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3,98

sur 482 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'Histoire avec un grand H aux prises avec l'histoire en train de s'écrire..Ou plutôt le contraire!

Javier Cercas, en panne d'écriture et en pleine panade sentimentale, a entendu parler d'un autre écrivain, Rafael Sanchez Màzas, grand ami de Primo de Rivera et co-fondateur de la Phalange, qui aurait été sauvé par un soldat anonyme de l'armée républicaine en déroute, au moment où il allait être passé par les armes..Avec pas mal de suffisance et d'auto-satisfaction, il colporte lui-même ce récit, si bien rodé qu'il a l'air d'une légende.

Javier Cercas a l'intuition, en bon journaliste, que ce récit trop bien huilé, cache quelque chose: il entreprend une enquête, au début des années 2000 sur un fait vieux de plus de soixante ans..

A travers les méandres de cette enquête, les rencontres qu'elle occasionne, se dessine une Espagne encore mal remise des déchirures de son passé: Sanchez Màzas est une sorte de rebelle fascisant, de condottiere romantique et brutal, de hobereau plein de morgue dont on a vite fait de deviner les poses et de lever les masques...

Finalement, on dirait que la montagne accouche d'une souris, et le récit de Cercas en train de s'écrire semble tourner court. Il aurait dû s'appeler du nom que lui destinait Màzas- en bon dilettante, "sans regret et sans oubli" il n'a jamais pu ou voulu l'écrire - "Les Soldats de Salamine". Le titre évoque ce dernier peloton de Grecs qui avec sa victoire navale chèrement arrachée, sauva le monde grec des barbares, les Perses, en l'occurrence... Nul doute que Màzas se voyait en pur soldat de Salamine, sauvant le monde chrétien et aristocratique du pourrissement démocratique où n'aurait pas manqué de sombrer l'Espagne rouge et républicaine...Pauvres soldats de Salamine, ravalés au rang de condottieri phalangistes...beau dévoiement de l'histoire grecque...Passons.

Tout ce matériau une fois rassemblé, Javier Cercas sent que son livre boîte, qu'il manque une pièce à son puzzle, une clé qui donnerait un sens à tout: il lui faut trouver le soldat républicain qui laissa s'échapper Màzas, après l'avoir longuement regardé dans les yeux..sauvant ainsi la vie à celui qui était la cause quasi-directe de son malheur et de celui de son pays.

La quête du maillon manquant... c'est cette dernière partie du livre que je ne vous raconterai pas, mais qui m'a emportée, clouée d'émotion, bouleversée de tendresse.

Miralles: retenez ce nom, Miralles. Surtout pas Monsieur Miralles. Miralles tout court.

C'est le nom des obscurs, des sans-grade, des vrais héros de notre histoire humaine. Le Soldat Inconnu, le soldat de la bataille de Salamine.

Miralles, le danseur de paso doble au clair de lune.
Miralles le bouliste en short du camping L'Etoile de mer..
Miralles de la résidence des Nymphéas à Dijon.
Miralles le rouge catalan de l'armée de Lister.
Miralles qui aurait rêvé de mettre la main aux fesses de soeur Françoise.
Miralles le résistant de toutes les batailles.

C'est lui la clé de voûte du récit. Celui qui nous met les larmes aux yeux, l'âme au bord des lèvres, le cœur dans la gorge : ce personnage réel humblement disparu et éternellement vivant grâce au "petit" livre de Cercas ( 270 pages).

Grâce au GRAND livre de Cercas.
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Rafael Sanchez Ferlosio raconte au cours d'une interview :

« de là, réfugié dans un trou, il entendait les chiens aboyer et les tirs et les voix des miliciens à ses trousses qui savaient qu'ils ne pouvaient perdre trop de temps à le rechercher car les franquistes les talonnaient. A un moment donné, mon père a entendu dans son dos un bruit de branches, il s'est retourné et à vu un milicien qui le regardait. C'est alors que quelqu'un a crié : Il est par là ? Mon père racontait que le milicien était resté à le regarder quelques secondes et qu'ensuite, sans le quitter des yeux, il avait crié : Par ici, il n'y a personne ! puis il avait fait demi-tour et était parti. » (page 17).

Que peut-il se passer d'essentiel dans cette fraction de seconde où le regard d'un soldat de l'armée républicaine en déroute, rencontre celui d'un homme traqué, qui n'est autre que Rafael Sanchez Mazas, cofondateur de la Phalange.

C'est cette anecdote qui va inspirer à notre journaliste, écrivain moyen en panne d'inspiration depuis dix ans, largué par sa femme, dépressif, cet extraordinaire roman qu'est « Les soldats de Salamine », en référence à la défaite de la flotte perse contre les gecques à la bataille de Salamine mais aussi à un roman jamais écrit par Rafael Sanchez Mazas.

