AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,42

sur 19 notes
5
2 avis
4
8 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Carnevali aurait très largement pu s'inspirer du sketch de Coluche  "On a pas eu d'bol".
Punching-ball officiel de sa délicieuse génitrice morphinomane dès son plus jeune âge, répudié par son père, c'est au pays de l'oncle Sam, deuxième à gauche après le rond-point, que ce jeune rital exilé y entreverra son salut. Les emmerdes ayant tendance à voler groupées, à 23 ans, l'âge des possibles, Carnevali décroche la timballe et accessoirement une encéphalite qui lui pourrira très largement le restant de sa courte vie.
Fortiche pour trouver divers boulots, beaucoup moins lorsqu'il s'est agi de les garder, Em' trouvera en l'écriture un exutoire salvateur...jusqu'à l'âge avancé de 45 balais, temps pour lui de tirer sa révérence.

Paru aux éditions LaBaconnière, le premier dieu et autres proses, autobiographie percutante s'il en est, fait état d'un homme à l'esprit aussi fertile et talentueux que complexe.
Très à l'aise avec les mots, beaucoup moins avec ses condisciples qu'il conchie régulièrement, l'homme apparaît éminemment intrigant lorsqu'il évoque son parcours chaotique et non moins douloureux.
S'il manie le verbe avec une rare aisance, il n'en reste pas moins un être torturé difficilement estimable sur le plan humain.
D'où cette difficulté majeure, me concernant, à en extraire à sa juste valeur la portée fulgurante de ses écrits d'une qualité cependant incontestable.
L'homme n'aime pas les femmes, ou très mal.
L'homme n'aime pas ses amis, ou très mal.
L'homme n'aime pas les juifs qu'il estime tous petits et laids.
L'homme s'aime au-delà de toute commune mesure, comprenant difficilement qu'un mec comme Shakespeare soit bien plus reconnu que sa petite personne...
Faut dire que le bonhomme ne possède aucun filtre entre sa pensée et sa verbalisation. Pour ton p'tit boulot d' ambassadeur, tu repasseras...et pour les ferrero itou.
Même si les circonstances atténuantes pullulent, je suis resté sur le bord du chemin, préférant très largement ses autres proses, accompagnées des rares témoignages de ses plus proches amis, à son autobiographie.
Carnevali, c'est un style, une folie, un cri qui n'aura, hélas, peut-être pas résonné en moi à sa juste valeur.

Grand merci à Babelio et aux éditions LaBaconnière pour la découverte de ce personnage romanesque hors norme.

Commenter  J’apprécie          323
Etrange ce livre… Pendant un temps j'ai cru à une mystification, un peu à la façon de W. Boyd et de son Nat Tate. Cet auteur italien, Emanuel Carnevali, inconnu de tous et qui apparaît comme cela, sans crier gare… Cela fait un peu artificiel… Mais bon, la lecture du livre m'aura convaincu (eu ?) de son existence.

Donc, la première partie du livre (« le premier Dieu ») est une chronique autobiographique des péripéties dudit Carnevali, de son enfance malheureuse, de sa jeunesse italienne difficile, de son exil aux Etats-Unis (New-York puis Chicago), et enfin de son retour dans son pays natal, pour y finir ses jours. Absolument certain de sa supériorité intellectuelle, Carnevali compense ainsi un physique pour le moins ingrat (dixit lui-même) par un dégoût profond de l'humanité. Malgré des passages d'une lucidité incroyable sur lui et sur les autres, un style parfois magnifique, il est difficile de supporter le personnage principal. Chaque fois que perce dans ce texte un début d'attitude positive vis-à-vis de quelque chose ou de quelqu'un, il le démolit dans les phrases qui suivent à coups de petites phrases assassines.

Malgré cela, malgré également quelques escapades littéraires un peu ennuyeuses aux frontières du mysticisme, ce témoignage reste vraiment intéressant, en particulier pour les descriptions concernant l'immigration italienne aux Etats-Unis au début du 20ème siècle. Les périodes de vaches maigres, de meublés en meublés, vécues par de nombreux intellectuels, écrivains ou poètes, à la recherche de notoriété et de magazines pouvant les publier, sont bien rendues et présentent un certain intérêt. John Fante a décrit avec splendeur le sort de la classe ouvrière italienne aux Etats-Unis lors de l'entre-deux guerres. Ce texte nous propose un regard complémentaire sur les artistes exilés en quête de notoriété.

