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EAN : 9782080429858
204 pages
Flammarion (30/08/2023)
4.09/5   50 notes
Résumé :
"Ils subissent un éloignement géographique, social, politique et culturel. Ils sont la majorité. Ils sont à l'origine de toutes les contestations actuelles, qui ne ressemblent à aucun des mouvements sociaux des siècles passés. Ils sont les dépossédés. "

Dans ce nouvel essai, Christophe Guilluy montre comment les classes populaires répondent magistralement à leur disparition programmée, en imposant une alternative à un modèle condamné.
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Vingt après l'antonymie « France d'en haut ; France d'en bas » qui propulsa Jean-Pierre Raffarin à Matignon, Christophe Guilly poursuit une analyse initiée avec « La France périphérique » et le « Temps des gens ordinaires » en se penchant sur « Les dépossédés » et fournit la cartographie de l'abime séparant la « périphérie » des quinze métropoles qui rassemblent sur 5% du territoire, 40% de la population, 50% de l'activité économique, 55% de la masse salariale, plus de 70% des créations nettes d'emplois et disposent d'un PIB par habitant environ 50% supérieur à celui du reste du pays.

Les 95% restants du territoire sont habités par « des fumeurs de clopes roulant au diesel », des « déplorables » pour Hillary Clinton, des « déclassés » pour le géographe.

Plusieurs écrivains décrivent leur sort (Eric Fottorino : Mohican - Daniel Rondeau : Arrière-Pays - Jean-Christophe Rufin : les flammes de pierre - Jacky Schwartzmann : shit) mais cet essai synthétise les constats.

Les déclassés sont éloignés progressivement de la mer (inflation immobilière et taxes foncières), des stades, des grandes villes (vignette crit air). Un écart chaque année croissant sépare les lycées franciliens des collèges et lycées provinciaux. Les déserts médicaux, la fermeture des classes, des gendarmeries, des tribunaux et des bureaux de postes, la suppression des DAB, créent une spirale de relégation qui désertifie les communes et villages.

Les médias développent un strorytelling valorisant la mondialisation et la métropolisation dans lequel la périphérie est exclue et assènent un sermon apocalyptique expliquant qu'il n'existe pas d'alternative politique aux « partis de gouvernement », qui génère une abstention croissante et un nivellement vers le bas du niveau des élus muselés et tenus en laisse par des consultants et experts grassement rémunérés. Les moyens de communication sociale ignorent les déclassés ; les 13 millions d'électeurs RN, les 13 millions d'abstentionnistes, les 2 millions de votes blancs ou nuls n'existent pas.

Les Bobos profitent de la gentrification, de l' « airbnbisation », usent du chauffeur Uber, du livreur Deliveroo, abusent des « nègres de maison », ainsi que les appelait Malcolm X (baby sitter et femme de ménage). Cette main d'oeuvre, observe Christophe Guilly, arrive en IDF dans le 93, puis court s'installer ailleurs dès que ses moyens le lui permettent et la Seine Saint Denis connait depuis vingt ans une croissance remarquable mais occultée, en partie captée par le banditisme.

L'instinct de survie, le pragmatisme, sont les atouts des déclassés qui n'attendent plus rien de l'état (et réciproquement) et savent que le mythe de la mondialisation prélude à l'effondrement. Cette société provinciale a connu au fil de l'histoire bien des drames mais a toujours trouvé dans sa culture l'énergie pour se relever.

L'ancrage dans la réalité ne nous conduira pas à un monde parfait, mais (et ce sera déjà beaucoup) à un monde qui aura du sens conclut l'auteur !