Je ne connaissais pas Javier Cercas, je m'étais notée « Anatomie d'un instant » et je suis tombée sur « Les soldats de Salamine »! je ne me suis pas fait mal, bien au contraire, c'est une réussite.

Ouvrage admirable, passionnant, très bien écrit que ce livre de Javier Cercas. Sa construction est inclassable mais happe le lecteur dans une enquête qui se doit de faire toute la lumière sur cette page de l'histoire ou alors sur cette légende.

Face aux méandres de la mémoire de toutes les personnes que le journaliste va rencontrer, l'auteur revient sur la guerre civile espagnole et trace une petite biographie d'un homme qui deviendra ministre sans portefeuille de Franco.

A chaque témoignage, il doit effectuer des recoupements pour tenter de se rapprocher au plus près de la vérité. C'est son obsession. Il s'est écoulé soixante années depuis l'exécution de Sanchez Mazas qui devait avoir lieu au sanctuaire du Collel et dont ce dernier à réchappé. de rencontre en rencontre, de consultation en consultation des archives, il parvient à retrouver des acteurs de ce drame, « les amis de la forêt » de Rafael Sanchez Mazas, ses compagnons de cavale, trois déserteurs de l'armée républicaine.

Toute l'investigation s'appuie sur une documentation d'historien mais Cercas brouille les pistes et le lecteur assiste à l'élaboration de l'histoire dans l'Histoire. Aucun jugement ne se dégage de cette enquête, Cercas n'émet aucune opinion si ce n'est qu'il est surpris devant la personnalité de Sanchez Mazas, homme érudit, éduqué qui néanmoins, entraînera son pays dans un bain de sang.

Ce récit est découpé en trois chapitres : « Les amis de la forêt », « Les soldats de Salamine » et « Rendez-vous à Stockton ». A mes yeux, ce dernier chapitre est le plus émouvant, l'auteur y met beaucoup d' affect ainsi que sa reconnaissance à l'égard de tous ces combattants qui sont morts. Ses sentiments transparaissent dans son écriture et émotionne le lecteur.

Toute sa gratitude, il l'exprime à travers le personnage de ce vieux Miralles, républicain espagnol, qu'il finit par retrouver en France, dans une maison de retraite pour personnes agées.

Cercas fait dire à Miralles « Quand je suis parti au front en 1936, d'autres garçons étaient partis avec moi . Ils étaient de Terrassa, comme moi ; très jeunes, presque encore des enfants, comme moi ; j'en connaissais quelques-uns de vue ou pour avoir parlé avec eux, mais pas la pluspart. C'était les frères Garcia Segués (Joan et Lela), Miquel Cardos, Gabi Baldrich, Pipo Canal, le gros Odena, Santi Brugada, Jordi Guyadol. Nous avons fait la guerre ensemble, les deux guerres : la nôtre et l'autre mais c'était la même. Aucun d'entre eux n'a survécu. Tous morts. le dernier était Lela Garcia Segués. Au début, je m'entendais mieux avec son frère Joan qui avait le même âge que moi, mais, avec le temps, Lela est devenu mon meilleur ami, le meilleur que j'aie jamais eu : on était tellement amis qu'on n'avait meme pas besoin de se parler quand on était ensemble. Il est mort à l'été 1943, dans un village près de Tripoli, écrasé par un char anglais. Vous savez, depuis la fn de la guerre, je n'ai pas passé un seul jour sans penser à eux. Ils étaients si jeunes…..Ils sont tous morts. Tous morts, morts, morts, tous. »

Et c'est encore Miralles qui nous rappelle à tous que La veille de la Libération de Paris, ce sont les membres d'une unité espagnole de la 2ème DB du Général Leclerc qui ont atteint avant tout le monde le centre de Paris. Composée de Républicains espagnols, la 9ème compagnie du régiment de marche du Tchad a été surnommée La Nueve avec des Halftracks portant le nom de « Teruel » « Guadalajara ». Elle fut placée sous le commandement du français Raymond Dronne et de l'espagnol Amado Granell.

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Soldados de Salamina
Traduction : Elisabeth Beyer & Aleksandar Grujičić

ISBN : 9782253113560

"Les soldats de Salamine" pourrait se définir, en dépit de sa brièveté (il ne fait que deux-cent-quatre-vingt-deux pages en Livre de Poche), comme un roman sur l'Espagne de la Guerre civile et aussi comme un roman sur le besoin d'écrire. S'il a d'ailleurs fini par atterrir sous l'étiquette "roman", son auteur, qui est aussi journaliste, n'arrête pas de préciser à tous ceux qui lui en parlent dans le livre que le résultat auquel il veut aboutir, c'est un "récit réel." Ce qui n'étonne guère les journalistes qu'il croise mais laisse plutôt perplexe le Chilien Roberto Bolaño qui fait, dans la troisième partie, une apparition très remarquée, tant pour son humour que pour son franc-parler, et aussi parce qu'il va aider en quelque sorte Cercas à reprendre et achever un texte qu'il croyait sans valeur.