La seconde partie de l'ouvrage complète utilement le texte du premier Dieu, par des nouvelles et de courts textes en prose, donnant ainsi une vision plus approfondie de certains des personnages (par exemple Mélanie Piano sa tante), ainsi que du talent d'écriture de l'auteur. Talent avorté par sa mort prématurée, des suites d'une encéphalite léthargique, maladie du zombie, étrange comme l'aura été cet auteur, très courante à l'époque, et encore mal comprise. Décidément, oui, très étrange ce livre…

Merci beaucoup à Babelio pour l'envoi de cet ouvrage et l'opportunité donnée de découvrir cet auteur insolite. Merci aussi à Emilio Clementi, membre du groupe italien Massimo Volume (http://www.massimovolume.it/), pour sa préface instructive.
Commenter  J’apprécie          131
Il parait qu'en Italie ceux qui font pipi au lit, on leur coupe le zizi pour en faire des spaghettis, bon ça finalement il n'y a pas assez d'études empiriques afin de vérifier la véracité de cette sagesse populaire d'autant qu'en Angleterre il paraîtrait que ceux qui font caca par terre, derrière, pomme de terre etc... bon voilà tous les humoristes reconnus par la profession ont attesté de ma grande capacité à l'humour, donc je suis un humoriste, par contre si c'est ma voisine du dessus ou du dessous qui atteste cette vérité cela fait-il de moi un humoriste ? Vous avez deux heures.

Avec notre cher ami, je m'y perds, ou il est con comme ses pieds ou alors il est génial, il faut dire que seulement 3 écrivains disent qu'il est super et vu qu'ils (que je ne les connais pas) ne sont pas connus, leurs appréciations me laissent pantois.

C'est sûr, si Fante, Bukowski, Miller, et autres cabossés de la vie, de l'âme et donc de l'écriture avaient approuvés ce bouquin, on en aurait déjà entendu parler.

Il n'empêche, ce gars là, il part/fuit de l'Italie pour les USA et souhaite devenir écrivain, vu que question santé c'est pas demain la veille qu'il battra Jessie Owens à la course, donc il fait comme tous les autres ont fait avant lui, rien, des boulots de caca et il écrit, en anglais s'il vous plait.

Y a du bon, y a du moins bon, j'ai lu dans des critiques qu'il était un individu détestable, personnellement je m'en fiche, il y a de très belles phrases, et il y a du cliché, à boire et à manger en somme et puisqu'il n'est plus là pour se défendre, je laisse le soin à l'auteur de se justifier :

"Aimable ou détestable lecteur, je te dis adieu. A me suivre, tu n'as pas trop bridé ton imagination ou ton intelligence. Si ce que j'écris est trop facile à comprendre, tu en feras peu de cas ; et si c'est juste assez difficile, tu te sentiras le droit de me mépriser quelque peu, de me mépriser et de te réjouir d'avoir une intelligence supérieure à la mienne. Etant moi-même lecteur, je connais tes ruses. "

Merci à Masse Critique et aux éditions LaBaconnière de m'avoir permis de découvrir ce livre.

Faites un tour sur les citations, y a du beau, il m'a ému dans certains côtés et d'autres il m'a laissé de marbre, comme un homme en somme.
Commenter  J’apprécie          120
Lu dans le cadre de l'opération Masse Critique.

J'aime l'Italie, j'ai un faible. Donc un a priori positif. Autre a priori positif un antécédent de lecture italo-us, John Fante, et puis la référence à Bukowski (bien que celui-ci soit postérieur à Carnevali) ou celle à Hamsun... Bref, j'attendais beaucoup.
Le livre, l'objet, édité par LaBaconnière, est réussi, sobre et un rien original dans sa couverture double, une seule coquille trouvée dans le texte : très bien.

