik Neveu, Presses universitaire de Rennes, 2013
2/ Maj Sjöwall et Per Wahlöö

La même critique apparait pour Un été ardent et La patience de l'araignée.

Lien : http://www.polarsurbains.com..
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Voilà le dottore Montalbano reparti à l'assaut du crime Enfin assaut n'est pas vraiment le terme adéquat car convalescent encore il est, il se contente d'assauts amoureux sur sa Livia et sur les simples pâtes à l'ail préparé certes avec amour par cette dernière mais l'amour ne fait pas forcement des grandes maître queux
« C'est pas qu'elle cuisinait très mal Livia , mais elle avait tendance à tomber dans l'insipide, dans le peu d'assaisonnement, dans le très léger, dans le goût qui est là sans y être. Plutôt que cuisiner, Livia évoquait la cuisine. » (Il y a de l'Audiard là-derrière ou du Boudard ou Blondin n'est-ce pas ?)
En clair Livia est un gâte-sauce !

Ensuite entre émois amoureux et pâtes, prit en sandwich entre Livia et sa bonne , ses futures obligations de parrains ( de famille il s'entend) il réfléchit

Il n'empêche qu' à partir d'un kidnapping de motocyclette le dottore va tomber sur une araignée et pour sa convalescence la, passer à suivre tous les fils de sa toile.
Et détricoter l'intrigue.
Toujours fidèlement servi au poste par Catarella dont la cousine régalera Montalbano de cavatuna, de caponata et de lapin à l'aigre-doux il avancera tant bien que mal à travers les agissements maffieux d'un oncle et les soins d'un autre, la disparition d'une nièce, les milliards de lires de rançon a verser, d'avocat tordu, à se faire une idée de qui à fait quoi (là l'éditeur m'a demandé de rester discret donc … je ne ferai pas le quaraquaqua, dixit Camilleri : un bavard impénitent)

Sa prose vernaculaire et ses participes passés auquels on ne se fait pas, toujours très alertes, ses noms qui sentent bon le Sud : Piripipo, Pippina et autres Pippo on croirait entendre zinzinuler les fauvettes siciliennes nous transportent
immédiatement au soleil.
Ses remarques désabusées « Il suffisait qu'un type soit chinois pour s'y connaître en fièvre jaune ! » ses appréciations professionnelles de Catarella «... L'orgueil de partager un secret avec son chef le (Catarella) faisait passer de l'état canin à celui du paon qui fait la roue. »

Enfin Montalbano fidèle à lui-même va administrer une justice conviviale. Ne l'oublions pas on est en Sicile.








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Le commissaire Montalbano est en arrêt de travail depuis qu'on lui a extrait de l'épaule une balle reçue lors de sa précédente enquête, racontée dans "Le tour de la bouée". du coup Livia, sa bien-aimée génoise, a pris quelques jours de congé pour le rejoindre et l'accompagner durant sa convalescence. Théoriquement hors circuit, il est pourtant associé par le juge, en tant qu'observateur et conseiller, à une nouvelle enquête ouverte à la suite de l'enlèvement d'une jeune fille, Susanna. Comme on peut s'y attendre, Montalbano ne va pas se contenter de suivre le déroulement des opérations de recherche depuis sa maison de Marinella. D'ailleurs il n'est pas cloué dans son fauteuil, son épaule ne le fait souffrir que par intermittence (elle le réveille systématiquement, au milieu de la nuit, à l'heure exacte du tir de revolver qui l'a atteint) et le fonctionnement de sa "coucourde" est intact. Divers petits faits anodins, sans rapport avec l'enquête, le font douter de la conformité de cet enlèvement avec le "modèle" classique. Déjà, chose surprenante, les parents de Susanna ne roulent pas sur l'or, ils n'ont pas les moyens de payer une rançon que les ravisseurs, du reste, tardent à réclamer. À moins qu'intervienne un oncle qui a fait fortune en tutoyant l'illégalité...
Dans cet épisode, le commissaire sicilien se montre, encore plus que d'ordinaire, à l'écoute de son instinct et de sensations fugitives mais il a de bonne raisons pour cela : officiellement déchargé de l'enquête pour raisons médicales, il peut se permettre de faire passer ses sentiments personnels avant la stricte observation du formalisme juridique qu'il peine de toute façon à respecter en temps normal.
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Toujours la truculence de Montalbano, son gout du bien vivre même s'il commence à se poser des questions sur le vieillesse, sur sa relation à longue distance avec Livia. Mais L'enigme policière n'est qu'un pretexte encore une fois d'autant q'une fois dévoilée le secret de famille, l'antagonisme avec l'oncle, les objectifs de cet enlevement sont visibles. Mais il reste Vigata et ses tratorias, ainsi que le petit monde policier qui navigue autour de lui. L'arriere plan berlusconien apparait un peu plus que dans ses précédents romans.
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Un Montalbano convalescent, dans la suite immédiate du "Tour de la bouée".

