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EAN : 9782221199121
528 pages
Robert Laffont (16/08/2018)
3.69/5   18 notes
Résumé :
En 1947, à la synagogue de Baltimore, un jeune vétéran de la guerre de 39-45 épouse une réfugiée française. Sur le bras, elle porte un tatouage de chiffres bleus. Fragile et fantasque, elle est hantée par des visions d'un cheval écorché qui semble symboliser pour elle toute l'horreur nazie.
À l'opposé, le marié, maquettiste de fusées, fasciné par la conquête spatiale, mesure tout à l'aune de la raison. Mais il a participé à la libération du camp de concentrat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Moonglow, dernier roman de cet auteur américain, Michael Chabon, est un livre que l’on peut qualifier de roman, mais dont la forme audacieuse ébranle sérieusement les codes traditionnels de la fiction. Au départ, le lecteur est désorienté par l’absence de structuration du texte et une chronologie totalement désordonnée. Nous avons l’impression d’errer dans tous les sens et ça, c’est vraiment déstabilisant.
Dans un déséquilibre habilement suscité, nous semblons osciller sans arrêt sur le fil qui sépare la réalité de la fiction, à travers l’histoire d’une vie réelle. A d’autres moments, nous tournons les pages et avons totalement l’impression de vivre un tissu de mensonges. Mais qu’importe ! Nous sommes pris dans l’ivresse des mots...
Cela ne veut pas dire que le livre manque de structure, mais plutôt que sa structure est déterminée par la logique de la mémoire, et que l'auteur a résisté à l'envie de faire trop de rangement et de rationalisation. Ainsi, l'action zigzague à travers le temps et la géographie.
Moonglow se présente au lecteur comme la mémoire d’un vieil homme qui revient sur les pas de sa vie, rapportée au narrateur, son petit-fils, sans doute l’auteur lui-même, sur le lit de mort de son aïeul.
Le narrateur, - qui s’appelle Michael, mais pas forcément Chabon... tiens c’est un peu comme Marcel et Proust dans À la recherche du temps perdu : l’un est le narrateur, l’autre l’auteur, - bref le narrateur nous parle de sa famille autour d’un personnage principal, son grand-père. Ce récit nous plonge dans la fin de la guerre 39-45, il nous parle de l’Holocauste, de l’Allemagne en ruines au lendemain de la guerre, d’une grand-mère fragile, schizophrène et fantasque, du rêve américain, du programme spatial, de l’obsession du grand-père pour les certitudes et les fusées et enfin de ses doutes, de l’amour qu’il ressent, des sentiments qui parviennent comme un écho ultime à sa vie.
Ce désordre donne parfois le tournis, déstabilise, mais cela ressemble aussi aux sautes d’humeur de la mémoire et le caractère aléatoire de ce qu’il faut retenir d’une vie accomplie et qu’il faut relater dans l’urgence d’une mort qui vient.
Il y a une scène cruciale vers la fin du roman qui me semble illustrer ce livre insolite. Mike et sa mère feuillètent un vieil album de photos dont quatre photos - de la grand-mère du narrateur - sont manquantes. Les photographies qui sont présentes sont si rapidement balayées que nous ne les voyons presque pas ; puis, sur plusieurs pages, Mike et sa mère travaillent ensemble pour reconstituer les photos manquantes. Ce travail de l'imagination, le remplissage des blancs - c'est sans doute une manière de résumer à elle seule une des intentions cachées de ce roman.
Moonglow est un livre qui cherche à défier la prééminence des faits. « Tout ce que tu me dis est vrai, n'est-ce pas ?» demande Mike à son grand-père à un moment donné. « Eh bien, c'est comme ça que je m'en souviens », répond le grand-père.
Certaines relations entre les membres de cette famille sont par moments peintes de manière délicate et émouvante.
C’est un désordre de situations, un méli-mélo de phrases, de sensations, d’émotions qui s’enchaînent au gré des pages.
En définitive, malgré son côté totalement décousu mais qui en fait aussi son charme, c’est un roman que j’ai trouvé plutôt attachant.
Ce livre est finalement un hommage brûlant à l’amour. Ah, j’oubliais de vous dire quelque chose d’important : Moonglow est aussi le titre d’une magnifique chanson de Billie Holiday, toute façonnée de fêlures. Elle traverse un moment les pages du livre comme une étoile filante...
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Moonglow est le titre de cette belle autofiction signée Michael Chabon.
A travers son questionnement sur ses origines Chabon va nous narrer l'histoire atypique de ses grand-parents, personnages hauts en couleurs.
Son grand-père ancien militaire américain de l'OSS, qui va lors de la secone guerre mondiale déterrer les secret des V2 de von Braun.
Il nourrira dès lors une fascination pour les fusée et la conquête spatiale et une haine viscérale envers le dit von Braun.
Ce grand-père va, après guerre, rencontrer une française de confession juive, rescapée des camps, mère d'une toute jeune fille qui sera la future mère de l'auteur.
Mais les blessures que la guerre a infligées à la grand-mère seront toujours béantes et en feront une femme psychologiquement dévastée.

