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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai reçu ce livre dans la cadre de la mass critique et je remercie Babelio et les éditions j'ai Lu pour cet envoi.
Christian Chavassieux nous raconte la vie de Martin, une vie « volée » parce qu'en 1778, alors qu'il n'a que quatre ou cinq ans, il est « acheté » par la reine Marie-Antoinette à sa grand-mère. La reine est alors en mal d'enfant et adopte des jeunes garçons et des jeunes filles pour jouer à la maman. Martin découvre la cour de Versailles et son fonctionnement. de fil en aiguille, il deviendra vacher au hameau de la reine dans le parc du château. Car la reine veut jouer aussi à la Bergère
A partir de 1789, il quitte ce cocon pour découvrir la capitale, son peuple, ses misères, ses espoirs, travaille dans un restaurant, rencontre des personnages historiques secondaires, devient spectateur de la Révolution qui se déroule sous ses yeux avant de prendre les armes et de s'engager dans les armées de la république pour finir dans les colonnes infernales en Vendée en 1794.
J'ai lu ce roman partagé entre frustration et plaisir.
La frustration vient du fait que je trouve que la vie de Martin Sourire nous est racontée comme si il s'agissait d'un personnage ayant réellement existé, ce qui est plutôt réussi, mais Martin n'est jamais maître de quelque situation que ce soit. Il n'y a pas d'arc narratif. le personnage est plutôt bien travaillé dans sa complexité et son évolution, mais il n'est jamais acteur de l'histoire. Aucune de ses décisions, de ses actes n'est réellement important et si on suit sa vie, ses amours, ses traumatismes, c'est plus en passionné d'histoire qu'en amateur de roman que je l'ai fait.
Parce que là pour le coup, c'est une petite claque.
A travers les yeux de Martin, de son sourire qui ne s'efface jamais vraiment de sa figure, c'est une quinzaine d'années de l'histoire de France à laquelle on assiste comme si on y était, de l'intérieur. de la vie des domestiques de la reine au hameau, du simple vacher à l'architecte, de la vie quotidienne dans le Paris de 1789 et 1790, avec prostituées, restaurants, vendeurs de rue, échoppes, relations sociales, domesticité, etc., de l'introduction de personnages historiques oubliés du grand public comme l'architecte Boullée, par exemple, tout est passionnant.
Quand je me suis rendu compte que ce livre n'est pas réellement un roman mais une immersion historique avec le personnage de Martin Sourire comme prétexte, je me suis vraiment fait plaisir. Et les pépites sont alors nombreuses, je pense au vol des glaces des lacs gelés de Versailles, à la mode des devins ou à la secte des convulsionnaires.
Le style de l'auteur est à l'avenant de son propos, un style très XVIIIe siècle, mais quand même très modernisé pour que nous puissions nous sentir à l'aise dans notre lecture. Les chapitres sont cours et les trois parties, Versailles et l'enfance, Paris et la jeunesse, la guerre et les traumatismes sont équilibrés.
Le climax du livre, celui qui vous scotche à votre lecture, c'est la troisième partie. le seul chapitre vraiment long (plus de cinquante pages, quand même) est aussi celui qui vous laissera un goût particulier dans la bouche, quand Martin témoigne de ce qu'il a fait et vue en Vendée.
En conclusion, un roman historique ou le côté historique prend le pas sur le côté roman, mais pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment l'Histoire !
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Avec cette lecture, c'est une fort belle découverte que je viens de faire grâce à Babelio et aux Éditions Phebus. Je les en remercie d'ailleurs. Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Christian Chavassieux (auteur que je ne connaissais pas alors que finalement nous sommes presque voisins...). Quelle plume flamboyante ! le style qui mêle habilement le vocabulaire du XVIIIième siècle et l'argot de la rue donne au récit une vivacité surprenante qui balade le lecteur de la poésie bucolique au plus sordide réalisme. L'exaltation de l'auteur atteint son apogée dans des descriptions qui peuvent s'étendre sur plusieurs pages mais où, en aucun cas, l'ennui ne transperce. Je reste encore sous le choc de sa vision totalement hallucinante de Paris (chapitre 1, 2ième partie). Quant à la retranscription des cuisines d'un grand restaurant (d'autant plus indécente qu'à côté de cette débauche de plats, le peuple meurt de faim), elle met carrément l'eau à la bouche.