Quoi qu'il en soit, que vous soyez farouchement partisan du terme "roman" ou que vous encensiez tout aussi frénétiquement le "récit réel", point n'est besoin d'engager ici une guerre civile sur Babélio ;o) . "Les soldats de Salamine", dont le titre fait allusion à la victoire, très inattendue, des Athéniens de Thémistocle sur les Perses de Xerxès Ier (pour les dates, c'est Pâques, alors, vous irez les chercher vous-même mais ça devait se passer aux alentours de 480 av. J. C., si ce que m'a appris ma chère professeur au collège, Mme Capoucin, dans un temps qui n'est plus, est resté relativement intact dans ma mémoire ), est avant tout un livre à lire. Il est écrit par un homme que je classerai plutôt à gauche (vous remarquerez l'orthographe ancienne, n'est-ce pas, que je n'utilise plus que très rarement pour la France ) mais véritablement passionné par l'Histoire de son pays et qui tente, comme tant de gens de ma génération (Cercas est né en 1962) en Espagne, de comprendre comment et pourquoi tout cela est arrivé ; comment un même peuple qui, dans le combat, a montré, des deux côtés, une bravoure, voire une témérité, ainsi qu'une férocité similaires dans bien des cas, en est arrivé à se déchirer de la sorte alors qu'il possédait les mêmes vertus et les mêmes défauts ; et, peut-être plus encore, comment il a laissé récupérer pour les uns un mouvement révolutionnaire de droite non dépourvu de panache par un petit officier sorti du rang, lequel l'a transformé en dictature petite-bourgeoise et sans gloire, et pour les autres un mouvement révolutionnaire de gauche, à la fois social et sincère, par un parti politique étranger qui l'a bloqué, paralysé et conduit à l'inexorable défaite.

"Les soldats de Salamine" est un livre courageux, passionné, aussi impartial qu'il le peut parce qu'il veut "comprendre", qui débute par une anecdote toute simple, un de ces petits trucs qui surviennent en temps de guerre sans qu'aucun belligérant puisse l'expliquer avec logique : un soldat qui tient son ennemi - et un ennemi gradé, une "huile" même - au bout de son fusil, un soldat qui, très précisément, n'a qu'à crier pour que les siens arrivent et abattent l'ennemi, lequel n'est pas armé, ce soldat-là ne fait rien. Non Au contraire : il ment aux siens en leur affirmant que, de son côté, il n'aperçoit aucun adversaire évadé.

Dès le départ, le gradé, l'"huile", a un nom, et pas n'importe lequel. Il s'agit de Rafael Sánchez Mazas, l'un des pères fondateurs de la Phalange - la Phalange a précédé Franco, rappelons-le - qui deviendra plus tard ministre sous le Caudillo avant d'être destitué par celui-ci et renvoyé à ses poèmes et à ses romans. (Il se trouve que, bien qu'il soit aujourd'hui assez oublié sur ce plan, Sánchez Mazas était aussi écrivain.) Selon Javier Cercas, "un bon écrivain mineur". le milicien qui va le laisser s'échapper, lui, demeure anonyme jusqu'à la fin ... à moins que l'on adopte la théorie de Cercas - qui est d'ailleurs peut-être exacte. Et tout le livre repose sur la définition du "héros" par rapport aux parcours, si différents, de ces deux hommes.

Au temps de ses débuts dans la Phalange, au temps de sa "foi", dirais-je , Sánchez Mazas aurait pu devenir un héros. Sans doute s'est-il rêvé d'ailleurs en héros, c'est le privilège de la jeunesse et peu importe l'idéologie qu'elle sert ou croit servir. Mais il n'en a jamais eu le courage physique - ce qu'il admettait - et encore moins, ce qui est bien plus grave, le courage moral. Après la fin du conflit et l'arrivée au pouvoir de Franco, il a laissé récupérer ses idées et celles de José Antonio Primo de Rivera par le Caudillo : il a laissé s'embourgeoiser la révolution dont, à sa manière, il rêvait - il ne refusait que le communisme et le désordre public. Parfaitement conscient d'avoir raté sa vie, il s'est replié sur lui-même, a continué à écrire, certes, a fanfaronné jusqu'au bout qu'il n'était habité "ni par le regret, ni par l'oubli" et puis, il est mort. Paisiblement mais avec tout le poids de ce qu'il avait raté pour lui-même - et de cette guerre que, avec ses amis de jeunesse, qui furent tous (ou presque) assassinés au début du conflit, il avait déclenchée sans soupçonner le moins du monde les conséquences qu'elle aurait sur son pays.

