Une histoire de la déficience mentale, nous indique la couverture. le problème est qu'en tant que tel, la déficience mentale est la grande absente de l'histoire.
Ca commence dès l'antiquité, ou l'on apprend qu'à Athènes, Rome ou Sparte, les nourrissons mal formés sont "exposés" à la nature, ce qui revient à éliminer une grande partie mais aussi à recycler les récupérés dans la prostitution ou l'esclavage. Qu'en est il de ce que nous appelons aujourd'hui handicap mental ? Nous n'en savons rien car rien n'a été écrit ou retrouvé sur ce sujet.
Vient ensuite, le Christianisme, à qui l'on doit la reconnaissance de chaque être humain comme une personne, à l'image de Dieu, donc respectable. Mais l'Eglise file droit vers le Moyen Age ou il va falloir assumer une forte ambivalence entre la compassion quasi angélique et le rejet du démoniaque. Ca bouge mais pas plus de trace de la déficience intellectuelle, tout reste amalgamé avec les fous.
Ce n'est qu'avec l'arrivée de Pinel, au XVIII que cela va bouger et plus encore avec l'entrée au XX siècle avec des interventions adaptées, on pourra alors ici seulement parler de déficience mentale comme d'un champ en soi, celuis du handicap mental. Ce ne sera pas à son avantage puisque cette reconnaissance va surtout servir à l'eugénisme avec Galton et l'abominable Aktion T4 sous le III Reich.
En conséquence, un livre d'histoire sur une grande absente.. Et c'est un peu frustrant, même si l'auteur n'en peut rien. On a envie de savoir et on est constamment rediriger vers le handicap physique, la maladie mentale, la monstruosité, etc...
Ajoutons que l'auteur cache mal son obédience à l'Eglise que ses évocations insistantes sur l'avortement trahissent par exemple.
Intéressant donc mais orienté et un peu frustrant. L'ouvrage appelle des lectures complémentaires, assurément...
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