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Commissaire Salvo Montalbano tome 13 sur 13

Serge Quadruppani (Traducteur)
EAN : 9782266176293
256 pages
Pocket (12/01/2012)
3.85/5   135 notes
Résumé :
La Sicile peut parfois se révéler être une immense toile d'araignée. Une toile de on-dit, de calomnies, de vraies fausses vérités et de faux vrais mensonges. Une toile de liens familiaux, d'amitiés, d'intérêts croisés et de dettes à payer. Une toile qui semble avoir pris au piège la jeune Susanna Mistretta, portée disparue. À Montalbano, une fois de plus, de démêler les fils, d'une marchande d'oeufs à la cuisse légère à un journaliste assoiffé de ragots, en passant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Pour clore ou plutôt finir en beauté ma première année sur Babelio, en vitesse, une visite éclair en Sicile, chez Andrea Camilleri et son commissaire Salvo Montalbano, à Porto Empedocle. Ce port au sud de l'île qui a été le théâtre de 2 sérieux incidents concernant le sauvetage en mer de réfugiés.
Ma dernière lecture sicilienne, il n'y a même pas un mois, fut "Le contexte" de Leonardo Sciascia.
Deux grands auteurs, deux styles.

Le seul inconvénient, à mon avis, est la langue tout à fait personnelle et particulière d'Andrea Camilleri. le traducteur du roman en Français, Serge Quadruppani, qui a fait un excellent travail, explique dans un avertissement au début de l'ouvrage, que traduire cet écrivain est loin d'être une sinécure. En fait, la langue "camillerienne" n'est ni de l'Italien, ni du Sicilien, mais une langue intermédiaire, celui de "l'italien sicilianisé". Probablement que cette langue a un charme spécifique, mais personnellement, je dois admettre qu'elle ne rende la lecture pas simple et franchement, la transcription française avec des mots précédés d'une lettre "a", ou le "e" remplacé par un "i" , comme dans "pinser" ,me gêne plutôt que cela me plaise.

Notre pauvre commissaire est en congé de rétablissement après avoir reçu une balle dans l'épaule lors d'un épisode précédant "Le tour de la bouée", lorsqu'un coup de fil lui apprend qu'une belle jeune fille a disparu. Il s'agit de Susanna Mistretta, inscrite à l'université de Palerme et fille de Salvatore, géologue à la retraite, et de Giulia, mourante. En rentrant, comme d'habitude, de chez sa copine, Tina Lofaro, avec qui elle a coutume d' étudier, elle s'est évaporée et sur la route, il ne reste que sa mobylette. Congé de maladie ou pas, Salvo Montalbano ne peut s'empêcher d'aller jeter un coup d'oeil sur place. À la grande consternation de Livia, sa compagne qui le soigne.

L'enquête soulève une multitude de questions, à commencer par cette étrange disparition : Susanna étant une fille sérieuse qui n'a pas l'habitude de vadrouiller et qui a, en plus, un charmant fiancé intelligent, Francesco Lipari, qu'a-t-il bien pu lui arriver ? Un kidnapping pour une rançon est peu probable, car il est de notoriété publique que les Mistretta, par un revers de fortune et les frais de maladie considérables de Giulia, tirent le diable par la queue. L'alternative, enlèvement pour des motifs sexuels, comme Susanna est "di grande bellezza", est trop horrible à envisager ! Et où est l'argent qu'elle a retiré de la banque, et sa serviette, et son casque ? Et puis la mère de quoi souffre-t-elle au juste ?

Tant de questions auxquelles je laisse Andrea Camilleri répondre avec sa maestria habituelle.

Ce roman se situe au même haut niveau que "La forme de l'eau" et "La Voix du violon".
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Hommage à Andrea Camilleri

La patience de l'araignée / Un été ardent

Par un triste hasard j'ai emprunté le 17 juillet dernier à la bibliothèque La patience de l'araignée et Un été ardent, deux enquêtes de Montalbano que je n'avais pas lues, quelques heures avant d'apprendre la disparition d'Andrea Camilleri. On finissait par le croire immortel et la nouvelle fut rude. Double critique et quelques remarques en forme d'hommage.

A partir de l'enlèvement d'une jeune fille, La patience de l'araignée (2004) évoque les affaires douteuses, la prévarication et le blanchiment. J'y reviendrai. En fait, l'intérêt du roman, outre une histoire de haine et de vengeance assez bien imaginée – même si le lecteur comprend assez vite ce qu'il en est réellement – tient dans le fait que Montalbano, qui se remet d'une blessure sérieuse, se retrouve en marge de l'enquête officielle et peut pour une fois faire cavalier seul. On pourrait penser qu'il en retire une grande satisfaction, mais c'est plutôt un flic amer que décrit Camilleri, un peu revenu de tout et de moins en moins patient avec ceux qui s'apprêtent à prendre la relève.