Cet essai, étayé par une série de données (en notes), nourrit la réflexion et porte un regard incisif sur la crise actuelle et ses issues possibles. J'ai été passionné par son acuité et espère que l'avenir concrétisera l'espérance dessinée en conclusion.
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Le géographe Christophe Guilluy a mis à jour dans ses premiers ouvrages (Atlas des nouvelles fractures françaises, et surtout fractures françaises) le concept éclairant de France périphérique qu'il n'a cessé de creuser depuis,
Pour Guilluy, la société française (et sans doute d'ailleurs l'ensemble des sociétés occidentales) se caractérise par une stratification en trois couches concentriques du triple point de vue géographique, économique et social :
-la ville-centre, métropole nationale ou régionale, et ses banlieues résidentielles, territoires des inclus, gagnants de de la mondialisation libérale ;
-les autres banlieues entourant la ville-centre, parfois appelées « quartiers » dans le langage courant, dont les habitants, bien que non-privilégiés, ont accès aux services de la ville-centre et sont souvent en transition sociale
-et les territoires au-delà, la France périphérique, domaine des vrais exclus.
Ce schéma, malgré ses vertus explicatives, a été critiqué par les sociologues de profession, jaloux de leur pré carr, qu'ils laissent pourtant souvent en friche, et par la gauche bien-pensante (Guilluy, bien que lui-même issu de la gauche, n'est pas politiquement correct),
Les dépossédés se situe dans la ligne du reste de son oeuvre. L'auteur s'y intéresse particulièrement à la dépossession « spatiale » des exclus, repoussés par les prix du foncier, non seulement des villes-centre mais aussi des zones touristiques, notamment littorales, où pourtant se trouve souvent leur travail, ce qui les contraint à parcourir des trajets domicile-travail de plus en plus longs (ce qui explique par parenthèse où se situe réellement le problème de l'automobile, que le citadin bien pensant est littéralement incapable de comprendre)
Cependant on le suivra moins lorsqu'il impute cette situation non aux vraies classes dirigeantes mais vingt ou vingt cinq pour cent les plus aisés de la population française qu'il considère (et qui se considérent souvent eux-même par un magnifique phénomène de fausse conscience) comme les dominants qu'ils ne sont pas,
Je citerai ici un peu longuement l'excellent ouvrage d'Emmanuel Todd, Les luttes de classe en France au XXI° siècle :
« Au-dessous des 1 %, nous avons les 19 %. Autant les 1 % représentent les authentiques dominants et leurs agents directs, ceux qui contrôlent les journaux, croulent sous l'argent, vont au Sofitel New York (et pas qu'occasionnellement), autant les 19 % suivants, n'en déplaise à Pierre Bourdieu, sont désormais des pseudo-dominants. L'Insee, en leur apposant l'étiquette « cadres et professions intellectuelles supérieures », voudrait bien les faire passer pour des dominants (les cadres de l'Institut s'imaginent comme tels), mais ils ne le sont pas réellement. Certes, beaucoup ont de bons salaires et sont propriétaires de leur logement, mais cette catégorie, rappelons-le, est très hétérogène : on y trouve aussi bien des cadres commerciaux que des enseignants du secondaire ou des clowns. Et leur revenu annuel médian, comme nous l'avons noté au chapitre 1, ne s'établit qu'à 33 000 euros. Donnons donc à cette classe sociale son vrai nom : « petite bourgeoisie CPIS » (pour cadres et professions intellectuelles supérieures). Car c'est bel et bien la petite bourgeoisie de Marx réincarnée que nous retrouvons là – après un passage fréquent par la case « études supérieures ».
Cette classe, si elle bénéficie encore d'un certain nombre d'avantages, voit en effet son revenu réel s'effriter, et est en voie de paupérisation objective, voire de prolétarisation.
Pour reprendre une formule de Todd dans l'introduction du livre, ce sont « des dominés qui se prennent pour des dominants. »
Ce n'est pas leur volonté propre qui aboutit à l'exclusion des classes populaires, mais la logique perverse d'un système dont ils sont eux-même prisonniers et bientôt victimes ; ainsi ils voient déjà qu'à études égales, leurs enfants seront déclassés par rapport à eux-même,
Et Guilluy donne parfois une image très curieuse de cette classe, dont il imagine certains des membres, avec des revenus de l'ordre de 3000 à 4000 € par mois, propriétaires à la fois d'un appartement dans les beaux quartiers parisiens et d'une maison à l'Ile de Ré ou en Corse...
Si de tels individus existent, au vu de mon patrimoine, je crains d'être un bien mauvais gestionnaire de mes revenus...
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Depuis ses travaux sur la France périphérique le géographe Christophe Guilluy occupe une place éminente dans le paysage intellectuel du pays. Toutefois il ne fait pas l'unanimité auprès de ses collègues médiatiques, en particulier ceux qui occupent toute la place sur les ondes du service public et dans les journaux de la bonnepensée comme aurait dit Orwell.
Il faut dire qu'il les attaque de front, passe encore quand il fait ressurgir cette France périphérique mais quand il s'en prend à la bourgeoisie bobo il dépasse les bornes.

