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EAN : 9782752912435
272 pages
Phébus (05/05/2022)
3.76/5   23 notes
Résumé :
Une écrivaine quitte la ville pour se réfugier dans le calme de Bourgogne. Elle tombe amoureuse de Malvoisie, vieille bâtisse en pierre qui l’accueille, avec ses portes qui grincent, son potager et ses rosiers magnifiques.

Mais qui est Antoine, ce mystérieux gardien des lieux qui vient profaner sa solitude ? D’intrus, le retraité devient confident, et le récit de son drame la matière d’un roman.

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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Une auteur parisienne reçoit en héritage une vaste propriété entretenue par Antoine, un septuagénaire qui prend soin du potager, des ruches et des rosiers. Entre eux va s'établir un marché, Antoine va lui proposer de lui raconter le drame de sa vie qui constituera la matière de son prochain roman. Elle ignore alors que certains événements vont comme une onde de choc faire écho à ce que fut sa jeunesse.

Christian Chavassieux nous emmène sur les chemins de la création littéraire. Peut-on prendre de la distance par rapport à ce que l'on entend, comment l'intégrer et le retranscrire, comment écrire un roman qui soit à la fois le reflet de la vérité mais surtout une histoire qui dépasse l'histoire personnelle, cet écrit autorise-t-il le jugement. En filigrane se superpose la voix de la société qui a jugé un coupable et exige réparation mais n'accepte ni pardon ni rédemption.

Un roman de l'intime qui ne laisse pas indifférent.


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« J'oublie des choses, j'en recrée. Je ne sais plus exactement comment se sont déroulées ces premières heures, à Malvoisie. Malvoisie, ma maison. » Dès les premières phrases, la narratrice, une écrivaine, la petite cinquantaine, nous apprend qu'elle a hérité cette belle et grande bâtisse d'un amant et amour de jeunesse qui lui a aussi légué suffisamment d'argent pour entretenir la propriété. Elle quitte donc son loft parisien avec plaisir et s'installe en Bourgogne. Antoine, 70 ans, s'occupe de l'entretien courant de Malvoisie, du verger, du potager, des rosiers, comme il le faisait déjà pour l'ancien propriétaire. Va-t-elle le garder ? Elle hésite : il pourrait se montrer envahissant, la déranger… Ils trouvent facilement un arrangement qui leur convient à tous les deux et, au fil du temps et des confidences, ils vont apprendre à se connaître.
***
D'emblée, un regret : le bandeau qui annonce « La délicatesse d'un assassin » alors que le lecteur n'apprendra le crime d'Antoine qu'à la page 123. J'aurais aimé qu'on me laisse découvrir par moi-même l'enchaînement des faits… Cette pratique éditoriale devient la norme et je le regrette. Comme le laisse présager l'incipit, la mémoire, ses manques, la modification et la transformation du souvenir occupent une place importante dans les récits des traumatismes des personnages principaux. J'ai du mal à parler de la structure du roman sans en dire trop sur l'intrigue et l'évolution des personnages tant ces aspects sont imbriqués. Saskia prévient Antoine : ce qu'il lui confiera pourra faire l'objet d'un roman, loin ou près de la réalité des faits, et Antoine donne son accord à la romancière. Christian Chavassieux nous propose donc d'accompagner une écrivaine et de partager les fruits de son travail, ses interrogations, son introspection, sa progression, ses réticences, bref une réflexion métalittéraire soignée, mais qui n'affaiblit pas la force du récit. La démarche prend tout son sens quand on lit les remerciements. J'ai été sensible aux progressives confidences d'Antoine à la narratrice, récit parfois hésitant, parfois naturel, qui dévoile un homme sensible et tourmenté, à mille lieues de la figure du paysan bâtie par les préjugés de la Parisienne : « Qu'est-ce qu'une histoire comme ça a à voir avec le malheur ? » J'ai suivi avec compassion la sincère et douloureuse introspection de la narratrice dont on apprendra le prénom dans un moment bouleversant. Je me suis interrogée sur le rôle d'exutoire qu'elle attribue à l'écriture et j'ai apprécié le souci qu'elle avait de son interlocuteur, sa crainte de se comporter égoïstement et de privilégier son travail au détriment des sentiments d'Antoine. J'ai aimé côtoyer ces deux personnalités complexes et attachantes. Et puis comme toujours, il y a l'écriture de Christian Chavassieux, le mot inattendu mais juste, l'écho poétique, le rythme… Bref, j'ai beaucoup aimé ce Très cher cueilleur de roses.
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Telle une rose, ce roman montre deux visages .

La fleur avec ses pétales élégants et son parfum subtil et la tige avec ses épines traitresses.

Flo, une femme écrivain s'installe à la Malvoisie, un héritage inattendu d'un ancien amant , elle a besoin de quitter la vie parisienne pour écrire son nouveau roman et aspire à la tranquillité de la campagne. A son arrivée, alors qu'elle espérait être seule, elle rencontre le jardinier, Antoine Cervin un septuagénaire dont le jardin est son royaume. Peu à peu, Antoine raconte sa vie à Flo jusqu'à la confession ultime du meurtre pour lequel il a été condamné puis à ses années de prison et le retour à la liberté.