J'ai été également séduite par l'histoire de ce jeune orphelin enlevé des bras de sa grand-mère par la Reine Marie-Antoinette en mal d'enfants. La procédure est courante chez elle, l'adoption lui est facile. Conquise par le visage perpétuellement souriant de l'enfant, elle le baptise "Martin Sourire" et l'emmène à ses côtés à Versailles. Ayant enfin assuré sa propre descendance, voilà que la bonhomie de l'enfant la lasse. Martin se retrouve alors vacher près du Petit Trianon, dans la ferme que se fait construire Marie Antoinette où elle aime à se réfugier loin du protocole de la cour. Dans une deuxième partie du roman, à l'adolescence, Martin va enfin découvrir Paris et les coulisses de la Révolution qui se prépare avant d'y prendre part dans la dernière partie.
Plus qu'un roman historique, c'est un roman d'apprentissage que nous livre Christian Chavassieux. Comme il le dit lui-même en postface, il se limite à effleurer cette période, en faisant côtoyer l'histoire de son personnage avec la grande Histoire.

J'ai aimé l'innocence, la naïveté de Martin. Il se contente de ce que le destin veut bien lui accorder, il ne se plaint pas de son sort, se rendant directement responsable de ce qui lui est arrivé (il ne fallait pas tendre les bras à la Reine lorsqu'elle est passée !). En apprenant de ceux qu'il côtoie, finalement il ne s'en tire pas si mal, il apprend notamment à lire. Politiquement, bien sûr, ses opinions ne sont pas très définies. Sa propre identité est confuse, comme l'est sa vision du monde. Malheureusement, c'est le sang versé au cours des guerres de Vendée auxquelles il va participer, qui signera la fin de son insouciance et transformera son beau sourire en rictus.

Ce roman où l'auteur mêle le produit de son imagination à des faits historiques réels (il démêle le vrai du faux dans la postface et y apporte quelques explications intéressantes) m'a beaucoup plu. Malgré quelques longueurs ressenties dans la troisième partie, j'accorde un 16/20 à Christian Chavassieux et j'espère découvrir prochainement ses autres récits.
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Si l'Histoire a bien retenu la longue stérilité du mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette, elle connait beaucoup moins bien les assez nombreux enfants que la reine adopta avant de concevoir - enfants inconnus, orphelins de ses anciens serviteurs... évidemment pas destinés à un quelconque avenir politique mais dont elle assura la subsistance jusqu'au bout.
Par la fantaisie du romancier, le cas de Martin Sourire est quelque peu différent. Un gamin sans nom ni parents attrapé au hasard d'un chemin, coup de foudre ou caprise devant une bouille aux beaux yeux noirs, au sourire étrange, un sourire comme gravé dans la chair, que les malheurs peuvent tordre et troubler mais jamais effacer. Voilà alors le petit paysan propulsé sous les ors de Versailles, nommé, lavé, habillé, poudré, instruit. Mais il ne parle presque pas, sa sauvagerie détone, rebute, la reine commencerait-elle à regretter son élan irréfléchi ? Il n'a clairement pas sa place dans les décors éblouissants du palais, en tout cas - à la rigueur, plutôt dans le parc, là-bas, où la nature reprend un peu ses droits malgré les mises en scène, où l'on peut se cacher à loisir ou engager une vie qui ressemble assez au bonheur, loin de la faim et de la misère, bien à l'abri du reste du monde.
Sauf que le reste du monde, on le sait, ne va pas tarder à cogner à la porte. Et Martin, devenu adolescent, peut-il résister à ce qui l'appelle au-dehors ?

