J'ai découvert ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio, et je ne suis pas sûr que je l'aurais terminé si je ne m'étais pas engagé à en écrire une critique.
D'abord la présentation des personnages laisse à désirer. Les 40 pages du prologue parlent de Pacita, le personnage principal de la 1ère partie du livre. le chapitre suivant parle de Paz, on ne comprend pas qui c'est avant de réaliser que c'est le diminutif de Pacita. Page 49, Hero débarque en Amérique pour soigner ses blessures; avant ça il y a juste une demie phrase pour dire que la nièce de Pol, dont on ne cite pas le nom, a passé 2 ans dans un camp de détention. Difficile de faire le lien.
Par ailleurs l'auteure utilise sans arrêt des expressions philippines, sans jamais fournir de lexique.
"Kumusta ka na, Tita, avait-elle lancé à Paz. Mabuti, avait répondu Paz, en lui retournant la question."
"Selon la période de l'année, on a de l'akapulko, du lagundi, du sambong, et de la tsaang gubat et du niyog-niyogan, du komprey, de l'abang, du buyo-buyo, du tanglad, de la gumamela, de la luya, de la moringa."
Le récit s'attarde beaucoup sur les repas et la nourriture, ce qui n'a absolument aucun intérêt puisque, sans explication, on ignore de quoi il s'agit.
Le récit utilise aussi des références historiques sans explication. On trouve par exemple "C'était à la suite de la révolte Hukbahalap contre les Japonais".
Qui connait les Hukbahalap ? D'autant plus que le nom n'est pas correct ! Après vérification le mouvement de guérilla s'appelait Hukbalahap et non Hukbahalap.
"Marcos destitué, et que Cory était désormais à la tête du pays". Seuls les vieux comme moi ont entendu parler de Corazon Aquino, et de son surnom, je doute que "Cory" dise quelque chose aux plus jeunes.
L'histoire de la Nouvelle Armée du Peuple est explicitée, c'est la seule.
Et puis le récit est beaucoup trop long, beaucoup d'anecdotes au milieu du livre sont décrites en longueur alors qu'elles n'apportent rien à l'histoire. On passe 6 pages par exemple à décrire une séance de maquillage.
Le côté sympathique de
Nos coeurs si loin est dans la présentation de la diaspora philippine aux Etats-Unis. On sent un sens de la communauté, une réelle solidarité entre les membres qui se regroupent autant qu'ils peuvent. Je m'attendais à des personnages déchirés entre 2 cultures, mais ce n'est pas le cas, ils sont Philippins des Etats-Unis, comme une nationalité à part. Je n'ai pas senti la notion de déracinement dans ce livre. Les personnages vivant aux Etats-Unis vivent entre eux, mais n'éprouvent pas de nostalgie de leur pays d'origine. Leur principale préoccupation semble être d'obtenir la nationalité américaine et de faire venir un maximum de personnes de leur famille aux USA.
Ce livre me parait écrit pour les Philippins, sans doute l'auteure a-t-elle voulu rendre hommage à la communauté dans laquelle elle a grandi, mais à mon goût il reste trop imperméable aux autres.