Les maoïstes s'attaquèrent à une de nos réceptions, réservée aux fabricants de chemisiers. Ils avaient invité leurs jeunes mannequins, des filles avec des corps incroyables et des bouches luisantes. On pouvait les imaginer dans les salons de présentation, les tétons rouges, la poitrine ensorceleuse. Les fabricants, dès le départ, s'étaient mis à les peloter. Elles avaient fait valser leurs souliers. Les mains se baladaient sous les nappes. Pas besoin de cuillers et de fourchettes pour ces saturnales. Mes commis, eux, étaient fascinés par le petit livre de Johnny. Ils refusaient d'amener l'argenterie et de servir le potage.
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Les journaux ne parlaient que de nous. La radio et la télévision épiloguaient sur notre histoire. La bande des Scotch Tape était revenue. Un nouveau fantôme était levé. Avec un tout autre tempérament. Il n'attaquait pas les stations d'essence de la périphérie. Il ne massacrait plus les pompistes. Il frappait la Pieuvre, droit au coeur.
Jerome Charyn nous lit un passage de son livre Johnny Bel-Oeil.