Maintenant, le contenu, le Premier Dieu et autres proses.
La partie dite autobiographique est relativement inégale pour moi, elle oscille entre platitudes et surprenantes métaphores extrêmement bien vues et originales, un peu comme la couleur blanc, gris, noir de la couverture, il y a énormément de différences de niveau, d'éclair(age)s dans le texte.
L'histoire du personnage Carnevali c'est l'histoire d'un nul et non avenu, d'un laissé pour compte, d'un talent? oublié, de petites misères, de déchéance, de fulgurances parfois. Néanmoins, la réalité est que personne ou presque ne le connaît et qu'il y a fort peu de choses écrites par lui et publiées par d'autres... Triste. En cela je me retrouve personnellement et quelque part à mon coeur il gagne des points.

"Parfois, c'étaient les poèmes qui consumaient mes pensées, s'avançant dans mon cerveau comme une armée de fourmis ou me dévorant comme autant de vers. Mais à quoi bon cette obsession pour les mots, me disais-je, s'il n'est personne pour les écouter ?"

Un extrait illustrant le style Carnevali : "A l'Hotel of Spain, je trouvai un nouvel emploi et dans la 29e Rue une nouvelle chambre. (Combien de moi-même ai-je laissé dans les chambres meublées ? Autant que de cheveux laissés sur chaque oreiller ? Quelle part de ma vie a été déchirée, lacérée, mortifiée et asservie par les chambres meublées d'Amérique ? Si toutes les heures que j'ai passées dans les chambres meublées pouvaient durcir comme les grains d'un rosaire, elles formeraient les notes d'un cri sans fin qui parviendrait, peut-être aux oreilles de Dieu. ..."

Oh, j'oublie de dire que son histoire se passe de 1897 à 1942, soit un monde tourmenté, une Italie fasciste de Mussolini, une Amérique de la prohibition et de la crise... Pas facile, quoi.

Carnevali était un écorché vif, un Italien, avec un rapport aux femmes remplis de cliché, l'attachement à elles comme à une mère, les femmes-putes méprisables, la peur et l'intérêt ultime. de quoi fait bondir les féministe aussi.

"Annie, je ne me suis jamais abaissé à demander un seul cadeau à cette grande dame inflexible qu'est la vie. Je me suis contenté de broder un manteau de rêve régalien pour recouvrir mes os tremblants.'

Il décrit et parle beaucoup de ses rapports compliqués tout autant avec Dieu, un dieu qui finalement est bien utile quand il se désespère, utile à haïr, inutile à invoquer, oublieux, méprisant aussi, tout comme Carnevali lui-même évidemment.
Carnevali parle d'amis, ou de non-amis, de ses amours ou non-amours, de sa famille (mère, frère, père, tante...) tout ce qui sème une vie, parsème une vie, n'importe quelle vie, de la plus banale des vies à la plus folle... Carnevali ne cesse de s'interroger sur sa propre folie, renvoyée ou évaluée à l'aune de ses rencontres, et de ses passages au sanatorium ou dans une Villa "psychiatrique"... Se rassure, s'inquiète, nous rassure, nous inquiète.

Déçu de l'école, débarque dans l'école de la vie, petits boulots minables en tentant en vain d'écrire et d'être publié (pas spécialement génialissime dans ces parties vécues, Bukowski est nettement plus amusant et tout autant descriptif). Aidé financièrement parfois, par quelques-uns, abandonné parfois ou est-ce lui qui ne cesse d'abandonner...

"Tout ce que nous apprenions en classe, nous l'aurions fatalement oublié, car l'école est un lieu où l'on oublie tout ce dont on devrait se souvenir et où l'on se souvient de tout ce que l'on devrait oublier."

Le livre c'est l'Italie aimée, pleine de saveurs et de sensations nostalgiques et l'Amérique idéalisée et décevante, grise (comme ce livre) et les rebondissements entre elles. L'Italie il y nait et il y meurt, l'Amérique il y passe. Où disparaissent les nuages ? Ses larmes qui sortent trop puis ne sortent plus...

"Adieu, ravioli de Milan, zampone de Modène, agnolotti de Turin, spaghettis à la napolitaine, adieu ! Et pourtant, je n'éprouvais pas la nostalgie de ces mets en quittant l'Italie. C'était l'essence, la part exquise de l'Italie que je quittais, peut-être à jamais. Je me souviens qu'en Amérique, lorsqu'il m'arrivait de chanter dans les rues une chanson italienne, je me mettais à pleurer comme un sot. Une chanson peut parfois signifier une nation tout entière. On peut en outre éprouver d'autant plus de nostalgie pour un pays qu'on y a beaucoup souffert. Avec le temps, la nostalgie devient une sorte de dédommagement de la souffrance. Il y a toujours une grande sensation d'humilité avec le pays où l'on a souffert, c'est avant tout cette humilité dont on ressent le manque lorsqu'on est loin."

