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EAN : 9782246830436
448 pages
Grasset (04/10/2023)
4.34/5   173 notes
Résumé :
Une guerre dévastatrice vient d’éclater au cœur de l’Europe, qui ravive les pires traumatismes du passé ; des menaces de cataclysme nucléaire sont constamment agitées, alors qu’on les croyait définitivement écartées ; un bras de fer planétaire se déroule, opposant l’Occident à la Chine et à la Russie… Il est clair qu’un bouleversement majeur est en train de se produire, qui affecte déjà notre mode de vie, et qui remet en cause les fondements mêmes de notre civilisat... >Voir plus
Que lire après Le Labyrinthe des égarés : L'Occident et ses adversairesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Cette lecture m'est apparue comme une évidence alors que le Moyen-Orient s'embrase une fois encore. Cette tragédie émeut la communauté internationale, clivée en deux camps. Les États-Unis soutiennent Israël aveuglément; la Russie défend l'aspiration de la Palestine à un État digne de ce nom. L'Occident contre le reste du monde, rien de neuf.
Amin Maalouf retrace l'évolution tumultueuse d'un affrontement, en remontant loin dans le temps, développant le XXè siècle.
Il associe le Japon et la Chine à la Russie, adversaires majeurs de la civilisation blanche, le Japon étant le premier à défier les colons européens et américains, à coup de modernisation forcée, sur le modèle occidental. L'archipel va inspirer l'expansion de la Corée et de la Chine, celle-ci civilisation millénaire, prenant son envol lentement, Longue marche oblige.
Tout le contraire des États-Unis, jeune nation née de l'immigration européenne, actrice d'une ascension fulgurante au point de devenir le porte-drapeau de l'Occident, en superpuissance planétaire.
L'Union soviétique, longtemps adversaire désigné de l'Occident a sombré et a cédé sa place de challenger à La Chine, alliage d'économie capitaliste et d'idéologie communiste.
La Russie en est désormais réduite à des stratégies hasardeuses, renforçant l'Ukraine nation et l'Otan occidental. le dernier chapitre inclut les développements récents de l'actualité guerrière.
Vous me direz, ça tout le monde le sait.
Oui mais, comment ce monde bipolaire a-t-il émergé, ça c'est une autre histoire.
L'écrivain, ici historien, détend les ressorts de la géopolitique actuelle avec le talent du romancier. Il personnalise un récit passionnant en suivant des protagonistes célèbres, repris dans les manuels d'histoire et en pointant également sa plume sur des noms méconnus, intervenants décisifs dans le parcours d'un pays vers l'hégémonie régionale ou mondiale. J'ai appris énormément, à un niveau anecdotique aussi, notamment en découvrant l'origine du mot kamikaze et le nom du palais de Tokyo à Paris..
Amin Maalouf commente, donne son avis, ne juge pas, renvoie souvent les grands de ce monde dos à dos (avec un faible pour l'Amérique). Son propos est empreint d'humanité et de clairvoyance. Ses racines occidentale et orientale le posent en interlocuteur avisé.
Le nouveau secrétaire perpétuel de l'Académie française raisonne plutôt en termes de coopération internationale. Son observation de l'Histoire lui fait écrire que la détestation systématique de l'Occident mène à l'impasse. Au contraire, il y a intérêt réciproque à se mettre parfois à l'école de l'autre.
Amin Maalouf espère l'union des civilisations les plus glorieuses et les plus florissantes pour éviter l'effondrement écologique. Il renonce à prédire l'avenir car les rapports de force fluctuent. La politique de la canonnière est révolue, place à la guerre économique. le Japon et La Russie ont baissé pavillon, cédant la place aux deux nouveaux finalistes : les États-Unis et la Chine, dépoussiérée de son étiquette d'Empire du Milieu. Les paris sont ouverts, le monde va saigner, à moins d'admettre nous égarer en privilégiant la confrontation au détriment de la coopération .











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Amin Maalouf montre encore une fois son talent pour les passerelles, les perspectives élargies et son sens poussé de la synthèse historique. Au travers de l'exemple de quatre pays, le Japon, la Russie, la Chine et les Etats-Unis, il examine le destin de ces pays qui ont voulu défier l'Europe, sans pour autant proposer un modèle de remplacement pérenne.

