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EAN : 9782246819349
116 pages
Grasset (06/03/2019)
2.75/5   2 notes
Résumé :
Quelle est cette pièce blanche où le narrateur est enfermé ? Lui-même l'ignore alors qu'il s'y réveille un matin, ou un soir. Il ne parvient pas à se rappeler ce qu'il a fait la veille ni à comprendre pourquoi il est enfermé. La pièce est petite, étroite et propre, à dominante de blanc. Devant lui, un ordinateur dont l'accès à internet est limité. A côté, une machine à distribuer de la nourriture. Au gré des tintements du four micro-ondes, en consultant Wikipédia et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un avertissement en début d'ouvrage nous informe que le texte que l'on va lire provient d'une clé USB dont il a été impossible, malgré des recherches, d'identifier le propriétaire, journaliste dont la disparition est sans doute en lien avec celles d'autres membres de la même profession, survenues "aux moments les plus forts des Evénements".

Puis on plonge dans le texte...

Le narrateur s'éveille dans un espace blanc, sans porte ni fenêtre, avec pour seule ouverture une grille d'aération trop étroite pour laisser passer un corps. Un trou de mémoire l'empêche de se souvenir des événements ayant précédé cet enfermement. le lieu est étroit (à peine deux mètres carrés) mais fonctionnel, la moindre surface est équipée pour permettre l'assouvissement des besoins vitaux d'alimentation et d'hygiène. Son ordinateur a été mis à sa disposition, mais seuls les accès à Google Earth et Wikipédia lui sont autorisés. Sur un écran occupant la largeur d'un mur, défilent continuellement les mêmes séries de photographies tirées de ses dossiers personnels.

Il consigne dans une sorte de journal ses efforts pour structurer le temps passé dans cette prison. Aucun élément extérieur ne lui permettant de distinguer le jour de la nuit, il tente de se créer des repères en se fiant à son propre rythme biologique -la faim, le sommeil-. Il ordonne le peu d'activités à sa disposition (navigation sur ordinateur, séries de pompes, repas) en les chronométrant à l'aide du minuteur du micro-ondes qui lui permet de réchauffer les plats distribués par un automate. Pour conserver un semblant d'espoir face à l'absurdité de la situation, il lit sur Wikipedia les récits d'autres victimes de disparitions forcées ayant survécu.

Invoqués par les photos projetées à l'écran, ou par les visites virtuelles qu'il effectue, via Google Earth, sur des lieux de son existence, les souvenirs qui s'insèrent dans son témoignage nous livrent des bribes de sa vie et de sa personnalité. Son attirance trouble pour celui qu'il nomme son "filleul", dont la bouleversante beauté se rappelle à travers de nombreux clichés, prend notamment beaucoup de place. Il se remémore leurs séjours à Venise, leurs liens d'amitié amoureuse avec la gardienne de l'immeuble de la rue Charonne où il habite. Ses obsessions s'invitent aussi dans son texte : sa phobie des cafards, son angoisse de la fuite du temps, sa paranoïa de l'enlèvement -!-, déclenchée par un reportage effectué en Corée.

Ses allusions au contexte politique et social mêlent éléments réels à ceux qui pourraient être, la fiction venant exhausser la part la plus désespérante, et la plus vile de notre réalité. Il est question de l'attentat du Bataclan, et d'une vague d'autres à la suite desquels un couvre-feu a été instauré, ainsi qu'une généralisation des contrôles au faciès, de troubles populaires et d'un référendum portant sur la révision du droit de grève et la criminalisation de l'action syndicale. Un "oui" liberticide et xénophobe l'a emporté juste avant son kidnapping...

Sur le pourquoi de cet enfermement, nous n'aurons pas de réponse. Il m'a semblé en effet que le but du récit était de nous renvoyer à nos angoisses, universelles -le passage du temps- ou conjoncturelles, et de nous interroger sur la part de paranoïa qui les génère.

Et j'avoue avoir été déçue, car j'aurais aimé que l'auteur creuse plus profondément cet aspect de son intrigue, en décrivant plus longuement les effets de l'enfermement sur son personnage. Je m'attendais à un récit plus centré sur le basculement dans la folie. J'ai trouvé que le personnage s'accommodait un peu trop facilement de sa situation, que même son désespoir restait mentalement maîtrisé, et que le déroulement de l'ensemble s'étendait sur un temps trop bref pour atteindre une intensité que j'ai, en vain, espérée...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le sujet tient en peu de mots : un homme se retrouve un jour enfermé dans une pièce blanche, sans aucune ouverture, et il ne sait pas pourquoi.

« C'est un espace à dominante de blanc, sans porte ni fenêtre, pas plus large qu'un couloir et à peine plus long qu'un lit. Une grille d'aération pratiquée dans le plafond le ventile d'une manière efficace. La température que j'estime autour de vingt degrés me paraît constante et agréable à la peau. »

Flippant, non ? Imaginez-vous dans une pièce totalement hermétique, exiguë, et sans aucun lien avec le monde extérieur.

Et bien, moi qui suis extrêmement claustrophobe, je n'ai pas ressenti d'effet secondaire, nulle palpitation, aucune sensation d'étouffement, et ceci grâce à la narration qui permet au lecteur de sortir de cette pièce au gré des souvenirs du personnage. Alors, oui, c'est inquiétant, très inquiétant même, parce que, d'après ce que l'on comprend, cela pourrait arriver très bientôt, cette chasse aux opinions différentes.

Le voile se lève très progressivement, aussi bien sur les travers du personnage que sur ceux de la société. C'est habilement mené. Ce roman nous alerte et en même temps nous livre le portrait d'un homme qui n'a rien d'un saint, et ça, j'ai aimé. C'est dit mais pas de manière appuyée. On a affaire à un homme pour le moins ambigu, avec ses vices et ses vertus et les personnages qui gravitent autour de lui ont une part de mystère assez intéressante. On comprend à demi-mots que la société est totalitaire. Et j'ai adoré l'intrusion d'un personnage d'un roman de Philippe Claudel, quelle chouette idée originale.

La fin est juste. J'ai vraiment passé un bon moment avec ce roman français totalement éloigné de l'autofiction. Une belle écriture, une construction efficace qui commence par un avertissement en guise de hors d'oeuvre, et que l'on relit en digestif pour mieux comprendre le procédé littéraire.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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