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Isabelle Delord-Philippe (Traducteur)
EAN : 9782267014815
291 pages
Christian Bourgois Editeur (09/02/1999)
3.65/5   24 notes
Résumé :
Ecrit en 1967, ce roman féminin, qui a pour héroïne une nymphette, célèbre l'ingénuité perverse, propre à l'adolescence, où l'enfance et le monde magique des contes de fées sont encore proches. Il est marqué par l'esprit psychédélique de la fin des années 60.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Mélanie, 15 ans, voit son monde s'écrouler lorsque ses parents meurt, la laissant elle, son frère et sa soeur, orphelins.

Finie l'insouciante vie dans la campagne anglaise, dans la belle demeure familiale.

Direction Londres, chez leur oncle, fabricant de jouets, qu'ils ne connaissent pas. Sans un sou en poche.

À l'arrivée à Londres c'est la douche froide. Leur oncle est un tyran, sa femme est muette et les deux frères de cette dernière qui vivent avec eux, sont des êtres étranges d'une saleté repoussante.

Pas de vie sociale trépidante mais plutôt de longues et mornes journées à vendre les jouets dans le magasin familial.

Pour Mélanie qui rêvait d'un prince charmant et d'une vie opulente, les perspectives apparaissent bien sombres.

Sa solitude est renforcée par le fait que sa tante s'accapare sa petite soeur et que son frère se révèle un apprenti talentueux, donc utile, pour son oncle.

La seule échappatoire à la tristesse qui étreint la jeune femme : Finn, le frère de sa tante. Entre les deux va se tisser un lien étrange oscillant entre répulsion et attirance.

Mais le drame couve, comme dans tout conte...

"Le magasin de jouets magique" a sans conteste, des allures de conte avec sa belle jeune femme innocente plongée dans un monde étrange. Avec cet oncle tel l'ogre qui guette les enfants perdus.

Si j'ai refermé ce livre il y a déjà quelques temps, j'y reviens pourtant souvent.

Son atmosphère sombre et baroque, si particulière et si prenante, que ne renierait pas Tim Burton.

Malgré une fin trop rapide à mon goût, j'ai adoré cette lecture qui ne sera pas la dernière de cette autrice.
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Livre étonnant car démarre à la Dickens pour se poursuivre en un faux conte et se terminer de façon sans doute un peu abrupte avec une touche de psychédélisme par ci, par là.

J'ai globalement apprécié ce roman, mais il m'a manqué ce petit quelque chose d'indéfinissable pour vraiment entrer dedans. le grand écart entre le mièvre et le glauque a sans eu raison de ma souplesse.

Je vous conseille vivement d'aller sur le blog de Charybde (cfr 1ère critique) qui dresse un portrait particulièrement bien fait de ce roman.




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Je m'étais acheté ce roman car il en est dit qu'il « joue des références littéraires et picturales : Lear, Carroll, mais aussi Coleridge, Melville et Poe sont convoqués dans cette histoire profondément mystérieuse et touchante » (extrait de la 4e de couverture). Et c'est vrai.
Melanie est une jeune fille de 15 ans qui, au début, est agaçante et exaspérante : elle joue les princesses capricieuses et fait un peu n'importe quoi sans se soucier des conséquences ; elle vit dans le confort avec son petit frère (Jonathan, 12 ans, féru de maquettes de bateaux) et sa jeune soeur, Victoria, 5 ans. C'est la gouvernante qui les garde pendant le voyage de leurs parents aux États-Unis. Mais voilà, suite à un accident d'avion, les parents meurent, la maison doit être vendue, la gouvernante doit trouver une autre place et les enfants partent vivre chez un oncle qu'iels n'ont jamais connu, à Londres. Et là, c'est le contraste absolu. Melanie se retrouve dans une maison, au-dessus de la boutique de jouets de l'oncle Philip, une maison froide, sans eau chaude, sans confort, avec sa tante Margaret muette depuis son mariage et les 2 frères de sa tante, Finn et Francie. La vie dure commence, sous la coupe du sévère et hargneux oncle Philip. Tous et toutes se sentent prisonniers et l'atmosphère, quand il est là, est malsaine.
C'est un roman qui installe très lentement la situation, pour qu'on s'imprègne bien de l'ambiance malaisante. Melanie, au début si antipathique devient, avec toutes ces épreuves, beaucoup plus attachante. C'est un peu un roman initiatique, mais aussi gothique, et qui se termine comme effectivement Edgar Poe terminerait lui-même une histoire (je ne vous en dis pas plus).
On est, je suppose, fin des années 50, ou dans les années 60, par déduction, mais on a parfois l'impression que ça se déroule au XIXe siècle ; on est transporté dans une société en pleine mutation, comme une Grande-Bretagne chenille qui se transformerait en papillon, se débarrassant de son cocon de XIXe siècle pour enfin arriver à une fin de XXe siècle où les femmes ne doivent plus être esclaves de leurs maris.
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En 1967, un brillant faux conte fantastique pour traduire le malaise intime d'une société britannique traversée de bouillonnements souterrains. Et tout autre chose encore.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/12/15/note-de-lecture-le-magasin-de-jouets-magique-angela-carter/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je veux rentrer à la maison, geignit-elle avec désespoir, triste comme novembre. 

Elle enfouit son visage dans ses mains. Elle sentait son intimité rance et musquée. Lentement, il se redressa et ôta son masque, bien qu'elle ne pût voir son visage car il ne le regardait pas. 