Au fond, le livre c'est l'expression de regrets, de tentative de réconciliation ou de pardon, pour finir en paix... Réussi ou raté, qui sait ?

Quant à "Les autres proses"...Sur de petites et grandes choses là encore, sur de petites gens, et sur de grands sentiments... On brasse là encore platitudes et fulgurances émouvantes ou stylistiques. Ca reste (in-)cohérent. [Sourire]

"La nuit, et les amis qui pensent et ne pensent pas à moi, m'effraie. Les amis ont peur de plonger en moi, comme si j'étais à leurs yeux un étang aux eaux vertes et trompeuses. Il est vrai que mon visage est souvent vert."

Figure aussi une partie nommée "Une Histoire" "Journal de Bazzano, 1928",suite de petites saynètes plus ou moins réussies (in-)également. J'ai particulièrement apprécié le 25 juillet.

Les trois témoignages respectivement de William Carlos Williams, Sherwood Anderson et Robert MCalmon n'ajoutent pas beaucoup, ils confirment un personnage dans ce qui a été (d-)écrit tout du long de l'ouvrage. Pas spécialement une plus-value. Pareil pour la notice biographique, pas spécialement de plus.


J'ai lu sans déplaisir cet ouvrage-recueil, je ne suis pas certain de m'être fait un ami indispensable en cet auteur et donc pas certain de le suivre, ou plutôt de suivre ce que ses amoureux en publieront. Il vaut le coup d'oeil et il n'est pas incertain que vous, personnellement, n'en tombiez amoureux. Allez savoir.

Je laisse les derniers mots à Carnevali :
"Mais la nuit, la lampe à gaz est le soleil d'un monde malade et la table, les chaises, la bibliothèque sont desséchés, silencieux et tristes comme des lépreux. La bibliothèque. Les livres. N'importe quel livre. La première ligne du premier livre entraîne toutes les lignes de tous les livres ; je les ai tous dans le sang, ces petits microbes noirs - dès qu'on en a lu un, on est contaminé et la maladie s'installe.Ils crient si fort ! C'est une honte de laisser imprimer des choses pareilles ! Ca ne vous fait pas peur ? Et nous, lecteurs, nous passons devant les tombes béantes de ces livres, devant ces corps déchiquetés, nous regardons un homme sortir un bras de sa tombe et agiter devant nous son soeur sanguinolent... et nous disons "J'aime... j'aime... je n'aime pas..."

Commenter  J’apprécie          60
Poète italien méconnu, Emanuel Carnevali relate dans le premier dieu ses années d'enfance en Italie et sa jeunesse à New York. Il revient sur une période pénible : d'abord auprès d'une mère morphinomane, ensuite d'un père peu concerné par ses fils. Ses années d'études ne lui apporteront pas davantage de lumière. Pourtant son ton est exempt de reproches et de plaintes : l'auteur se souvient, oscillant entre observations et sentiments.

Sous le soleil d'Italie, son quotidien est plutôt sombre et amène peu d'espoir. A New York, il connaîtra la faim et les boulots miséreux avant de rejoindre, malade, l'Italie. Il nous décrit le quotidien d'un artiste désargenté, acceptant tous les travaux pour survivre.

Pour ce premier texte, le style de Carnevali est brut, vif, emporté. L'auteur est plutôt abrupt, peu enclin à la compassion. Dans ses autres écrits, en deuxième partie de l'ouvrage, il fait place à la poésie, peaufine et montre un vrai talent d'écrivain.

Globalement, j'ai apprécié cette découverte mais je ressors de ma lecture avec un sentiment mitigé, notamment par l'inégalité que l'on note entre les différentes parties. Je veux enfin signaler le soin apporté par la maison d'édition à l'ouvrage en lui-même : la couverture est en tous points remarquable. Un grand merci à Babelio et aux éditions la Baconnière pour cette découverte
Lien : http://nahe-lit.blogspot.be/..
Commenter  J’apprécie          20

Autres livres de Emanuel Carnevali (1) Voir plus

Lecteurs (26) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
829 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}