La thèse des Dépossédés repose sur le sentiment de perte de cette classe sociale reléguée dans le périurbain et les quelques quartiers populaires des villes que la gentrification n'a pas encore vitrifiés.
La perte en question est non seulement celle de la présence géographique dans les métropoles dynamiques, donc dans l'économie mondiale mais aussi et surtout la perte du sentiment même d'exister. Guilly affirme que les classes dirigeantes, les 20 à 25% des français, financièrement à l'aise et intégrés à la mondialisation, invisibilisent volontairement ce qui est la majorité de la population. Qui plus est cette masse a le défaut d'être française de souche, d'aimer la viande, le vin et de rouler au diesel. Comment être progressiste et ne pas détester ces dinosaures ?

Les élites pensent que tout se règle par l'argent, ils ne comprennent pas le malaise existentiel de cette population, après chaque élection qui marque la montée de l'abstention et celle du RN le discours est toujours le même : « nous avons entendu le message », la suite montre toujours le contraire.
Guilluy démontre qu'une frontière quasi physique s'est établi entre l'élite et le peuple qui ne se rencontrent plus et ne se comprennent pas, rien n'est plus aveugle qu'un bobo qui ne veut pas voir, qui préfère montrer de l'intérêt aux minorités : immigrés, racisés, LGBTQAUEYR++ qu'il ne côtoie pas plus mais ce qui flatte son égo progressiste.

Le problème avec la sociologie telle qu'elle est offerte au grand public vient de son absence de scientificité, évidemment les auteurs s'en défendent mais elle saute aux yeux. La thèse de Guilluy que l'on ne peut que partager parce que l'on a le même ressenti pêche par manque de rigueur, à part quelques chiffres qui vont dans le sens de la thèse rien n'objective le discours. Peut être même est ce impossible de rassembler et d'ordonner tous les paramètres décrivant une société.
Il en va de même pour les opposants de l'auteur, leurs avis contraires sont aussi peu fondés, les sociologues s'appuient toujours sur leur idéologie et sur leur domaine de prédilection pour produire une thèse englobante qui expliquerait le monde entier (voir Todd qui déduit tout par la structure familiale !).

