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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Chamoiseau réinvente le mythe de Robinson, quelque part entre celui de Defoe et celui de Tournier, dans un roman multicolore à la langue foisonnante et extrêmement inventive.
Robinson vient de passer les vingt dernières années de sa vie sur une île déserte mais sa solitude est toute relative, peuplée des chants d'oiseaux, du bruit du vent dans les feuilles, d'odeurs de frangipane, de rose, de papaye… et surtout de cet Autre qu'il ne voit pas plus que nous mais qu'il imagine partout, derrière chaque bruit provenant d'un buisson, chaque mouvement qu'il croit détecter depuis qu'il a découvert une empreinte dans le sable.
Le lecteur suit les pensées de cet étrange Robinson qui évolue au coeur d'une nature luxuriante extraordinaire qui l'oblige à trouver d'autres mots, à les assembler différemment, à réinventer un vocabulaire adapté à l'île.

« L'empreinte à Crusoé » est un très beau roman de Patrick Chamoiseau, plein de sensualité et de magie (on y croise elfes et korrigans), une ode à l'imagination du romancier, un hommage à la langue française nourrie d'autres cultures (créoles notamment mais pas seulement).
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" Je craignais qu'une tempête ne dévaste la plage et n'emporte l'empreinte à tout jamais; sa disparition me renverrait à une solitude que j'étais désormais inapte à supporter."

Le narrateur vit seul depuis plus de vingt sur une île déserte. Après avoir établi des règles d'organisation, la solitude et les errements lui font découvrir une empreinte sur la plage. Cette marque va susciter énormément d'émotions : la peur puis l'espoir mais aussi la déception, l'imagination. L'auteur excelle dans les descriptions de tous ces états d'âme.

Le style est très (peut-être trop) descriptif, ce qui fait à la fois la force mais aussi la lourdeur du récit

Bien évidemment, je me suis délectée des descriptions de lieux (notamment l'invasion des tortues), des divagations du narrateur. Il y a notamment un passage où la description aiguise tous les sens. On passe de la vue pour la contemplation du lieu à l'ouïe avec les bruits des animaux, au toucher avec le souffle du vent, à l'odorat avec les parfums de la foret et au goût avec la viande des proies.

Mais même si les émotions du héros sont très changeantes, le style se révèle vite assez lourd et ennuyeux.

J'avais lu, il y a quelques temps Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier et cela m'a paru plus vivant. Peut-être parce qu'il y a un réel Dimanche mais aussi parce que les évolutions humaines sont progressives et empreintes de plus d'humanité (tristesse, rire, tendresse).

Le dernier chapitre, L'atelier de l'empreinte, éclaire le lecteur sur l'objectif de l'auteur, celui d'être à mi chemin entre Defoe et Tournier, d'interpréter différemment les mêmes évènements, de se centrer davantage sur l'individuation. Il faudrait peut-être lire ce dernier chapitre avant de lire le roman.

J'ai apprécié la chute de l'histoire qui donne une réelle différence au récit et qui témoigne d'une volonté de s'approprier un livre très connu avec une réelle identité.
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Avec ce livre, Patrick Chamoiseau se propose de revisiter l'histoire de Robinson Crusoé.
Ici, il est plus question de psychologie, de ce qui se passe dans la tête de ce naufragé présent sur cette île depuis plus de vingt ans, enfin, selon son repère spatio-temporel.
Il a dû se reconstruire, physiquement, mais surtout psychologiquement, apprivoiser la solitude et l'île : "après avoir posé de multiples questions enchâssées dans des formules ad hoc, je m'étais mis à l'écoute de leurs signes et conseils; seul un silence grisâtre m'était revenu, avec parfois un remugle d'abîme qui laissait à penser que j'étais désormais bien au-delà de toute réalité, en une contrée où la puissance des morts elle-même ne laissait aucun accès possible à une quelconque chance;".
Et puis un beau jour, c'est le grand bouleversement, avec la découverte d'une empreinte dans le sable, preuve qu'il n'est pas seul : "en m'isolant dans l'île, en m'isolant de l'île, je m'étais aussi isolé de moi-même;", c'est alors qu'il se prépare à rencontrer l'Autre, à imaginer comment il serait, comment il va l'accueillir.
Il lui faut ré-apprivoiser l'idée de rencontrer un autre humain, de vivre de nouveau une relation humaine : "je n'étais ni ému, ni terrifié, ni impatient d'être en face des hommes; j'étais seulement porté par une plénitude ni béate, ni inquiète, mais pleine d'elle-même, toute sphérique et puissante, sans aucun tremblement, et qui chez moi, seigneur, accompagnait maintenant le surgissement d'une beauté; au bout des vingt-cinq ans de cette immobile aventure, je fermais avec vous la boucle ultime d'une immense rencontre ...".

