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sur 12576 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jamais démenti depuis sa publication en 1947 par Albert Camus, le succès de la peste en librairie a rebondi en 2020, comme un effet secondaire de la pandémie de la Covid-19.

Pour ses premières ébauches, l'écrivain avait été inspiré par de petites épidémies locales survenues en Algérie, sa terre natale. Il a finalement opté pour la « chronique » d'une peste fictive d'envergure qui se serait abattue sur Oran, amenant au confinement total de la ville. Un confinement différent de ce que nous avons connu, puisque dans le roman, il n'est question ni de masques, ni de gestes barrières, ni de fermeture des restaurants – qui sont bondés –, alors qu'en revanche, la ville est totalement bouclée, nul ne pouvant y entrer ou en sortir ; le courrier est interrompu, de peur que les lettres ne transportent des germes, le réseau téléphonique interurbain est coupé, ne pouvant supporter l'afflux prévisible des communications.

La peste est une maladie fortement létale. Mais le risque est aussi de se retrouver prisonnier ou exilé. de l'intérieur ou de l'extérieur, il n'y a alors aucune possibilité, pendant de longs mois, d'échanger avec des parents ou des êtres aimés, si ce n'est par de très courts télégrammes. de quoi réduire le souvenir de l'autre à une pure abstraction. J'ai été sensible à l'enfer personnel – pudiquement passé sous silence – vécu par le docteur Rieux, personnage principal et narrateur discret, dont la femme, gravement atteinte de tuberculose, était partie se faire soigner à la montagne.

Le livre peut se lire rapidement si l'on se cantonne à la chronologie des événements, si l'on tient les commentaires du narrateur pour de simples observations anecdotiques et si l'on ne se pose pas de questions existentielles sur les attitudes des différents personnages, lesquels vivent au quotidien, chacun à sa façon, les sujétions de l'épidémie. Si je me fie à mes souvenirs, c'est dans cette disposition d'esprit que j'avais lu La peste dans ma jeunesse.

La lecture prend une autre dimension quand on sait que Camus voyait son livre comme une allégorie de la résistance au nazisme pendant l'Occupation, mais aussi lors de l'insidieuse contamination des esprits par la « peste brune » tout au long des années trente. Une dimension qui oblige à une lecture lente, analytique, laborieuse. Car comment nous projeter en ce temps-là, désormais, alors que nous sommes englués dans notre propre actualité liée à la Covid-19 ?

J'ai souri en retrouvant dans le livre une Administration qui hésite, qui tarde à réagir, craignant les réactions de la population, à juste titre d'ailleurs, car l'on conteste, proteste, minimise ou dramatise à l'excès, tout en se pliant bon gré mal gré aux privations de liberté qui s'imposent. La mise au point de vaccins suscite l'espérance, puis d'amères désillusions. Mais ce qui désespère les gens est le sentiment de n'avoir aucune prise sur le fléau, sur son expansion, sur sa durée : jusqu'où et jusque quand cela durera-t-il ? se demandent-ils, comme nous.

Malgré le réalisme atroce de certaines scènes d'agonie, la peste du roman n'est pourtant qu'une abstraction, un fléau absurde qui apparaît et prend fin sans véritable explication, un drame auquel la population cherche un sens alors qu'il n'en a pas. Une maladie comme la peste, une idéologie comme le nazisme ne seraient que des incarnations du Mal, apparaissant sans raison pour frapper l'humanité.

Les personnages du roman nous éclairent sur les convictions de Camus. Ceux qui cherchent une réponse dans la religion ou dans les idéologies se fourvoient. Quelques-uns – les collabos ! – profitent du Mal, mais la majorité choisit de résister, chacun à sa manière. Au-delà de la fureur, du désir de vengeance ou de l'héroïsme exalté, la résistance appropriée serait d'intervenir au quotidien auprès de ses concitoyens pour les aider à survivre, ainsi que s'y emploie activement le docteur Rieux, un humaniste attentif à tous, soucieux d'accomplir sa mission de médecin.

Je garde de cette deuxième lecture de la peste le souvenir de moments difficiles, mais intéressants, et il n'est pas exclu que j'y revienne un jour.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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J'ai aimé ce livre pour sa profondeur philosophique, la qualité de son écriture, et l'histoire qui nous tient en haleine jusqu'à la fin.
J'ai moins aimé quelques passages un peu longs. de plus, je déconseille de lire ce livre en pleine pandémie (ce que j'ai fait !), c'est un peu flippant !
En résumé, un grand classique à lire absolument.
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Lire "la peste" en pleine pandémie...
Folie, envie, s'évader, rester...

Et pourtant : déni, désillusion, tragédie, réalité, cachoterie... si près de ce que nous pouvons entendre depuis maintenant un bout de temps.

Camus nous livre un livre vrai, bref dans le déroulé mais intense dans l'intrigue, comme l'histoire de la vie, l'éveil, la rencontre et la fin.