L'autre, le milicien sans nom (à moins qu'il ne s'agisse vraiment de Miralles), ne s'est jamais senti un héros. Et pourtant, il le fut. Reculant devant les troupes franquistes, il passe en France, connaît la tragédie des camps (nous avons traité nos frères européens comme nous n'osons pas, aujourd'hui, traiter des migrants bien plus agressifs et qui ont bien moins de raisons d'occuper notre territoire), s'engage dans la Légion étrangère, rejoint Leclerc au Maghreb, entreprend avec lui et ses troupes, à pied, la traversée du désert jusqu'au Tchad , participe à la Seconde guerre mondiale, retraverse le désert dans l'autre sens pour s'embarquer en direction de la Normandie, entre dans un Paris meurtri mais libéré, finit par se fixer à Dijon et à obtenir une nationalité française largement méritée, croise dans le camping catalan où il se rend régulièrement un certain Roberto Bolaño qui gagne alors sa vie en gardant les lieux, et puis s'installe pour mourir dans une maison de retraite tenue par les soeurs, non loin de Dijon. Comme Sánchez Mazas jusqu'en 1966, date de sa mort, cet ancien milicien, qui tient à ce qu'on l'appelle Miralles tout court, a vu mourir tous ses amis, tous ses compagnons de jeunesse tandis que, pour une raison inconnue, la Mort l'épargnait. Et, à un Javier Cercas sur le moment déconcerté, il avoue en pleurant presque : "Les héros ? ... Mais les héros sont morts. Morts. Morts. Morts. Tous."

La Mort, la grande gagnante. Tant dans la guerre civile d'Espagne que dans la Seconde guerre mondiale. Et pourtant ...

Et pourtant, il reste cette histoire étrange, que Cercas nous raconte en trois parties - le "prologue" où il apprend l'anecdote sur l'"exécution" ratée de Sánchez Mazas, le mini-portrait qu'il nous brosse de celui-ci et de son existence, et enfin l'entrée en scène de Bolaño qui, avec l'incroyable vie de bâton de chaises qu'il a menée, va le convaincre de reprendre son texte et de tenter de lui donner cette fin qui lui manquait en faisant des recherches sur le fameux Miralles - cette histoire un peu folle, un peu décalée qui est à la fois un hymne à l'Espagne, ni à l'Espagne franquiste, ni à l'Espagne communiste mais à l'Espagne toute seule, et aussi à la Liberté. Cette liberté qui, pour Miralles, reste à jamais symbolisée par ce drapeau presque en loques et cependant encore si fier, qu'il n'a cessé de brandir durant la Seconde guerre mondiale : le drapeau de la France libre.

Par les temps qui courent, il est bon de lire un roman (ou récit réel ;o) ) comme "Les soldats de Salamine" parce qu'il nous rappelle que ne meurent pas aussi facilement que le croient certains défaitistes et que l'espèrent certains dictateurs ces deux valeurs primordiales : aller de l'avant, toujours, toujours, et se battre, se battre pour la Liberté.

La Liberté, on ne perçoit combien elle est belle et noble que lorsqu'on vient à vous l'enlever : ne l'oubliez pas. Miralles, lui, ne l'a jamais oublié - et le plus étrange, c'est que, vraisemblablement, Sánchez Mazas non plus. ;o)

Nota Bene : à toutes, à tous, mieux vaut néanmoins, avant de vous plonger dans "Les Soldats de Salamine" (ou d'ailleurs, selon moi, dans tout livre évoquant des épisodes de la Guerre d'Espagne) vous renseigner un peu sur le sujet afin de reconnaître sans problème les différents noms cités et les idéologies défendues. Parce que la Guerre d'Espagne, ce n'est pas seulement Franco et la "droite" d'un côté avec les communistes et les Républicains de l'autre. C'est bien plus complexe - et beaucoup moins manichéen. A bon entendeur ! ;o