Ce qui caractérise ces quatre pays, selon Maalouf, ce serait "l'hubris", une forme particulière d'arrogance.. le Japon, a connu sous l'ère Meiji au 19ème siècle un fantastique décollage économique. Il a entrepris de se moderniser en s'inspirant de l'Occident. Les succès qu'il a rencontrés face à la Chine en 1895 et face à la Russie en 1905, lui ont donné envie d'aller plus loin, mais cela a entraîné le pays vers des aventures militaires trop ambitieuses (Corée,..) jusqu'à l'attaque de Pearl Harbour contre les Américains en 1941..

Le cas de la Chine est un peu différent puisque son décollage va avoir lieu beaucoup plus tard.. L'expansion économique a été fulgurante pendant les trente dernières années mais les dirigeants se sont quelque peu écartés des sages préceptes de Deng Xiaoping qui disait qu'il fallait rester modeste et garder de bonnes relations avec l'Occident comme avec le Japon.

Le système soviétique, quant à lui, après avoir attiré beaucoup d'enthousiasme, a fini par apparaître comme un repoussoir. de plus Maalouf montre comment des guerres liées à la faillite de l'URSS se propagent et durent.. La guerre est ainsi revenue au coeur de l'Europe.

Ce qui est bien rendu dans ce livre, c'est de montrer la part de responsabilité des pays occidentaux dans l'évolution de la Russie depuis 1989. Ainsi le soutien des Etats-Unis à l'Afghanistan, face à l'URSS, a eu des effets désastreux et qui se prolongent encore aujourd'hui. de même la victoire des USA face à l'Irak correspond en quelque sorte à une "mixed blessing" (une sorte de demi-victoire), avec une devoir de reconstruction du pays qui n'a pu être réalisé. Ce qu'ils ont magnifiquement réalisé en Europe au sortir de la guerre avec le Plan Marshall, n'a pu être reproduit malheureusement, que ce soit dans le cas de la Russie, de l'Afghanistan ou de l'Irak.

J'ai particulièrement apprécié les passages évoquant l'histoire de la Chine: en quelques pages nous voyons défiler des passages essentiels et pas toujours connus de l'Histoire mondiale: ainsi lorsque le prince chinois Zhu Di, aussi appelé Yongle, arrive à dominer les mers vers 1402, grâce à un amiral de génie: l'amiral Zheng He, issu d'une famille de hauts fonctionnaires musulmans de Boukhara.

Les guerres de l'opium en Chine au 19ème siècle sont remarquablement analysées, ainsi que leur impact dans les relations Occident/Asie.. le rôle de la redoutable impératrice douairière Cixi (Tseu-Hi) qui refuse les réformes et qui joue un rôle dans la révolte des Boxers, est très bien rendu aussi..

Bref ce livre est captivant pour tous ceux et celles qui s'intéressent à la géopolitique et à L Histoire.
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Un essai qui constitue une formidable révision historique via la narration des origines, des évolutions et des états actuels de quatre grands pays qui modèlent encore le paysage géopolitique du monde. Tour à tour, l'auteur, nous emmène au japon, en URSS, en Chine et aux Etats Unis d'Amérique. Richement documenté, ce voyage temporel et géographique nous est offert avec les analyses très pertinentes d'un écrivain humaniste particulièrement inspiré. A lire pour réactiver des neurones fatigués d'histoire oubliée.
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Dans le Labyrinthe des égarés : L'Occident et ses adversaires, Amin Maalouf nous parle de la domination de l'Occident sur le monde depuis l'époque de la Renaissance. Puis, avant de s'intéresser aux États-Unis, la seule superpuissance actuelle, il nous décrit les expériences de trois pays qui se sont opposés à la brutalité de l'impérialisme occidental. le point commun de ces pays (Japon, URSS, Chine) est qu'ils sont tous partis d'une rhétorique anti-impérialiste et que, encouragés par leurs premiers succès, ils se sont tous transformés en régime dictatoriaux et impérialistes eux-mêmes.