Après l'excellent l'Affaire des vivants, je retrouve avec beaucoup de plaisir la belle plume de Christian Chavassieux. Les personnages, ici, sont peut-être moins puissants, moins complexes que dans son précédent roman - mais avec son éternel sourire figé, ses manières sauvages, taiseuses, qui dissimulent une intelligence bien réelle, Martin n'en est pas moins un personnage attachant, moins simple qu'il n'y paraît d'abord et porteur, qui plus est, d'une valeur symbolique intéressante.
Martin, au fond, c'est un peu le peuple français, entraîné d'abord dans les bras d'une royauté à la fois maternelle et égoïste, protectrice et décevante, enthousiasmé ensuite par les idéaux de 1789 puis cruellement trahi par cette révolution qui l'avait révélé à lui-même, en laquelle il plaçait tant d'espoirs, cette révolution qui tourne au combat de bêtes fauves, finit par éveiller le pire en l'homme au nom d'un idéal déjà perdu en route.
L'habileté de l'auteur est là : ignorer l'histoire, déjà tant évoquée, de ceux qui ont fait la Révolution, pesé sur ses grands retournements, pour mettre en scène le quotidien de ceux qui l'ont vécue au jour le jour, informés par les gazettes, les rumeurs, les faits évidents, convaincus, entraînés sans doute par un élan général, mais sans influence aucune sur le cours des choses, perplexes, au fond, sur le sens exact à donner à tout ça. Il en tire une belle chronique de ces années de bouleversements, qui restitue avec beaucoup de vie, de précision et de charme, le petit monde à part de Trianon puis le Paris de la Révolution. Et puis... et puis le récit, jusqu'alors relativement souriant malgré ses ombres, bascule : la guerre entre en scène, et la pire de toutes, la guerre civile, qui prétend écraser, nettoyer, se nourrit d'idéologies tendues jusqu'à la haine, de discours maladroits mal compris, ou trop bien, exacerbés jusqu'à la pure folie. Ce sont les colonnes infernales de Vendée, au sein desquelles Martin découvre bien malgré lui quel monstre sommeille en chaque humain, prêt à bondir pourvu qu'on sache le réveiller. L'évocation en est admirable, d'une cruauté terrible, hallucinée. Plus dérangeante, plus trouble, l'histoire devient alors bien plus puissante, et le personnage de Martin avec elle, jamais plus touchant que lorsque son impérissable sourire s'est figé en rictus.

Un excellent roman historique, en somme, que je recommande chaudement ! La langue, de plus, en est belle, sait emprunter au passé juste ce qu'il faut pour prendre un ton d'époque sans paraître jamais artificielle. Petit plus appréciable : le livre se termine par une très intéressante annexe historique, bien mieux qu'une simple bibliographie, où l'auteur détaille ses recherches, explique ses choix, approfondit quelques éléments de vocabulaire et offre quelques éléments biographiques aux nombreux personnages méconnus mais bien réels qu'on a croisé dans le roman. J'ai d'ailleurs été ravie de découvrir parmi eux l'architecte utopiste Etienne Louis Boullée, dont je trouve les projets assez fascinants
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Ce roman est dense mais ça vaut le coup. Récit de la vie d'un orphelin "recueilli" par Marie-Antoinette, qui se désintéresse de lui aussitôt qu'elle a ses "vrais" enfants. Dans une première période il vit à Versailles d'abord au palais puis dans le petit hameau de la Reine, simulacre de campagne construit pour sa distraction. Vient la Révolution, et il part pour Paris afin de découvrir le monde réel. Engagé volontaire dans l'armée républicaine, il participe ensuite à la guerre contre la Prusse et à la répression de la révolte Vendéenne. C'est à ce moment que ce récit bascule dans le drame, avec force détails sur les colonnes infernales et la barbarie exercée contre les Vendéens par la jeune République. Martin en revient avec un syndrome de stress post-traumatique typique, mais forcément pas diagnostiqué et encore moins traité à l'époque.
Vie volée d'abord par la Reine, puis par la Révolution et la Guerre.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus: c'est une jolie perle de roman que je viens d'avoir l'occasion de découvrir grâce à Masse Critique.
De cet auteur, j'avais déjà dévoré L'affaire des vivants mais j'avais tellement aimé celui-ci que je n'osais pas attaquer le reste. C'est toujours ainsi après un roman fantastique, la question "Et si le reste de son oeuvre me décevait?"
Rien de cela ici: La vie volée de Martin Sourire est un très bon roman, qui pourtant traverse deux sujets, deux périodes, la vie à Versailles sous l'Ancien Régime et la Révolution, qui ont déjà été tellement traités et par les historiens et par les écrivains et se révèlent souvent bourrées pour eux d'embûches et de clichés. Et ne parlons même pas du sujet de la Vendée qui crispe encore tellement de passions après tout ce temps que la plupart des écrits qui lui sont consacrées sont plus partisans qu'autre chose, la qualité s'en ressentant. (A part peut être chez La Varende, mais aussi magnifique soit sa plume, nul ne peut dire de lui qu'il est impartial, loin de là même)
Christian Chavassieux est un écrivain d'une autre trempe: il a déjà la bonne idée d'aborder cela par un angle original. Voici Martin Sourire, orphelin, une petite bouille ronde avec justement,un sourire inextinguible, pour lequel une Reine, encore en mal de maternité, a le coup de foudre au détour d'un voyage.... le destin de Martin en est bouleversé et c'est à travers lui que l'auteur nous offre une plongée dans l'histoire et dans l'âme humaine.
Une excellente découverte, que je recommande, et un roman qui m'a décidée à partir à la découverte du reste de l'oeuvre de cet auteur!