« La question avait été posée par un petit gars, un jeune et fringant vice-commissaire, mèche sur le front, vif, body-buildé, avec un petit air de manager arriviste. Ces temps-ci on en voyait beaucoup, une race de cons qui proliférait rapidement. A Montalbano il fut énormément antipathique. » La patience de l'araignée © Fleuve noir, 2004

Se sentant vieillir – « Il comprit qu'il prononçait des mots de vieux » – et de plus en plus partagé entre le chagrin de la séparation (provisoire) avec Livia et le désir de reprendre sa liberté, Montalbano se voit déjà en « retraité solitaire ». Cette humeur maussade va l'amener à prendre des libertés avec la justice, à se transformer comme Maigret en « raccommodeur de destinées » (est-ce un hasard si Livia lit un roman de Simenon ?).

« Il n'était qu'un homme avec des critères personnels de jugement sur ce qui était juste et ce qui ne l'était pas. Et certaines, fois, ce qu'il estimait être juste ne l'était pas pour la justice. Et vice-versa. Alors, est-ce qu'il valait mieux être d'accord avec la justice, celle qui était consignée dans les livres, ou bien avec sa propre conscience ? » La patience de l'araignée © Fleuve noir, 2004

Un été ardent (2006) commence bien : Montalbano a de la chance, sa chère Livia est venue le rejoindre pour une partie de l'été à Marinella et a convaincu une des ses amies, son mari et leur redoutable bambin de louer une villa à proximité. Mais quand le charmant Bruno disparaît dans un souterrain sous la maison, que les pompiers le délivrent et que Montalbano y découvre le cadavre desséché d'une jeune fille disparue plusieurs années auparavant, les vacances sont terminées…

On retrouve dans ce roman les thèmes qu'affectionnait Camilleri : les relations familiales ou amoureuses compliquées (à commencer par celles entre Salvo et Livia), les accords entre le pouvoir politique et les mafias locales, les arrangements administratifs monnayables… de roman en roman, Camilleri a brodé à l'infini sur la même trame, permettant au lecteur de retrouver un environnement familier dans lequel il pénétrera toujours avec plaisir : c'est un peu comme de « rentrer dans ses pantoufles » dit un lecteur interrogé dans Lire le noir (1). le bonheur simple de retrouver des lieux connus : la Trattoria Enzo de Montalbano, la Brasserie Dauphine de Maigret ou l'Oxford Bar de Rebus ; de la connivence voire de la complicité avec ceux qui accompagnent nos héros, Mimi Angello, Fazio, Catarella pour Montalbano, Lucas et Janvier pour Maigret ou encore Siobhan Clarke pour Rebus.

Ces thèmes sont aussi l'occasion pour Camilleri, par le biais de son commissaire, de pointer et de dénoncer ce qui plombe la Sicile et met en péril son développement. Tout comme ses confrères suédois, écossais ou catalans, il inscrit des romans dans une dimension politique et sociale. Ce que ne conteste nullement Montalbano.

« Puis il resta à lire jusqu'à 11 heures du soir un beau roman policier de deux auteurs suédois (2) qui étaient mari et femme et où il n'y avait pas une page sans une attaque féroce contre la social-démocratie et le gouvernement. Montalbano le dédia mentalement à tous ceux qui dédaignaient de lire des polars parce que, selon eux, il ne s'agissait que d'un passe-temps du genre énigme. » Un été ardent © Fleuve noir, 2006

Montalbano se retrouve donc seul et nul ne saura ce que sera sa vie après La pyramide de boue, sa dernière enquête (2019). Andrea Camilleri ne se sera pas résigné à mettre un terme à ses aventures comme le firent abruptement Colin Dexter en tuant Morse ou Henning Mankell en enfermant Wallander dans Alzheimer. Imaginons-le donc nageant au large de sa maison de Marinella, dégustant les plats d'Angelina et réglant ses inévitables querelles avec Livia dans cette inimitable langue de Camilleri, si bien rendue par Serge Quadruppani.

1/ Lire le noir, acquête sur les lecteurs de romans policiers, Annie Collovald et Erik Neveu, Presses universitaire de Rennes, 2013
2/ Maj Sjöwall et Per Wahlöö

La même critique apparait pour Un été ardent et La patience de l'araignée.

Lien : http://www.polarsurbains.com..
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Voilà le dottore Montalbano reparti à l'assaut du crime Enfin assaut n'est pas vraiment le terme adéquat car convalescent encore il est, il se contente d'assauts amoureux sur sa Livia et sur les simples pâtes à l'ail préparé certes avec amour par cette dernière mais l'amour ne fait pas forcement des grandes maître queux
« C'est pas qu'elle cuisinait très mal Livia , mais elle avait tendance à tomber dans l'insipide, dans le peu d'assaisonnement, dans le très léger, dans le goût qui est là sans y être. Plutôt que cuisiner, Livia évoquait la cuisine. » (Il y a de l'Audiard là-derrière ou du Boudard ou Blondin n'est-ce pas ?)
En clair Livia est un gâte-sauce !