"Malvoisie est propice aux confidences "

L'histoire débute par la découverte de cette vieille bâtisse dont la description a engendré , chez moi, tous les phantasmes de la demeure idéale et d'emblée, comme Flo, je m'y suis sentie à l'aise tellement l'auteur choisit les phrases qui transportent dans le rêve .

Chaque saison est évoquée de façon très poétique , presque mois par mois avec la transformation du jardin et du temps qu'il fait.

C'est cette face du roman que je compare aux pétales de la rose, veloutés et délicats ...

Plus l'histoire avance, plus le lecteur plonge dans le cerveau de l'écrivain , dans le processus de la création littéraire , complexe, torturé et ambigu car Flo se sert du récit d'Antoine, non seulement pour en faire naitre un roman mais également pour avancer sur le propre chemin de son vécu douloureux, grand pouvoir de l'écriture : "ça ressemblait à de la gentillesse; c'était de l'égoïsme ".

"Il est remarquable que nos vies soient davantage sculptées par les chagrins que par les joies. Peut-être que les joies nous comblent, nous emplissent, et que les peines, les blessures, les défaites, viennent buriner la-dedans la silhouette qui convient , creusent en nous ce qu'il faut pour donner forme humaine."

"Les romanciers sont des passionnés de fait divers. Ils en consomment sans arrêt et la vie , pas chienne, en fournit à jet continu . Y grouillent les âmes et leurs secrets, vivier humain que l'on n'aborde pas pour juger; qu'on fouille pour questionner l'humanité . Ensuite la littérature fait le tri la-dedans et éclaire, soulève , énonce ."

A travers le récit d'Antoine, celui de son enfance à la campagne avec des parents métayers , son sens du devoir vis à vis d'eux , puis une fois adulte, le drame familial qui le cristallise dans un chagrin qui lui colle à la peau et transforme profondément son être jusqu'à le rendre meurtrier , le lecteur s'interroge sur la possibilité du pardon et de la rédemption .

Une question à laquelle il est difficile de répondre et il faut se garder des certitudes vite acquises et que l'on prendrait pour préceptes : le personnage d'Antoine , et c'est la volonté de l'auteur qu'il précise dans ses remerciements attire la sympathie du lecteur . Alors ?

lu en Juin 2022
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L'auteure et le jardinier, réunis dans une belle maison bourguignonne dont le calme et la poésie bucolique vont être sources de confidences et de créations artistiques.
En créant peu à peu une intimité de voisinage avec Antoine, ancien condamné pour féminicide, la nouvelle propriétaire de Malvoisie découvre le drame familial d'un homme attentif et délicat en quête de rédemption. Un parcours dramatique évoqué par petites touches, qui lie celle qui écoute à celui qui se raconte par une similitude de faits en miroir.

Floriane va trouver matière à roman dans les confidences du vieux jardinier, illustrant le processus créatif littéraire dans toute sa complexité, s'arrangeant avec la vérité pour produire une oeuvre de fiction. le drame partagé pointe toute une palette de sentiments, culpabilité, incompréhension, colère. En dépit de l'amitié, les motivations du partage se rejoignent peu, pointant un besoin de raconter sa vérité pour l'un et une opportunité pour l'autre.

Fidèle des derniers livres de Christian Chavassieux, dont j'ai goulûment apprécié l'écriture et la capacité narrative dans L'affaire des vivants et La vie volée de Martin Sourire, je le découvre ici avec autant de plaisir dans un registre plus intime et introspectif.
A l'image de la sérénité de la bastide, ce livre dégage une douceur agréable et de beaux personnages

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Christian CHAVASSIEUX. Mon très cher cueilleur de roses.

Saskia, une autrice parisienne reçoit en héritage, d'un ancien amant, Jacques Royan, une immense demeure, La Malvoisie, située en Bourgogne, sur la rivière la Roncine. Elle accepte ce legs et quitte Paris. Cette bâtisse constitue une refuge pour notre écrivaine. Elle va, dans ce cadre buccolique, se consacrer à l'écriture. Autour de cette propriété, un jardin, un verger, un rucher. Tous les ingrédients pour vivre en autarcie.Quelle joie de constater que ces lieux sont bien entretenus et donnent des fruits, des légumes, du miel et les poules alimentent notre héroïne et lui fournissent de nombreux oeufs… Très rapidement, Saskia va partager des conversations avec son « jardinier », apprendre à le connaître et sympathiser avec ses voisins et voisines, Michèle, un couple d'anglais, Marcelle, la compagne d'Antoine, une femme au grand coeur, sans oublier Claire, la précédente occupante de la Malvoisie.