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_ « Toutes les guerres sont pleines d'histoires romanesques, n'est-ce pas ?
_ Seulement pour celui qui ne les vit pas. Seulement pour celui qui les raconte. Pour celui qui va à la guerre pour la raconter, et non pour la faire. Comment s'appelle ce romancier américain qui est entré dans Paris… ?
_ Hemingway.
_Hemingway, oui. Quel clown ! »
Ce livre, et c'est là qu'est sa force, sa puissance, raconte le lien fugace d'un regard échangé par un vilain matin pluvieux de fin janvier 1939 entre un des fondateurs de la Phalange ayant échappé au peloton d'exécution et le soldat anonyme qui, l'ayant retrouvé dans la forêt, aurait dû l'abattre mais ne l'a pas fait. Pendant la débâcle de l'armée républicaine, une cinquantaine de prisonniers est passée par les armes. Parmi eux, le plus illustre est l'un des fondateurs et idéologue de la Phalange, l'écrivain Rafael Sanchez Mazas. Il s'échappe, se terre dans la forêt, on le poursuit et… « C'est alors qu'il le voit. Debout, tout près du fossé…il empoigne de ses grosses mains son fusil. En proie à l'absurde résignation de celui qui sait que son heure a sonné, Sanchez Mazas regarde à travers ses lunettes de myope voilées d'eau le soldat qui va le tuer…C'est ainsi, la tête enflammée, affolée et confuse, que Rafael Sanchez Mazas –poète exquis, idéologue fasciste, futur ministre de Franco – attend la décharge qui doit en finir avec lui…Au moment même où le soldat atteint le bord du fossé, un cri proche traverse le bruissement végétal de la pluie :
_ Il y a quelqu'un par là ?
Le soldat regarde Sanchez Mazas ; celui-ci fait de même…
_ Par ici, il n'y a personne !
Il fait ensuite demi-tour et s'en va.
Avouez que vous aimeriez bien savoir pourquoi, car si le miraculé a eu le temps de raconter son histoire, l'auteur de cet acte inouï de clémence est resté anonyme et sa décision inexpliquée. Ce livre-enquête en deux parties (l'écrivain d'abord, le soldat républicain ensuite) tutoie la réponse et révèle un personnage plus romanesque que possible qui répond à sa guise à quelques questions vertigineuses :
Qu'est-ce qu'un héros ? Comment le devient-on ? le veut-on vraiment ? Les héros sont-ils tous morts ? Les morts subissent-ils une seconde mort lorsque plus aucun vivant ne se souvient d'eux ? Il fustige l'ingratitude des descendants qui ont la chance de vivre en paix (nous), l'anonymat scandaleux dans lequel sont maintenus ses jeunes compagnons qui n'auront pas eu de vie et donne crédit et consistance à cette idée très dérangeante qui prétend que : "C'est toujours un peloton de soldats qui, au dernier moment, sauve la civilisation ». A l'heure où fleurissent commentateurs, comptables, et autres rapporteurs, le titre, emprunté à un roman jamais écrit de Sanchez Mazas, est un hommage aux Soldats de Salamine, entendons par là les modestes et anonymes qui font l'Histoire avec leur sang, qu'elle se soit déroulée 500 ans avant JC à Salamine ou en janvier 39 près de Gérone.
Un livre fort, émouvant, une histoire fascinante qu'on n'oublie pas !
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Javier Cercas brouille les cartes avec ce roman de 2001, objet inhabituel qui raconte une histoire tout autant que sa genèse, le destin de Rafael Sánchez Mazas à la fin de la guerre d'Espagne, un récit historique fondé sur des faits réels, tandis que sa genèse est elle, au moins en partie, une fiction.

L'auteur se dépeint en écrivain reconverti en journaliste, qui devient obsédé par Rafael Sánchez Mazas, poète et théoricien des phalangistes espagnols. Il imagine la personnalité de l'homme, enquête sur sa vie, et en particulier sur cet épisode où il réchappe par miracle à son exécution par des soldats républicains en déroute en Catalogne, à Collell, en 1939.

Au moment où il doit être fusillé, Rafael Sánchez Mazas réussit à s'enfuir ; il croise dans sa fuite un soldat républicain anonyme qui le fixe un moment et lui laisse la vie sauve. L'histoire se cristallise donc autour de ce moment, du regard du soldat au bord de la défaite mais qui tient encore le sort de Mazas entre ses mains, autour du renversement du sort du vaincu qui redevient le vainqueur.

«-Il y a quelqu'un par là ?
Le soldat regarde Sánchez Mazas ; celui-ci fait de même, mais ses yeux embués ne comprennent pas ce qu'ils voient : sous les cheveux mouillés, le large front et les sourcils perlés de gouttes, le regard du soldat n'exprime ni compassion ni haine, pas même de mépris, mais une espèce de joie secrète et insondable. Il y a en lui quelque chose qui confine à la cruauté et résiste à la raison mais qui n'est pas pour autant l'instinct, quelque chose qui vit là avec la même persévérance aveugle que le sang qui s'obstine dans ses veines ou que la terre dans son immuable orbite ou tous les êtres dans leur immuable condition d'êtres, quelque chose qui échappe aux mots de la même manière que l'eau du ruisseau esquive la pierre, car les mots ne sont faits que pour se dire eux-mêmes, que pour dire le dicible, c'est-à-dire tout hormis ce qui nous gouverne ou nous fait vivre ou nous touche ou ce que nous sommes ou ce qu'est ce soldat anonyme et vaincu qui regarde à présent cet homme dont le corps se confond presque avec la terre et l'eau brune du fossé, et qui crie en l'air avec force sans le quitter des yeux :
-Par ici, il n'y a personne !»

