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EAN : 9782748902389
110 pages
Agone (22/09/2015)
4.5/5   21 notes
Résumé :
Comment le système Foxconn – les usines chinoises qui produisent iPhone et PlayStation – expérimente et met en œuvre les pires formes d’exploitation.
Foxconn est le plus grand fabricant du monde dans le domaine de l'électronique. Ses villes-usines, qui font travailler plus d'un million de Chinois, produisent iPhone, Kindle et autres PlayStation pour Apple, Sony, Google, Microsoft, Amazon, etc. En 2010, elles ont été le théâtre d'une série de suicides d'ouvri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe" disait un esclave mutilé à Candide au XVIIIème siècle. Aujourd'hui, à quel prix possédons-nous portables, bijoux technologiques censés nous faciliter la vie, voire nous libérer?
Cette" technologie libératrice" repose sur l'esclavage moderne de millions d'individus en Chine ou ailleurs. Ces textes, analyses et témoignages nous font entrevoir les conditions de vie épouvantables dans les usines Foxconn à Shenzen dans le sud de la Chine.
Quinze heures par jour, une pression terrible, pas de législation sociale, des individus déracinés, isolés, venant des campagnes, individus au service des machines de l'usine et de leurs cadences infernales.
Une vague de suicides par défenestration touche l'usine en 2010. La direction répond par des grillages qui accentue l'aspect carcéral ou par de nouvelles délocalisations.
La liberté, la communication, la solidarité, la créativité permises selon des dirigeants de la Sillicon Valley par ces merveilleux objets technologiques ont un prix humain terrible... ( y compris en Occident) sans parler du coût écologique.
A faire lire aussi à nos ados...
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Eclairés par la lecture de cet ouvrage édifiant, effarant, horrifiant force nous est de faire un examen de conscience et de nous poser une question dérangeante.

Quel est notre part dans le suicide et les conditions de vie, de travail épouvantable de nos frères humains chinois ?

Nous pouvons simplifier rapidement en deux réponses diamétralement opposées :

A la manière du PDG de Foxconn membre Ô combien haut placé de l'hyper classe ( Définitions ici : https://www.senscritique.com/livre/Baise_ton_prochain/critique/274188163 ou ici https://www.senscritique.com/serie/Coup_pour_coup/critique/236960553 ou ici https://www.senscritique.com/morceau/god_save_the_queen/critique/275658749 ) Terry Gou au passage se targuant d'être fatigué de gérer un million d'animaux qui soulignons le sont ses esclaves...Nos esclaves ?

Je suis à un niveau de l'échelle qui me permet de profiter d'outils ultra sophistiqués pour un coût modique, donc ceux qui se trouvent à des étages inférieurs peuvent bien mourir dans des mines ou des usines je m'en moque. de toutes façons tout repose sur l'expérience de Milgram et le "Choc des civilisations" du moins en ce qui nous concerne. Clarifions ceci : Nous ne les connaissons pas, nous ne les voyons pas, nous ne les entendons pas, ils sont loin, ils ne font pas partie de notre civilisation, ils sont très différents. Je vais donc continuer à acheter fréquemment des objets de haute technologie surtout en périodes de fêtes. Je ne chercherai pas à les réparer mais je les jetterai indifférent aux immondices qui s'accumulent dans les décharges numériques lointaines (Déchets électroniques : une montagne de 57 millions de tonnes en 2021) et causant mort et maladie à des enfants de la misère puisque mon pouvoir d'achat me permet d'en acheter de nouveaux encore plus destructifs et encore plus beaux.

Ce n'est pas grave : "Après moi le déluge !"

Ou alors :

Je dois essayer d'être plus vertueux. Je ne changerai pas mon ordinateur ou mon téléphone par attrait consumériste. Quand j'achèterai je prendrai du matériel fiable, de qualité de manière à ne pas le jeter au bout d'un an. Je serai moins soumis aux achats compulsifs des fêtes qui augmentent la pression sur les travailleurs. Je réparerai le matériel si cela est possible. Je confierai le matériel inutilisable à une filière de recyclage fiable.

C'est grave : "Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants."

