Après avoir réalisé que la campagne de Russie n'aurait pas le résultat escompté, Napoléon escorté de son Grand Écuyer Caulaincourt rejoint Paris. Durant les quinze jours que dure ce voyage En traîneau avec l'Empereur, Caulaincourt recueille les confidences de l'Empereur sur une très grande variété de sujets politiques, stratégiques, économiques, sur les affaires tant intérieures qu'extérieures.
J'ai trouvé ce témoignage assez intéressant bien que quelquefois un peu rébarbatif...la première partie relate les mouvements militaires de la campagne de Russie, beaucoup de personnages connus sont cités sous le nom des domaines dont l'empereur les a gratifiés : le Maréchal Ney n'est jamais cité mais on parle du Maréchal d'Echlingen, Davout est le prince d'Eckmuhl ce qui complique le suivi de ces entretiens qui passent souvent du coq à l'âne, selon les idées fulgurantes de l'empereur....
On peut y déceler néanmoins ce que l'on connait déjà, un grand stratège mais quelquefois obtus (il ressasse son échec en Russie) sa vision politico-économique sur l'Angleterre dont il veut museler l'expansion économique sur les océans et la volonté de régence des nations européennes en les ralliant de force à ses idées..
Un témoignage très intéressant mais pour les aficionados essentiellement.
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Un document historique plus que littéraire - encore qu'écrit dans la belle langue française du XIXème siècle - dont la lecture est un peu - beaucoup - réservée aux admirateurs de l'épopée napoléonienne. Ce qui est remarquable c'est la vision qu'avait Napoléon de l'Europe, bien avant la réalisation politique de cette vision au XXème siècle. Concrètement, même les plus fidèles de ses fidèles grognards étaient italiens, polonais, allemands….Les descriptions terribles de la retraite de Russie sont édifiantes. On y apprend aussi que la bataille de la Bérézina fut une victoire française contre l'armée russe, sans quoi le désastre eut été plus grand encore. On y voit aussi que les militaires, même liés à Napoléon par un pacte d'allégeance, faisaient en réalité allégeance au pouvoir politique: à la chute de Napoléon ils se sont naturellement ralliés à la monarchie remise sur le trône par le Tsar.
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Fantastique, l'Empereur, désemparé se confie à Caulaincourt. Napoléon apparaît comme un homme, plus comme un Empereur.
Le plus étonnant réside dans sa réflexion sur sa vision de l'Europe. Nous mettrons un siècle et demi, peut-être plus, à parvenir à la réalisation d'une grande Europe. Mais Napoléon l'avait déjà imaginée...
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On arriva dans cette ville par une pente si raide et si encaissée, dans une partie dont la surface glacée avait été si polie par la quantité d'hommes et de chevaux qui y avaient glissé, que nous fûmes obligés de faire comme tout le monde, de nous asseoir et de nous laisser glisser sur le derrière. L'Empereur dut faire de même, les mille bras qu'on lui offrait ne présentant aucune solidité.
Toutes les rigueurs de l'hiver n'arrivent pas en vingt-quatre heures, me dit-il. Moins acclimatés que les russes, nous sommes, au fond plus robustes qu'eux. Nous n'avons pas encore eu l'automne; nous aurons encore beaucoup de beaux jours avant l'hiver.
- Ne vous y fiez pas Sire, répondis-je. L'hiver arrivera comme une bombe, et vous ne sauriez trop le redouter dans l'état où est l'armée.
Pendant quatorze jours et quatorze nuits, Caulaincourt, en tête-à-tête avec le maître de l'Europe, partage avec lui cet épisode unique dans l'Histoire. Durant ce voyage exceptionnel, Napoléon vit un moment capital de son fulgurant destin. Il médite sa défaite sur le sol russe, dresse un bilan provisoire de son oeuvre, mais est encore confiant en sa bonne étoile.
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...l'Angleterre abuse bien réellement de sa force, de sa puissance isolée au milieu des tempêtes, et cela pour son seul intérêt, car celui de cette Europe qui semble l'entourer de sa bienveillance n'est compté pour rien par les marchands de Londres. Ils sacrifieraient tous les états de l'Europe, tout le monde entier même à une de leurs spéculations. Si la dette de l'Angleterre était moins considérable peut-être serait-elle plus raisonnable.
Les souverains, disait-il, ne doivent jamais ôter aux hommes tout espoir de pardon.