Ensuite entre émois amoureux et pâtes, prit en sandwich entre Livia et sa bonne , ses futures obligations de parrains ( de famille il s'entend) il réfléchit

Il n'empêche qu' à partir d'un kidnapping de motocyclette le dottore va tomber sur une araignée et pour sa convalescence la, passer à suivre tous les fils de sa toile.
Et détricoter l'intrigue.
Toujours fidèlement servi au poste par Catarella dont la cousine régalera Montalbano de cavatuna, de caponata et de lapin à l'aigre-doux il avancera tant bien que mal à travers les agissements maffieux d'un oncle et les soins d'un autre, la disparition d'une nièce, les milliards de lires de rançon a verser, d'avocat tordu, à se faire une idée de qui à fait quoi (là l'éditeur m'a demandé de rester discret donc … je ne ferai pas le quaraquaqua, dixit Camilleri : un bavard impénitent)

Sa prose vernaculaire et ses participes passés auquels on ne se fait pas, toujours très alertes, ses noms qui sentent bon le Sud : Piripipo, Pippina et autres Pippo on croirait entendre zinzinuler les fauvettes siciliennes nous transportent
immédiatement au soleil.
Ses remarques désabusées « Il suffisait qu'un type soit chinois pour s'y connaître en fièvre jaune ! » ses appréciations professionnelles de Catarella «... L'orgueil de partager un secret avec son chef le (Catarella) faisait passer de l'état canin à celui du paon qui fait la roue. »

Enfin Montalbano fidèle à lui-même va administrer une justice conviviale. Ne l'oublions pas on est en Sicile.








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Encore une belle intrigue bien complexe et démêlée par notre commissaire favori en toute fin de livre . Au dela de l'histoire et comme d'habitude, on goute en particulier aux rapports humains parfois complexes que ce commissaire entretient avec ses proches, compagne, cuisinière, collègues, compatriotes,....un vrai bonheur
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Le commissaire Montalbano est en arrêt de travail depuis qu'on lui a extrait de l'épaule une balle reçue lors de sa précédente enquête, racontée dans "Le tour de la bouée". du coup Livia, sa bien-aimée génoise, a pris quelques jours de congé pour le rejoindre et l'accompagner durant sa convalescence. Théoriquement hors circuit, il est pourtant associé par le juge, en tant qu'observateur et conseiller, à une nouvelle enquête ouverte à la suite de l'enlèvement d'une jeune fille, Susanna. Comme on peut s'y attendre, Montalbano ne va pas se contenter de suivre le déroulement des opérations de recherche depuis sa maison de Marinella. D'ailleurs il n'est pas cloué dans son fauteuil, son épaule ne le fait souffrir que par intermittence (elle le réveille systématiquement, au milieu de la nuit, à l'heure exacte du tir de revolver qui l'a atteint) et le fonctionnement de sa "coucourde" est intact. Divers petits faits anodins, sans rapport avec l'enquête, le font douter de la conformité de cet enlèvement avec le "modèle" classique. Déjà, chose surprenante, les parents de Susanna ne roulent pas sur l'or, ils n'ont pas les moyens de payer une rançon que les ravisseurs, du reste, tardent à réclamer. À moins qu'intervienne un oncle qui a fait fortune en tutoyant l'illégalité...
Dans cet épisode, le commissaire sicilien se montre, encore plus que d'ordinaire, à l'écoute de son instinct et de sensations fugitives mais il a de bonne raisons pour cela : officiellement déchargé de l'enquête pour raisons médicales, il peut se permettre de faire passer ses sentiments personnels avant la stricte observation du formalisme juridique qu'il peine de toute façon à respecter en temps normal.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Sous la couverture bien tirée, on n'apercevait aucun gonflement de corps humain, manquaient même les deux pointes que forment les pieds quand on est couché sur le dos. Et cette espèce de boule grise oubliée sur le coussin était trop pitchoune, trop petite pour être une tête, peut-être une vieille et grosse poire de clystère qui s'était décolorée. Il avança de deux pas et l'horreur le paralysa.
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Vous avez réussi à tirer quelques informations utiles de la petite !
- Montalbà , c'est le problème . Un peu parce qu'elle est secouée par l'enlèvement , et c'est logique , et un peu parce que depuis qu'elle est revenue , elle n'a pas dormi , elle n'a pas réussi à nous raconter grand-chose.
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Non, ton père n’a jamais rien su, il n’a jamais su que tout cela était une comédie, il a souffert mille morts de ce qui semblait un vrai enlèvement… Mais ça aussi, c’était le prix à payer et à faire payer, passque la haine véritable, comme l’amour, ne s’arrête même pas devant le désespoir et les larmes des innocents.
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D’un coup Catarella prit un air mystérieux , se pencha en avant , dit à voix basse :
-C’est une affaire réserbée entre nous deux ,dottori ?
Montalbano acquiesça du menton, Catarella sortit les bras collés au corps , les doigts des mains écartés, les genoux raides. L’orgueil de partager un secret avec son chef le faisait passer de l’état canin à celui de paon qui fait la roue .
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Ton idée , elle me paraît plus une histoire des Pieds Nickelés que de film méricain. Réfléchis un peu ! Un enlèvement comme ça , ça se fait tout seul , Nicolo ! Un complice l'aurai averti , cet homme revenu depuis si longtemps , que les Mistretta ils tirent le diable par la queue ! A propos , tu me racontes comment ça se fait que les Mistretta ont tout perdu ?
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Videos de Andrea Camilleri (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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