En gros si on observe les comportements de nos contemporains européens. Il semblerait qu'ils s'en foutent. La classe moyenne se bagarre pour conserver ses acquis, ce pouvoir d'achat qui au prix de leur travail (nettement inférieur en temps à celui d'un ouvrier chinois : Douze heures par jour, un jour de congé toutes les deux semaines, un mois en travail diurne puis un mois en nocturne pour les casser définitivement par épuisement, vie en dortoir car salaires insuffisant pour se payer un conapt, horizon bouché !) leur permet d'acheter de plus en plus de "merdes" SUV électriques ou pas en tête et qui perdent la moitié de leur valeur quelques mois après achat. Les choses, les objets ne valent plus rien seul l'argent a de la valeur et tout le fonctionnement capitaliste nous pousse à dépenser au détriment de la mort du monde pour engraisser les Ogres de la finance qui nous survivront.
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Depuis Rousseau, les critiques de la techniques qui ont annoncé cette prophétie – la soumission de l'homme à la machine – se sont succédés. Elle se réalise aujourd'hui d'une double façon de manière criante, et les objets dont il est question illustrent parfaitement la chose: ici, des occidentaux esclaves de leurs gadgets électroniques – smartphones et consorts, et là bas, en Asie, une main d'oeuvre enchainée à un outil de production dans des conditions que les pires esclavagistes de l'histoire ne renieraient pas. Ce sont les conditions de vie de ces derniers que ce petit opuscule explore au travers de témoignages poignants. Dans ce 21e siècle qui a érigé la "communication" comme l'outil roi des possédants, ce petit livre contribue à nous faire voir ce qui se cache derrière un simple objet de consommation que la publicité nous enjoint d'acquérir sous peine d'être largués (sentence terrible !) : l'asservissement ignoble de populations entières et, entre autres, l'exploitation sans aucune retenue des ressources naturelles. Mais pour ce 2e aspect, il faudra se reporter à d'autres ouvrages. Une incitation à réveiller notre esprit critique complètement anesthésié par le matraquage exercé par la publicité, la nébuleuse médiatique et même notre personnel politique qui, tous, ne veulent que notre bien dans la consommation effrénée de saloperies inutiles et polluantes dans tous les sens du terme.
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C'est une enquête qui fait froid dans le dos! Car au final nous sommes tous responsable! Une enquête qui donne envie de jeter son smartphone pour ne plus exploiter des millions de personnes à l'autre bout du monde.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Et si l'ensemble des infrastructures nécessaires à la production de tous les téléviseurs, ordinateurs, iPads, appareils photos et téléphones que nous utilisons étaient relocalisées sur nos territoires ? Voyons un peu : mines de terres rares, d'or, de cuivre et d'étain, forages pétroliers, usines chimiques, construction de nouvelles centrales électriques, multiplication des prélèvements d'eau, usines de circuits électroniques et d'assemblage, déversements toxiques à chaque étape de la production. Regarder cela en face, ne pas le perdre de vue, n'est-ce pas un préalable indispensable à toute réflexion sur la "liberté", l'"autonomie", la "solidarité" et la "créativité" que tout ces objets sont censés décupler ?
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J’ai avalé une lune de fer
Qu’ils appellent une vis
J’ai avalé ces rejets industriels, ces papiers à remplir pour le chômage
Les jeunes courbés sur des machines meurent prématurément
J’ai avalé la précipitation et la dèche
Avalé les passages piétons aériens,
Avalé la vie couverte de rouille
Je ne peux plus avaler.
Tout ce que j’ai avalé s’est mis à jaillir de ma gorge comme un torrent
Et déferle sur la terre de mes ancêtres
En un poème infâme.

- poème de Xu Lizhi, qui s’est suicidé le 30/09/2014.
[Ouvrier de 24 ans, il adorait les livres et rêvait d’être bibliothécaire.
Il décrit dans des poèmes sa vie à FoxConn (groupe industriel taïwanais spécialisé dans la fabrication de produits électroniques).]
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Le dernier cimetière
                                             21 décembre 2011




Les cris d’oiseaux de la machine qui s’assoupit
Le fer malade enfermé à double tour dans l’atelier
Les salaires planqués derrière les rideaux
Comme l’amour que les jeunes ouvriers enfouissent au
     plus profond de leurs cœurs
Pas le temps d’ouvrir la bouche, les sentiments sont
     pulvérisés.
Ils ont des estomacs cuirassés d’acier
Remplis d’acides épais, sulfurique ou nitrique
L’industrie s’empare de leurs larmes avant qu’elles
     ne coulent
Les heures défilent, les têtes se perdent dans le brouillard,
La production pèse sur leur âge, la souffrance fait des heures
     supplémentaires jour et nuit
L’esprit encore vivant se cache
Les machines-outils arrachent la peau
Et pendant qu’on y est, un plaquage sur une couche d’alliage
     d’aluminium.
Certains supportent, la maladie emporte les autres
Je somnole au milieu d’eux, je monte la garde sur
Le dernier cimetière de notre jeunesse.


// Poèmes de Xu Lizhi *

* Xu Lizhi, jeune travailleur migrant chinois à Shenzen, s’est suicidé le 30/09/2014 après avoir laissé des poèmes sur le travail à la chaîne, dans « L’atelier, là où ma jeunesse est restée en plan ».


/ Traduction par Alain Léger
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La fable platonicienne, permise par l'essor de l'informatique, d'une économie fondée sur les "idées" n'a pas seulement participé à forger "le nouvel esprit du capitalisme" : elle a aussi aussi accompagné une division mondiale du travail qui repose, dans les pays riches, sur l'évacuation pure et simple de la production des biens matériels alors même qu'ils sont de plus en plus nombreux, de plus en plus voraces en énergie et en matière fossiles, de plus en plus rapidement obsolètes. Ce qui, en une génération, a créé la situation paradoxale dans laquelle nous sommes : le monde de l'usine et du travail à la chaîne n'a jamais été aussi éloigné du quotidien et de l’imaginaire des classes moyennes mondialisées alors même que le nombre d'usines et de travailleurs à la chaîne sur la planète n'a peut-être jamais été aussi élevé.
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En 2019, Tang Mingfang, contrôleur qualité à l’usine Foxconn de Hengyang, qui produit les Kindle et les enceintes connectées « Echo » d’Amazon, a dénoncé publiquement le travail illégal des stagiaires et des intérimaires du site, où des adolescents peuvent subir des sévices physiques. Ses révélations ont provoqué une enquête de l’ONG China Labor Watch, qui a confirmé ses déclarations, déclenchant un contrôle du site par Amazon. Quelques jours plus tard, Tang Mingfang a été arrêté et torturé par la police. En juillet 2020, après un an de détention préventive, il a été condamné à deux ans de prison pour violation du secret des affaires.
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