Comment ne pas être sensible au récit, ni dramatique dans la description, ni empreint de pathos, mais simplement réaliste.

Camus le vrai, Camus le juste!
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La Peste, est paru en 1947 aux éditions Gallimard, dont il est le troisième plus grand succès, après le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry, et «l'Etranger » du même Albert Camus.
Pourtant, Camus était grandement surpris de son succès, étant d'ailleurs insatisfait du manuscrit.

Le scénario est celui des chroniques d'un épisode de peste survenu dans les années quarante dans la ville de Oran en Algérie, telles que rapportées par un Narrateur dont on découvrira l'identité à la fin du livre.

Ce livre, avec les autres ouvrages de ce qui a été appelé le « cycle de la Révolte », aura participé à l'obtention du prix Nobel de la littérature en 1957. Lors de ce discours (dit Discours de Suède), Camus a dit vouloir « se mettre au service de ceux qui subissent l'Histoire », et c'est en partie ce qu'il fait ici.

Le propos de Camus sera celui des réactions de l'Homme face à un Fléau.
Comment, face à l'adversité imprévue, la recherche de sens amènera différentes attitudes: les superstitions, la religion, l'humanisme, « l'héroïsme » ou encore l'action pragmatique et réactive; mais aussi le « faire avec », voire en profiter.

L'ouvrage présente les actions de héros du quotidien, et exprime l'admiration pour le courage, la solidarité.

Le manuscrit a été rédigé par Camus durant la seconde guerre mondiale, et l'auteur aura aussi proposé par ce texte une allégorie du nazisme (surnommé « peste brune »); les différents personnages étant autant de figures de la résistance et de la collaboration entre autres.
Et c'est en effet en dernière partie d'ouvrage que le sens de cette allégorie sera plus visible:
« je sais de science certaine (…) que chacun la porte en soi, la peste, parce que personne, non, personne au monde n'en est indemne » (p 291)
« Il semblait que la peste à son tour fût traquée et que sa faiblesse soudaine fît la force des armées émoussées qu'on lui avait, jusqu'alors, opposées. » (p 311)
« (…) finirent par confirmer, dans l'esprit du public, la conviction que la victoire était acquise et que la maladie abandonnait ses positions. »
p 311
« on peut dire d'ailleurs qu'à partir du moment où le plus infime espoir devint possible pour la population, le règne effectif de la peste fut terminé. » (p 312)

Camus expose ici un défi grandeur nature de l'Homme face à « l'absurdité de la vie » (cycle de l'absurde), et propose différentes réactions de la Révolte face à celle-ci. C'est ainsi qu'il nous dit:
« (…) et pour dire simplement ce que l'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. » (p355)

Mais Camus de nous prévenir:
« (…) le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais (…) » (p 355)

Parmi les livres de Camus que j'ai lu jusqu'à présent (L'étranger, La Chute, La Peste), c'est le livre que j'ai le moins apprécié sur le plan de l'écriture. Toutefois, les thématiques en sont peut être les plus fortes, et surtout, j'ai encore été tout à fait impressionné par la capacité de Camus à choisir la forme de son roman et de sa plume en adéquation avec le fond.
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Le lecteur appréciera l'écriture simple de la narration qui sait s'emporter vers davantage de faste lorsque la profondeur du propos l'exige.

Les échanges entre les personnages sont riches de réflexions profitables à tous (y compris lorsque le temps n'est pas à la peste). On y trouve parfois des fulgurances (sur l'amour, Dieu, l'amitié, l'humanité) que le lecteur le plus dévoué se hâtera de prendre en notes.

Le récit du prèche du père Paneloux est un des moments intenses du livre (avec l'évocation, je crois, du tableau de Delaunay, la Peste à Rome).
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Parce que ce livre est un classique et qu'il a fait son grand retour au 1er confinement... Victime de ce nouveau succès, je n'avais pas pu me le procurer avant le déconfinement.
Aujourd'hui, vues les circonstances je trouve qu'il avait toute sa place pour être lu. Bon ok, c'est pas très divertissant dans ce contexte!

Très vite, j'ai senti une certaine distance à travers la narration du récit: on a l'impression que cet épisode est raconté par un "journaliste" pour apporter davantage des faits qu'un jugement. Cela m'a sûrement donc amenée à ne pas me sentir totalement concernée par ce texte.
Le style est assez simple à lire (ouf! je m'attendais à pire) mais certains passages sont longuets et m'ont demander de persévérer. Certains personnages semblent sans importance mais finalement ce sont eux les protagonistes de cette "aventure".
Pour revenir à cet épisode "traumatique" et faisant le parallèle avec ce que nous vivons actuellement, je n'ai pas eu l'impression qu'il y a eu 75 ans d'écart... Tout est très ressemblant: le mal que l'on peine à reconnaître et qui a le temps de s'étendre avant que des mesures ne se mettent en place, des traitements qui ne fonctionnement pas toujours, des moyens médicaux insuffisants et des morts beaucoup trop nombreux... Cela est presque effrayant de voir que notre société qui évolue n'a pas progressé sur cet aspect...!
La grande différence que j'ai pu faire entre notre confinement et celui décrit: eux, sont enfermés à Oran alors que nous on peut se déplacer dans les villes (selon nos autorisations) donc il peut être vécu différemment et moins telle une prison; mais la vie semble continuer et des moments de plaisir sont nommés (peut-être était-ce inconscient...?) alors qu'aujourd'hui ce n'est malheureusement pas le cas.
Et la fin est encore plus alarmante et flippante! Il nous laisse bien sous-entendre que la maladie n'a pas vraiment disparue: "Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on ne peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge [...] le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse."