Publiée en 2004, la dixième enquête de l'irascible et jouisseur commissaire sicilien démarre vingt jours après "Le tour de la bouée", alors que Montalbano se remet encore à peine de la balle reçue à la fin de l'épisode précédent.

Enquête d'abord nimbée d'une certaine tristesse, car il n'est pas facile de voir le héros aux prises avec les premières séquelles de cette blessure, le traumatisme nocturne, les doutes occasionnels quant à l'âge venant, et les disputes toujours pénibles, même suivies de réconciliations, avec l'éternelle fiancée Livia.

Le thème de la vengeance méthodique prend ici une nouvelle dimension, même si l'on peut regretter toutefois (bien que l'énigme ne soit pas "l'objet" prioritaire de Camilleri, bien entendu) que trop d'indices en rendent la détection un peu aisée...

"Et voilà la punition immédiate pour sa menterie : il expierait en mangeant le dîner préparé par Livia. C'est pas qu'elle cuisinait très mal, mais elle avait tendance à tomber dans l'insipide, dans le peu d'assaisonnement, dans le très léger, dans le goût qui est là sans y être. Plutôt que cuisiner, Livia évoquait la cuisine."

"D'un coup, Catarella prit un air mystérieux, se pencha en avant, dit à voix basse :
- C'est une affaire réserbée entre nous deux, dottori ?
Montalbano acquiesça du menton. Catarella sortit les bras collés au corps, les doigts des mains écartés, les genoux raides. L'orgueil de partager un secret avec son chef le faisait passer de l'état canin à celui du paon qui fait la roue."
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Les années 2000. Sicile. le commissaire Salvo Montalbano se remet d'une blessure par balle. Chaque nuit, le claquement du ressort du temps résonne dans sa tête et le réveille, toujours à la même heure : il est trois heures vingt sept minutes et quarante secondes, heure à laquelle on a tiré sur lui.
Convalescent, il est rappellé en service par le questeur pour une affaire de disparition, celle d'une jeune fille qui s'est évaporée sur le chemin de son domicile. Enlèvement ? Qui a intérêt à demander une si grosse rançon alors que la famille est désargentée. La mère de la jeune fille se meurt de chagrin, et telle la peau, se rétrécit à vue d'oeil. Survivra t'elle à l'absence de sa fille qui la veille jour et nuit ? de quoi se meurt-elle ? Montalbano questionne, observe, écoute. Mais quelqu'un ment.
A la fin, grâce à l'observation d'une toile d'araignée apparue dans la nuit, il comprend tout !

**************

Encore un livre "policier", je sais, mais c'est mon genre préféré ! Cela dit, ce n'est pas un policier comme les autres. Tout d'abord, le style d'écriture est en dehors de sentiers battus. le traducteur l'annonce en préambule : puisque Camilleri écrit ses livres comme il parle, en utilisant un argot sicilien, il a voulu conserver cet univers en francisant l'argot ce qui donne un ton intimiste au récit. le résultat peut surprendre.

Comme d'habitude, je n'ai absolument rien deviné avant le dénouement final. Mais je sais une chose : je veux certainement lire d'autres enquêtes de Salvo Montalbano !
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A. Camilleri remet en selle son commissaire Montalbano pas encore remis d'un évènement traumatisant. Il faut dire que la situation n'a rien de banale: une jeune étudiante nommée Susanna semble victime d'un enlèvement pour demander une rançon à ses parents ruinés et dont la mère se meurt d'un mal incurable. La demande de rançon improbable intervient mais pour viser quelqu'un de leur famille, un mafieux de la pire espèce... Ce n'est là que la première bande d'un billard machiavélique où l'araigné a pris le temps de tisser une toile impitoyable. Je vous laisse le plaisir de découvrir le fin mot de l'histoire et d'apprécier le travail de traduction d'un auteur de polar français, Serge Quadruppani dont le partie pris me semble retranscrire assez bien le sel de la langue de Camilleri.
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Lu dans les éditions Pocket, j'ai constaté de nombreuses fautes de frappe ou des non-sens. Ajoutées à la traduction particulière adaptée au dialecte sicilien, ces erreurs peuvent embrouiller les esprits. Ceci dit, je me suis régalé comme toujours à lire cet auteur. Son écriture est subtile, humoristique, pittoresque et les intrigues policières souvent très simples ne sont qu'un prétexte à faire vivre des personnages très complexes et passionnants.
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Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

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