- C'est la religieuse qui nous a amenés, raconta-t-il, Francie et moi, avec nos costumes du dimanche tout raides et nos chaussures qui grinçaient. Elle nous a accompagnés de l'orphelinat à la maison. Deux cents têtes dans deux cents petits lits et deux cents cœurs brisés  sous deux cents couvertures des surplus de l'armée,  et les bonnes sœurs pour s'occuper de nous. Elle nous a fait traverser la mer d'Irlande, s'en remettant à Dieu, mais Dieu l'a choisie pour qu'elle pâtisse du temps et elle a rendu tripes et boyaux dans le canal Saint-George, pauvre femme ! Et Francie pleurait parce qu'il avait fermé les yeux de notre mère, puisqu'il n'y avait personne d'autre pour le faire. Et il n'avait que quatorze ans à l'époque, et c'était déjà un prodige au violon, mais il n'arrivait pas à enlever de ses mains la sensation des paupières de maman. Comme des pétales de nénuphar ne cessait-il de dire. Blanches et humides, mais mortes. 
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– Mais où est la maison d’oncle Philip ? s’enquit Melanie.
– Sa boutique, vous voulez dire. Nous habitons au-dessus de la boutique. Là-bas.
Entre une bijouterie en faillite, condamnée par des planches, et une épicerie à la vitrine remplie de corn-flakes solaires se trouvait l’antre sombre d’un magasin, si chichement éclairé qu’on ne le remarquait pas tout de suite, comme s’il courbait le front sous le logement d’au-dessus. Dans la grotte, on distinguait les vagues contours d’un cheval à bascule et l’écarlate plus vif de ses naseaux dilatés, ainsi que des marionnettes aux membres raides, vêtues de couleurs chaudes et sombres et pendues à leurs fils. Mais le vernis brun du cheval et les tons prune et violets des poupées formaient un mélange si obscur qu’on ne voyait pas grand-chose.
Au-dessus de l’entrée, il y avait une enseigne : « Jouets Philip Flower. Farces & Attrapes » en lettres rouge foncé sur un fond chocolat. Fichée dans la porte, sous une carte sur laquelle était écrit « Ouvert » en italique, il y en avait une autre plus petite, une carte de visite, qui disait : « Francie K. Jowle. Violon. Quadrilles et gigues, etc. Une bouffée de la vieille Irlande. Disponible à la demande. Tarifs raisonnables. » Puis un trèfle et le message suivant au crayon : « Plus amples renseignements à l’intérieur ».
Finn poussa la porte, qui resta momentanément coincée sur un épais paillasson, comme si elle ne voulait pas les laisser entrer. Une sonnette tinta furieusement au-dessus de leurs têtes et, sur un perchoir près du comptoir, une perruche rose vif s’envola et poussa des cris perçants d’un air de défi. Mais elle était retenue par une chaîne à la patte et se calma vite, en battant des ailes. Il y avait un long comptoir de bois brun rouge ciré et, derrière lui, des étagères couvertes de piles de cartons et de nombreux colis multicolores de formes bizarres. Mais la lumière était aussi faible que celle de la vitrine, qui était séparée de l’intérieur par un rideau de velours marron poussiéreux. Il n’y avait personne dans la boutique, à part la perruche. Sur le comptoir reposaient un bloc-notes et un crayon-feutre.
« Bien sûr, pensa Melanie. Pour que tante Margaret puisse vendre des articles aux gens en inscrivant les prix, puisqu’elle est muette. »
Le mot « muette » sonna comme un glas dans son esprit.
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À l’époque où elle grimpait aux arbres, l’ascension ne lui eût pris que quelques minutes. Mais elle avait arrêté de grimper aux arbres quand ses poils avaient commencé à pousser et qu’elle avait cessé de porter un short tous les jours pendant les grandes vacances. Depuis ses treize ans, quand ses règles étaient apparues, elle avait eu l’impression d’être enceinte d’elle-même et de porter en son sein, mûrissant lentement, l’embryon de la Melanie adulte, sans connaître exactement la durée de sa gestation. Et, pendant cette période, monter dans un arbre risquait de provoquer une fausse-couche, et elle resterait alors pour toujours en rade dans l’enfance, un garçon manqué aux cheveux coupés ras. Mais il faut marcher quand le diable est à vos trousses.
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L’été de ses quinze ans, Mélanie découvrit qu’elle était faite de chair et de sang. Ô mon Amérique, ma terre neuve ! Elle s’embarqua dans un voyage extatique, explorant tout son être, escaladant des chaînes de montagnes intimes, pénétrant la moite luxuriance de ses vallées secrètes : un nouveau Cortez, Vasco de Gama ou Mungo-Park de la physiologie. Des heures durant, elle se regardait, nue, dans la glace de sa penderie : elle suivait du doigt l’élégante structure de sa cage thoracique, où son cœur palpitait sous la chair comme un oiseau sous une couverture, elle retraçait la longue ligne reliant son sternum à son nombril (qui était une cavité ou une grotte mystérieuse) et frottait ses paumes sur ses bourgeons d’ailes, ses omoplates. Et puis elle se contorsionnait en tous sens, s’entourait de ses bras, éclatait de rire, parfois même faisait la roue ou marchait sur les mains par pure joie de vivre, surprise de sa souplesse, maintenant qu’elle n’était plus une petite fille.
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