"Les soldats de Salamine" c'est le renversement du sort des deux camps en cette fin de guerre d'Espagne, à l'instar de celui des Perses et des Grecs à Salamine, mais aussi celui de la narration : le livre ne prend forme finalement, que lorsque le narrateur, suite à une rencontre providentielle avec Roberto Bolaño, réussit enfin à l'écrire en donnant un nom, un corps et une voix – bref une mémoire - au soldat anonyme.

"Il est plus difficile d'honorer la mémoire des sans-noms que celle des gens reconnus. À la mémoire des sans-noms est dédiée la construction historique". (Walter Benjamin, 1940).

«Sánchez Mazas gagna la guerre, mais perdit une place dans l'histoire de la littérature.» le soldat républicain a perdu la guerre mais gagné l'immortalité dans un grand roman.
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Peu connu en Espagne avant la parution de ce court roman, ou récit réel comme il le rappelle à maintes reprises, Javier Cercas a montré que la littérature contemporaine n'était pas morte et que, hors des frontières de la France, vivaient encore de vrais écrivains capables, en peu de pages, d'explorer les contrées infiniment profondes de l'art d'écrire.

En effet, en 282 pages, Javier Cercas aborde plusieurs thèmes pourtant complexes et, sans y paraître, attire le lecteur dans des réflexions longues et enrichissantes à travers un récit dont la force n'égale que la modestie. Modestie n'est pas médiocrité, et signifie ici l'utilisation d'une langue simple et intelligente, dénuée d'artifices verbaux, et qui va droit au but, s'égarant par moment en tentant de saisir l'indicible, c'est-à-dire ce que les mots, justement, ne peuvent saisir.

La guerre d'Espagne semble être le thème central. C'est un tort mais cet événement historique qui conduisit l'Espagne dans le marasme des années du franquisme, qui fut une sorte d'hybride entre le conservatisme et le fascisme. La guerre d'Espagne est née de la fin de la monarchie et de l'impossibilité pour la jeune République de s'imposer face aux courants nationalistes fascisants qui essaimèrent avec plus ou moins de succès dans l'Europe des années 1930. Elle est née aussi de la nostalgie de certains hommes, tels Rafael Sanchez Mazas, d'un temps révolu, peut-être jamais réel, et qui esthétisèrent la violence à travers de grands discours et de terribles pamphlets. La guerre déchira le pays et provoqua des ruptures durables dans la société espagnole. Dans un contexte si trouble, si violent, si plein de passions contradictoires, comment expliquer ce moment fatidique où, ayant passé plusieurs jours prisonnier à Barcelone, ayant été conduit en forêt pour être exécuté, ayant réchappé miraculeusement a cette exécution, Rafael Sanchez Mazas, découvert dans sa fuite par un soldat républicain, eut la vie sauve par le silence de ce dernier ? Il avait créé la Phalange, il avait harangué les foules en faveur des nationalistes, il avait appelé à ce combat et il en sortait vivant. le destin fut ironique : rescapé d'une exécution pour assister à la décrépitude de son rêve de renaissance, à la trahison du franquisme qui déçut bien vite les membres de la Phalange qui avaient présidé à son succès. Cet épisode romanesque, Sanchez Mazas le raconta à beaucoup de gens : famille, amis, connaissances professionnelles, mondaines ou littéraires, et ce avec une rigueur que la mémoire n'autorise pas.

Le récit marque tellement Cercas qu'il veut en faire un roman, ou plutôt un récit réel. Là est le deuxième thème, celui de la création littéraire. La forme et la prétention originelle de ce livre induisent un mélange des genres. Où est le roman, la fiction ? Où est le récit réel, documentaire, historique ? le romanesque s'impose à Cercas qui jure de sa véracité tout en le passant par le filtre de sa subjectivité propre. A vrai dire, cette thématique se conjugue à celle de la mémoire, obstinément triturée par l'auteur-narrateur (voilà une autre façon de confondre le réel et la fiction), que ce soit la sienne propre, celle de Sanchez Mazas par le biais des témoignages oraux et écrits qui parviennent à Cercas, celle de Miralles, enfin, qui fut ou ne fut pas ce jeune soldat républicain qui, l'instant d'un regard, décida de sauver une vie dans ce carnage sanglant. Les soldats de Salamine est une quête perpétuelle : d'un sujet de roman, d'informations sur la vie d'un homme, d'un homme probablement vivant de l'autre côté des Pyrénées, d'une vérité qui sûrement n'existe pas en tant que telle mais n'est que le choc de versions aussi diverses que les hommes eux-mêmes.

