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Citations sur Londres (80)

Chaque année apporte d’autres horreurs à la nuit des hommes.
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- Vous savez pas, bande de fiotes, la manière que vous allez branler du cauchemar encore, à partir du seul moment que vous poserez vos pieds merdeux sur la terre de France... Ici vous êtes encore comme que du bonbon.
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Je les regardais là dans la moche lumière. C'était des vrais damnés, qui méritaient pas davantage. Des tentés du sort, du dévouement perdu. C'est ça. Je leur ai dit. Ça leur faisait rien.
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Il demande à Boro s'il veut pas tomber l'ours. Du coup les mecs en veulent plus, y en a eu quatre la semaine dernière. Seulement I'ours faut aller le chercher. Il est chez le Romani qui fait les cartes aussi près de la chapelle, dans son clapier à l'angle d'Edgware et [Cardigan] Road. En cinq minutes on y est. On le ramène. On lui explique au Romani, Pétard contre l'ours. II veut trente livres le Gitan, pas un clou de moins. La Crokette donne quarante sacs si l'ours y écrase le buffet. C'est entendu. La bête arrive. C'est un mastard.
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On a cent destins devant soi tant qu'on est jeune, on en perd un par an pour le moins. On garde celui qui chante le mieux. À la fin on n'a plus de destin du tout, il suffit d'un bout de chanson, trois sons à la chevrote, trois notes à la quinte, plus rien du tout. C'est la fin du biniou des âmes. Ainsi soit-il.
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On en avait marre de le modérer le Julien. Ça commençait toujours à propos d'un genre d'histoire qu'il soi-disant racontait...
- Voilà, qu'il faisait, je me promenais l'autre jour sur le boulevard Piccadilly. Je le vois qui traversait, venir vers moi si rouge, si gras, si bien portant que je peux pas m'empêcher de lui dire à mon vieux pote :
- Si tu m'avais pas fait signe, je t'aurais pas reconnu...
- Qui ça ? qu'on faisait.
- Mon cul !
Alors il se marrait pendant une demi-heure, d'avoir réussi.
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Alors il grognait du coup en disant ça, pour prouver qu'il était pas emmerdable du tout !
- Tiens, ta môme ! Ferdinand, j'y crache dans la gueule ! Et crouach ! il lui balance comme il dit un gros glaviot en plein blaire !
- Et sa fiote aussi qu'en aura !
Et crouach ! encore... un autre pour elle bien gras sur le coin du menton à Sophie. Elles répondent rien les mômes, qu'elles s'essuyent. C'était à moi de ressauter.
- Dis donc, que j'y fais. T'as l'habitude alors ?
Fallait pas se dégonfler là... je renifle dans le fond de mon nez un beau molard, je le roule en bouche, Pffat ! J'y refile aussi moi à plein jet qui s'écrase sur l'œil qui lui reste.
- Ah saloperie ! qu'il s'étouffe. T'oses !
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Si tu savais Ferdinand combien certains martyrs m'inspirent d'inquiétude et de doutes. Dans une révolution le zèle des provocateurs est plus utile que la générosité des militants.
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J'y vais. Elle a repris les sanglots. Elle se déchire. Je m'allonge à côté dans la paille. Elle cesse pas de lui embrasser la figure et les mains. Elle a tout lavé dessus avec un seau d'eau et une éponge. Elle m'embrasse aussi. Elle veut que je chante.
— Il est mort, Ferdinand, il est mort.
Je sais plus quoi faire.
— Je vais chercher Sophie, que je dis.
Je la secoue Sophie pour qu'elle descende et qu'elle la calme. Je remonte moi. Du couloir j'entends alors Sophie qui chante effectivement. Un air d'église qu'elle a appris au couvent. L'autre la fait chanter. C'est un cantique. Elles chantent à présent toutes les deux. Tant pis. Je dirai plus rien. C'est une belle voix qu'elle a Sophie. Ça monte doucement dans la maison. C'est un charme. J'écoute la jolie plainte, c'est l'éternité. Je vois la rue au bout du jardin, toute la nuit dedans. Je pense au jour qui sera demain tout rempli d'horreur. Mabel remonte et vient vers moi. Elle titube et bute au mur mais elle a son idée. Elle me dit en confidence, en chuchotant :
— C'est triste un mort Ferdinand, qu'a pas de bougie.
— Mets-en une, que je lui fais. Mets tout ce que tu veux. Ça n'a plus d'importance.