C'est un voisin, Antoine Cervin qui entretient avec amour ce site : c'est lui qui bêche, sème, plante, taille, récolte et porte des paniers garnis de fruits, de légumes et de roses à l'heureuse propriétaire. Il demeure secret et ne se confie que rarement à notre héroïne. Peu à peu il va lui livrer quelques confidences sur son enfance, son adolescence et sa vie heureuse près d'Apt. Il s'est exilé en bourgogne à la suite d'un terrible drame dont il a payé sa dette à la société. Il a tué son épouse et purgé sa peine avec une quinzaine d'années de prison… Il s'est réinsérer dans la vie sociale, s'est reconstruit tant bien que mal. Mais les êtres chers rôdent !

Les aveux de cet homme font ressurgir les ombres qui hantent Saskia. En effet, alors qu'à l'âge de douze ans, en rentrant de l'école, elle a découvert que son père venait d'assassiner sa mère. Elle n'a jamais pu lui pardonner. Toujours, elle a refusé de lui rendre visite en prison, n'a jamais lu les lettres qu'il lui a adressé, ouvert les cadeaux qu'il lui a offert. Comment pardonner un tel geste ? Elle ne l'a jamais revu. Antoine est un féminicide, comme son père… Dans son livre, en gestation, elle tente son introspection, mettant en parallèle les deux meurtres. Antoine lui donne son accord : son histoire peut servir de canevas pour un récit. Saskia nous révèle sa véritable identité, elle est Floriane. Pour l'écriture, elle a pris une nouvelle identité afin de fuir, d'ensevelir son passé derrière elle. Saskia, Antoine, chacun nous dévoile l'inventaire de leurs vies, leur passé douloureux, leurs espoirs.

Ce roman appréhende la rédemption, le pardon, la résilience. C'est un récit intimiste. Comment peut-on se reconstruire, vivre, revivre, survivre après une vie brisée, suite à un meurtre ? A-t-on le droit de juger ses semblables ? Il faut tout réapprendre pour s'intégrer à nouveau dans la société, que l'on soit meurtrier ou victime collatérale d'un tel geste. Et dans cette quiétude, notre romancière écoute son voisin, juge, en son âme et conscience. Une amitié naît entre eux. l'alternance des chapitres narrant les histoires parallèles des deux héros procure une fluidité dans leurs histoires de plus l'amour qu'éprouve Saskia pour Claire lui ouvre de nouveaux horizons, une sérénité, un bonheur, une renaissance. l'analyse psychologique des personnages est bien menée. de plus, n'oublions pas que c'est un homme qui écrit et s'approprie les caractères de son héroïne.
(19/01/2023).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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critiques presse (1)
LeFigaro
07 septembre 2022
Mon très cher cueilleur de roses rapproche la terre et le papier, la création littéraire et la vie paysanne, Paris et la province, une romancière et un jardinier.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Antoine entretient la tombe des parents de Marcelle, il a arpenté le bitume, il a porté son grand corps au sommet du cimetière, entre les croix d'andésite, parmi les angelots manufacturés, les portraits émaillés, les stèles humiliées par l'oubli ou lustrées par la fidélité, les dalles récentes au profil aérodynamique, les banales formules disant une vraie souffrance. Il a traversé le petit peuple des défunts résignés, dans leur vie déjà, à supporter la terre, la pierre, les hommages fleuris des survivants.
(p. 225)
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Nous savons tous combien la mémoire est à la fois traitresse et complaisante. C'est un lieu où l'imaginaire se prend des envies de croire : il bénéficie d'un cadre fait de tout ce que l'on retire du souvenir, et agence là-dedans les images glanées au fil de la vie. Il est donc possible que tout cela ne soit que de la fiction.
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... il est trop tard pour envisager un véritable avenir. Demain est pour le Minotaure une paroi dressée à quelques pas. Antoine sait qu'il va devoir buter là-contre. L'avenir est une créature qui s'exhausse de sa mue, rien n'advient sans l'abandon d'un peu de soi, mais lorsque tout ce qui nous est laissé loin derrière, dans les registres fermés du passé, si loin, au point d'être indiscernable et sans écho, il devient moins sûr que quelque chose advienne.
page 170.
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C'est un des paradoxes du crime, qui a ancré dans le passé l'entourage des victimes, le condamne à jamais au séjour dans la maison du deuil , tandis que l'homme qui l'y a confiné peut refermer la porte et imaginer demain. Ce serait trop vite dire cependant , car la malédiction vaut pour tous, Malgré ses efforts, bien qu'il soit libre, Antoine paye toujours .
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Pour les mains d'Antoine, j'y suis d'autant plus attentive que leur géographie de cicatrices se laisse rarement observer, car elles s'attardent peu. Ma curiosité de romancière avait été captée dès cette première minute : les mains d'Antoine portaient une légende, inscrite pour qui les sauraient lire, en onciales de crevasses et de cals, pleins et déliés de blessures et de sillons. Cet homme contenait des récits.
(p.25)
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