La quête, la mémoire, les indices : ceux que laissent un certain Roberto Bolaño, cet immense écrivain disparu en 2003, à propos d'un homme rencontré dans un camping et qui lui conta son histoire, romanesque elle aussi. Celle d'un jeune soldat républicain passé en France en 1939 puis engagé dans la Légion Étrangère à défendre le drapeau bleu-blanc-rouge à travers les déserts d'Afrique du Nord, la campagne normande, les avenues parisiennes, la plaine allemande. Retour à la guerre, et interrogation sur l'héroïsme. Les héros sont-ils des grands hommes qui par leur décision bouleversèrent leur siècle, leur civilisation ? Sont-ils les anonymes qui peuplent les champs de bataille et les cimetières, ces statistiques dont le coeur battit au coeur du feu et des balles, ces gens définitivement morts car personne ne se souvient d'eux ?

Ces hommes oubliés sont comme les soldats de Salamine, cette bataille navale ou les Grecs vainquirent les Perses. Ils ont connu la guerre, la mort, la souffrance, la perte des compagnons d'armes et amis. L'héroïsme, pour eux, n'est qu'une romance, un leitmotiv bon pour ceux qui n'ont pas connu la guerre. Quant à la littérature, peu importe qu'elle les magnifie. Au moins, elle les rend immortels.
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Trois parties dans ce récit
La première semble confuse, les noms propres difficiles à mémoriser et on s'y perd un peu, mais on se force à poursuivre.
La seconde partie est le coeur du récit : durant la guerre d'Espagne, un soldat chargé de poursuivre un franquiste échappé d'un peloton d'exécution le découvre caché, le regarde longuement et dit à ses supérieurs : il n'y a personne ici.
La troisième partie, l'auteur par à la recherche de ce soldat et croit le découvrir vieilli dans une maison de retraite en France. C'est sans doute ici la partie la plus lumineuse de ce récit sur la mort, le passé, le souvenir...
C'est aussi un livre en train de se faire et donc quelque peu nombriliste ; mais un grand livre !
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Belle lecture, dont le début peut tarder à accrocher alors que la seconde, centrée sur le récit historique et la troisième, développant le lien avec la littérature et effaçant la frontière entre réalité historique et réalité fictionnelle, ouvre magnifiquement la voie à une meilleure compréhension de l'héroïsme et de l'humanité véritable. Tous ces morts, inconnus à jamais, sont des héros réels qui avaient alors toute la vie devant eux.
Face à cet immense charnier et fosse commune si longtemps fermée que l'identification est quasi impossible, ce roman éclaire d'une belle lumière.
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N°1656- Juillet 2022

Les Soldats de SalamineJavier Cercas – Actes sud.
Traduit de l'espagnol par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujičič.

le titre du roman fait allusion à la victoire de la flotte grecque sur les navires perses beaucoup plus nombreux, en 480 av J-C . Ce récit traite bien d'une guerre (ou d'un épisode de celle-ci), mais elle est plus contemporaine. Il s'ouvre en effet sur l'exécution manquée de l'écrivain-poète-journaliste espagnol Rafael Sanchez Mazas (1894-1966), un des fondateurs de la Phalange, par les Républicains vaincus qui fuyaient. Il eut en effet la chance d'être épargné par les balles du peloton et se cacha dans la forêt. Retrouvé par un milicien, ce dernier déclara à ses chefs n'avoir rien vu et lui sauva donc volontairement la vie. Ce genre d'épisode romanesque existe sans doute dans tous les conflits mais Mazas s'en est fait l'écho au point d'en faire une sorte de légende, voire une supercherie, savamment entretenue par lui-même de son vivant puis après sa mort par sa famille.
Javier Cercas entreprend d'écrire cette histoire à partir de cette anecdote et auparavant d'en vérifier son authenticité à travers différents témoignages disponibles mais cette recherche le transforme rapidement en biographe de Sanchez Mazas, c'est à dire ses origines familiales, son parcours littéraire et politique à l'intérieur de la Phalange, mais il ne s'interdit pas, devant les lacunes des documents à sa disposition et la confusion qui baigna cette période troublée, mais aussi face à l'insolente chance de Mazas, d'imaginer ce qu'il ne sait pas. Ainsi mêle-t-il dans son récit l'imaginaire du romancier à la précision de l'archiviste. La fin de vie de Mazas fut moins glorieuse, plus indolente et égoïste, davantage consacrée à la politique qu'à la littérature, plus mélancolique et désabusée aussi et l'oubli acheva de recouvrir les quelques traces qu'il laissa de son passage sur terre. Restait pour l'écrivain qu'est Javier Cercas, et surtout pour conclure son livre, à identifier le milicien anonyme qui sauva Mazas, ou à l'inventer. Il n'y avait à priori rien de commun entre eux et même toutes les raisons pour que cet homme le dénonce ou le tue, les troupes républicaines étant à l'agonie. .
Dès lors quel est le lien entre Mazas et les soldats de Salamine ? Mazas aurait eu l'intention de relater cette histoire d'exécution manquée et de donner ce titre à son récit, titre qui a été repris par Cercas pour le sien. Écrire un livre est toujours une aventure et comme beaucoup d'écrivains Cercas fut victime de son livre c'est à dire de la propre vie de ce dernier, de son indépendance, de sa liberté, à moins qu'il n'ait lui-même et inconsciemment manqué son but. Bref il était déçu de son travail . Il n'avait pour ce récit que la version nationaliste de Mazas, il considérait donc qu'il lui fallait pour être complet la version républicaine mais il voulait surtout mettre un visage, et peut-être un nom sur le fantôme de ce milicien. le hasard voulut qu'il rencontra un survivant républicain de la Guerre Civile avec qui il évoqua ses derniers moments dans l'armée républicaine, sa fuite vers la France et le camp d'Argelès, son engagement dans la division Leclerc, sa folle équipée africaine puis française et l'imagination créatrice de Cercas ne put s'empêcher de relier à l'aventure de Mazas à celle de ce milicien anonyme qui lui sauva la vie.