Sophie elle est conciliante. Elle en sait des messes entières, qu'elle les chante, les oraisons, des douces, des filées, des légères, des biscornues qui chavirent dans la tristesse tout autour de nous. Ça continue. Je pense à tout moi aussi. J'essaye. Je dormirais que je le saurais pas point c'est plus assez différent la fatigue du reste. Les temps sont fondus.
Voilà Rodriguez qui me remplace à la porte. Je bouge pas quand même. Je m'écroule là. Il me cause. Peut-être qu'il cause pas.
C'est une chose qui jaillit de la porte soudain, qui tourbillonne dans le couloir, qui me fait sursauter, avec des flammes autour. J'ouvre les châsses. Je vois alors c'est Mioup qui brûle. Ils bondit au plafond, gicle contre le mur d'en face, comme ça dix fois, de terreur. Il retombe. Il rebiffe. Rodriguez a vu. Il balance un seau d'eau à travers, à la volée, depuis la cuisine. Le chat est éteint. Il est sur le carreau, il miaule comme un enfant. On l'attrape avec une couverture. Il est bien brûlé. Y a son odeur de roussi, et puis y a la fumée qu'arrive en bourrasque de la cave. Il saute sur la porte. C'est lui qu'a foutu le feu Mioup. C'est la bougie d'en bas, des femmes. J'appelle. Je gueule. Les voilà, qui s'étaient endormies dans la paille finalement, avec la bougie allumée. Je vais secouer les autres en haut. Je dis :
— Mioup a foutu le feu !
La maison était à moitié en bois, un chalet quoi. Ça serait pas long. On part ! C'est un peu ma faute, merde. C'est trop. Mabe va et vient dans le couloir, elle se tient la tête, elle a pris la goutte encore. Y a juste une minute pour aller saisir en haut des choses pour se revêtir dans les armoires. Après y en aura plus. C'est la crève dehors. Je lui dis, qu'elle se presse. Je vois déjà des flammes qui lèchent la porte.
— Mais alors, mais alors... qu'elle me répond.
— Et là alors merde, que je lui dis. Et moi je vais pas grimper ?
Elle me fixe alors. Elle veut me retenir. Je la fais me lâcher. Je me secoue. Elle se retourne alors brusquement. Toute la fumée arrive sur nous en rafales, on étouffe. C'est plein de lueurs rouges qui sautent. Elle pousse un cri d'égorgée. Puis elle se jette dans le trou de la porte, en plein dans le rouge.
— Mabel ! que je fais.
Boro et les autres rappliquent au moment.
— Elle s'est foutue dedans, que je leur crie. Faut barrer au jardin.
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Tout le reste n'est que rêveries. Au sprint, devant l'hôpital décider les pauvres, au dernier hoquet, qu'ils crèvent en bande, ils sont bien punis, revenir chez soi, monter une dernière fois l'escalier, avec toutes ses commissions faites, bien payées, rien à crédit, crounir sur un terme d'avance... Vie bien remplie je vous assure ! Enterrer sa mère avec dignité ! Avoir les cinq mille francs liquides ! Joye d'exister ! Idéal c'est moi, c'est nous ! Peut-être ? qui sait ? un pavillon à Bois-Colombes ? On n'ose ! maquereau ? médecin ? c'est compliqué. Finir écrivain qui mange c'est beau ! L'idéal c'est un vice, chercher exprès les endroits qu'il pleut pour passer les vacances. Tu n'en reviens pas. Tu as gagné. Tu deviens penseur. Ça peut arriver. J'aurais pu choisir. Cantaloup avait encore confiance. Je les faisais tous cueillir en moins de deux, à L'Énergique ou ailleurs. J'avais les preuves moi, les «évidences» comme on dit là-bas aux juges. Je me suis encore tâté, mon Destin m'était obscur. J'avais une envie de trahir qui n'était pas dans une musette. C'est la médecine aussi qui m'attirait plus que tout en somme, pas tant pour crânouiller que pour être plus près des hommes, je le dis. J'aurais pu ça peut-être aussi en donnant les autres, avec le pognon des primes. On a cent destins devant soi tant qu'on est jeune, on en perd un par an pour le moins. On garde celui qui chante le mieux. À la fin on n'a plus de destin du tout, il suffit d'un bout de chanson, trois sons à la chevrote, trois notes à la quinte, plus rien du tout. C'est la fin du biniou des âmes. Ainsi soit-il.
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