Malraux qui a dit « le vingt et unième siècle sera spirituel ou ne sera pas » a vu juste et Guilluy le confirme l'absence de transcendance, d'espérance pour les classes populaire les poussent au désespoir. le mouvement des gilets jaunes erratique et informel en fut la preuve, l'adhésion au RN tout aussi inconsistante relève du même ras-le-bol et de la tentation d'un saut vers l'inconnu mais qui serait une reprise en main. En Angleterre le slogan du brexit était « reprenez le contrôle » on a vu ce qui l'en a été.
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Christophe Guilluy poursuit son analyse des classes populaires, des dépossédés (du logement, de leur culture, de leur existence même) mais je trouve cet ouvrage moins pertinent, moins sourcé que ses précédents. En outre, le titre est trompeur car au lieu d'étudier les classes populaires, il se focalise davantage sur les classes aisées. Ces classes représentant aujourd'hui 20 à 25% de la population, soit un poids considérable, du fait de la disparition des classes moyennes dont une majeure partie s'est paupérisée quand une autre, moins nombreuse s'est enrichie. Cet aspect-là est probablement le plus intéressant.
L'ouvrage est à charge non contre la bourgeoisie traditionnelle et très fortunée somme toute ultra minoritaire mais contre la nouvelle bourgeoisie cool, progressiste, ouverte qui ne mesure pas toujours l'impact social de ses choix (achat de résidence secondaire ou télétravail sur la côte atlantique désormais inaccessible aux locaux, installation dans d'anciens quartiers populaires des grandes métropoles, non respect de la carte scolaire pour leurs enfants, évitement social, refus de l'altérité sociale, production d'un narratif compatible avec le marché mais aveugle à la réalité du pays réel, la liste est longue...)
Les manifestations des gilets jaunes expriment la volonté de préserver un statut social, culturel de ses classes d'être reconnues et surtout de ne pas disparaître. Difficile dans une société morcelé, segmentée ou l'individu-consommateur a remplacé le citoyen.
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Christophe Guilluy fait parti des auteurs ou j'achète les livres les yeux fermés.
On commence la lecture par le parfum des vacances avec l'histoire et le rapport des classes.
Je suis restée pantoise quand j'ai appris qu'il faut 6 générations pour passer d'un populaire à une classe moyenne.
Ce livre nous parle aussi de la mondialisation.
C'est un document pour comprendre notre époque.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
En réduisant les existences au simple mot de «territoire », la brume technocratique et académique peut évoquer Ie « social » à sa manière, en enfilant des gants blancs, en parlant par exemple de « quartier populaire ». Aseptisé, déshumanisé, technocratisé, Ie «populaire» devient Ie «quartier populaire ».

II est assez croustillant d'entendre des élus se présenter comme les représentants de ces « quartiers populaires » et ainsi emprunter Ie langage typique de la technocratie bourgeoise.

Notons à ce titre que les habitants de ces « quartiers » sont complètement hermétiques et indifférents à ce discours techno-politique : preuve en est leur niveau d’abstention aux urnes. Aux élections législatives de 2022, la NUPES, qui, quoi qu'en dise son acronyme, attire moins de «populaires» que de cadres, professions intermédiaires et diplômés, a réussi Ie grand chelem dans les « quartiers populaires » de Seine-Saint-Denis mais dans l’indifférence de ses habitants. Dans certaines circonscriptions du département, l’abstention a parfois dépassé les 75 % ; certains heureux députés ont été élus avec moins de 10 % des inscrits, ce qui ne les empêche pas de mettre en avant Ie label « quartiers populaires ».
(...)
Les gens se détournent, les conversations d'en haut n'intéressent plus, les soirées électorales font tellement peu d’audience qu'elles sont désormais écourtées, voire remplacées par de vrais divertissements.
___
1. La majorité des cadres votent NUPES (28 %), la majorité des ouvriers se portent sur Ie RN (45 %), Ie macronisme attirant une majorité de retraites (35 %). Source Ipsos.
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Un simple coup d'œil sur la grille des revenus ou sur le patrimoine des ménages permet de casser rapidement le mythe des 99 %. Car, s'il existe bien des perdants et des gagnants, ces derniers ne sont pas que les « ultra-riches » mais bien toutes les catégories supérieures.

L’analyse des revenus mensuels pour l’équivalent d'une personne après impôts et prestations sociales (ce qu’on appelle le niveau de vie) permet de voir où se situe le 1 %. En 2018, le 1 % des plus riches dispose de 6 651 euros par mois, les 5 % les plus riches de 4 090 euros et les 10 % les plus riches de 3 261 euros. Le seuil de richesse (le double du revenu médian) se situe à 3 542 euros. Cela signifie donc que la moitié de la population française dispose de moins de 1 771 euros par mois. Si l'on observe une autre échelle, celle des salaires, les 20 % les mieux rémunérés gagnent plus de 3 000 euros par mois. Quand les classes supérieures dénoncent le 1 %, elles se pointent du doigt.