Je voudrais en aparté évoquer le sort de ces républicains contre qui la France n'était pas en guerre mais qui les accueillit d'une façon honteuse, bien indigne du pays des droits de l'homme et de la liberté qu'elle est censée être. Dans le camp d'Argelès comme dans bien d'autres, des êtres humains sont morts faute de soins et même des plus élémentaires actes de simple humanité. Après avoir été connu l'opprobre de la défaite ils eurent à souffrir des exactions injustifiées des troupes coloniales françaises. Ils ne nous en voulurent cependant pas puisque les survivants s'engagèrent dans la légion étrangère pour combattre le nazisme. Faut-il rappeler que les premiers militaires à libérer Paris furent ceux de la 2°DB de Leclerc et plus précisément la compagnie du capitaine Dronne, « La Nueve », composée principalement … de républicains espagnols qu'on choisit d'ailleurs d'oublier une seconde fois en ne les citant pas parmi les troupes libératrices.
Je me suis très tôt passionné pour cette guerre d'Espagne mais je n'ai abordé l'oeuvre de de Javier Cercas dont j'ignorais l'existence, qu'à la faveur d'un prêt amical de livre (« Terra Alta »). Je n'ai pas été déçu par ce que j'ai lu et je dois avouer que lorsque j'ouvre un de ses livres, j'ai beaucoup de mal à m'en détacher à cause du style clair (servi sans doute par une bonne traduction) et ce malgré quelques longueurs que je lui pardonne volontiers. L'intérêt qu'il a suscité m'a incité à poursuivre la découverte de son univers créatif et ce d'autant plus que j'ai ai apprécié cette invitation à réfléchir sur la dimension morale et philosophique du récit offert à la lecture. J'ai par exemple toujours été scandalisé qu'on oublie le sacrifice de quidams, souvent des étrangers, qui sont morts pour que les générations suivantes d'un pays qui n'était pas le leur soient libres et parlent le français et qu'on ne retiennent, le plus souvent, que les noms des dirigeants emblématiques.
Ce roman a été adapté au cinéma en 2003 par David Trueba.

En Espagne, sous la dictature de Franco, le souvenir de la guerre civile a été complètement occulté. Sous le régime suivant, plus démocratique, on a cherché à oublier toutes ces atrocités. Ce n'est que lors de la génération suivante, qui n'a évidemment pas connu ce conflit, que les jeunes écrivains espagnols s'en sont emparés, se le sont même approprié et l'ont intégré à leur oeuvre, comme pour en exorciser toutes les horreurs. Javier Cercas, né en 1962 est de ceux-là. Je vais poursuivre la découverte de son oeuvre.

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Voici un roman qui n'est pas forcément facile à lire, mais que je trouve vraiment original et remarquable. Il se focalise étrangement sur un minuscule épisode de l'immense tragédie qu'a été la guerre civile en Espagne (1936-1939). C'est un coup de projecteur sur une incroyable péripétie de ce conflit. S. Mazas, un phalangiste, donc partisan du général Franco, a échappé à une mort certaine, parce que le soldat "rouge" qui l'avait découvert dans sa cachette a décidé de lui laisser la vie - sans aucune raison apparente. C'est une composante du récit qui est très surprenante, voire absurde, ça m'évoque "Le Mur" (de J.-P. Sartre), mais à l'envers. Et j'ai été fasciné par la volonté inébranlable de l'auteur qui veut avoir le coeur net sur cette vieille affaire oubliée, après tant d'années.
De plus, le narrateur nous donne une sorte de "making of" de ce roman, en nous tenant au courant de ses démarches et de ses doutes en cours d'enquête. J'estime que ça donne de la profondeur au récit et rend ce livre attachant. J. Cercas a démontré, dans ce livre et dans d'autres romans, qu'il est un grand nom de la littérature espagnole contemporaine
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