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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Phébus qui, grâce à l'opération Masse critique, m'ont fait découvrir un roman qui mérite vraiment d'être connu.

Comme le titre l'indique, nous suivons Martin. Au début du roman, il a cinq ans et est orphelin. Confié à sa grand-mère, son destin bascule le jour où sa route croise celle de la reine Marie-Antoinette. La reine, mariée depuis plusieurs années, n'a toujours pas d'enfants ; pour combler ce manque, elle en choisit certains, les pouponne, parfois les oublie. Martin est de ceux-là.
Le sourire constant de cet enfant a captivé la reine et elle l'emmène avec elle à Versailles ; cette période sera cependant bien courte et, délaissé par celle qui l'a recueilli et nommé, Martin finit par travailler au hameau de la reine, reconstitution factice d'un village idéal. le destin de Martin n'est cependant pas limité aux murs de cet endroit isolé de la réalité et, quand la Révolution arrive aux portes de Versailles, le garçon en profite pour quitter cette prison dorée. Je ne vous en dirai pas plus, à vous de découvrir la suite.

Avec La vie volée de Martin Sourire, Christian Chavassieux nous offre un point de vue très particulier sur Versailles et la Révolution française. Il n'y a pas de vue objective, ce n'est pas un historien qui parle ; non, nous découvrons la vie d'un homme, et il s'avère que, par moments, son histoire personnelle croise la grande Histoire. C'est un point à ne pas perdre de vue car il a une grande importance sur le récit lui-même : nous ne savons que ce que Martin sait ou devine, nous ne connaissons que son avis personnel ou ce que d'autres lui disent, rien n'est objectif.
L'atmosphère de cette époque clef de l'Histoire de France est néanmoins très bien recréée et on sent qu'il a fallu un énorme travail de recherche pour aboutir à ce roman. L'impressionnante bibliographie – commentée ! –, les repères historiques, le lexique et les notices bibliographiques présentés à la fin du livre ne font que confirmer cette impression première.

En conclusion, ce roman possède un style intéressant et propose une perspective originale sur Versailles, ainsi que sur la Révolution française et ses conséquences. Je ne me suis pas ennuyée ne seule seconde en le lisant et je ne peux que le recommander à tous ceux qui apprécient cette époque.
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Martin est enlevé par Marie-Antoinette, Reine de France. Elle adopte des enfants au hasard des rencontres car elle n'en a pas encore eu avec le Roi. Ce garçon a une particularité, il a un sourire permanent, sorte de rictus, d'où le nom qui lui est donné : Martin Sourire.

Dans la première partie, l'auteur décrit cet enlèvement ainsi que l'arrivée de Martin à la Cour. L'enfant est vite délaissé par la Reine car elle réussit à mettre au monde un petite fille. de plus, son comportement mutique ne joue pas en sa faveur. Il ne s'adapte pas aux usages de la Cour . le petit garçon est alors confié à des domestiques qui l'oublient la plupart du temps. Martin reste dans un état quasi-sauvage, il vit caché dans les bois de Versailles un moment. Finalement, il est embauché comme vacher dans le hameau de la Reine, lieu sensé représenter de manière idyllique le monde paysan. La communication est plus facile pour lui avec les animaux qu'avec les hommes. Il y rencontre Richard Mique, le grand architecte de la Reine et d'autres personnages qui ont réellement existé.