Le Japon est le premier cité car il fût le premier à s'opposer. Pays faible et renfermé à l'origine, il s'est considérablement développé à la fin du 19ème siècle, ce qui lui a permis de vaincre les Russes en 1905. C'était la première fois qu'une armée européenne était battue, et le Japon a reçu un prestige considérable dans le monde entier (et particulièrement dans le monde arabe). Fort de cette position, les Japonais ont envahi la Corée, puis la Chine, où ils ont fait 20.000.000 de morts (dont 17 millions de civils), sans parler des autres pays asiatiques où ils ont fait régner la terreur. Triste bilan pour un pays qui se voulait anti-impérialiste.

Le deuxième pays étudié est l'URSS. le pouvoir soviétique était issu d'une révolution contre le régime tsariste, c'est donc tout naturellement qu'il s'est posé en défenseur de l'opprimé partout dans le monde. Et les abus (réels) qu'il dénonçait lui ont donné une crédibilité que ses actions ne méritaient pas. Comme le Japon, l'URSS a profité d'une victoire (2ème guerre mondiale) pour devenir à son tour un régime impérialiste qui a étouffé toute l'Europe de l'Est pendant des décennies et a plongé des pays du Tiers-Monde dans la misère en leur appliquant ses théoriques économiques inefficaces. Il suffisait pourtant de regarder la situation intérieure du pays pour voir que ce régime était une horrible dictature qui a fait des dizaines de millions de morts parmi ses citoyens.

Le troisième pays étudié est la Chine. Victime des Occidentaux au 19ème siècle, victime des Japonais dans les années 1940, et enfin victimes de son propre gouvernement pendant la folie des années Mao. A la mort du grand timonier, et sous l'impulsion de Deng Xiaoping la Chine va se réveiller, gardant une façade communiste mais agissant comme le plus libéral des capitalistes pour atteindre un développement économique d'une rapidité rarement constatée dans l'histoire. Et là aussi, la réussite leur est montée à la tête, et aujourd'hui la Chine investit massivement dans son armée, menace Taïwan et grignote tous les territoires qu'elle peut en Mer de Chine. Ça c'est pour la partie impérialisme territorial, l'impérialisme économique est à l'oeuvre lui aussi et la Chine est particulièrement active en Afrique où elle gagne la confiance des pays producteurs de matières premières nécessaires à son industrie.

La dernière partie concerne les États-Unis, superpuissance mondiale depuis presque un siècle. Contestés, mais invaincus, les Américains restent les maitres du jeu mondial. Amin Maalouf nous montre les faiblesses du système, qu'il attribue en partie au sentiment d'invincibilité qui dérive de leur position dominante.