Autrement dit, les torquemadas du 1 % qui saturent l'espace médiatique sont statistiquement des « riches ». En réalité, et sans confondre ces classes supérieures avec les milliardaires de la Silicon Valley, il y a bien un groupe social qui bénéficie du modèle (20-25 % de la population) et un bloc majoritaire fragilisé, identifié depuis un demi-siècle par la plupart des indicateurs sociaux.
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Parfois, à l'occasion d'une élection, d'une visite ministérielle, d'une mobilisation, le récit s'interrompt et fait place à l’inattendu. De la brume médiatique surgit la vie ordinaire. Un imprévu, un échange spontané, une simple altercation, et le narratif se brise.

Bruno Le Maire en fit l'expérience le 23 février 2018. Ce jour-là, sur le site de l'usine PSA de Mulhouse, le ministre de l’économie était venu « pour garantir aux Français qu'on va garder une industrie automobile et que le site restera ouvert ».

Demi-vérité ou demi-mensonge, cette petite phrase exaspéra les ouvriers et notamment un syndicaliste qui, devant les caméras, n’hésitera pas à interpeller le ministre : « Monsieur, on était 14 000, on ne sera bientôt plus que 5 000 dans l'usine ! Que deviennent les familles ? »

Sonné par cette question somme toute évidente (et légitime), Bruno Le Maire regarde dans le vague, on le sent mal à l'aise. Après quelques secondes d'hésitation, l'acteur se reprend, botte en touche et enchaîne sur le discours technocratique sans contenu dans lequel il excelle.

Mais c'est trop tard ; la journée est fichue. L'image n’est pas bonne.

Pire, il vient d'illustrer par l'absurde le décalage entre récit politique et réel.
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La classe qui a le monopole de la parole peut ouvrir le spectacle ; le grand cinéma de l'irréalité peut commencer.

Tout cela semble déjà (très) lointain, mais un petit detour par la case « crise sanitaire » offre de parfaites illustrations de la construction et du fonctionnement de ce storytelling.

En mars 2020, la population française est confinée. Pourtant, il y a des histoires que l'on entendra plus que d'autres. Dès les premiers jours, les médias s’arrachent les « journaux de confinement » de Leïla
Slimani et de Marie Darrieussecq, donnent la parole à Brigitte Macron «éprouvée» par la période, et questionnent intellectuels et experts sur ce moment suspendu et sur le sens de la vie. Des enquêtes de terrain viennent donner un peu de chair au tableau en interviewant des cadres supérieurs qui télétravaillent depuis leur résidence secondaire bretonne ou varoise. Occultant le fait que la majorité de la population n’est absolument pas concernée par cette nouvelle organisation du travail, les médias nous parlent de l'émergenœ d'un monde nouveau. La nécessité de tout repenser, les réflexions psycho-philosophiques sur le monde d'après se multiplient, et le cadre de ce monde d'après sera, sans surprise, les lieux de vie des catégories supérieures.
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Par glissements successifs, la gauche allait adapter son discours à la quintessence du modèle néolibéral qui était en train d'advenir dans les métropoles. Cette évolution qui consacre l'alliance idéologique entre libéralisme économique et libéralisme culturel annonçait les victoires à venir des socialistes puis des écologistes dans ces bastions du capital détenus hier par la droite.

À cet égard, on ne souligne jamais assez l'importance de l’élection de Bertrand Delanoë en 2001 à Paris, métropole la plus riche de France, au moment même où les classes populaires en étaient joyeusement chassées par les agents de l'embourgeoisement, ces fameux « bobos ». C'est en captant ce nouvel électorat, cette nouvelle bourgeoisie cool, que la gauche allait emporter Paris. Mais gagner Paris, c’était évidemment perdre le peuple. Les victoires successives de la gauche dans toutes les villes métropolisées annonçaient son enfermement idéologique puis politique.

Prisonnière de son ghetto métropolitain, la gauche se coupait définitivement de sa base sociologique traditionnelle, celle de la France périphérique. La métropolisation s'avérera être son cimetière.
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