Ce premier tome des Actuelles regroupe des articles de Combat (la revue de Camus), de Caliban (revue de jean Daniel), des interviews, une conférence et deux réponses à
Emmanuel d'Astier de la Vigerie ; tout cela publié entre 1944 et 1948.
A travers ce choix de textes on découvre un Camus très actif dans la presse et l'actualité et pas seulement dans le roman ou l'essai philosophique.
On retrouve bien sur ses thèmes de prédilections: la justice, la liberté, la religion, la politique et l'art. On retrouve les grands débats qui parcouraient la France et l'Europe à cette époque sur les totalitarismes, le communisme, le catholicisme, le rôle de l'artiste engagé, la violence en politique et l'existentialisme auquel Camus n'adhère pas.
Se dégage à travers ses éditoriaux ou réponses plusieurs tendances: la liberté ne vaut rien sans la justice (sans quoi les plus forts écrasent les faibles, c'est le libéralisme), la justice ne s'acquiert pas par la violence, et on ne peut pas la justifier comme l'a fait Marx par exemple, justifiée qu'elle était selon lui par la fin qu'elle promettait. L'existentialisme de Sarte rejoint l'absurde et le nihilisme, ce qui n'est pas possible pour Camus, lui qui voit comme possible voie d'évolution et de progrès la discussion entre humains, le dialogue avec comme but la paix. Dialogue qu'il ne voit pas le religion instaurer, lui qui a attendu un signe de Rome lors des massacres de la Seconde Guerre Mondiale, lui qui a vu béni les massacres de républicains espagnols par des évêques, lui qui a placé l'action de
l'Etat de Siège en Espagne, au grand regret de
Gabriel Marcel auquel il répond avec fermeté rappelant Guernica et les soutiens de franco dans les rangs des catholiques français.
Enfin et surtout, pour lui l'artiste est engagé par nature. L'art est engagement, l'art est un choix, une façon de voir le monde et l'artiste doit y réfléchir.
A travers ces courts textes on découvre plus encore un Camus profondément ancré dans son temps, épris de justice, d'humanisme, de discussion, ouvert à l'autre et au monde, profondément sensible.