Le style d'écriture est surprenant, pas de majuscule ni de point, un enchaînement de phrases ponctuées de virgules et de points virgules.
Autant dire que cela m'a quelque peu dérangée, hormis que cela redonne ses lettres de noblesse au point virgule peu usité et tombé dans l'oubli, car j'apprécie généralement les textes aérés; et puis il n'y a aucun dialogue, ce qui rend le récit très dense, peut-être parfois trop.
L'histoire est une suite d'interrogations, de travail sur la psychologie et si j'ai pu l'apprécier pendant un temps, cela a fini par me lasser quelque peu dans ma lecture.
Même si cela illustre une forme de folie, le personnage se lance dans la quête de l'autre et tourne en rond tel un poisson dans son bocal (ou ici tel un naufragé sur une île).
Le récit narratif est interrompu par le journal de bord d'un capitaine, mais c'est trop distillé et cela aurait pu redonner du souffle au récit en étant utilisé un peu plus souvent.
La pirouette finale est jolie, j'avais pensé à une toute autre, mais celle-ci est jouissive et intelligente.

Patrick Chamoiseau maîtrise son écriture de bout en bout, avec un style bien à lui qui lui permet de laisser son empreinte dans la littérature francophone d'aujourd'hui.
Son travail sur Robinson Crusoé est intéressant et cette version a des qualités, elle se focalise néanmoins parfois trop sur le psychisme au risque de lasser le lecteur.
"L'empreinte à Crusoé" est un livre à découvrir, pour cette nouvelle vision apportée sur le personnage de Robinson Crusoé.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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J'ai choisi de le lire car j'aimais bien l'idée de ce que j'avais bêtement interprété comme étant une suite à Crusoé, "le vrai" , et qui en est en fait une sorte de palimpseste.
Le titre aussi continue de me chatouiller, je n'en comprends pas la forme linguistique ; est-ce un complément du nom erroné (on dit bien la crotte de nez, et pas la crotte à nez, bien que ça ne fonctionne pas avec le sac à main), en grand décalage avec le registre de langue ultra soutenu (daté, meme, d'époque) maintenu tout au long du livre ? Est-ce un complément indirect, comme dans "l'annonce (faite) à Marie" on aurait "l'empreinte (faite) à Crusoé"?
J'ai découvert plusieurs mots à la volée, jamais croisés au cours de précédentes lectures (ajoupa, quiscale, barbadine...) Et puis, au-delà de l'emprunt, l'empreinte.
La fin est inattendue, et pourtant grande amatrice de polars et thrillers en tous genres, c'est dur de me la faire maintenant.
Je reste toutefois avec un gout (de sel) vraiment perturbant dans la bouche. J'ai eu du mal à le lire, et la typographie n'aide pas : les 221 pages sont une logorrhée qui m'a terrassée : pas de points, pas de majuscules ; bref, pas de phrase, même pas une pour commencer. C'est l'heure de gloire du point-virgule. On est pris dans le tourbillon mental de Robinson, dans son défaut de mémoire, dans ses découvertes (primitives et culturelles), dans l'affrontement de la solitude (mais il n'est jamais seul, l'ile et ses "habitants" y compris végétaux sont des personnages à part entière). Et puis cette empreinte, bon moi j'avais deviné qu'elle n'était pas le sujet du livre. Mais cette manière m'a rendu le fond un peu hermétique (un peu, j'ai du creuser et m'acharner dans la tempête du point-virgule), et en décourage probablement beaucoup.
A ceux-là je dis persévérez, un trésor gît sous les décombres.




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Le thème de Robinson Crusoé revu par Patrick Chamoiseau est assez original, car on voit tout le cheminement intellectuel de l'homme qui se retrouve isolé pendant plusieurs années sur une île déserte. Cet homme est amnésique ; il ne sait donc pas pourquoi , ni comment il est arrivé sur cette l'île. Il ne sait pas non plus qui il est.
En partant de là Patrick Chamoiseau a fait évolué son Robinson. D'abord c'est un être agressif qui ne pense qu'à sa survie. Sa peur est omniprésente. Puis il glisse vers différentes étapes. Il idolâtrera, il aimera, il voudra être aimé, il deviendra observateur...
Bref, je ne peux pas tout dire, à moins de raconter tout le livre. Et surtout, la chute est inattendue.
J'ai bien aimé ce livre, mais j'ai trouvé certains passages un peu trop long. le style est agréable. J'ai beaucoup aimé les mots inventés par Robinson, et également l'usage qu'il fait des outils et objets qui sont à sa portée. Et pour ceux qui aiment les réflexions métaphysiques ou philosophique, vous aimerez sûrement.
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Avec ce livre j'ai souhaité ouvrir davantage mes horizons au propre comme au figuré. Mission réussie. La plume de l'auteur est saisissante, luxuriante et très poétique. C'est une nouvelle version de la fameuse histoire de Robinson Crusoé mais décrite sous un angle tout à fait différent de celle de Daniel Defoe ou de Michel Tournier. En effet, celle de Chamoiseau est plus philosophique et anti-colonialiste se focalisant sur «l'humanisation» de son personnage, délivrant un beau message au passage : c'est l'accomplissement de soi qui permet l'ouverture aux autres et les relations humaines. J'ai trouvé la démarche très intéressante quoique parfois un peu obtus.
Ce qui m'a le plus saisie c'est la façon dont l'auteur parvient à décrire l'île et les sensations de Crusoé. Il met des mots sur les impressions et émotions les plus profondes et sur lesquels je serai, pour ma part, bien incapable de m'exprimer. La chute de l'histoire m'a également beaucoup surprise. Je ne m'attendais pas du tout à ça (je n'en dis pas plus pour ne pas vous spoiler !)