Livre très vertigineux et qui montre que notre société, malgré son évolution, n'est pas réellement prémunie de grandes catastrophes épidémiques... Cela fait froid dans le dos!!!!
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Inutile de présenter en détail ce roman si connu d'Albert Camus paru en 1944, et redevenu d'actualité en 2020 à l'occasion de la pandémie du COVID-19 : le scénario décrit par Albert Camus apparaît d'ailleurs comme prémonitoire à bien des égards.
Je relèverai cette si belle prose d'Albert Camus, fluide, concise, juste et pertinente : sans se noyer dans les détails, il relève toujours celui qui sera éclairant et révélateur. À côté du personnage principal, le Dr Rieux
qui s'avère être le narrateur, il y a trois ou quatre autres personnages importants qui suffisent à structurer le récit.
Mais surtout, sur cette histoire d'une épidémie de peste à Oran, Albert Camus greffe avec la plus grande habileté, et l'on pourrait dire très naturellement, des considérations sur le devoir, l'amitié, la souffrance, la mort, et donc la vie, et nous emmène ainsi dans une réflexion philosophique d'une très grande justesse et de la plus haute tenue.
Toutes ces éminentes qualités font que l'ensemble se lit plus qu'agréablement et n'a pas pris une ride.
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C'est un relecture car ce roman a plusieurs fois croisé ma vie et moi la sienne. A Oran, dans les années, quarante, les rats disparaissent...Bientôt, on tombe malade : c'est la peste. D'abord peu prise au sérieux, la maladie se fait entreprise de mort et saisit tous ceux qu'elle convoite. Les saisons passent et enfermés dans leur ville, les Oranais ont peur mais pas seulement...Car la peste exacerbe leur sensibilité, les rend plus craintifs certes mais plus sensibles aussi et parfois plus audacieux...Puis l'épidémie quitte la ville, aussi radicalement qu'elle y était apparue.
Je ne risquerais pas à faire une analyse d'une oeuvre déjà si lue et commentée. Je retiendrai de cette aventure qu'est la lecture de la Peste , certains passages : la mort du fils du juge en premier lieu et celle de Tarrou en second. Et bien sûr, celle de l'ecclésiastique Paneloux. La rémission de la maladie chez Grand et chez Cottard et la folie qui frappe ce dernier. Et puis tout ce qui est dit sur l'amour conjugal ou maternel, les peurs humaines, la dignité et la fragilité. A ce titre, c'est un extraordinaire roman sur la condition humaine et la recherche de la dignité.
Texte magnifique dans son écriture et fort métaphoriquement.


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Roman faisant partie du cycle de la révolte, écrit en 1947. Albert Camus plante son décor dans la ville d'Oran. Il décrit une épidémie de peste bubonique et pulmonaire, ses ravages sur la ville... l'organisation des médecins, le travail d'orfèvre de toute une communauté et l'entraide pour l'éradiquer et arrêter sa propagation...
La description détaillée des événements, la déclaration tardive de la maladie, les mesures prophylactiques, la mort, la tristesse et la douleur à la perte de l'être cher... tout nous renvoit à cette pandémie covid 19. Absolument tout ! le texte est d'actualité et d'une réalité sidérante. Mais aussi plus profond, camus nous lance un clin d'oeil tacite et une allégorie saisissante de la résistance à la peste brune. Il previent : ''Et que peut être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse''.

Une lecture qui m'a décontenancée et malmenée ! Je pense que le moment de lire ce roman a été inopportun, vu le contexte actuel, le stress du boulot ... mais que je conseille tout de même pour les curieux et les amoureux de la philosophie camusienne.
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Bien entendu, la lecture est à mettre en perspective de la Covid 19. Je n'avais jamais lu ce livre et au delà bien sûr du parallèle facile à faire avec nos évènements récents ( et hélas encore présents) , Albert Camus nous dresse un tableau saisissant de la ville d'Oran et met en tension quelques personnages que l'épidémie met en tensions.
C'est fort, bien écrit, ca fait réfléchir aussi sur le role de la médecine et de la religion….sans donner ni leçon, ni solution toute prête à avaler.
un beau moment de lecture et de réflexion.
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