Chabon place son roman sous l'égide des trois plus grand romanciers américains, à savoir Thomas Pynchon, à qui il emprunte le thème des V2, JD Salinger dont il s'inspire du story-telling désincarné et David Foster Wallace dont il imite la manie des notes de bas de page.
Placé sous de tels hospices, le roman ne pouvait qu'être une grande réussite, ce qu'il est absolument.
Par petites touches, par des points de vue à tiroirs, Chabon nous raconte une très belle histoire d'amour qu'il entremêle à l'histoire de la seconde guerre mondiale, la découverte des camps de travail sur les V2, mais aussi à celle plus contemporaine de la conquête spatiale.
On avance dans le roman de manière très subtile et petits à petit tombent les faux-semblants, et la résolution des tensions initiales se fait de manière tout à fait inattendue.
C'est aussi tout simplement une belle tranche de la vie américaine de la deuxième moitié du vingtième siècle.
Je dois avouer que je fuis les romans sur la seconde guerre mondiale, partant du principe que tout a été dit et redit.
Eh bien ce roman parvient à apporter un souffle nouveau dans le genre, ce qui est une belle prouesse !
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*Lecture recommandée par le Picabo River Book Club*
*Chronique de Grybouille sur Léa Touch Book*

Un livre qui commence dans les premières pages par « Pour eux », cela ressemble à un don.
Un don à ses proches, alors « Voici l'histoire telle que je l'ai entendu » dit l'auteur. Une histoire articulée autour d'une famille juive.

Et quelle histoire, un grand-père qui a fait les 400 coups avant de trouver sa voie.
Une voie tournée vers l'espace et plus particulièrement vers la lune et les fusées…

Une grand-mère, française « Cocorico », une enfance à Lille, qui a vécu des « choses », sur son bras gauche 5 chiffres, son parfum Chanel n°5, et puis des fois «… quelque chose la submergeait… », mais les bons jours « Veux-tu que je te raconte une histoire ? », alors, pour le petit Mike c'est le principal, non ?
Le couple connait des hauts et des bas : « Mes grands-parents se réconciliaient avec le pragmatisme des amants prisonniers d'un avion qui tombe en vrille. »

Les parents de Mike ? Une mère qui a connu, étant enfant, la séparation d'avec ses parents. Modèle qui sera reproduit plus tard avec son fils. le petit Mike qui nous conte « pour eux » et pour nous, ces vies chaotiques, où chacun se cherche, affronte ses peurs, vit, aime et…

Et puis vient dans le cours de notre lecture, le lègue, le passage de témoin, la rédemption, l'héritage, du grand-père vers son petit-fils :
« Quatre vingt dix pourcent de tout ce qu'il m'a jamais raconté sur sa vie, je l'ai entendu dans ses dix derniers jours. »

Une belle histoire, comme il en existe dans certaines familles, mais je vous en parlerai plus loin…