Ensuite, commence la deuxième partie. Martin décide de quitter Versailles, une fois que le Roi et la Reine ont été amené à Paris par le Peuple. le jeune homme travaille dans un grand restaurant, le Beauvillers, du côté des cuisines. Puis, il rencontre sa femme Marianne. Dans cet univers de la restauration, il y trouve sa place. Martin est alors plongé en plein Paris révolutionnaire. En tant que citoyen, il assiste à des faits historiques importants. Néanmoins, en raison de son ancienne proximité avec la Reine, il est directement menacé. Il quitte avec regret le restaurant de Beauvilliers pour être embauché avec sa femme chez un architecte dénommé Boullée.

Dans la troisième partie, Martin s'est s'engagé dans l'armée et il est de retour à Paris de manière définitive. J'avoue que l'engagement de Martin dans l'armée m'a étonnée car c'est un peu en opposition à l'idée que l'on se fait de son caractère. Marianne travaille toujours pour l'Architecte, elle a maintenant deux enfants de Martin. On apprend alors ce qui s'est passé pendant la guerre en Vendée et ce à quoi Martin a participé aux colonnes de Huché. Il a contribué activement au massacre et à la torture de nombreux civils vendéens. C'est donc un Martin complètement changé qui revient à Paris. La vérité est effroyable, un monstre se cache derrière une façade souriante. Martin a du mal à se réadapter à la vie normale, il a des pulsions violentes et il est très mal à l'aise avec son entourage. Marianne ressent vite le malaise et s'inquiète pour ses enfants. Martin essaye une dernière fois de trouver ses origines. le roman se termine par un scène troublante qui laisse la voie ouverte à l'imagination pour la suite de la vie de Martin.

C'est un bon roman mais qui est dense. En effet, le nombre d'informations accumulées est important et il y a quelques longueurs. Cependant, le style est très recherché, l'auteur utilise un vocabulaire spécifique à la période. On constate rapidement que Christian Chavassieux s'est très bien documenté sur la Révolution Française et que ce roman historique est plutôt une réussite.

Les annexes sont intéressantes car l'auteur explique son travail de recherche et nous fait part de son inspiration. Il cite ses sources et propose la biographie des personnages réels qu'il fait intervenir dans son roman. Au final, j'ai apprécié ce livre car c'est un roman historique d'apprentissage.
Lien : http://lilasviolet.blogspot...
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Après Mausolées, avec La vie volée de Martin Sourire, c'est le deuxième titre de Christian Chavassieux que j'ai le plaisir de lire. Dans ces deux titres, j'y ai retrouvé les mêmes ingrédients : une intrigue forte qui vous happe dès les premiers mots, une écriture vive et soignée et, surtout, des descriptions à couper le souffle qui, pour certaines, à force de réalisme, peuvent être dérangeantes et vous poursuivre bien longtemps après avoir refermé l'ouvrage.

"Le sourire de Martin était une particularité de sa physionomie et ne trahissait rien de ses passions intimes."

Martin, c'est un garçonnet à la bouille souriante qui charme la reine Marie-Antoinette alors qu'elle traverse la campagne parisienne. Quelques pièces glissées dans les mains de la grand-mère et voici l'enfant emporté à Versailles. Rebaptisé Martin par la souveraine en manque d'enfant à choyer, il déçoit rapidement : malgré les efforts déployés, il reste silencieux et sauvage. Confié de main en main, il finit par se retrouver vacher dans la ferme pédagogique du château. Son mutisme ne l'empêche pas d'observer tout ce qui l'entoure et de pressentir les changements qui sont en marche. Osera-t-il franchir les grilles du domaine, naître à sa propre vie et s'affranchir de cette étiquette d'"enfant de la reine" qui lui colle à la peau ?

"Il y aura un jour, après. C'est aussi inconfortable que de se trouver au milieu d'un gué, mais enfin, c'est essentiel d'avoir compris que les phases de la vie connaissent des fins et sont annonciatrices de changements."

Dans ce roman découpé en trois parties, l'auteur nous fait vivre de l'intérieur, par l'intermédiaire de ce gamin du peuple "adopté" par la reine, les années révolutionnaires. L'histoire s'ouvre avec l'enlèvement de Martin, en 1777, et s'achève en 1794 alors qu'il revient de la meurtrière campagne de Vendée. Entre les deux, on découvre sa vie à Versailles, moins dans le château qu'il fréquente très peu de temps finalement que dans ce petit village miniature construit de toutes pièces pour le plaisir de la reine et de sa cour. On le suit dans ses premiers pas de jeune homme à Paris, des rues sordides à l'appartement d'un grand architecte qui le prend sous son aile en passant par les cuisines du meilleur restaurant de la ville. Pour finir, dans un flashback terrible, on revit par bribes les exactions commises sous le régime de la Terreur.

