Je n’aurai pour compter
Que mes dix doigts
Mais on ne compte pas les boutons de rose
Ni les perles de rosée
Ni le sable des plages.
D’ailleurs, d’ici que j’arrive,
J’aurai désappris à compter
Mais appris tant d’autres choses
Prête-moi ta plume, vent de l’aventure,
Ta plume qui trempe dans l’eau des torrents,
Prête-moi ta plume pour graver ton nom
Sur tous les bétons des villes sans arbres,
Sur tous les goudrons des routes sans âme.
Prête-moi ta plume, vent de l’aventure,
Avant que torrent ne soit plus qu’égout,
Avant que la terre ne soit que poussière.
Certains se lèvent tôt pour aller au bureau,
À l’usine, à l’école ou bien sur un chantier.
Toi qui n’as jamais sué à l’ombre d’un métier
Tu te lèves pourtant à l’heure du travail
Car le premier rayon est l’aube d’un tableau
Qui ne te laissera jamais plus en repos.
Tu affûtes tes pinceaux sur les pierres des songes,
Tes univers s’enroulent aux crinières des rêves,
Mais que c’est dur parfois d’être trop à l’avance
Ou d’être demeuré au plus pur de l’enfance !
Cette rêverie me fait mal.
Je rêve,
Mon opium est dans mon cœur,
Je rêve,
Le bonheur vient et s’efface…
Toi qui me cries sois heureuse,
Mon cœur qui ne peut pas l’être,
Printemps, tu as perdu la partie,
Je suis un éternel automne.
Et l’horizon tremblant,
Un fil de fer que les mouettes font vibrer
Quand elles le frôlent de leurs ailes,
Un fil de fer où la brume se suspend comme un linge mouillé,
Une frontière, une fenêtre sur le ciel et la mer.
Claudine Candat au micro de Greg Lamazères sur Télétoulouse