Tout au long de cette aventure, vous croiserez l'oncle Ray en nounou de luxe, le père Nickel et sa passion, Sally pour qui rien n'est trop tard, Fräulein Judith tout au service de son père, le Doc Wallak, Hub Gorman le taulard prédateur, Doc Storch bien loin de son monde, Sammy…
Visite de synagogues au programme, la religion en tant que tuteur social...
Et bien sur un des savants nazi sauvé par les libérateurs, j'ai nommé Wernher Magnus Maximilian Freiherr von Braun le papa des fusées V2, bien loin de la conquête des étoiles dans les tunnels du centre DORA entouré de déportés au service de la machine Hitlérienne…

Michael CHABON n'en est pas à son premier coup d'essai, et avec cette production il se découvre à nous. Il se met en scène, et nous ?
Nous nous laissons emporter par son style, vers… la lune ? Pourquoi pas, nous venons tous de là-haut, non ?

Voilà, un conseil, ce livre simple et efficace, ne passez pas à côté, vous avez à en apprendre dans ces pages qui sont pleines de délicatesse et d'émotions.

Merci à Michael CHABON

Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Il est des livres qu'on ne lit pas à la bonne période sans doute, et à côté desquels on passe malgré un véritable enthousiasme au départ.
Ce fut mon cas avec ce livre que pourtant je qualifierais de bon. Et oui, cela semble paradoxal !
C'est essentiellement la forme, un peu trop destructurée à mon goût, qui ne m'a pas permis d'adhérer à l'histoire et d'apprécier les personnages comme ils le méritaient.
Car le propos est bon, l'idée de mêler semble-t-il, véritables souvenirs et fiction, est une bonne idée que j'aurais pu apprécier avec une narration plus chronologique. Mais là, cela part dans toutes les directions et il faut lâcher prise pour entrer dans le roman, ce que je n'ai pas réussi à faire.
Qu'à cela ne tienne, ce roman atypique est bien écrit, a quelquechose à raconter, comme le passage de témoin entre générations, si important dans les familles et juives particulièrement, des personnages qui valent le détour, même si je suis passée malheureusement à côté de ces souvenirs de famille.
Merci aux Editions Robert Laffont et à NetGalley pour la découverte de ce livre qui devrait plaire à beaucoup, pour son histoire et ses réflexions intéressantes.
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Moonglow est un roman marquant, tant par son thème que par sa forme.
La natation à la première personne raconté par Michael narre la vie de son grand-père dans un ordre non chronologique et défiant toute logique... en effet ce sont sur les derniers instants de son grand-père que notre narrateur essaie de comprendre l'histoire de sa famille maternelle.
Entre la grande Histoire de la Seconde Guerre Mondiale et la petite histoire des états d'âmes et de la vie du commun des mortels, impossible de s'ennuyer! Chaque chapitre est une nouvelle surprise car nous ne savons pas où la mémoire du grand-père nous mènera.
J'ai trouvé quelques longueurs sur certains passages, je ne sais si c'est le thème des fusées ou les descriptions banales qui m'ont ennuyé sur ces dernieres, ou bien juste que je n'avais pas la tête à la lecture durant les vacances... cependant très vite une phrase, une situation qui happait mon attention me replongeait dans le roman.
Par ailleurs, je n'avais encore jamais lu de livre sur la conquête spatiale, c'était donc une première pour moi. Et en refermant ce livre, après réflexion, cela m'a donné envie d'en découvrir plus sur l'univers des fusées.
Moonglow m'a aussi apprit de nouveaux faits sur la 2nde Guerre Mondiale. Inculte comme je suis, je ne connaissais pas Werhner von braun et encore moins son potentiel passé nazi avec le camp de concentration Dora.
Pour conclure, Moonglow est une belle découverte que je conseillerai volontiers. Michael Chabon a une écriture que j'apprécie, j'espère bien recroiser son chemin dans mes prochaines lectures.
Le must pour savourer la lecture... Monnglow en fond sonore de Glenn Miller!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dans ma famille, depuis que j'existais, on préférait laisser la question des sentiments, et des discours sur les sentiments, à ceux qui n’avaient rien de mieux à faire.
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