Décidément,
Maxime Chattam n'est pas un auteur pour moi !
Je l'avais découvert avec «
L'Illusion », dont j'ai gardé un avis mitigé ; je parlais même de « relative déception » pour commencer mon commentaire – mais je ne vais pas vous le retranscrire ici !
Un certain temps plus tard, dans le cadre d'une grille Loto d'un challenge, qui met donc l'auteur en avant, j'avais tenté «
Léviatemps », c'est-à-dire le 1er tome de ce diptyque du Temps que le présent livre termine. Et donc, si mon avis sur «
Léviatemps » était un peu moins pire que sur «
L'Illusion », je n'étais pas tout à fait emballée non plus, mais j'avais apprécié l'ambiance bien rendue de l'Exposition universelle de 1900, tandis que le personnage principal m'agaçait au plus haut point…
Mais voilà : la magie de l'Exposition universelle ne marche plus, puisqu'on n'est plus à Paris, mais à la campagne pour la plus grande partie du livre, face à des événements carrément démentiels qui sont l'oeuvre de ce qu'on n'appelait pas encore un tueur en série. Et, si l'auteur s'est visiblement bien renseigné sur les techniques et (toutes petites) avancées en criminologie et en profilage (qu'on n'appelait évidemment pas encore ainsi !) de l'époque, il reprend son personnage principal qui, pour moi, ne « marche pas ».
Eh oui : ce fameux Guy m'a irritée plus que jamais, tandis que Faustine est mise en retrait, dans un rôle de potiche, définitivement, auquel elle avait pourtant échappé dans le premier tome ! Mais donc, Guy est désormais d'une fatuité sans égale : parce qu'il est écrivain ( !? j'ai envie de dire : ben voyons !), il sait tout mieux que tout le monde, est plus rigoureux et plus scientifique et plus pragmatique que des gendarmes qui paraissent dès lors à moitié débiles, alors que lui laisse parler son imaginaire et ose avoir une autre vision sur les choses. Cependant, lui le grand imaginatif qui va au bout de ses intuitions, refuse de croire au spiritisme (très en vogue à l'époque) et c'est tout juste s'il ne se moque pas ouvertement de ceux qui le pratiquent, même s'il semble les respecter vaguement par ailleurs.
Bref, un type plein de contradiction, on l'est tous ok, mais à la lâcheté flamboyante et à la pédanterie harassante. Il m'a carrément choquée dans ce long (et inutile) passage où il évoque tout à coup, comme surgi d'un néant issu du 1er tome, un vague remords pour l'abandon de sa femme (soi-disant castratrice, mais on n'aura jamais que son point de vue à lui) et de sa fille (qu'il adorait pourtant, dit-il). Avec ça, il se sent encore et toujours trop lâche pour seulement leur expliquer en face les raisons de son départ… Bon, au moins il est capable d'avouer sa lâcheté… et de reconnaître que, en parallèle, il ne rêve que de batifoler avec Faustine !? Mouais… Pourquoi tourner ainsi autour du pot ? Ce mec a été incapable d'être fidèle à sa famille, il ne serait certes pas le premier, mais malgré ses grands airs dans une affaire tortueuse, il ne cesse de se donner de fausses bonnes raisons pour s'auto-excuser, et reste par ailleurs trop lâche pour affronter un éventuel divorce (ah ! les avocats de son beau-père ont bon dos !), tout en rêvant de s'envoyer une maîtresse a priori inaccessible – vous avez compris : je ne supporte pas cette lâcheté entachée de tant d'incohérences, dans le chef d'un type qui, par ailleurs, s'improvise super-profileur, meilleur que tous les autres qui s'y risqueraient, dans un monde qui ne connaît pas encore cette fonction…
Il m'agace, il m'agace, mais il m'agace !
Or, il semble bien que j'ai du mal, beaucoup de mal à apprécier un livre dont le personnage principal, que l'auteur semble réellement affectionner, me déplaît autant ! Par ailleurs, c'est désormais, bel et bien, lui le seul personnage principal… et il en fait des masses ! Dans les premiers 50% au moins, on a un peu d'action, beaucoup de sang et de boyaux, et beaucoup plus encore de réflexions (souvent redondantes, et qui ne semblent mener nulle part) de notre Guy. Et c'est long, et le langage est grandiloquent, voire pédant – comme si, à travers ce personnage que je trouve vraiment détestable,
Maxime Chattam avait eu besoin de montrer qu'il sait écrire avec du vocabulaire… mais il en fait tellement trop que c'est tout simplement lassant !
Et je m'ennuie, je m'ennuie, mais je m'ennuie !
Bref, autant le dire clairement : si ce livre ne s'inscrivait pas dans l'exercice particulier d'un challenge, je ne l'aurais tout simplement pas terminé, car je n'ai pris aucun plaisir à le lire.
Ai-je eu raison (de le poursuivre malgré tout) ? L'auteur finit par ramener nos personnages à Paris, après avoir pseudo-résolu la partie campagnarde de l'affaire, pour se retrouver plongé dans l'évocation du tome précédent – dont j'avais oublié un certain nombre de détails, mais comme ils sont rappelés en long, en large et en travers, ce n'est pas tellement un problème ! C'est, à mon sens, une partie inutile, que l'auteur n'a ajoutée, vraisemblablement, que pour coller à son idée originale du Temps dont il s'était quand même pas mal éloigné, mais ça ne colle pas vraiment, ça ne convainc plus… et on ne le lit plus que parce qu'on retrouve quelques personnages sympathique du 1er tome !
Quant au coupable final, qui couronne les deux tomes, je l'avais déjà soupçonné dans le tome précédent, et c'est devenu tellement évident au fil de ce 2e tome (même si ses motivations resteront obscures), l'effet de surprise a été pour moi complètement raté, je n'ai pu que penser : « enfin on y vient ! » et juste après « est-ce que ça va enfin finir, maintenant ? ».
Et je ne vais pas m'appesantir sur « l'épitaphe » (dans n'importe quel autre livre, on aurait dit épilogue), où on ne sait plus trop si c'est un Guy narrateur (au moins centenaire, alors, puisqu'il semble même connaître Internet ?!) qui parle, ou l'auteur à travers lui, mais certains propos – qui justifient plus ou moins la guerre, et là on parle des deux guerres mondiales ! – sont à vomir.
Arf ! je suis vraiment désolée d'écrire un commentaire aussi négatif ! D'habitude, je m'efforce de trouver les points positifs d'un livre, même quand ledit livre m'a déçue (car il y en a toujours, du positif comme du négatif), ou au pire je l'abandonne avant d'en arriver à le lire comme une épreuve interminable !
Alors, oui : clairement
Maxime Chattam sait écrire, on sent les qualités d'un style agréable et potentiellement prenant et il a des idées à revendre. Mais ici, il s'est perdu dans des longueurs inutiles et grandiloquentes, à travers un personnage principal qu'il semble affectionner, alors que pour moi, c'est l'un des plus détestables que j'aie jamais rencontrés dans un rôle de « bon » dans un thriller ! La magie du contexte historique (du tome précédent) a disparu, la femme échoue dans un rôle de potiche, et la chute n'a eu aucun effet de surprise. Bref, je suis passée à côté, mais alors, complètement !