Livre intéressant pour les passionnés d'histoire,de géopolitique et de médias, reçu dans le cadre de la masse critique.
Merci Babelio !
Un ouvrage qui s'ancre dans une période forte et agitée niveau relations internationales la fin des années 50 et les années 60.Une époque de bipolarisation de la scène internationale résultant de la Guerre froide ,depuis 1946 le monde est divisé en deux camps sous l'effet des pôles d'attractions américains et soviétiques.
En 1958 pourtant deux forces nouvelles semblent vouloir s'émanciper et remettre en cause cet équilibre géopolitique au delà de la répartition habituelles des forces ,en France et à Cuba deux mouvements forts émergent avec pour but de changer profondément chacun à leur manière et avec leurs armes leur pays et ses institutions , d'affirmer fortement leur souveraineté nationale et d'exister sur la scène internationale c'est le retour aux affaires du général
De Gaulle et la révolution cubaine de
Fidel Castro et de ses guérilleros.
Ce livre n'aura de cesse de mettre en lumière les parallèles entre ces deux pays aux mouvements politiques forts .
Le premier rappelé pour résoudre la crise algérienne et l'inefficacité récurente des institutions de la IVe République naspirera jamais à s'effacer au sein du camp capitaliste, menant une politique internationale audacieuse et ambitieuse,le second pris les armes pour faire chuter le régime dictatorial de Flugencio Batista et imposer ses théories marxistes léninistes à la barbe des voisins américains, rêvant dès lors d'ouvrir la voie à une révolution internationale tiers mondiste plus large et d'incarner un modèle de développement économique fort.
Une agitation géopolitique susceptible en France de trouver une caisse de résonance nouvelle à travers un média jeune et porteur la télévision alors en pleine démocratisation.
Une concomitance en même temps qu'un rapprochement entre les deux pays qui donna à
Alexis Catuhe l'idée de cet ouvrage intéressant et complet sur la télévision gaulliste et la révolution cubaine ou comment les dirigeants français de l'époque traitèrent médiatiquement et portèrent à la connaissance de leurs concitoyens cette étrange danse engagée avec la subversive Cuba.
A l'époque en France la télévision,longtemps une seule et unique chaîne,est une télévision d'État dépendant directement du ministère de l'information, un média,la RTF puis ORTF,sous le contrôle et la censure directe du pouvoir gaulliste qui fut donc le premier dans notre pays à utiliser , largement,la petite lucarne comme moyen de propagande de sa politique, notamment extérieure,auprès de son peuple de façonnage de l'information et de maintien de l'ordre établi.
Un de Gaulle qui rêvait d'établir une troisième voie sur la scène internationale qui espérait trouver dans les désirs d'indépendance cubains l'opportunité dun rapprochement à même de poser les bases d'un non alignement et dans une fascination ancestrale pour la France chez ce nouvel interlocuteur la chance de tisser des liens surprenants mais forts avec la petite île caribéenne.
De fait à travers sa politique et les images et informations distillées via le petit écran le pouvoir gaulliste se retiendra toujours de faire voir la réalité castriste et de condamner fermement un régime cubain pourtant à des années lumières de ses idées politiques et principes idéologiques mais trop indomptable et enragé pour finalement se ranger à ses côtés.
Les affaires valant bien quelques retenues il donnera toujours l'impression dans son traitement de l'actualité cubaine de jouer un double jeu, manipulant toujours habilement l'information et l'image pour faire de son partenaire international un interlocuteur respectable et plutôt docile aux yeux des français, modelant dès le départ une opinion publique en adéquation avec ses orientations politiques.
Si la France se retrenchera derrière les USA au moment de la crise des missiles, à l'aube d'une guerre nucléaire le général et son équipe agiront pour le reste toujours jusqu'en 1967 en sous main avec Cuba et ses révolutionnaires et sans les soutenir formellement et forcément par l'image et l'information sauront petit à petit tisser pourtant avec
Fidel Castro et ses compagnons de réels liens économiques, culturels et stratégiques aux allures de porte d'entrée sur le continent sud américain et la sphère tiers mondiste.
Les téléspectateurs français ne sauront toujours de la situation à Cuba que ce que le pouvoir, stratégique,voudra bien leur laisser entrevoir c'est à dire rien qui ne soit trop subversif, politique et sulfureux.
De Gaulle ne se prononcera jamais via la télévision sur la Revolution armée cubaine .
Confrontée à une montée en puissance à travers le monde, les sociétés occidentales d'une ligne révolutionnaire internationale et contestataire née à...Cuba et d'une forte poussée des idées d'extrême gauche matérialisée en France par les évènements de mai 68 lORTF tint le coup,fit le dos rond même avec une contestation interne ne changeant jamais vraiment sa ligne conductrice tout en se modernisant,même si à partir de 1967 elle ne cachait plus son entente économique commerciale et culturelle avec le régime castriste.
Elle fut jusqu'au bout un outil majeur de gouvernance pour les gaullistes préfigurant le rôle que joue aujourd'hui dans notre société de l'info en continu la sphère médiatique dans la vie politique et la gouvernance de notre pays.