Le hic : l'aventure est « intérieure » au personnage, mentale uniquement donc si vous être un fervent amateur d'action à tout va, vous risquez d'être déçu. J'admets qu'il y a quelques passages répétitifs et difficilement compréhensibles car comme le dit Chamoiseau lui-même « le récit fermente sur lui-même en saisie d'états de perception, le difficile c'est de le forcer à laisser éclater de petites bulles, qui font événement, comme de la lumière ».

En bref : un beau récit qui fait réfléchir et voyager. Malgré quelques passages difficiles, la plume de l'auteur est magnifique. Je vous le recommande vivement, ne serait ce que pour la découverte ;-)

Lien : https://thecosmicsam.wordpre..
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Après vingt années de solitude sur son île déserte, Robinson Crusoé découvre soudain une empreinte de pied humain sur le sable de la plage qu'il a arpenté tant de fois. Pour lui, c'est une révélation, un bouleversement, un cataclysme. Y aurait-il un autre homme quelque part dans le royaume qu'il s'est péniblement créé ? Il commence par paniquer puis rassemble des cadeaux et se lance à la recherche de cet inconnu. Mais plus il fouille l'île jusque dans ses moindres recoins, moins il se rapproche de la découverte attendue. Pendant ce temps, le capitaine d'un vaisseau négrier consigne d'étranges notes dans son journal de bord.
Quand, après Michel Tournier, Patrick Chamoiseau s'attaque au mythe de Robinson Crusoé, le résultat est pour le moins surprenant. Plus d'aventures, plus de romanesque classique, mais une sombre narration erratique, une agaçante logorrhée descriptive qui, si elle est parfaitement adaptée à l'état mental particulièrement perturbé du solitaire, reste assez pénible à lire. Et pour encore aggraver le pensum, Chamoiseau a pris le parti de se passer de majuscules et de points. Il accumule les points-virgules pour lesquels il semble s'être pris de passion. « Le point-virgule, dit-il, est un passeur d'énergie. Je le découvre. Sorte de contrebandier très cool que les belles-lettres ont pourtant traité comme petit télégraphiste de la nuance. Erreur. » ou « Le point-virgule s'est imposé, je ne sais pas pourquoi, peut-être l'idée du flux de conscience, de l'instabilité mentale, de la saisie qui ne raconte pas. » Nous ne lui faisons pas dire. Car au-delà des deux cent pages d'élucubrations de son Robinson frapadingue, il ne se passe pratiquement rien. Cette nouvelle version ne fait que reprendre les thèmes africanisants habituels sur lesquels nous ne nous étendrons pas pour ne pas déflorer une fin décevante. Il va sans dire que si le lecteur n'avait pas été contraint, par « conscience professionnelle », de lire ce livre jusqu'au bout pour pouvoir en donner critique dans le cadre du prix Océans, il aurait abandonné au bout de trente pages tant cette histoire est indigeste et insipide. Il ne suffit pas d'accumuler mots, phrases, tournures pompeuses et de se réclamer de Parménide, Héraclite, Saint John Perse, Glissant, Césaire, Walcott et Faulkner (« tous nombreux et obscurs », précise-t-il) pour produire un chef d'oeuvre poético-philosophique !
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Le thème de Robinson Crusoé revu par Patrick Chamoiseau est assez original, car on voit tout le cheminement intellectuel de l'homme qui se retrouve isolé pendant plusieurs années sur une île déserte. Cet homme est amnésique ; il ne sait donc pas pourquoi , ni comment il est arrivé sur cette l'île. Il ne sait pas non plus qui il est.
En partant de là Patrick Chamoiseau a fait évolué son Robinson. D'abord c'est un être agressif qui ne pense qu'à sa survie. Sa peur est omniprésente. Puis il glisse vers différentes étapes. Il idolâtrera, il aimera, il voudra être aimé, il deviendra observateur...
Bref, je ne peux pas tout dire, à moins de raconter tout le livre. Et surtout, la chute est inattendue.
J'ai bien aimé ce livre, mais j'ai trouvé certains passages un peu trop long. le style est agréable. J'ai beaucoup aimé les mots inventés par Robinson, et également l'usage qu'il fait des outils et objets qui sont à sa portée. Et pour ceux qui aiment les réflexions métaphysiques ou philosophique, vous aimerez sûrement.
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