Le livre se termine sur des problématiques très actuelles, telles que la guerre en Ukraine, le duel entre les États-Unis et la Chine, ou encore la nécessité de faire face au changement climatique. Amin Maalouf essaie d'insuffler un peu d'optimisme devant une situation qui parait mal engagée.
La lecture du Labyrinthe des égarés est parfois un peu ardue, ce n'est pas un livre qui se lit distraitement sur un coin de table, mais il est très bien expliqué, bien documenté et les analyses sont pertinentes. Autant de raisons de se plonger dans sa lecture.
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Amin Maalouf écrit ce livre pour s'interroger sur « la hiérarchie des puissances », et sur la domination depuis des siècles de l'Occident – depuis l'Époque Moderne globalement. A partir du XV ème siècle, les Européens font la conquête du monde, par leur supériorité militaire, technique, industrielle... Ils diffusent aussi certaines de leurs idées et de leur valeur.
L'auteur trace donc l'évolution historique de trois puissances qui ont essayé de concurrencer l'Occident, sans parvenir à le vaincre : le Japon, l'URSS et la Chine. Les trajectoires empruntés sont différentes, mais il y a certaines constances : nationalisme, militarisme, investissements économiques. Une des raisons pour lesquelles aucune de ces puissances ne s'est vraiment imposée, c'est leur rivalité entre elles.
Les réflexions sont intéressantes, et stimulantes, même s'il n'y a pas eu de grande révélation de mon côté, l'écriture est plus une compilation et une mise en perspective d'éléments déjà étudiés. Si, un élément que je ne connaissais pas : l'influence du Japon au début du XX ème siècle en terre d'islam, grâce à sa victoire sur la Russie impériale, vue dans le monde comme la 1ère victoire d'un pays non-européen. Certains musulmans vont alors voire le Japon avec un regard messianique.
Néanmoins, d'un point de vue historique, je regrette l'approche trop téléologique de l'écriture : l'auteur interprète les événements pour qu'ils servent sa théorie, il les force donc en quelque sorte à rentrer dans le cadre : tout doit montrer que les États étudiés ont eu des armes pour rivaliser avec l'Occident et en particulier les États-Unis, mais qu'ils s'en sont mal servis. Or, les personnes vivant ces événements ne savent pas qu'elles prennent des mauvaises décisions, ou qu'elles ne fonctionneront pas. de même, je regrette une tendance à l'uchronie. C'est un concept intéressant de se demander « et si ?... » et de vouloir ré-écrire l'histoire. J'apprécie d'ailleurs les romans uchroniques. Mais, dans une réflexion historique, je trouve que l'auteur en abuse. de même, il est difficile de faire des prédictions sur l'avenir, comme l'indique la postface : l'auteur a écrit alors que commençait la guerre en Ukraine, qui peut être vue comme un retour de la Russie.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Nulle part, cependant, les événements n’ont atteint le niveau de violence qu’a connu la Chine sous la Révolution culturelle. Commencé dans les universités de la capitale, le mouvement allait s’étendre à toutes les provinces, à tous les domaines, et revêtir diverses formes, les unes extrêmement violentes et destructrices, les autres simplement absurdes, ou même risibles. Comme lorsque les Gardes rouges décrétèrent que les feux rouges, sur les carrefours, ne pouvaient continuer à marquer l’obligation de s’arrêter, puisque c’était la couleur de la révolution. Désormais, on s’arrêterait au feu vert, pour redémarrer au rouge ! Ce fut, là encore, un chaos indescriptible, fort heureusement atténué par le fait que les voitures étaient encore peu nombreuses dans les villes chinoises…
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L’une des campagnes menées au cours du « Grand Bond » visait à exterminer « les quatre nuisibles » qui propageaient les maladies et affectaient la production, à savoir les rats, les mouches, les moustiques et les moineaux. Pourquoi les moineaux ? Parce qu’ils mangeaient de grandes quantités de fruits et de graines, réduisant d’autant la récolte. Le principal « coupable » était le moineau friquet, de très petite taille, dont on disait qu’il consommait chaque année quatre kilos de produits agricoles.

Comme ces volatiles se comptaient par centaines de millions, ils pouvaient à eux seuls dévorer une bonne partie de la récolte. L’un des moyens les plus originaux et les plus efficaces pour les combattre, c’était le bruit. Les villageois se postaient en permanence dans les champs, et lorsque les moineaux tentaient de s’approcher, on les effrayait en tapant sur des tambours, des casseroles, ou simplement sur des bouts de tôle, pour les empêcher de se poser. Épuisés et affamés, ils finissaient par tomber sur le sol, raides morts. Le procédé était original, toute la population, enfants compris, y prenait part, parfois dans une atmosphère festive, et le succès fut impressionnant. Les moineaux, et tous les autres oiseaux, étaient en passe d’être éradiqués.
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Les deux époux ne vivaient plus ensemble depuis longtemps. Mao avait tendance à courtiser toutes les dames qu'il voyait, même lorsqu'elles étaient très jeunes, et Jiang ne supportait pas que cela se passe sous son toit. Ils n'avaient pas divorcé pour autant, mais chacun avait ses résidences, son entourage, ses ambitions.
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Manifestement, le Grand Timonier ne voulait pas la mort de Deng. Ce qui est révélateur d'un aspect important de sa personnalité. C'était un manipulateur cynique, un froid calculateur, insensible aux souffrances des autres, et il pouvait se montrer horriblement vindicatif. Mais ce n'était pas Staline.
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Ce qui est profondément désolant, c'est que cet affrontement planétaire vers lequel nous marchons comme des somnambules est constamment présenté comme une vision "réaliste" de l'avenir, tandis que ceux qui veulent l'empêcher apparaissent comme des rêveurs naïfs, et quasiment insensés.
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Vidéo de Amin Maalouf
Amin Maalouf vous présente son ouvrage "Le labyrinthe des égarés" aux éditions Grasset. Entretien avec Christophe Lucet.
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