"Il y avait bien une noble mission, à l'origine, là-bas, au premier de nos pas, il y avait une idée de grandeur et d'élévation quelque part à la source, mais la confier aux loups et aux corbeaux... ils font tout salement, dévorent les proies toutes vies, se foutent des plaintes des corps qu'ils déchirent (...)"

C'est sans conteste cette troisième partie qui marque les esprits. Bien évidemment, elle ne serait rien sans les deux précédentes. Dès le départ, on s'attache à ce gamin qui manque cruellement d'amour mais qui grandit bien. On se félicite de le voir s'instruire progressivement, de le voir se tenir éloigné autant que possible des manipulations des uns et des autres. On pressent toutefois qu'il ne pourra en être ainsi jusqu'au bout, qu'il lui faudra à un moment ou à un autre épouser une cause. le prix à payer en est cependant bien cruel et nous renvoie à des questionnements bien actuels sur ce que les causes "justes" peuvent, lorsqu'elles s'aveuglent elles-mêmes, engendrer de violence et de morts.

"Tout nouvel arbre est né d'un ancêtre disparu, réduit à une souche corrompue."

Avec notre regard actuel, nos tripes se tordent en voyant notre héros - homme comme les autres qui vit le moment présent sans avoir le recul nécessaire pour en juger l'impact - se débattre avec ses démons. Aujourd'hui, on parlerait de stress post-traumatique. Aujourd'hui, dans le meilleur des cas, il serait suivi. En 1794, il ne peut compter que sur son intelligence, sa force de caractère et l'amour des siens...

Pour prolonger le plaisir de cette lecture des plus prenantes, le lecteur découvrira en fin d'ouvrage différentes annexes avec notamment quelques repères chronologiques bien utiles. A travers ces ultimes pages, l'auteur nous explique en outre quel a été son parti pris lorsqu'il a écrit cet ouvrage. Il ne se prétend ni historien, ni pédagogue mais tout au plus "historien savamment imprudent".

J'ai aimé cette "imprudence" qui nous donne à lire la Vie plutôt que L Histoire !
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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«  Enle vé «  par caprice par Marie-Antoinette, puis délaissé, Martin finit par franchir le mur-prison de Versailles. Il découvre Paris, ses rues, ses quartiers, ses petits métiers. Il entend les murmures puis les grondements de la Révolution. La guerre de Vendée lui révèle un autre visage de la Révolution et de lui même.
La vie volée de Martin, c'est la vie confisquée, emportée par le flot de l'Histoire. Pour s'en sortir, Martin doit franchir des murs, ceux de Versailles et ceux des horreurs des massacres de Vendée.
Ch.Chavassieux fait revivre avec précision la vie du petit peuple, des oubliés de l'Histoire. Il nous fait aussi découvrir des personnages tels que les architectes Jean Louis Boullée, Richard Mique, des cuisiniers comme Beauvilliers. le style lyrique, l'utilisation du vocabulaire de l'époque , une documentation remarquable rendent haletant et palpitant l'atmosphère du récit . A la fois roman d'initiation et roman historique ,c'est essentiellement la Révolution vu d'en bas. A découvrir.

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Martin sourit.
Martin ne se sépare jamais de son sourire.
Il grandit à Versailles, au milieu des caprices d'une reine en mal d'enfant et qui, finalement, donne la vie.
Martin perd la place qui était la sienne mais sourit.
A l'aube de la Révolution, Martin se cherche, enfin prêt à mener en parallèle sa propre révolution, intime.
Il passe de Versailles à un Paris posé sur un feu qui couve.
Martin évolue, apprend, se bat.
La violence devient crue, les massacres lèvent le voile sur un pan d'histoire méconnu et dérangeant.
Moi qui ne suis pas une grande adepte des romans dits historiques, je dois dire que celui-ci m'a particulièrement « parlé », servi par une écriture singulière, puissante et épique.
Et porté par un auteur qui mérite d'être plus connu !
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