Je n'avais jamais entendu parler de
William Cavanaugh mais j'ai été attirée par le titre du livre car j'estime que notre société, loin de nous libérer, nous emprisonne avec de nouvelles “idoles” et que l'Église a un message à apporter à ce sujet.
Je dois dire que j'ai été un peu déçue quand je me suis rendue compte qu'il ne s'agit pas d'un essai à proprement parler mais du rassemblement de six contributions indépendantes rédigées entre 2007 et 2019, avec une conclusion rédigée pour la sortie de ce livre. Je n'apprécie que moyennement ce genre d'ouvrages où, au lieu d'une réflexion approfondie menée de bout en bout, on trouve des textes hétéroclites ou sujets à redites. Ce livre n'évite pas ces écueils mais je l'ai trouvé intéressant.
Le premier chapitre permet de découvrir l'auteur, qui retrace à grand traits son parcours, fortement marqué par la foi catholique et l'engagement social, depuis son enfance dans une banlieue américaine anonyme jusqu'à son travail de théologien. le titre de ce texte “au bord de l'échec” met en évidence une de ses constatations : l'Église est toujours prête d'échouer, qu'elle soit pleine de vitalité ou au contraire en déclin.
Dans le troisième chapitre, l'auteur aborde une des grandes idoles de notre temps : la consommation, dont Amazon est l'archétype. A la suite du pape François, il montre notamment que dans nos sociétés sécularisées, la foi en Dieu est remplacée par l'idolâtrie envers l'argent. Il aborde une autre idole dans le chapitre suivant : le nationalisme, sans doute plus marqué aux États-Unis qu'en France. J'ai trouvé intéressants les apports du courant “fonctionnaliste” qui se basent sur les comportements des gens et non sur leurs croyances pour définir quelle est leur réelle “religion” (voir ma citation).
J'ai bien apprécié le chapitre sur la liberté.
William Cavanaugh montre, à partir du texte sur l'Exode, que l'être humain n'aspire pas spontanément à la vraie liberté car celle-ci peut être douloureuse. Les Hébreux au désert regrettaient les marmites pleines du temps où ils étaient esclaves en Égypte. Nous avons une fausse idée de la liberté, qui serait la possibilité de faire ce que l'on veut. La vraie liberté consiste à avoir la capacité de choisir librement et d'assumer nos choix. Et Dieu nous aide à nous libérer de nos esclavages.
En conclusion, l'auteur appelle l'Église à se libérer du désir de réussite et de remplacer cette idolâtrie par une vraie liberté intérieure, qui passe par l'adoration du seul vrai Dieu.