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EAN : 9782260004202
265 pages
Julliard (30/11/-1)
3.38/5   4 notes
Résumé :
265pages. in8. broché.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jean Cau dessine à coups de canifs incisifs le terrible tableau de la défaite française, la dernière grande défaite, celle de 1940, qui a littéralement défait le pays, qui l'a déchiré et brisé . le lieutenant Valentin, fraîchement sorti de Saint-Cyr, se trouve contraint d'  « entrer dans la carrière » et de faire ses premières armes dans le contexte édifiant de juin 40, et se doit obéir à un ordre où l'absurde semble être le maître-mot.

Sa hiérarchie, ahanant des directives décalées en traçant des lignes imaginaires sur des cartes d'état-major pour contrer un ennemi qui a surpris tout le monde et qui est en train de lacérer le pays de ses serres d'acier, lui confie la garde d'un pont, non pas sur la ligne de front -qui se délite comme un château de carte soufflé par le vent, mais en arrière de celle-ci. le jeune lieutenant se retrouve donc à veiller sur des pierres enjambant une rivière, avec un quatuor de soldats qui figure une bien pâle copie des derniers carrés de Waterloo...

Les jours de ce mois de juin se suivent et se ressemblent pour ces malheureux héritiers de don Quichotte, veillant l'arme à la bretelle et les pieds baignant dans la fraîche rivière, les armées allemandes quant à elles, volant de ville en ville et de port en port, piétinant à grande vitesse la douce terre de France, dont les propres troupes sont bousculées comme des jeux de quilles, générant la fuite éperdue et anarchique d'une population qui réalise soudain que toutes ses convictions s'évaporent à la chaleur de l'été naissant.

Au milieu de ce tohu-bohu, le jeune officier et ses troufions vivent une bien triste « drôle de guerre » face à un ennemi pour l'heure invisible, les occupations quotidiennes sont empreintes d'une douce routine, dans un lieu qui pourrait être idyllique, n'étaient les compte-rendus de la radio confirmant la déliquescence, la désintégration continue de tout un pays, dont les chefs apparaissent comme de pauvres marionnettes jouant des saynètes de vaudeville.

Jean Cau a écrit ici un roman qui remue les tripes, sans tomber dans un cynisme cruel ou une complaisance pour la chute méritée, l'auteur remonte simplement pour le lecteur le réveil du temps, en le bloquant sur ce furieux mois de juin 40, qui a vu un pays basculer dans l'abîme.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
-Attendez que ça pète, et on verra si vous êtes des mômes ou des hommes.
-On se conduira avec héroïsme, chef.
Ballu, sourcils rejoints, tourne sa gueule carrée vers Perou qui sourit.
-Ah oui? Tu seras héroïque, l'Étudiant?
Il appelle parfois Perou "l'Étudiant", celui-ci ayant avoué qu'il "étudiait" dans le civil.
-J'essaierai, chef.
Est-ce qu'il se fout encore de ma gueule? Se demande Ballu. Il n'en est jamais sûr, mais de vagues soupçons, parfois, traversent sa tête de bois. Dommage qu'à l'armée un supérieur ne puisse pas cogner sur ses hommes. Pas toujours, bien sûr, mais de temps en temps...
-Ah oui? Tu essaieras?
-Promis, sergent. Mais je vous signale que le lieutenant a dit que si les Fritz arrivent jusqu'ici, France kaputt.
-Et alors?
-Alors ce sera de l'héroïsme perdu.
-Qu'est-ce que ça veut dire, ça?
-Qu'il vaudrait mieux qu'on n'ait pas l'occasion d'être héroïques.
Ballu se secoue. Ce morpion pense trop vite.
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Les congénères du poulet n'avaient prêté aucune attention au sacrifice de leur frère et avaient continué de piailler en picorant férocement le grain. J'ai pensé que tous les peuples étaient ainsi: qu'on leur jette du "bonheur" à la volée et ils se détourneront de ceux qu'on égorge. Jusqu'au jour où les tueurs massacrent toute la basse-cour.
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"A Rethondes! Jamais je n'aurais cru... C'est un cauchemar... Des sadiques... Le commandement rauque du capitaine qui a raidi les soldats de la "Leibstandarte" a tout pétrifié: les hommes, les arbres, les feuilles qui ne frémissent plus, les oiseaux sur les branches et le vol d'un busard soudain immobile dans le ciel. À quoi pense le général Français? A rien. Il entend seulement le bruit des pas, derrière lui, du cortège qu'il conduit. Le bruit des pas, sur la terre sèche, des membres de la famille qui viennent enterrer la France. Rien que ce bruit, au milieu du silence absolu, dans ce cimetière peuplé de statues noires. Ensuite il a fallu monter dans le wagon.
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"Ils bombardent les forêts, maintenant? Ils sont malades?" Le capitaine, jumelles aux yeux, déclare: "Ils doivent croire qu'il y a des dépôts camouflés de munitions ou de matériel..." Il n'y a que des biches, des lapins, des écureuils et des sangliers qui tourbillonnent dans les fûtaies et ne comprennent pas comment la mort peut venir du ciel. Ils ne savaient pas qu'ils étaient des biches ou des renards français, ils n'avaient déclaré la guerre à personne, ils étaient neutres et voici que les hommes, leurs ennemis, ne les traquent plus de clairière en fourré en se hélant de la voix, en excitant les chiens, en faisant pétarader des fusils, tous bruits familiers au peuple sauvage des forêts, voici que les hommes lâchent le tonnerre et la foudre du haut du ciel.
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Baguette magique! Elle changeait les vallées cahotantes en plates pelouses, les chênes centenaires en trèfle gentil, les chars de l'adversaire en inoffensives citrouilles, les Stukas en libellules et les soldats ennemis en figurines de laiton. "Il ne reste plus maintenant, messieurs, qu'à exécuter sur le terrain." Il posa la baguette. Comme un roi arrime sa couronne, il assura son képi sur la tête en le coinçant à petits coups sur ses tempes lustrées. "Suffit d'envoyer le plan du colon aux Frisés avec un mot leur expliquant qu'ils doivent se rendre puisqu'ils sont battus sur le papier. C'est tout simple."
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Radioscopie : Jacques Chancel reçoit Jean Cau
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